Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Récentes monographies patrimoniales…
Après les nouvelles intégrales évoquées lors d’un précédent « Coin du patrimoine » (1), attaquons-nous aujourd’hui à la présentation de biographies consacrées à des auteurs qui ont marqué l’histoire du 9e art comme Philippe Druillet, Étienne Le Rallic, Patrice Pellerin… ou à des personnages mythiques de ce média, à l’instar de « Mickey » ou « Gaston » !
Commençons par un magnifique ouvrage, touchant à l’exhaustivité et remarquablement illustré, sur le monstre sacré qu’est Philippe Druillet.
Intitulé sobrement « Philippe Druillet », il est publié à l’occasion des cinquante ans de carrière du cofondateur de Métal hurlant (voir Entretiens avec Philippe Druillet [1ère partie], Entretiens avec Philippe Druillet [2ème partie], Entretiens avec Philippe Druillet [3ème partie], et Entretiens avec Philippe Druillet [4ème partie et fin]) chez MEL Publisher : la maison d’édition créée par Michel-Édouard Leclerc.
Certes, le créateur de « Lone Sloane » s’était déjà confié intimement, il y a peu (en 2014, voir Quelques ouvrages de plus pour tout savoir sur le 9e art…), à David Alliot dans son « Delirium » aux éditions Les Arènes, mais il manquait un livre avec beaucoup plus d’images présentant, au plus large public possible, les travaux étonnants de ce grand artiste : que ce soit en bande dessinée, en peinture, en photographie, en sculpture, en bijouterie, en décoration ou en architecture pour l’opéra, pour la télévision…
C’est donc chose faite avec cet impressionnant livre de trois cent quarante pages au format carré (310 x 270 mm) concocté par le scénariste et écrivain Benjamin Legrand, grand connaisseur du travail hétéroclite de ce créateur multimédia, et bénéficiant d’une préface enthousiaste de Jacques Glénat : aujourd’hui éditeur heureux de l’œuvre de « cette légende vivante… qui a tellement apporté à cet art majeur qu’est la bande dessinée. » (2)
Reproductions d’originaux, de story-boards, d’esquisses, de photos d’archives ou plus récentes (nous faisant découvrir l’artiste dans son intimité créatrice) et un entretien balayant largement son univers, ses passions, ses influences ou son rapport à l’art sont les points forts de cet ouvrage divisé en deux parties distinctes : l’une sur l’évolution stylistique de Druillet au sein de ses bandes dessinées présentées de manière chronologique et l’autre sur son processus créatif, avec les ramifications qu’il permet vers d’autres arts plastiques.
Plus de quatre cents reproductions parfaitement imprimées qui nous font prendre conscience, si ce n’était pas déjà fait, de la grandeur de ce monument du 9eart qui a façonné une œuvre unique en son genre !
« Philippe Druillet » par Benjamin Legrand
Éditions MEL Publisher (49 €) – ISBN : 979-1094823-05-7
Ces livres biographiques et esthétiques, réalisés en collaboration directe avec l’artiste ou avec ses ayants droit ne se développent, hélas !, pas assez : on les compte, encore, sur les doigts de la main (il n’en existe que sur des icônes comme Hergé, René Goscinny, Albert Uderzo, Jean-Michel Charlier, François Schuiten, Grzegorz Rosiński, Raoul Cauvin…). Pourtant, ce genre d’ouvrages est très important pour une meilleure compréhension des œuvres concernées et pour éclairer au mieux l’histoire patrimoniale de la bande dessinée.
Si ces immenses opus sont, la plupart du temps édités par des structures ayant pignon sur rue, les fanéditeurs ne sont pas en reste. Avec leurs moyens limités, contrebalancés par une passion sans égale, ils commencent à combler certains manques à ce niveau. C’est le cas, par exemple de l’association Les Petits Sapristains qui édite le fanzine tête-bêche Tonnerre de bulles dont on vous parle régulièrement ; voir, par exemple, nos plus récents articles à ce sujet : Tonnerre de bulles ! : la revue BD sur papier !, Mitton de A à Z ! ou Le n° 12 de Tonnerre de bulles ! invite Serpieri….
Avec la collaboration efficace du spécialiste des BD maritimes (mais, pas que) qu’est Brieg Haslé-Le Gall, l’équipe dirigée par Yannick Bonnant propose un beau numéro hors série entièrement dédié à Patrice Pellerin, l’auteur de « L’Épervier » : il n’existe, pour le moment, qu’une version reliée, de quatre-vingts pages tout en couleurs, au dos toilé, et au tirage limité.
Outre les participations de l’ami Brieg, lequel a fourni nombre de documentations et de nouvelles mises en forme de ces divers entretiens avec l’auteur, notons une passionnante interview réalisée par Sébastien Pauly, des quantités de portfolios ou d’illustrations inédites ou peu connues, et des hommages dus à Hermann, Emmanuel Lepage, Frank Le Gall, Alexandre Coutelis, Jean-Yves Delitte et Nicoby (quatre pages de BD hilarantes). Bref, c’est de la belle ouvrage de passionnés, comme on aimerait en voir plus souvent !
