Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Des scénarios inconnus de Jean-Michel Charlier dans Bonnes Soirées !
Cela fait longtemps que, sur BDzoom.com, nous n’avions pas parlé de l’immense scénariste qu’était Jean-Michel Charlier (1). Or, il se trouve que, tout récemment, certains spécialistes de l’œuvre du créateur de « Blueberry », de « Barbe Rouge », de « Tanguy et Laverdure » ou encore de « Marc Dacier » (et principal responsable narratif des aventures de « Buck Danny ») ont fait des découvertes étonnantes : notamment quant à sa participation anonyme au magazine Bonnes Soirées ; un hebdomadaire publié par les éditions Dupuis qui était destiné à un public féminin, et où la bande dessinée était réduite à sa partie la plus congrue.
Tout a commencé lors de la réalisation des rééditions des aventures de « Kim Devil » au sein de la Collection Jean-Michel Charlier des éditions Sangam. Chargé des textes de présentation, votre serviteur s’enquiert des conditions de leur réalisation auprès du dessinateur : l’élégant Gérald Forton (2).
Hélas, peu bavard, l’homme (pourtant toujours aussi fringant à l’aube de ses quatre-vingt-un ans) ne se souvient pas de grand-chose… Sachant qu’il avait aussi illustré un court récit didactique de la série « L’Histoire vivante » également écrit par Charlier (une biographie de quatre pages, avec le texte sous les images qu’il avait dessiné au lavis et qui fut publiée dans le n°1748 du 7 août 1955 de Bonnes Soirées, sous le titre « Les Amours tragiques de Draga ») (3), je le lance, sans succès, sur le sujet… Histoire de voir s’il n’avait pas, par hasard, collaboré avec notre scénariste sur d’autres projets…
Ayant sous la main la liste de l’intégralité de ces divers récits publiés dans Bonnes Soirées (que l’érudit Thierry Martens avait eu la bonne idée de compiler dans le très documenté n° 8 des Cahiers Pressibus, paru en juin 2002 aux éditions éponymes ; voir leur site : http://www.pressibus.org/bd/etude/indexfr.html), le titre « Passion en plein ciel » m’avait mis la puce à l’oreille.
D’autant plus que le résumé que le regretté historien des éditions Dupuis avait rédigé (et les deux planches qui y étaient plutôt mal reproduites) pouvait nous faire penser, ne serait-ce que par son thème, que cela pourrait aussi être du Charlier.
Pourtant, l’opinion de Martens sur le scénario n’était guère encourageante : « Fille d’un fabricant d’avions, Elyane Ducreux s’est fiancée à un chercheur de grande valeur, Patrick Guerlin, qui travaille sur le prototype secret de l’avion Tornade. Rupture des fiançailles à la suite des machinations d’une ténébreuse équipe d’agents secrets. Espionnage, magouillage et sabotage. Une explosion en cours d’essai de l’appareil tue le pilote qui a remplacé Patrick. Les pires suspicions pèsent sur l’ingénieur, mais la petite secrétaire Marie-Anne qui l’aime en secret arrive à dévoiler le vrai coupable. Happy end obligatoire. Patrick aime désormais Marie-Anne… Excellent faiseur, même en ces lointains débuts, Forton sauve difficilement le côté convenu du scénario. L’aspect aéronautique n’est qu’un vague vernis sur une avalanche de péripéties traditionnelles : jalousie, perfidie, grand monde et petites trahisons. Il devient évident que quelque chose n’accroche pas dans cette production… ».
Ayant donc joint une deuxième fois Gérald Forton au téléphone (notre dessinateur habite, depuis de nombreuses années, dans un ranch aux USA), ce dernier se montre toujours aussi évasif : « Oui, peut-être, je ne me souviens plus…Il me semble bien que Jean-Michel était l’auteur de ce « Passion en plein ciel », mais je n’en mettrais pas, non plus, ma main à couper… ».
Peu de temps après, l’ami Patrick Gaumer (célèbre pour son indispensable « Dictionnaire de la BD » chez Larousse) m’envoie le scan d’une autre page de « Passion en plein ciel » : récit qui en totalisait quarante-six, publiées, à raison de deux planches à la fois (dont la première contenait le titre sans mention d’auteur) – à l’exception de la conclusion livrée en paquet de six -, du n° 1657 du 8 novembre 1953 au n° 1677 du 28 mars 1954.
