Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Chouchou : un hebdo XXL !
Le jeudi 12 novembre 1964, les lecteurs de bandes dessinées sont à la fête. Ces heureux veinards ont la surprise de découvrir, chez leurs marchands de journaux, un nouveau magazine (le plus souvent plié en deux) : Chouchou. Huit pages XXL (un format géant de 40 x 55 cm, celui des quotidiens de l’époque) tout en couleurs, pour 1 franc !
La même semaine, Spirou propose son n° 1387 dont la Une met en avant un gag de « Gaston Lagaffe » et met l’accent sur le retour de la « Patrouille des Castors » qui a rejoint, depuis quelques semaines, « Marc Dacier », « Timour », « Michel et Thierry », « Tif et Tondu », « Max l’explorateur », « L’Oncle Paul », « Jerry Spring », « Lucky Luke », « Les Schtroumpfs », « Boule et Bill », « Sandy et Hoppy »… 52 pages de rêve pour 80 centimes !
De son côté, le n° 838 de Tintin (52 pages pour 1 franc) fête en couverture « Dan Cooper », aviateur présent dans l’hebdo en compagnie de « Capitan », « Jimmy Stone », « Les Franval », « Line », « Ric Hochet », « Rataplan », « Jari », « Zig, Puce & Alfred », « Spaghetti », « Modeste et Pompon »…
Le n° 1018 de Vaillant (48 pages pour 1 franc), lui, publie, sous une couverture trépidante de Jean Cézard, « Nanar et Jujube », « Pif et cie », « Yves le loup », « Placid et Muzo », « Ragnar », « Quentin Gentil », « Bob Mallard », « A bâbord et Père O.K. », « Teddy Ted », « Arthur le fantôme », « Group-Group », « Davy Crockett », « Pifou »…
Enfin, le « jeune » Pilote, qui atteint seulement son n° 264 (48 pages, 1 franc), réuni « Barbe-Rouge », « Blueberry », « Séraphin contre Angelure [Tracassin] », « Buck Gallo », « Achille Talon », « Michel Tanguy », « Le Grand Duduche », « Guy Lebleu », « Tiger Joe », « Norbert et Kari », « Astérix »… sans oublier le fameux « Pilotorama ».
Quant à Chouchou, ce n’est pas tout à fait un inconnu pour les jeunes de l’époque, particulièrement pour ceux qui s’intéressent à la presse yéyé où les idoles des jeunes attirent de plus en plus de fans.
En effet, le personnage de Chouchou est né quelques mois plus tôt dans Salut les copains : magazine mensuel lancé par Daniel Filipacchi et inspiré par l’émission au titre éponyme qui triomphe sur les antennes d’Europe n° 1.
Une rubrique de l’émission, « Le Chouchou de la semaine », donne l’idée du nom de Chouchou, pour la mascotte du journal qui lui est demandé, au dessinateur Philippe Fix : né en 1937 à Grendelbruch dans le Haut-Rhin, élève des Arts décoratifs de Strasbourg, puis des Beaux-Arts de Paris, illustrateur pour Bayard, pour la collection Folio…
C’est dans le dixième numéro, publié en mai 1963, qu’apparaît pour la première fois ce Chouchou. Un corps maigrelet, une grosse tête, des cheveux lui couvrant la moitié du visage, Chouchou est entouré par sa fiancée Yéyé, son petit frère Minichouchou et par son chien Ouah-Ouah.
Populaire auprès des lecteurs de SLC, Chouchou donne son nom au nouveau magazine que souhaite lancer l’heureux Daniel Filipacchi dont les ventes de Salut les copains dépassent le million d’exemplaires.
Même si, dans un premier temps, Philippe Fix pensait devenir le futur rédacteur en chef de ce journal (dont le titre était le nom de son personnage), Filipacchi fait finalement appel, pour mettre sur pied ce projet audacieux, à l’auteur Jean-Claude Forest qui, à l’époque, dessine « Barbarella » dans V magazine, ainsi qu’une bande quotidienne dans France-Soir (« Le Sang dans la plaine »), et fait partie de l’équipe du Centre des littératures d’expression graphique qui publie la revue Giff-Wiff (il est d’ailleurs à l’origine de ce pompeux intitulé et du nom de la revue inspiré par un personnage du « Popeye » d’Elzie Crisler Segar) ; voir aussi Les toutes premières bandes dessinées de Jean-Claude Forest. De son côté, Forest demande à Rémo Forlani (1927-2009, écrivain, homme de radio, scénariste de « P’tit Pat » dans Pilote où il vient de terminer une histoire de la BD : un travail de pionnier pour l’époque) de l’épauler.