Tonnerre de bulles n° HS6 : spécial Pellerin
Éditions Les Petits Sapristains (46 €) – à commander à Yannick Bonnant La Chênaie longue, 35500 Saint Aubin-des-Landes ou à yannick.bonnant@aliceadsl.fr.
Si Druillet et Pellerin sont des noms qui sont familiers aux amateurs actuels de bandes dessinées, c’est peut-être moins le cas d’Étienne Le Rallic.
Pourtant, ce prolifique dessinateur, pionnier du 9e art et grand spécialiste des scènes équestres, fit les beaux jours de nombreuses publications de l’avant et de l’après-guerre : Le Rire, Fillette, Le Pélerin, Le Petit Écho de la mode, Rustica, Lisette, Pierrot, Guignol, Fillette, L’Épatant, La Vie de garnison, L’Intrépide, Cœurs vaillants, Âmes vaillantes, La Semaine de Suzette, Wrill, Olole, Coq hardi, Mireille, Nano et Nanette, Tintin…
Que ce soit dans le domaine de l’illustration ou de la bande dessinée : média où il réussit à imposer, quand même, quelques séries mémorables comme le western « Poncho Libertas » ou les récits historiques « Capitaine Flamberge » et « Le Fantôme à l’églantine » avec le scénariste-éditeur Marijac, sans oublier l’épopée de son « Bernard Chamblet » qui retracent les années de guerre outre-Quiévrain, depuis l’invasion allemande jusqu’à la libération en passant par la résistance et le maquis, aux éditions belges Gordinne.
L’infatigable Jean-Paul Tibéri et son association Regards lui consacrent, dans leur collection Découvertes coéditée avec les éditions Le Taupinambour (couvertures cartonnées et dos toilés de soixante-quatre pages en couleurs et en noir et blanc), un bel album évoquant la carrière de Le Rallic.
Il est illustré par de nombreuses reproductions de l’œuvre de cet auteur, dont quarante-trois planches de bandes dessinées proposées dans leur intégralité.
Tibéri insiste, bien entendu, sur sa virtuosité à illustrer les séries historiques et les westerns (« L’Énigme de la Sierra Madre », « Le Secret des Rocheuses » et « La Passe du chat-tigre »)…
Mais aussi sur sa capacité à passer du réalisme à l’humour (« Un cheval ? ou dix-chevaux ? », « Chasse à courre » et ses dessins pour L’Almanach Nodot) ou à l’érotisme de bon aloi (avec les cinq planches intitulées « Le Sourire »).
Bel hommage à un illustrateur prolixe qui s’est s’éteint le 3 novembre 1968.
« Le Rallic » par Jean-Paul Tibéri
Éditions Le Taupinambour/Regards (25 €) – en vente sur http://www.coffre-a-bd.com.
Il convient de savourer comme il se doit ce genre de livres consacrés aux auteurs de cette génération, car ils sont plutôt rares (3). D’ailleurs, on attend avec impatience celui que l’ineffable animateur de Papiers nickelés (Yves Frémion) prépare, depuis de longues années, sur l’immense René Giffey.
En attendant, même si ce n’est pas de la BD (mais on n’en est pas si loin que ça), signalons son très beau et très réussi livre sur l’illustrateur Raylambert : « L’École enchantée de Raylambert », coécrit avec Daniel Durandet, aux éditions Belin.
Raymond Gabriel Albert Lambert (1889-1967), qui signait Raylambert, a révolutionné les manuels scolaires, dès les années 1920, en introduisant ses jolis dessins, en noir puis en couleurs, notamment axés sur les animaux, dans ces publications alors bien austères et rébarbatives.
Élève aux Arts déco en 1909, il en deviendra l’un des professeurs avant d’aller enseigner le dessin chez ABC, pendant quarante ans. Picasso saluait en cet auteur d’une œuvre considérable et multiforme « l’un des plus grands illustrateurs de manuels scolaires de tous les temps » et Dalí le définissait comme « le chaînon cosmique manquant entre Benjamin-Vache qui rit-Rabier et Mr.-Tintin-Hergé ». Le très complet et agréable livre de Frémion et Durandet le sort enfin, aujourd’hui, de l’oubli !
« L’École enchantée de Raylambert » par Daniel Durandet et Yves Frémion
Éditions Belin (29,90 €) – ISBN : 978-2-7011-8286-5
Grâce, entre autres, à la récente et superbe exposition organisée par la bibliothèque Centre Pompidou (voir Gaston s’expose à Beaubourg !), le personnage de Gaston Lagaffe créé par André Franquin, lui, n’est pas oublié ! Et ce sont les éditions Dupuis qui s’occupent de la publication du catalogue richement illustré de cette manifestation, devançant ainsi les événements qui célébreront, en 2017, les soixante ans de ce célèbre héros sans emploi.
Plus de deux cents pages dotées d’une iconographie de grande qualité, alternant les documents d’archives, les photographies ou les dessins originaux, y sont rassemblées ; le tout commenté et mis en lumière par Franquin lui-même, grâce à la reprise d’extraits d’interviews accordées pour divers supports.