Ayant dégotté cette icône dans les exemplaires de Bonnes Soirées qu’il a la chance de posséder, il me demandait si je ne croyais pas que le scénario ne serait pas dû à la plume inimitable de Jean-Michel Charlier. Réponse : « Oui, on dirait bien, mais ce n’est vraiment pas évident ! ». Le plus simple était de consulter un autre ami de longue date : Jean-Yves Brouard (4), scénariste, entre autres, de récits d’aviation (« Missions Kimono ») et éditeur, sous le label JYB Aventures ; mais aussi l’un des plus grands spécialistes de l’œuvre du scénariste, au point de lui avoir consacré un précieux site de référence : http://www.jmcharlier.com. À la vue de cette seule planche assez inégale dans sa narration et son découpage, d’un bout à l’autre, Jean-Yves rend son expertise : « Non, c’est trop mal fagoté, tant dans le récit que dans le découpage ; ça ne peut pas être du Charlier, lui qui a toujours excellé de ce côté-là ! ». Or, le temps passe et, grâce à des copies fournies par Guillaume Hardy (un autre grand amateur de l’œuvre de Jean-Michel Charlier), notre homme finit par avoir l’occasion de lire l’intégralité de cette bande dessinée à connotation sentimentale qui se passe, comme le titre le laisse entendre, dans le milieu de l’aviation ; mais où l’on voit, finalement, très peu d’avions…Il s’aperçoit, alors, que les textes, les dialogues et même la ponctuation sont caractéristiques de la manière d’écrire de Jean-Michel Charlier ; sans parler du fait que l’on y retrouve les thèmes habituels du scénariste : espionnage et manigances aéronautiques. Certaines scènes et autres habiles rebondissements semblent, même, avoir resservi dans « Buck Danny », dans « Tanguy et Laverdure » (surtout dans le feuilleton télévisé « Les Chevaliers du ciel ») et dans d’autres scénarios d’aviation signés Charlier…
Même si Jean-Yves Brouard maintient (aujourd’hui encore) que la seule planche qu’il avait pu voir à l’époque n’était pas assez significative, il revient alors sur son premier jugement et est désormais formel. Il confirme qu’il s’agit bien, à 95%, d’une histoire due à Jean-Michel Charlier : une histoire pour midinettes dans le genre de « Clairette », mais moins bien fichue quand même… D’ailleurs, on a l’impression que notre scénariste ne devait pas trop y croire lui-même car on sent que l’histoire a certainement été réalisée dans l’urgence (donc, pas dans les meilleures conditions) : ce qui expliquerait que les auteurs ont dû être obligés de bâcler, sans doute découragés par le contexte. Même au niveau du dessin, on voit bien que Gérald Forton a travaillé très vite : les personnages sont souvent cadrés de la même façon, d’une planche à l’autre, et il y a très peu de décors… C’est alors que, comme pour conforter notre érudit de l’œuvre de l’éminent scénariste dans ses nouvelles affirmations, Forton retrouve la mémoire et nous assure, lui aussi, que c’est bien Jean-Michel Charlier qui a écrit ce scénario…
Du côté de Sangam et de Philippe Charlier (le fils de Jean-Michel), l’ayant-droit, la prudence reste de mise : il faudrait d’abord retrouver une trace du tapuscrit de ce scénario pour en être totalement sûr…
Toutefois, l’hypothèse n’est pas exclue ! En effet, même si Jean-Michel Charlier avait la bonne habitude de signer pratiquement tous ses scénarios, on sait qu’il y a eu quelques exceptions à la règle : ne serait-ce qu’avec les trois aventures de « Dan Cooper » qu’il avait écrites pour dépanner son ami Albert Weinberg, au début des années 1960 ; c’est-à-dire « Duel dans le ciel », « Coup d’audace » et « L’Escadrille des jaguars », épisodes publiés dans le journal Tintin, entre janvier 1960 et mars 1962 (voir Les coups de main d’Albert Weinberg). À l’exception de quelques initiés mis au courant par les principaux intéressés, ce secret avait été bien gardé (pour des histoires de contrats), jusqu’à ce que Jean-Michel Charlier, lui-même, m’en fasse la confidence lors de la série d’interviews réalisées pendant le tournage du portrait vidéo « Un Réacteur sous la plume », et qui a été, ensuite, remise en forme pour le n° 44 de Hop ! spécial Jean-Michel Charlier (en 1988), puis pour l’ouvrage « Avant la case », toujours disponible aux éditions Sangam depuis 2005.
Par ailleurs, il faut aussi savoir que Bonnes Soirées était alors régie par la World’s Presse de Georges Troisfontaines ; lequel n’était autre que l’employeur de Charlier qui, à l’époque, lui donnait de plus en plus de responsabilité éditoriales…
Jean-Michel était même devenu le scénariste « à tout écrire » de cette agence qui fournissait de la bande dessinée et des travaux graphiques en tous genres aux éditions Dupuis (notamment pour les revues Spirou, Le Moustique et, justement, Bonnes Soirées).
D’ailleurs, pour ce magazine féminin, notre scénariste avait déjà admis avoir écrit trois autres récits éducatifs (de quatre planches chacun) dans la série « L’Histoire vivante », en plus des « Amours tragiques de Draga » : « Le Sanglant Destin d’Élisabeth Feodorova » dessiné par un certain Mader ( ???) au n° 1659 du 22 novembre 1953, « Hélène Boucher » (au n° 1666 du 10 janvier 1954)
et « L’Archange » (au n° 1684 du 16 mai 1954), deux histoires d’aviation somptueusement enluminées, toujours avec la technique du lavis, par Victor Hubinon (5).
Dans Albert Uderzo chez les Belges 2ème partie : Bonnes Soirées, nous avons déjà évoqué l’histoire de ce magazine lancé le 2 avril 1922 par l’éditeur Jean Dupuis.