Nostalgiques des grands journaux d’avant-guerre, fascinés par les suppléments BD des quotidiens américains, les deux hommes optent pour un magazine de format géant qu’ils souhaitent proposer le jeudi, au centre de France-Soir : quotidien qui se vend à plus d’un million d’exemplaires et dont le créateur Pierre Lazareff figure au comité de rédaction. La manœuvre est habile, mais le célèbre patron de presse, bien que fortement tenté, n’osera pas franchir le pas.
Il faut dire que le pari est osé : les magazines concurrents voyant plutôt leurs formats se réduire peu à peu. Notons que l’éditeur Georges Dargaud est, lui aussi, membre de la rédaction, avec l’espoir qu’un jour les histoires publiées par Chouchou deviendront des albums aux côtés de ceux d’« Astérix », de « Michel Tanguy » et de « Barbe-Rouge ».
Afin de donner le ton souhaité à leur hebdomadaire, Forest et Forlani se partagent l’écriture de la plupart des histoires, utilisant divers pseudonymes.
Quant aux dessinateurs, nous verrons plus loin que le choix est principalement celui de Forest, lequel fait appel à des auteurs qu’il apprécie pour avoir déjà travaillé à leurs côtés.
Neuf supers premiers numéros
Après la publication d’un n° 0 de quatre pages, recherché par les collectionneurs, lequel annonce l’arrivée du journal, le premier numéro de Chouchou arrive en kiosque le jeudi 12 novembre 1964. Frank Ténot, compagnon de route de Daniel Filipacchi, est le gérant de ce magazine dont la rédaction est située 5 rue Clément Marot, dans le huitième arrondissement de la capitale française. Imprimé par Cino Del Duca (qui à l’époque publie encore plusieurs journaux pour jeunes), Chouchou a de quoi surprendre.
À l’identique des suppléments américains, il présente une mise en page bousculée où plusieurs histoires de formats différents peuvent cohabiter sur une même page. La plupart des récits sont à suivre et tout en couleurs : une grande majorité d’entre eux étant réaliste. Le contenu des neuf premiers numéros publiés du 12 novembre 1964 au 9 juillet 1965 ne change pratiquement pas : les rédacteurs ayant choisi de tout offrir dès le premier numéro. Un choix peut-être risqué, puisqu’il prive le lecteur de surprises pendant de longues semaines.
Page 1 : sous une frise représentant une sélection des visages des héros, suivie du titre Chouchou, débute « Sylvie » : histoire d’aventures sentimentales écrite par Roberto Scarlatti (pseudo de Rémo Forlani) et mise en images par Noël Gloesner. C’est probablement afin de ne pas effrayer les lecteurs de Salut les copains que Sylvie (Vartan), idole des yéyés, ouvre le journal. Accompagnée par son amie Tiny, la chanteuse blonde trouve le temps d’affronter une bande de malfrats au cours d’une tournée qui s’annonce mouvementée.
Forest, qui a longtemps travaillé pour Marijac (dans Mireille — voir Mireille, un hebdomadaire pour le lectorat juvénile féminin… [deuxième partie] ou Mireille, un hebdomadaire pour le lectorat juvénile féminin… [troisième partie] — et Nano et Nanette) connaît bien le travail de Gloesner (1917-1995, voir Noël Gloesner) : un formidable artiste capable de tout dessiner, mais dont le talent reste méconnu. Pas étonnant qu’il l’ait choisi pour figurer à la Une.
« Gentil Clovis » met en scène un petit bonhomme insolite, lointain cousin de Little Nemo, recouvert d’une curieuse combinaison verte évoluant dans un univers étrange. L’auteur, Robert Gigi (1926-2007), collabore à V magazine et travaille à l’Atelier 63 (où Forest a aussi traîné ses guêtres) aux côtés de Raymond Poïvet.
Page 2 : « Les Zoziaux » est une série délirante imaginée par Momo (encore Rémo Forlani) pour Georges Lacroix. D’étranges oiseaux dotés de l’intelligence et de la parole envahissent les villes sans véritables raisons. Le professeur Loriot est chargé de résoudre ce mystère. Jeune humoriste, futur membre des HA (Humoristes associés), Georges Lacroix (né à Constantine en 1945) effectue ce bref passage dans la BD, avant de se consacrer uniquement au dessin d’humour.
