Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Nouvelles intégrales des BD du passé…
Ce sont toujours les éditions Dupuis qui restent les plus prolifiques dans ce domaine patrimonial qui nous intéresse de près dans cette rubrique, alliant régulièrement la quantité et la qualité ! Revenons sur leurs productions de ces derniers mois (« Buck Danny », « La Patrouille des Castors », « Boulouloum et Guiliguili », « Les Schtroumpfs », « Germain et nous »…), sans oublier de jeter un coup d’œil sur ce qui se passe chez leurs concurrents : chez Dargaud (« Tanguy et Laverdure »…), au Lombard (« Rubine »…, en attendant « Simon du fleuve » et « Bob Morane »)…, et même chez Cornélius, éditeur indépendant qui nous aide à redécouvrir l’immense Jacques Lob avec l’intégrale de « L’Homme au landau » et autres histoires…
Outre le fait de proposer de vraies intégrales, avec toutes les bandes dessinées ou illustrations concernant de près ou de loin les séries concernées, l’intérêt de ces volumineux ouvrages consiste, souvent, en leur conséquent dossier de présentation : véritables petites monographies sur le sujet qui regorgent d’anecdotes et de documents peu connus, voire inédits, ponctués par les témoignages vibrants des principaux acteurs !
En quelques années, l’érudit Patrick Gaumer est devenu une référence en cet exercice difficile qui demande la confiance des auteurs (ou des ayants droit) et une très grande connaissance du monde de la bande dessinée en général (pas que du sujet ciblé) : de sa grande et petite histoire, comme des coulisses de l’édition !
Le dossier qu’il a réalisé pour le tome 11 de « Buck Danny : l’intégrale » (contenant trois longues et palpitantes aventures sur fond de culture de pavots pour le compte de la mafia américaine — parues dans Spirou entre 1972 et 1978, trois fantaisies parodiques mettant en scène notre invincible héros et quatre courts récits aéronautiques) est, certainement, le parachèvement de son savoir-faire : quatre-vingts pages sur les coulisses de la création de « La Vallée de la mort verte », de « Requins en Mer de Chine » et de « La Reine fantôme “Ghost Queen” » – les derniers épisodes de « Buck Danny » mis en images par Victor Hubinon, avant son décès – illustrées par nombre d’esquisses, de dédicaces, de photos, de lettres, d’extraits de bandes dessinées ou de documents de tout poil rarement édités dans de tels supports, à l’instar des dessins réalisés par Hubinon pour l’hostellerie St Roch, située au bord de l’Ourthe. Bravo Patrick !
Espérons qu’après une telle démonstration, les éditions Dupuis lui confieront, sans hésiter, les introductions suivantes à cette intégrale, dont les épisodes sont dessinés – et même scénarisés pour certains – par Francis Bergèse ; sur « Buck Danny », voir aussi sur BDzoom.com : « Buck Danny » et la World’s Presse.
C’est le même Gaumer, cette fois-ci en compagnie d’un certain Gilles Ratier (1), que l’on retrouve aux manettes du troisième volume consacré à « Tanguy et Laverdure » : une autre série aéronautique due à l’intarissable scénariste Jean-Michel Charlier que l’on surnomma l’Alexandre Dumas de la BD !
Pour cette intégrale proposée non plus chez Dupuis, mais chez Dargaud (ce qui est normal, puisqu’il s’agit de bandes dessinées publiées entre 1964 et 1966 dans Pilote, hebdomadaire qui appartenait à cet éditeur), l’encyclopédiste a réalisé une interview inédite d’Albert Uderzo et nous a dégotté des bandes dessinées d’aviation inconnues du créateur graphique d’« Astérix » parues dans une revue destinée uniquement aux pilotes militaires français.
Les ultimes épisodes enluminés par maître Albert repris dans cet ouvrage – deux pages de gags avec les deux célèbres aviateurs français, « Canon bleu a disparu », « Cap zéro » et « Pirates du ciel » recoloré pour l’occasion par Christian Lerolle et Luc Perdriset – sont ainsi remis dans leur contexte et s’offrent, de fait, une nouvelle jeunesse.
Pour en savoir plus sur Albert Uderzo, voir : Albert Uderzo chez les Belges 1ère partie : « Oumpah-Pah », Albert Uderzo chez les Belges 2ème partie : Bonnes Soirées et Albert Uderzo chez les Belges 3ème partie : La Libre Junior.