Mais pour bien comprendre la logique imparable de ce qui va suivre (et qui va découler sur une autre découverte), il nous semble nécessaire de remettre en mémoire les principaux faits : l’hebdomadaire féminin Les Bonnes Soirées (qui deviendra ensuite Bonnes Soirées, Bonne Soirée et, enfin, BS-Bonne Soirée) proposait, à sa création, un contenu attrayant, à base de romans, de conseils ménagers et d’illustrations destinés à séduire les femmes et les jeunes filles issues des milieux ouvriers.
Dès la Libération, vu l’évolution des mœurs, le besoin de renouveler les collaborateurs se fait sentir et, déjà, le Liégeois Georges Troisfontaines en profite pour placer son matériel : des productions passe-partout qu’il avait en stock.
Assurant, par ailleurs, le recrutement des annonceurs publicitaires du magazine, à travers sa filiale World’s Publicity, l’influent intermédiaire se doit d’assurer l’essor de Bonnes Soirées.
Il va alors convaincre les éditeurs d’améliorer cette formule originelle devenue trop vieillotte, grâce à des ouvrages ou tricots à réaliser chez soi, des articles sur la famille et un début de complément rédactionnel.
Le bouillant patron de ce qui s’appelle encore la World’s P. Press commence alors à placer ses pions : c’est-à-dire Albert Uderzo, René Goscinny, Eddy Paape, Charlie Delhauteur ou Jean-Michel Charlier, dessinateurs et scénaristes qui travaillaient, alors, exclusivement pour lui !
Signalons, toutefois, que bien d’autres auteurs des éditions Dupuis, comme Jijé, Will, André Franquin ou Morris, y livraient, déjà, nombre de dessins et de couvertures.
On va retrouver tous ces différents auteurs au sommaire de la nouvelle formule (à partir du n°1603 daté du 26 octobre 1952) !
D’autant plus facilement que le publicitaire a réussi à faire passer la plus grande partie du rédactionnel sous le contrôle de la World’s et à placer, pour la première fois, quelques pages de bandes dessinées dans cet hebdomadaire destiné principalement aux jeunes dames.
Ces dernières visent un public plus féminin et familial que celui de Spirou : il s’agit de la célèbre page de gags « Sylvie » de Martial (incontestable future vedette du journal conçue, au préalable, par Albert Uderzo et René Goscinny)et « El Senserenico », une longue histoire sentimentale illustrée, au lavis, par Jijé qui, de retour d’Amérique, cherchait de nouveaux sujets et multipliait les expériences et reprises d’anciens personnages.
Ce dernier adaptait ici, si on en croit la première page, un roman de la mystérieuse Flora Sabeiran, dont on ne sait, encore aujourd’hui, absolument rien ! Serait-ce également, comme ce fut le cas pour la rédactrice en chef fictive Liliane d’Orsay, un nom inventé de toute pièce par Troisfontaines, pour dissimuler les plumes les plus habiles de la World’s (c’est-à-dire René Goscinny, Octave Joly, Liliane Funcken et… Jean-Michel Charlier) ?
Quoi qu’il en soit, Joseph Gillain alias Jijé (qui revenait pourtant au style humoristique avec la reprise de « Blondin et Cirage ») y témoigne d’une nouvelle patte réaliste affermie par ses pérégrinations américaines.
Outre la bande dessinée « Gringos Locos » de Yann et Schwartz qui raconte ces aventures avec beaucoup d’humour (mais qui tarde à paraître en album, suite à un différent entre les auteurs et les héritiers ayants droit), nous vous rappelons l’existence de « Love and Learn » (six planches parues dans le n°6 du comic-book sentimental Romance Trail publié par DC comics, en mars 1950) où Jijé mettait déjà au point cette technique réaliste ; voir Une bande dessinée inconnue de Jijé !. Quant à « El Senserenico », il est amusant de constater, comme le faisait remarquer Thierry Martens, dans Les Cahiers Pressibus, que le début de l’histoire n’est pas sans préfigurer, avec vingt ans d’avance, la fameuse « Histoire sans héros » de Jean Van Hamme et Dany dans le journal Tintin (puis en albums aux éditions du Lombard) !
Normal, les deux récits semblent puiser à la même source, à savoir le film « Five came back » de John Farrow, avec Chester Morris, Lucille Ball et John Carradine (en 1939), lequel narre les aventures dramatiques des survivants du crash d’un avion de ligne dans la forêt vierge amazonienne où vivent les Jivaros, « réducteurs de têtes » : un scénario de Jerome Cady, Dalton Trumbo et Nathanael West, d’après une histoire de Richard Carroll.
Si Martens multiplie les compliments graphiques, il n’est, une fois de plus, pas tendre avec la narration : « La suite est malheureusement plus mièvre, avec tous les poncifs de cette touchante littérature sentimentale. La qualité du dessin, de certains paysages mexicains et des toilettes de l’héroïne (inspirées par la garde-robe d’Annie Gillain) sauvent un peu ce sirop. L’abondance de textes en rend l’absorption difficile à certaines pages... ». Et notre ami Brouard en est certain : ce n’est en aucun cas du Charlier ! Toujours est-il que l’innovation lancée avec ce roman dessiné va entrer dans les habitudes de lectures des consommatrices de Bonnes Soirées, jusqu’à ce que le roman-photo finisse par balayer cette tentative d’ouvrir la bande dessinée aux bluettes.