« Kilimandjaro », est une classique histoire de brousse écrite par Pierre Heuclin (un ami de Forlani) ayant pour héros deux jeunes étudiants épris d’aventure : l’un sérieux et courageux, l’autre fantasque et gaffeur. Parcourant la jungle africaine, ils vont devoir affronter de redoutables contrebandiers. Guy Mouminoux (né en 1927) signe d’un trait réaliste ce récit qui ne manque pas de qualité. Le futur Dimitri (« Le Goulag ») fréquente lui aussi l’Atelier 63 et connaît bien Forest, rencontré alors qu’ils travaillaient tous les deux, dès 1951, pour les récits complets de huit pages des éditions EPM.
Page 3 : « Ténèbrax » met en scène le commissaire Bougon, le romancier Edgar Dunor et son assistant Doum, lesquels enquêtent sur des disparitions mystérieuses d’hommes et de femmes dans le métro parisien où règne Ténèbrax, chef d’une bande de rats mutants.
C’est la première création du duo Jacques Lob (1932-1990, voir Les premières BD « osées » de Jacques Lob) et Georges Pichard (1920-2003, voir Les pornos de Pichard) avant « Blanche Épiphanie ».
À l’époque, Pichard signe des illustrations dans V magazine et travaille pour la jeunesse : encore un auteur proche de Forest.
Les neuf premières pages tout en couleurs et les dix-huit autres proposées dans le n° 10 seront remontées et compilées dans un album en noir et blanc publié en France en 1973, aux éditions Serg.
« Sam Colt » : la drôle et véritable histoire de Samuel Colt, devenu chasseur de primes pour le plus grand bonheur des populations de l’Ouest américain. Sympathique parodie de western écrite et dessinée par Christian Marchand : jeune dessinateur qui proposera ensuite des cartoons dans Lui, puis la courte série « Ogden McCarnaby » dans les deux premiers numéros de Circus. Il décédera d’une crise cardiaque en 1975.
En bas de page, Chouchou est adapté en bande dessinée par Fix et Jean-Pierre Auclert : directeur artistique dans la presse et scénariste épisodique que l’on retrouvera aussi dans le mensuel Record des éditions Bayard en 1965 et 1967 (avec Guy Mouminoux).
Page 4 : « P’tit Gus et les mystères », un passionnant scénario de Nick Filderman (Rémo Forlani) qui donne le frisson, illustré avec réalisme par Raymond Poïvet (1910-1999).
Mécanicien agricole, P’tit Gus découvre une jeune femme choquée, alors qu’il livre un tracteur à un fermier.
L’inconnue lui dit avoir été attaquée par des êtres malfaisants dont les visages étaient dissimulés sous des têtes de sanglier et de chevreuil.
Considéré comme le meilleur dessinateur réaliste d’après-guerre, Raymond Poïvet, dessinateur des célèbres « Pionniers de l’Espérance » (voir Raymond Poïvet [1ère partie] et Raymond Poïvet [2ème partie]), se devait de figurer au sommaire du journal de son ami Jean-Claude Forest.
« Hurrah Kennedy » est l’histoire vraie de la vie de John Fitzgerald Kennedy contée par Patricia Smith et dessinée par Michel Stringer, dont l’identité demeure mystérieuse.
Page 5 : « Bébé Cyanure » est une adorable gamine campée par Jean-Claude Forest. Cette héroïne et son jeune frère Môme évoluent, en l’an 3250, à bord d’un étrange engin spatial entre Saturne et Vénus.
C’est une création drôle et poétique de Forest qui dessinait, juste auparavant, une version burlesque et fantastique de « Charlot » – en alternance avec Mat – pour la SPE : Société parisienne d’édition.
Un album broché en noir et blanc réunira les neuf pages des neufs premiers numéros et les douze du n° 11 (qui arborait la série en couverture et contenait aussi une image d’introduction en guise de résumé) remontées en vingt-quatre en noir et blanc aux éditions Glénat, en 1975.
« Pat Patrick » est une série d’aventures avec un héros pur et dur accompagné du bouillant John Martin Watts.
Il foule les quais sordides de Hong Kong, alors qu’une énigmatique et belle aventurière chinoise, la dame de Hong Kong, se dresse sur sa route.