À noter que le tome 4, avec les premiers épisodes dessinés par Jijé (2) pour l’hebdomadaire Pilote et le trimestriel Super Pocket Pilote, devrait suivre avant la fin de l’année !
On retrouve encore Patrick Gaumer sur le dossier du premier recueil des amusantes tribulations de « Boulouloum et Guiliguili » : série publiée dans Spirou, à partir de 1975, et qui subira un changement de titre (« Les Jungles perdues »), à partir de 1983. Rien d’étonnant à cela quand on sait que notre spécialiste est déjà l’auteur des introductions d’une autre série due aux mêmes auteurs (« Câline et Calebasse ») et qu’il a aussi consacré une monographie à son prolifique scénariste : Raoul Cauvin (3).
Ce dernier met ici en scène un Tarzan miniature, aidé par un imposant gorille, dans la réserve protégée du Kawangana où des braconniers plus bêtes que dangereux rôdent dans le but de capturer ou de tuer des animaux pour leur commerce. Voici l’occasion de redécouvrir le style parodique et léché de Mazel, dessinateur bien trop sous-estimé par la critique de l’époque, alors que son style semi-réaliste est dans la prolongation d’un Uderzo ou d’une certaine école américaine de l’âge d’or des prémices du 9e art ; d’autant plus que le dossier regorge, là aussi, de pépites iconographiques pour mettre en valeur un formidable texte de mise en contexte de cette série qui bénéficiera, prochainement, d’un autre tome regroupant les histoires parues jusqu’en 1987 et, certainement, l’ultime récit proposé dans l’hebdomadaire en 2008, seulement !
Et c’est encore Patrick Gaumer qui présidera à la réalisation du dossier de la future intégrale de la série apocalyptique « Simon du Fleuve », à paraître au mitan du mois d’octobre aux éditions Le Lombard : nous vous en reparlerons très bientôt, à l’occasion d’un futur « Coin du patrimoine » consacré à son auteur : Claude Auclair !
Puisqu’on parle des éditions du Lombard, remarquons, avec intérêt, que cette vénérable maison bruxelloise a renouvelé l’équipe de rédacteurs et d’éditeurs dévolue à la conception de leurs intégrales patrimoniales.
Sous la houlette de la compétente Nathalie Van Campenhoudt, de très bons connaisseurs — à l’instar de Patrick Gaumer —, sont donc désormais responsables des dossiers accompagnant chacun des volumes contenant des bandes dessinées publiées dans l’hebdomadaire Tintin ou, d’une façon ou d’une autre, par les éditions du Lombard.
Espérons qu’il en sera de même pour celle de « Bob Morane » à paraître à la fin du mois d’octobre, laquelle reprendra les trois premières aventures du bourlingueur au grand cœur scénarisées par Henri Vernes et dessinées par Dino Attanasio (initialement parues dans Femmes d’aujourd’hui, entre 1959 et 1961) : « Bob Morane et l’Oiseau de feu », « Bob Morane et le secret de l’Antarctique » et « Bob Morane contre la terreur verte ».
Si « Rubine » n’est pas parue dans le journal des 7 à 77 ans, elle est cependant bien présente au catalogue du Lombard depuis 1993. Le quatrième volume de l’intégrale des enquêtes de cette charmante lieutenante de police de Chicago, qui vient de paraître, reprend les titres publiés entre 2009 et 2011 (« Photo de classe », « Le Lac Wakanala » et « L’Héritier fragile ») : des scénarios de Mythic illustrés par Bruno Di Sano — troisième et dernier illustrateur de la série —, toujours supervisés par l’incontournable François Walthéry.
On y trouve aussi un dossier sur les coulisses de l’élaboration de la série établi par Charles-Louis Detournay, le rédacteur en chef du site actuabd.com, lequel nous conte, avec beaucoup de convictions, les derniers tours de piste de cette rousse ultra sexy qui donna tant de fil à retordre aux gangsters en tous genres, dans l’espace qui lui est imparti : c’est-à-dire seulement huit pages…
Retournons chez Dupuis pour signaler également le troisième tome de l’intégrale chronologique des « Schtroumpfs » par Peyo qui réunit « L’Apprenti Schtroumpf » (1970-1971), « Schtroumpf vert et vert Schtroumpf » (1972) et autres « Histoires de Schtroumpf » réalisées avec l’aide des membres de son atelier de l’époque (François Walthéry – eh oui, encore lui ! —, Marc Wasterlain, Roger Leloup, André Benn, Daniel Desorgher ou Lucien De Gieter, excusez du peu !) et même d’Yvan Delporte pour certains scénarios.