« El Senserenico » sera ensuite remplacé, du n° 1618 du 8 février 1953 au n° 1656 du 1er novembre 1953, par les soixante-dix-sept pages, publiées généralement à raison de deux par semaine, d’« Âmes sous la rafale » mis en images par Hugues Ghiglia (6) ; puis par le « Passion en plein ciel » dont nous venons de parler…
Une nouvelle fois mis sur la piste de cet « Âmes sous la rafale » par son ami Guillaume Hardy qui lui demandait si cette histoire, dont il n’avait que quelques pages, ne serait pas due à leur scénariste préféré, Jean-Yves Brouard se met alors en quête de davantage de planches pour se faire une idée.
Certes, le nom de Charlier n’y figure nulle part, mais c’était aussi le cas pour « Passion en plein ciel » !
Et, là encore, des indices comme le style littéraire, la mise en scène, les dialogues et expressions, le souffle narratif ou les plans tarabiscotés échafaudés par les différents protagonistes lui sautent aux yeux !
Ils sont suffisamment probants pour qu’il puisse affirmer, derechef, que ce scénario est, bien lui aussi, de Jean-Michel Charlier !
L’histoire ? Une aventure sentimentale pour midinettes, dans la tradition des romans et bandes dessinées à l’eau de rose de Bonnes Soirées…, mais sur fond de guerre, de coups d’éclats des maquisards, de raids de la Gestapo ; et qui est étoffée de suspense, de rebondissements et de trahisons.
Pendant l’Occupation, en 1943, le capitaine Alain de Sernas a été parachuté, dans la France occupée, pour rassembler les maquisards d’une région. Il tombe amoureux d’une jeune fille, Fabienne, qu’il a sauvée de la noyade.
Mais une séduisante espionne de la Gestapo, Jacqueline, réussit à faire capturer le beau capitaine. Alain parvient toutefois à s’évader grâce au dévouement d’Arlette, une jeune résistante blessée dans l’engagement.
Croyant avoir été dénoncé par Fabienne, Alain épouse Arlette qui sera, ensuite, tuée par l’ennemi. Ayant obtenu, à la Libération, la preuve de l’innocence de Fabienne, le veuf, fort consolable, se lance à sa recherche… : bref, de l’action et du drame ! Pour Jean-Yves Brouard, c’est manifestement une bande dessinée typique du style et de la façon de faire de Jean-Michel Charlier.
Notre spécialiste s’étonnait, d’ailleurs, que le prolifique scénariste n’ait jamais traité du thème de la Résistance en France, alors que la période était riche en événements et qu’il avait, manifestement, pas mal de documentation sur ce sujet : il a, enfin, une réponse à ses interrogations !
Et ce coup-ci, Thierry Martens, encore lui, est beaucoup plus réservé dans ses appréciations publiées dans le n°8 des Cahiers Pressibus : « Ce marivaudage d’une jeunesse trop dorée sur fond de résistance est d’une naïveté rafraîchissante. Excellent illustrateur de couvertures romantiques à souhait, Ghiglia illustre honorablement au lavis ce mélo, même si on le sent souvent pressé par les délais et qu’il ne se trouve guère à l’aise dans les scènes d’action réaliste. Ses Boches sont patibulaires à souhait, même s’ils n’exercent que de rares rôles de figurants ; et il compose des minois féminins fort séduisants, selon les canons de l’époque. ». C’est même le mieux que l’on puisse en dire puisque Hughes Ghiglia (qui, lui, signait certaines de ses planches, et dont le nom figure bien dans le résumé, en tête de chaque chapitre) y change constamment de style et de technique : les lettrages étant totalement différents, et de tailles diverses, selon les périodes où le dessinateur réalisait ses planches.
Par ailleurs, les personnages sont aussi difficilement reconnaissables et certaines planches arborent une surabondance de textes et de bulles qui noie complètement le dessin : le tout aboutit à un flagrant manque d’unité, visuellement parlant. L’ennui, c’est que cette grande disparité serait même, aujourd’hui, assez gênante pour une lecture continue en album… Par ailleurs, un autre élément plaide en la faveur de Jean-Yves Brouard : si on en croit les bibliographies du scénariste, l’année 1953 fut, au niveau de sa production habituellement phénoménale, curieusement très calme. Charlier scénarisait alors, essentiellement, « Buck Danny » et « Jean Valhardi », attaquant juste « Kim Devil » : « La Patrouille des Castors » ne verra le jour qu’à la fin de l’année 1954 !
Or, au cours des années 1951 et 1952, il avait arrêté tout un tas de travaux : la réalisation, chaque semaine, d’un grand dessin précis pour le journal Spirou et l’écriture de précédentes séries en bande dessinée, comme « Surcouf », « Tiger Joe », « Fanfan et Polo »…,
et les « Oncle Paul » où il avait passé la main à Octave Joly. Bref, c’était plutôt le creux de la vague pour quelqu’un d’aussi travailleur et productif que lui…
Ceci dit, 1953 fut une année importante dans sa vie privée puisqu’il se marie avec la jeune mannequin chez des grands couturiers Christiane Lagarigue (et il deviendra père de famille dès l’année suivante : son fils Philippe étant né le 22 juin 54)… Or, justement, parmi les quelques planches d’« Âmes sous la rafale » qu’il a eu la gentillesse de nous scanner, Jean-Yves Brouard nous fait remarquer que la quarante-et-unième (parue dans le n° de Bonnes Soirées du 21 juin 1953) montre le mariage du héros avec l’héroïne, soit à peu près, comme par hasard, à l’époque du mariage de Jean-Michel avec son épouse… Manifestement, à cette époque, le scénariste a dû alors faire face sur tous les fronts et a accepté toutes sortes de travaux afin de pouvoir faire vivre sa petite famille : alors pourquoi ne pas écrire, à la va-vite, des romans à l’eau de rose pour jeunes femmes au foyer ? Ceci expliquerait, peut-être, le côté « bâclé » de ces récits sentimentaux qu’il omettra de signer !