Il s’agit d’u'n récit exotique, hommage aux histoires de Milton Caniff, écrit par Walter See (pseudonyme de Forest) dessiné avec réalisme par Francisco Hidalgo (1929-2009, il est devenu par la suite un photographe de renom). Grand admirateur de l’œuvre du créateur de « Terry and the Pirates », Forest ne pouvait que souhaiter travailler avec ce dessinateur espagnol emmigré (voir Le photographe Francisco Hidalgo était aussi dessinateur de bandes dessinées…), lui aussi fan du dessinateur américain.
Page 6 : première version du grand classique de la science-fiction française écrit par Jean-Claude Valherbe (autre pseudo de Forest) et dessiné par Paul Gillon (1926-2010) qu’est « Les Naufragés du temps » : voir « Les Naufragés du temps ».
À la fin du vingtième siècle, Christopher Cavallieri et Valérie Haurèle sont mis en hibernation pour se réveiller en 2981, alors que la planète a beaucoup changé.
C’est à Vaillant, alors qu’il dessine « Pour la horde » ou « Copyright » que Forest rencontre Paul Gillon, et ils sont tous deux fascinés par les grands classiques de la BD américaine.
Forest abandonnera le scénario à Paul Gillon, après avoir écrit les quatre premiers albums de la série (publié chez Hachette à partir de 1974, aux Humanoïdes associés à partir de 1989 et depuis 2008 chez Glénat) qui reviendra dans France-Soir, dix ans plus tard.
« Les Compagnons du silence » est un récit inquiétant et sombre avec, en toile de fond, la France occupée par les Allemands. Nancy, 1941 : pris pour George Martin, Laurent Léger est victime d’une attaque qui va changer son destin. Ce scénario de Régis Martin est mis en images par Francis Lorrain : pseudonyme de Jacques Poirier (illustrateur, dessinateur du strip quotidien « Monsieur Cyberg » publié par France-Soir).
Page 7 : « Dick Tracy », le fameux policier américain créé en 1931 par Chester Gould (1900-1985) est le seul héros venu d’outre-Atlantique présent dans ce journal au look américain. Un graphisme original qui, par la suite, n’a jamais vraiment convaincu les lecteurs français, alors que les éditions Futuropolis en réalisèrent une belle traduction dans leur indispensable collection Copyright, entre 1981 et 1989.
« Oui, mon adjudant ! », où nous retrouvons Guy Mouminoux, cette fois-ci dans son registre humoristique, avec cette parodie militaire écrite par Momo (Forlani). Deux braves soldats quittent la caserne après avoir dérobé une puissante moto. Ils sont traqués par le bouillant, mais pas très futé, Sergent Fixe. Cette page est complétée par un strip publicitaire pour les chaussures André dessiné avec humour par Georges Pichard.
Page 8 : « Viva Vivero » compose la somptueuse dernière page qui est dessinée par Marc-René Novi (1913-2002), un grand dessinateur injustement méconnu.
Forest, qui a rencontré Novi alors qu’il travaillait pour la SPE (Société parisienne d’édition) est l’un des seuls responsables éditoriaux à lui avoir confié une série à la hauteur de son talent.
Le scénario est signé Ado Kyrou (1927-1985) : historien du cinéma, metteur en scène et chantre du surréalisme, qui propose les aventures de Miguel Vivaro.
En 1551, ce dernier accompagne Pizzare et ses conquistadores, mandatés par Charles Quint, pour conquérir le peuple inca et faire main basse sur ses richesses.
Excepté quelques incursions humoristiques d’origine américaine (« Snoopy et ses copains » [« Peanuts »] de Charles Monroe Schulz dans les n° 5 et 8, « Monsieur Cromagnon » [« BC » de Johnny Hart] et « Cicéron » [« Cicero’s Cat », strip spin-off de « Mutt and Jeff »] de Bud Fisher dans le n° 5), le sommaire des neuf premiers numéros de Chouchou demeure immuable.
Seul le n° 5 dont la pagination est double propose, en plus, « Rodéo à Carson-City » (un western complet réaliste écrit par Pierre Heuclin pour Robert Gigi) et « Les Fables de la Fontaine et Forlani » où l’un des corédacteurs en chef revisite les chefs-d’œuvre du célèbre fabuliste.
… et cinq déceptions !