Tout cela est raconté avec force de détails dans un très agréable dossier bien documenté et illustré de soixante pages. Il est signé du journaliste Hugues Dayez, lequel connaît très bien son sujet, puisqu’il est l’auteur d’une monographie référentielle sur ce formidable créateur (« Peyo l’enchanteur » chez Niffle, en 2003). Pour en savoir plus sur Peyo sur BDzoom.com, voir aussi : « Johan et Pirlouit » et « Les Schtroumpfs » de Peyo.
Par ailleurs, saviez-vous que le fils de Peyo, Thierry Culliford, est le cocréateur de la série de gags « Germain et nous… » d’abord publiée dans Le Trombone illustré, supplément encarté dans Spirou en 1977, avant d’être accueilli plus officiellement au sein du magazine des Dupuis entre 1978 et 1992 ?
En fait, il est le premier scénariste de cette BD générationnelle dessinée par Frédéric Jannin, dont l’éditeur d’origine propose aujourd’hui un gros album intégral : un pavé de sept cents pages reprenant toutes les planches de « Germain et nous », précédées d’une trop courte introduction de douze pagettes écrites par un témoin de premier plan : Sergio Honorez, l’autre scénariste de la série devenu, entre-temps, directeur éditorial de Dupuis. (4)
La publication de cette intégrale coïncide avec la sortie, au Lombard, de deux compilations d’une autre série plus récente de Jannin (« Que du bonheur ! », albums édités à l’origine entre 2004 et 2008) et avec une grande exposition intitulée « Jannin et nous, trop de tout : de la BD au multimédia » qui vient de s’ouvrir au Centre belge de la bande dessinée de Bruxelles.
Enfin, pour en terminer avec les rééditions indispensables du moment, mettons aussi en exergue la première intégrale des histoires de Jacques Lob (le génial créateur du « Transperceneige » ou de « Superdupont » et également seul scénariste à avoir été couronné du Grand Prix par le festival d’Angoulême, en 1986) en tant que scénariste et dessinateur à la fois.
Dans « L’Homme au landau et autres histoires », on retrouve notamment ses travaux publiés dans L’Écho des savanes (« L’Homme au landau » en 1975-1977, « Roger Frigant » en 1976-1979 et « Batmax » en 1981-1982), son « Lob de la jungle » contenu à l’origine dans l’album éponyme paru aux Humanoïdes associés en 1980 et bien d’autres récits courts, strips ou dessins d’humour, ainsi qu’une petite introduction à l’œuvre de cinq pages signée Jean-Pierre Mercier !
Jacques Lob sera aussi remis à l’honneur pendant le prochain festival bdBOUM de Blois (du 20 au 22 novembre 2015) avec une grande exposition qui se prolongera jusqu’au 16 janvier 2016, à la Maison de la BD de Blois sise 3 rue des Jacobins ; voir : http://www.maisondelabd.com/expos-2015/22-festival-2015/expos-2015/120-exposition-jacques-lob.
Gilles RATIER
(1) En revanche, votre serviteur est seul maître à bord pour le texte de présentation de l’intégrale « La Patrouille des Castors », autre création de Jean-Michel Charlier, dont le tome 6 est paru au début de l’été. Il y est question de cette période charnière où le scénariste, débordé par ses activités télévisuelles, laisse régulièrement le dessinateur MiTacq sans travail. C’est ce dernier qui finira par reprendre en charge, seul, le destin des cinq jeunes scouts pour des aventures mouvementées aussi exotiques qu’humanistes. Soulignons aussi l’excellent travail, dû en grande partie à l’équipe éditoriale, pour regrouper et reproduire une avalanche de documents exceptionnels, comme les études et les essais de MiTacq sur ces épisodes publiés dans Spirou entre 1978 et 1983, afin d’illustrer, comme il se doit, les soixante pages du dossier.
Pour en savoir plus sur MiTacq sur BDzoom.com, voir : MiTacq « hors patrouille » ! et Les premières « Belles Histoires de l’Oncle Paul »…
Pour en savoir plus sur Jean-Michel Charlier sur BDzoom.com, voir entre autres : Encore des scénarios inconnus de Jean-Michel Charlier… (première partie), Encore des scénarios inconnus de Jean-Michel Charlier… (deuxième partie), La Collection Jean-Michel Charlier reprend son envol…, Le rôle de Jean-Michel Charlier dans les premiers numéros de Pilote….