De son côté, Jean-Yves Brouard pense plutôt qu’avec ces deux premières histoires d’un style très différent des aventures « carrées » et viriles qu’il affectionnait, Jean-Michel Charlier paraît un peu décontenancé ; il est obligé de se plier à un genre nouveau pour lui, ainsi qu’au ton des Bonnes Soirées de l’époque, et est donc contraint d’écrire dans un style différent de son style habituel : d’où une narration plus hachée, moins « coulante » (et d’où la difficulté à identifier le style de Charlier en ne lisant que quelques extraits de ces deux bandes dessinées). Ces histoires semblent donc, plutôt, être des essais où le scénariste « cherchait ses marques ».
Elles lui permettront, toutefois, de peaufiner les ressorts de « Clairette » que lui illustrera Albert Uderzo, sans parler des scènes sentimentales dans ses futurs scénarios de fiction pour la télévision (« Les Chevaliers du ciel », « La Mer est grande », etc.).
C’est d’ailleurs, entre autres, grâce à ces comparaisons-là, que Jean-Yves Brouard croit avoir repéré le ton de Charlier, notamment dans « Passion en plein ciel » que dessine Gérald Forton. Quoi qu’il en soit, la World’s va alors décider de mettre en hibernation, jusqu’à la fin de 1955, ce genre de productions au souffle épique… Mais qu’importe…
L’entrepreneur rusé qu’est Troisfontaines va en profiter pour placer son fonds didactique, proposant la rubrique « L’Histoire vivante » qui ne faisait rien d’autre que de surfer sur le succès des « Belles histoires de l’Oncle Paul » (dont Charlier avait écrit les premières) dans Spirou.
Cette rubrique, dont Jean-Michel écrira, nous l’avons vu, au moins quatre récits, hésitera, durant les premiers mois, entre la formule moderne des planches avec des phylactères dans les cases et la tradition plus rassurante d’un texte plus ou moins copieux coiffé par des images illustrées par l’omniprésent Gérald Forton ou par Pierre-Léon Dupuis, Fred Funcken alias Kendy, Victor Hubinon, Georges Langlais qui signait Gal, les frères Blasco, Antonio Parras, Edmundo Marculeta, Eddy Paape,Mixi-Bérel, Raymond Reding ou Albert Uderzo (les quatre pages de « Valérie André », parues dans le n°1693 du 18 juillet 1954 et qui sont visibles ici : http://bdzoom.com/40729/patrimoine/albert-uderzo-chez-les-belges-2eme-partie-bonnes-soirees/) pourraient bien être, aussi, un scénario de Jean-Michel Charlier ; voir le forum au bas de cet article) !
C’est aussi à Bonnes Soirées que Jean-Michel Charlier et le duo Uderzo et Goscinny vont rencontrer un certain Jean Hébrard, chef de la publicité de la World’s Presse attaché à ce magazine. Ce dernier deviendra, par la suite, un compère précieux ; surtout quand les trois compères quitteront l’agence, avec pertes et fracas (après avoir organisé des réunions entre professionnels, puis rédigé et fait signer une « charte » de défense de la profession à tous les grands noms de la bande dessinée belge du moment, au début de 1956), n’ayant d’autres solutions que de créer leur propre structure : ÉdiFrance/ÉdiPresse.
Toutefois, Jean-Michel Charlier sera une nouvelle fois crédité au sommaire de Bonnes Soirées ; mais bien plus tard, sur des roman-photos !
Comme la formule de « L’Histoire vivante » commençait à décliner du fait de son uniformisation graphique due à un studio étranger (ceci dès l’été 1957), pour finalement disparaître au début de 1959, cette rubrique biographique dessinée va laisser la place au « Ciné-roman de Bonnes Soirées » !
Et cette vogue des suaves histoires avec photos figées va s’accentuer au point de sonner le glas des autres bandes dessinées de Bonnes Soirées (à l’exception de l’immuable page de gags avec « Sylvie »).
