« Les Carnets de Cerise T4 : La Déesse sans visage » par Aurélie Neyret et Joris Chamblain

À 12 ans, Cerise est maintenant presque adolescente. Sa mère veut apaiser leur relation en réservant, pour elles deux, une semaine de vacances dans un manoir au bord de la mer. Et pas n’importe quel manoir : c’est le Manoir aux cent mystères ! Cerise devra en résoudre un seul, mais fort complexe, qui l’amènera à mieux comprendre le monde des adultes qui l’entourent.

Chaque année, nous prenons plaisir sur BDzoom.com à voir grandir la vive Cerise au travers de ses aventures dans un nouvel album. La jeune fille rêve toujours de devenir romancière. Pour ce faire, elle observe attentivement les adultes afin de deviner leurs secrets. Après s’être lancée dans une enquête sur Michel et la passion secrète du vieil homme pour la peinture animalière murale et un zoo abandonné (cf. tome 1), puis sur Élizabeth, une vieille dame qui, depuis vingt ans, emprunte toutes les semaines le même livre à la bibliothèque (cf. tome 2), elle a, dans le tome 3, de ses carnets découvert les tourments de Sandra, une jeune femme qui dirige un atelier de reliure rempli de livres anciens.

Nous avons laissé, à la fin du tome 3, la jeune collégienne mélancolique pendant les fêtes de Noël pensant à un père disparu lorsqu’elle n’avait que quatre ans. Pour lui remonter le moral et renouer des liens distendus, sa mère lui offre une semaine de vacances au Manoir des cent mystères. Cette vieille bâtisse qui domine l’océan du haut d’une falaise est une ancienne demeure d’artistes. Amélia, qui a hérité des lieux, propose à ses hôtes de résoudre une énigme, propre à chaque client, cachée des regards indiscrets dans une enveloppe personnalisée. Cerise et sa mère peuvent circuler dans toutes pièces et manipuler tous les objets du manoir pendant une semaine dans le but de répondre à la question : « Quand Monsieur Loyal s’envolera-t-il jusqu’à Vénus ? » Ah ! Perplexité de la mère pendant que la préado distingue rapidement trois éléments dans l’énigme :

-          Monsieur Loyal

-          Le voyage

-          Vénus

L’enquête peut commencer.

Cerise de démène pour résoudre cette énigme, du village de pêcheur situé en contrebas du manoir dans lequel un bouquiniste bougon semble ne pas apprécier les locataires de la tendre Amélia dans les combles de la demeure littorale, où elle trouve un étrange tableau qui représente une très belle femme, véritable déesse dont il manque la tête, découpée du reste de la toile. Qui est-elle ?

                                              Carnets de Cerise T4 page 13

Pas le temps de se reposer avec l’arrivée inopinée de ses amies Line et Erica. Les filles entendent comprendre de quel M. Loyal il est question et quelle est sa relation avec la femme représentée sur le tableau, sans nul doute la Vénus de l’énigme. Leur surprise est grande de découvrir un lien entre le tableau et leur amie romancière Annabelle Desjardins. Qui tire les ficelles de ce nouveau mystère ?

                                                   
                                            Carnets de Cerise T4 Cerise et Marvin

En dénouant tous les fils de ces cachotteries, Cerise comprend mieux les liens qui unissent ou séparent les adultes qu’elle connaît. Mais sa découverte du monde des grands l’amène in fine à se poser des questions sur elle-même, sur sa relation avec une mère souvent dépassée et au cruel sentiment de manque provoqué par l’absence de son père, disparu depuis huit ans.

                                              Carnets de Cerise T4 page 22

Ce quatrième volume confirme les qualités d’une série exceptionnelle. Le récit, toujours émouvant et maîtrisé, fait alterner faux journal intime illustré par la jeune fille et bande dessinée, le tout dessiné avec maîtrise et sensibilité, soulignant le talent polymorphe d’Aurélie Neyret.

                                               Carnets de Cerise T4 bas de la page 54

Cerise n’est plus une petite fille. Elle n’est pas encore une adolescente, mais ses jeux et ses préoccupations ne sont plus enfantins ; ses copines se pâment devant les garçons et elle-même se brouille de plus en plus avec une mère pourtant de bonne composition. De quoi aborder des pensées et des sentiments plus matures que dans les épisodes précédents.

Joris Chamblain mêle, avec le talent qu’on lui connaît, intrigue policière à la mode Agatha Christie aux introspections existentielles de la perspicace Cerise. Toujours avec justesse et sensibilité, il détaille les pensées secrètes et l’évolution de sentiments complexes d’une jeune fille qui découvre le monde. Cette période charnière, juste avant l’adolescence, marquée par le passage rapide de l’enthousiasme à la mélancolie, est transcrite avec ce qu’il faut d’humour et de recul pour passionner un très vaste lectorat.

On ne peut que se réjouir du succès commercial des « Carnets de Cerise », attesté dans nos pages « Zoom sur les meilleures ventes » depuis quelques mercredis déjà, car les auteurs mettent en avant des valeurs auxquelles nous souscrivons entièrement, la tolérance, l’empathie ou l’amitié sincère par exemple.

Pour les aficionados du travail de Joris Chamblain, nous évoquerons la semaine prochaine son travail sur une série pour de plus jeunes lecteurs : « Enola & les animaux extraordinaires ».

Cerise au smartphone

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Les Carnets de Cerise T4 : La Déesse sans visage » par Aurélie Neyret et Joris Chamblain

Éditions Soleil, collection Métamorphose (15,95 €) – ISBN : 978-2-302-04850-8

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