(2) À propos de Jijé, sachez que les éditions Dupuis annoncent, pour le courant du mois d’octobre, en un seul gros volume, l’intégralité des péripéties de Spirou que ce fabuleux dessinateur a réalisé entre 1940 et 1951 : lorsqu’il définissait, semaine après semaine, les contours de ce héros encore en devenir.
Sachez aussi que sa mythique illustration des neuf commandements du Code d’honneur que respectaient alors scrupuleusement tous les membres du club des Amis de Spirou sera aussi reproduite en fac-similé et encartée dans l’ouvrage, pour le plus grand bonheur des amateurs !
Voir aussi sur le sujet : Les « Spirou » de Jijé (1ère partie) et Les « Spirou » de Jijé (2ème partie).
Et ce n’est pas tout, en novembre, toujours chez Dupuis, paraîtra un très beau livre reprenant deux cents couvertures inédites pour le journal belge Le Moustique réalisées par André Franquin, Morris, Will, Maurice Rosy, Peyo, Sempé, René Goscinny ou Jijé, bien entendu ! Le tout commenté par le couple d’historiens de la BD que forment Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault : un véritable événement éditorial !
(3) Puisqu’on parle du scénariste Raoul Cauvin, signalons également la sortie récente d’une nouvelle compilation thématique dans la collection Les Tuniques bleues présentent chez Dupuis, illustrée par Willy Lambil : « Les Chevaux dans l’armée ».
À noter que c’est notre collaborateur Philippe Tomblaine qui est l’auteur du dossier de douze pages destiné à nous en apprendre beaucoup plus sur la documentation utilisée par les auteurs sur les deux épisodes intégrés dans cet ouvrage au prix très abordable (14,50 euros) : « Les Bleus tournent cosaques » et « Arabesque ».
Et devant l’intérêt que suscite cette collection, l’éditeur en annonce un nouveau titre intitulé « Des personnages réels », dès ce mois-ci ! Pour Raoul Cauvin et Willy Lambil, sur Bdzoom.com, voir : La face « couchée » de Raoul Cauvin ! et Willy Lambil : l’artisan dessinateur.
(4) Évidemment, c’est la direction éditoriale de chez Dupuis qui choisit les bandes dessinées patrimoniales du journal Spirou qui ont, ou pas, l’honneur d’être reprises dans ces belles et volumineuses intégrales qui honorent la mémoire de tout le 9e art.
Or, certaines séries anciennes, qui ont pourtant fait les heures de gloire du journal de Marcinelle, n’ont pas eu l’heur de retenir l’attention des décisionnaires actuels, mais sont quand même disponibles pour les nouvelles générations grâce à de plus petites structures.
Elles sont, la plupart du temps, diffusées par le Coffre à BD. C’est le cas de « Sandy et Hoppy » par Willy Lambil (voir : Willy Lambil), « Marc Lebut et son voisin » par Francis et Maurice Tillieux (voir : « Marc Lebut et son voisin » par Francis et Maurice Tillieux), « Alain Cardan » par Gérald Forton et Yvan Delporte (voir : Gérald Forton et Yvan Delporte) ou encore « L’Épervier bleu » et « Timour » par Sirius (voir : Sirius) dont l’intégrale est enfin complète depuis peu.
Attention, ces ouvrages sont rarement disponibles en librairies : il vaut mieux donc les commander directement sur le site http://coffre-a-bd.com.
On peut encore une fois signaler, comme cela est fait, que c’est grâce à de petites structures « fan » que le Patrimoine a repris le chemin de nos bibliothèques.
Bernard Coulange de « Le Coffre à BD » fait un énorme travail sans parler du site BD Oubliées.
)
Chouettes toutes ces intégrales. Bon j’avais déjà l’ancienne de Buck Danny. J’suis quand même pas accro au point de racheter la nouvelle, même si il y a un peu de bonus en supplément. Pis j’ai plus de place ! https://www.youtube.com/watch?v=3e1Laa2hGe0
Formidable travail de réhabilitation, qui permettra aux jeunes générations de découvrir ce qui a charmé leurs parents. A l’époque, la BD était plus un divertissement populaire qu’un art!
bonjour,
l »exasperent dans ces integrales c’est qu’il manque toujours des documents ( par exemple la non réedition du roman pourtant illustré par jijé lui meme .)
dans l integrale jean valhardi.