Or, une grande partie de ces romances cinématographiques était produite spécialement pour le journal, avec des budgets très serrés ; ce qui explique qu’elles n’utilisaient, la plupart du temps, que des acteurs débutants : l’une d’entre elles fut même tournée sur les terres et dans les villas espagnoles que possédait Georges Troisfontaines !!! Toujours est-il qu’il est précisé qu’« Au repos des archanges », publié du n° 2068 du 4 octobre 1961 au n° 2088 du 14 février 1962, a été réalisé d’après un scénario de Jean-Michel Charlier. Comme ce roman-photo met en scène une nouvelle aventure du détective François Blain (un héros déjà entrevu dans un précédent roman-photo), on pourrait alors se demander si cette dernière n’a pas, également, été écrite par notre scénariste ? Mais son nom n’y apparaît nulle part (ce qui ne veut rien dire, comme nous venons de le démontrer) ! En attendant d’improbables éclaircissements sur cette participation, force est de constater que Charlier, parallèlement à ses séries phares (« Buck Danny », puis « Tanguy et Laverdure »), a réussi, une fois de plus, à développer une nouvelle histoire se déroulant dans le monde de l’aéronautique (7) : en effet, le Repos des Archanges est un centre d’accueil pour les pilotes et équipages de compagnies aériennes qui, transitant par Paris, veulent profiter de l’escale pour se détendre. La fiancée du héros s’y fait embaucher pour mener une enquête policière, en prenant l’identité d’une amie à elle, hôtesse de l’air. Un des pilotes de passage tombe alors amoureux de cette fille… Et qui sait ? Ces découvertes (qui, précise encore Philippe Charlier, tout comme Jean-Yves Brouard, restent toutefois à être confirmées officiellement) ne sont, peut-être, que le début d’une longue suite de révélations : découvrira-t-on, un jour, d’autres histoires inconnues écrites par Jean-Michel Charlier publiées dans ce vénérable hebdomadaire des Dupuis, dont les ventes vont exploser au cours des années cinquante et soixante, pour frôler le million d’exemplaires diffusés ?
Gilles RATIER
(1) Vous pouvez toujours vous référer, sur BDzoom.com, aux articles suivants : L’exposition « Jean-Michel Charlier vous raconte… », au nouveau Musée des beaux-arts de Chambéry, remporte un grand succès !, « Buck Danny » et la World’s Presse, « Clairette » de Charlier et Uderzo et À propos de Jean-Michel Charlier.
(2) Le nom de Gérald Forton était le seul visible sur ces pages commencées au lavis (puis terminées au trait en noir et blanc) puisque ce dessinateur en signait quelques unes, en bas et à droite de la planche. Pour en savoir plus sur ce dessinateur, voir le « Coin du patrimoine » que nous lui avons consacré : Gérald Forton.(3) Cette bande dessinée, avec le texte sous les images, est reprise dans la réédition du quatrième « Kim Devil » (« Le Mystère du dieu blanc »), due aux éditions Sangam, en octobre 2011 : voir « Kim Devil T4 : Le Mystère du dieu blanc » par Forton et Charlier.
(4) C’est en réalisant le Hop ! spécial Jean-Michel Charlier pour Louis Cance (le n° 44 du troisième trimestre 1988) que j’ai fait la connaissance de Jean-Yves Brouard, lequel m’a considérablement aidé sur bien des points de ce dossier et y a également rédigé, seul, le chapitre consacré aux « Portraits de Charlier » dans ses propres bandes dessinées ! Encore un grand merci à Jean-Yves pour les nombreux documents rarissimes qu’il nous a communiqués et qu’il nous a autorisé à reproduire pour illustrer cet article ! N’hésitez pas, par ailleurs, à jeter un coup d’œil à ses activités de scénariste et d’éditeur, en cliquant ici : Les éditions JYB-Aventures fêtent leurs dix ans d’existence !.
(5) Ces deux histoires d’aviation, avec un texte (non crédité à Charlier mais qui porte incontestablement sa patte) illustré par Victor Hubinon, ont été reprises dans « Buck Danny l’intégrale » tome 4 aux éditions Dupuis, en novembre 2011 (avec, en supplément, « L’Homme que le ciel n’a pas voulu rendre » : quatre autres pages d’Hubinon, mais écrites par Octave Joly, lesquelles avaient été publiées dans Bonnes Soirées, au n°1674 du 7 mars 1954).
(6) Hugues Ghiglia était un illustrateur français qui travaillait pour des magazines comme Ici-Paris, Nous Deux, Intimité, Bonnes Soirées et, surtout, Jours de France où il réalisa de nombreuses images pour divers romans sentimentaux.
Il mit aussi son élégant trait réaliste au service de quelques rares bandes dessinées pour la presse quotidienne, avec le texte sous les images ; notamment dans France-Soir (avec une adaptation du « Métro Marbeuf » d’André Billy, en 1950, ou « Des Roses pour Lisbeth » d’Utta Danella, en 1965). Outre « Âmes sous la rafale » dans Bonnes Soirées, il dessina également la bande verticale « La Merveilleuse Révélation faite à Bernadette » dans La Croix, en 1954. À partir de 1966, on a pu le retrouver dans 24 Heures avec d’autres bandes verticales où les dessins coiffaient les textes (« Anne Boleyn » d’après Evelyn Anthony et « Ninon de Lenclos » d’après Marc Andry). Enfin, vers 1973, il adopta un style humoristique (à la Bellus) et redessina « La Famille Fenouillard » et « Les Malices de Plick et Plock » pour Jours de France, sans pour autant toucher au texte original de leur créateur (Christophe). Source : « De Lariflette à Janique aimée » aux éditions Pressibus, 1995.