Un travail enthousiasmant compilé par Jérôme Bessière et Emmanuèle Payen (commissariat général), Frédéric Jannin, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault (conseil scientifique).
« Gaston au-delà de Lagaffe » commenté par André Franquin
Éditions Dupuis (30 €) – ISBN : 978-2-8001-7005-3
Autre icône mise en valeur par une nouvelle publication d’envergure, c’est Mickey Mouse : personnage fictif connu dans le monde entier et par toutes les générations.
Cette souris aux grandes oreilles, conçue en 1928 par Walt Disney et Ub Iwerks pour le premier film d’animation sonorisé de l’histoire du cinéma (« Steamboat Willie »), est devenue un personnage emblématique du monde du divertissement.
L’universitaire Garry Apgar, historien de l’art et spécialiste de l’iconographie voltairienne, mais aussi journaliste, caricaturiste et amateur de Mickey, raconte, avec beaucoup d’érudition, l’influence unique sur l’art et la culture populaire de ce personnage qui a généré plus de cent courts métrages, plusieurs milliers de comic strips et de bandes dessinées, des longs métrages, des séries, et d’innombrables produits dérivés…
Sans parler de ces réinterprétations par les plus grands artistes contemporains (Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Keith Haring…).
Les quatre cents images contenues dans ce très beau livre traduit chez Glénat (son titre original est « Mickey Mouse : Emblem of the American Spirit » et il date de 2015) mettent en exergue un texte très documenté — peut être un peu ardu pour un large public —, lequel remonte aux origines du personnage et permet de découvrir les recherches des collaborateurs du studio (Les Clark, Win Smith…), les premières esquisses d’Ub Iwerks, les story-boards des premiers courts métrages…
Témoignage historique, riche et émouvant pour les fans, ce récit des prémices de la création, très documenté, constitue la première moitié du livre.
Les amateurs d’art, de cinéma et de sociologie trouveront l’ensemble particulièrement passionnant. En revanche, le passionné de bandes dessinées, lui, devra se contenter des très belles reproductions de pages dues à Floyd Gottfredson, Al Taliaferro ou Earl Duvall, à défaut de trouver des informations précises sur les adaptations de « Mickey Mouse » pour ce média. (4)
« Mickey Mouse : icône du rêve américain » par Garry Apgar
Éditions Glénat (39 €) – ISBN : 978-2-344-01596-4
Que ces aficionados de l’histoire de notre média favori (dont la plupart, nous le savons, sont des lecteurs assidus du « Coin du patrimoine » de BDzoom.com) se rassurent : il reste, encore, plein d’ouvrages érudits sur le 9e art à découvrir en cette fin d’année. On vous en proposera d’ailleurs bientôt, dès la semaine prochaine, une autre sélection issue des dernières parutions !
(1) Voir Encore de belles intégrales avant la fin de l’année… et quelques prévisions pour 2017 !.
(2) Les éditions Glénat viennent d’ailleurs de rajouter deux belles rééditions à leur catalogue :
— l’intégrale de « Vuzz » (série en noir et blanc, ici dotée d’un trait bleuté, publiée dans la revue Phénix de Claude Moliterni à partir de 1973, comme le rappelle Druillet dans sa préface, et dont les dix premières pages constituent l’une des premières bandes dessinées modernes sans paroles, avant le « Arzach » de Moebius, mais après un récit muet de Raymond Poïvet proposé dans Comics 130, en 1971 ; voir Raymond Poïvet [2ème partie]).
— l’intégrale de « Yragaël » et de sa suite « Urm le fou » scénarisée par Michel Demuth, fresque baroque d’heroic-fantasy à la puissance épique et mythologique qui fut publiée dans Pilote à partir de 1973 ; une saga dantesque aux images époustouflantes !
(3) Voir aussi, sur notre site, des chroniques sur d’autres ouvrages de Jean-Paul Tibéri publiés dans la collection Découvertes : « Le Cavalier inconnu », Érik le prolifique ! (première partie), Érik le prolifique ! (deuxième partie), Disparition de Martial !, Hommage à Pierre Frisano…, Pour ne pas oublier Christian Mathelot, Le réalisme chez Calvo, Gérald Forton, Claude Marin… Des mines de renseignements encore disponibles, pour la plupart, sur http://www.coffre-a-bd.com.
(4) Profitons-en pour resignaler (voir : Mickey, Chlorophylle, Corentin et les autres… : encore vivants !), toujours aux éditions Glénat, les revigorantes réadaptations du personnage de Mickey par des ténors du 9e art francophone. Après les versions réussies de Cosey ou de Nicolas Keramidas et Lewis Trondheim, voici que déboulent celles de Tébo ou de Régis Loisel dont nous ne pensons que du bien.
Pour la première, lire l’article de Laurent Lessous (« La Jeunesse de Mickey » par Tébo) et pour la seconde, attendre la semaine prochaine la chronique « Ça cartonne » d’Henri Filippini.