(7) On pourrait citer aussi la peu connue « 4 hommes de l’air et du cosmos », dessinée par Claude Pascal, dans la revue spécialisée Air et Cosmos, de 1963 à 1964 : une autre découverte, un peu moins récente, de l’ami Jean-Yves Brouard qui a appris l’existence de cette bande dessinée en lisant le magazine spécialisé Hop !.
Son rédacteur en chef, Louis Cance, avait reçu une photocopie d’une page de l’histoire par un lecteur qui avait découvert un numéro de cette revue aéronautique dans son grenier, et l’avait publiée dans Hop !, en demandant à ses lecteurs si quelqu’un en savait plus ; voir à http://www.jmcharlier.com/quatre_hommes.php !
L’un des prochains tomes de « Buck Danny l’intégrale » (chez Dupuis) devrait vous proposer d’autres extraits de cette bande dessinée de quarante-et-une pages, qui fut interrompue à la demande de la rédaction de l’hebdomadaire ; ceci en attendant une hypothétique réédition intégrale en album : on peut toujours rêver, non ?
L’ARCHEOLOGUE DE LA BD
Encore un magnifique article et surtout trés originale et plein de découvertes.
Quel plaisir cela doit-être d’exhumer de tels trésors !
Mais assez de brosse à reluire…
Gilles Ratier sait combien le monde de la BD est vaste et qu’il n’a pas été totalement exploré.
Alors je me permet de lui écrire pour lui proposer trois pistes de recherches.
J’ai choisi trois noms aujourd’hui totalement inconnus mais au talent immenses.
Henri Dimpre, georges Fronval et Martine Berthélémy.
Henri Dimpre réalisa pendant longtemps des illustrations pour les livres « Rouge et or » Mais sa grande oeuvre demeure les « pilotorama ». voila un vaste sujet pour un article.
Georges Fronval faisait parti de l’équipe du journal Pilote au coté de J.M.Charlier, un grand spécialiste des indiens d’Amérique du nord.
Martine Berthélémy , c’est cet artiste qui me touche le plus. Je n’ai jamais pu savoir qui se cachait vraiment derrière ce nom ? Pourtant (et je suis sincère) ma passion pour la BD et pour l’histoire a commencé lorsque j’ai découvert les planches du millieu du journal Mickey en 1954,elles illustraient des romans célébres : La guerre du feu, le felin géant, le miracle des loups ect…
Je devine combien il est difficile de faire un article sur un auteur aujourd’hui inconnu et dont les oeuvres sont enfouie parmis des tonnes de papiers.
Mais je connais le talent de Gilles Ratier, cet archéologue de la BD ancienne qui sait reconstituer une carrière comme on reconstitue une cité antique disparue.
Cet article le prouve.
a bientôt
Jacques
Encore merci pour vos compliments !
A propos de Martine Berthélémy, je vous conseille de lire l’excellent article paru dans le n°89 du Collectionneur de Bandes Dessinées, à l’automne 1999 : ce numéro doit toujours être disponible à la librairie Lutèce (5 rue d’Arras Paris Vème) !
Pour ce qui est de Georges Fronval, j’évoque longuement sa carrière dans mon ouvrage sur les scénaristes « Avant la case » aux éditions Sangam !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Bravo Gilles pour ces trouvailles qui mettent l’eau à la bouche. C’est à peu près ce genre de démarches que nous avons à propos de Spirou, pour lequel nous avons nous aussi découvert des choses étonnantes. Comme il est agréable de voir que d’autres se chargent de jouer les limiers à propos d’autres auteurs. Il y a tant de choses à découvrir encore sur ces géants de l’école de Marcinelle ! (ou de Liège…)
Merci Bertrand et Christelle : j’ai hâte de lire le résultat de vos recherches et bravo aussi pour l’introduction à l’intégrale « Spirou » de Cauvin et Broca (j’en parle bientôt dans un prochain « Coin du patrimoine ») !!!
La bise et l’amitié
Gilles
Bonsoir Monsieur Ratier,
J’apporte peut-être ici une pierre à votre édifice en vous signalant que le n°1693 de « Bonnes Soirées » du 18 juillet 1954 contient : « Valérie André, une Héroïne de la Guerre d’Indochine », un merveilleux récit d’aviation de 4 pages par Al. Uderzo.
Bien que le scénario soit non-signé, je soupçonne Jean-Michel Charlier d’en être l’auteur notamment du fait :
- du choix du sujet qui s’inscrit dans la lignée de « Hélène Boucher » et de « L’Archange » (signalé sur ma proposition au BDM à la rubrique « Jean Mermoz » depuis son édition 1999-2000)
- de l’utilisation du terme « Viets » pour désigner les troupes du Nord-Vietnam comme il désignait celles du Japon sous le nom de « Japs »
- de l’utilisation de termes exacts pour désigner les divers engins volants intervenant dans l’histoire : « Dakota », « Morane », « Hiller »…
Il faudrait peut-être soumettre ce récit à l’expertise de Monsieur Jean-Yves Brouard.
Cordialement.
Thierri Grondal
Merci Thierri pour cette nouvelle piste !
Nous avions déjà parlé de cette BD avec le texte sous l’image dans l’un des « Coins du patrimoine » que nous avons consacré à Uderzo : http://bdzoom.com/40729/patrimoine/albert-uderzo-chez-les-belges-2eme-partie-bonnes-soirees/
Nous en avions même montré l’intégralité des 4 pages !
Je vais de ce pas relancer Jean-Yves Brouard sur cette éventualité !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Cher monsieur,
Jean-Yves Brouard a lu attentivement les 4 planches de « Valérie André ». Il a bien reconnu le style, le souffle, la ponctuation particulière, sans parler de bien d’autres forts indices qui lui permettent d’affirmer, à 95%, que c’est dû à la plume de Jean-Michel Charlier !
Donc, bravo pour votre perspicacité (je viens, d’ailleurs, de modifier l’article en conséquence) !
Évidemment, cela reste toutefois à être confirmé officiellement (en retrouvant le tapuscrit original, par exemple), tout comme les autres « découvertes » de cet article.
Comme je le disais en conclusion de mon article, on n’a peut-être pas fini de trouver d’autres pépites inconnues dans ce magazine pour dames…
Bien cordialement
Gilles Ratier
Encore du LOURD !
Il n y a qu’ici que l’on peut trouver se travail digne d’un archéologue !!
Bravo pour votre labeur !!
La deontologie
je ne sais pas qui est « Renaud » ?
mais j’ai remarqué que plusieur fois il utilisait les termes de mes articles.
Cela ne me choque pas.
Pourtant il y a quelques années, j’ai retrouvé dans un livre consacré aux paquebots, les textes d’un article que j’avais publié sur le même sujet, dans une revue régionale.
Et cela ne m’a pas fait plaisir.
Si « Renaud » souhaite écrire un article qu’il n’hésite pas à me contacter je pourrai l’aider, c’est un exercice de style qui ne pose aucun probleme.
Dans toute entreprise il doit y avoir une certaine déontologie.
Je sais que Gilles Ratier doit publier un article sur Craenhals, aussi j’aurai l’obligeance de lui demander si je peux ajouter un commentaire sur cet auteur.
Cordialement Jacques
Cher Monsieur Ratier,
J’ai eu la chance de fréquenter régulièrement Jean-Michel Charlier de 1979 à 1989 après avoir brièvement connu le dessinateur Victor Hubinon. C’était une personnalité de très grande classe, d’une intelligence supérieure, qu’on ne rencontre qu’une seule fois dans sa vie. Nous passions souvent plusieurs heures à bavarder parfois en pure amitié, mais souvent aussi pour le travail
car il m’arrivait très souvent de collaborer avec Jean-Michel (ses proches l’appelaient souvent Michel d’ailleurs) surtout pour des questions de documentation et des questions aéronautiques de fond. De ce fait, j’ai connu tous ses dessinateurs aéronautiques de l’époque à commencer par Francis Bergèse, Patrice Serres et Alexandre Coutelis ainsi qu’Albert Uderzo aussi talentueux les uns que les autres mais également plusieurs de ses amis proches comme Guy Vidal ou Georges Grod .
J’étais souvent aux Premières Loges pour suivre aussi bien l’élaboration d’albums comme Buck Danny , Tanguy et Laverdure mais aussi le Making-Off de la série des Nouveaux Chevaliers du Ciel que j’ai suivie en France et en Suisse courant 1987 (je dois être un des rares à posséder les photographies originales de cette série avec Thierry Redler et Chrsitian Vadim ). Il était intarissable sur tous les sujets ou dossiers sur lesquels il avait enquêtés. Je possède des heures d’interviews inédits enregistrés sur bande magnétique que nous avions faits ensemble et qui racontent des tonnes d’anecdotes. Tout cela fera l’objet d’un recueil que je publierai dans un livre en préparation avec de nombreux documents sur ces dix années passées avec Jean-Michel Charlier.
Bien cordialement à vous,
Bernard Thouanel
Bonjour, je cherche désespèrement des BD parues dans Bonnes soirées intitulées PATIRA , DEFENSE D’AIMER et ANTONIA ET SON BRIGAND; Il me manque certains épisodes; Quelqu’un peut-il m’aider à les retrouver. Merci
Les deux plus grands scénaristes de bande dessinée sont René Goscinny et Jean-Michel Charlier.Il y en a d’autres de très bons comme Rosy ou Vicq par exemple mais Goscinny et Charlier sont les plus prolifiques et ce sont ceux qui ont eu le plus de succès.
Votre article est excellent comme toujours et il me fait penser à deux choses.
Premièrement j’ai longtemps cherché qui pourrait être le scénariste qui succéderait à Charlier et je n’en ai trouvé qu’un.Il s’agit évidemment d’Octave Joly qui à mon avis aurait pu écrire de très bons scénarios pour Buck Danny ou la patrouille des castors pour ne citer que ces deux séries.
Deuxièmement j’ai également cherché quel dessinateur aurait pu succéder à Victor Hubinon pour Buck Danny (Francis Bergèse est un très bon dessinateur mais son dessin est trop technique et trop froid).Là aussi,après avoir éliminé Eddy Paape car son dessin avait trop changé quand il passa à Tintin avec Luc Orient,il m’est apparu évident que c’était Claude Pascal le dessinateur idéal pour reprendre cette série emblématique du journal Spirou.Les quelques pages qu’il avait dessinées dans l’album « L’escadrille de la mort » sont excellentes et elles respectent tout à fait l’esprit de la série.