Après avoir vendu 80 000 exemplaires du premier numéro, le nouvel hebdomadaire effectue un plongeon jusqu’à 40 000 exemplaires, avant de remonter à un encourageant 60 000. Hélas, après un voyage aux États-Unis, Daniel Filipacchi est persuadé que le petit format des comics books est en train de triompher du grand format des suppléments des quotidiens. Décision est prise de changer le format du journal et de remplacer les histoires à suivre par des récits complets. Effondré, Forest quitte le navire avant la publication de l’ultime numéro de cette formule bâtarde, et Forlani, seul maître à bord, reste au poste de rédacteur en chef
Ces bimensuels de 52 pages de format 18 x 26 cm, dont 26 en couleurs, sont vendus 1 franc. La création de plus en plus rare est complétée par des récits moins chers venus de l’étranger.
N° 10 (1er avril 1965) : à noter l’arrivée de « Pauvre Icare » gag en une planche signée Lobéloux (c’est-à-dire Lob et Loeckx, le véritable nom de Jo-El Azara ; voir Jo-El Azara : deuxième partie, à Tintin, à Pilote, à Spirou, et tout seul comme un grand…), de « Billy James » qui est la traduction d’un récit complet western italien de 14 pages signé Billy Danning (Mino Milani) et Hugo Pratt [publié à l’origine en 1962 dans Corriere dei Piccoli],et de « Panique à Mammouth-City » (un western préhistorique de 12 pages dû à Forlani alias Momo et à Robert Gigi).
Le sommaire de ce premier numéro de la nouvelle formule propose aussi deux planches de « Snoopy », l’ultime strip, mis en hauteur, du « Gentil Clovis » de Gigi et la conclusion (hâtive) de « Ténèbrax » par Lob et Pichard.
N° 11 (15 avril 1965) : conclusion de « Bébé Cyanure » par Forest en douze pages alternant la couleur (baveuse) et le noir et blanc, une enquête de Dick Tracy par Chester Gould (27 pages) une page de « Pauvre Icare » et deux de « Snoopy ». C’est maigre !
Notons toutefois, dans les n° 11 et 12, un rédactionnel signé par le romancier SF Kurt Steiner.
N° 12 (29 avril 1965) : « Eugène, Clodomir et cie » est un récit complet humoristique de Lob (qui propose toujours une page de « Pauvre Icare ») illustré par Ram, dessinateur inconnu, peut-être d’origine espagnole, car il est possible que ce mystérieux Ram soit le dessinateur ibérique Serna RAMos (1927-2011) qui a travaillé pour la SPE en même temps que Forest, animant entre autres « Jim Champion » et « Ko Ka Oh ». Le trait semble proche et le pseudo probable.
Traductions avec deux pages de « Snoopy », six de « Larrigan le solitaire » (un bon western argentin d’Arturo Del Castillo), vingt de « Capitaine Martin » (strip quotidien policier distribué par Press-Service au dessinateur inconnu ; seule une signature peu lisible subsiste, peut-être Zata ?) – Marc-André Dumonteil nous a signalé entretemps qu’il s’agit de « Capitán Martín » dessiné par Manuel Zataraín et scénarisé par Juan Antonio De Laiglesia pour l’agence Ibergraf qui a diffusé cette série en Europe à partir de 1959. Rebaptisé « Capitaine Rix », on la trouve aussi dans Maxi 1 aux éditions des Remparts en 1971. et six pour « Coup de feu dans la ville morte » : western espagnol signé Alcazar pour le texte et Edmond pour le dessin.
N° 13 (13 mai 1965) : aventure complète de Chouchou par Fix en 16 pages (« Alerte aux FCC »), un gag de « Pauvre Icare », l’unique aventure de Cari et Cature (6 pages) par Georges Lacroix, « Le Kid-napping » une parodie de western par Marchand (10 pages) et « Tchinggiz Khan » parodie de Gengis Khan par Mouminoux (11 pages). Ce sommaire encourageant marque le retour en force de la création dans cette livraison où le nom de Forest a disparu de l’ours.
N° 14 (27 mai 1965) : un dessin d’Hugo Pratt en couverture, peut-être pour la première fois en France, annonce la publication d’un nouvel épisode en 24 pages de « Billy James ».
Rappelons que ces aventures indiennes ont été scénarisées par Mino Milani sous le pseudonyme de Billy Danning et qu’elles seront réunies dans un album broché en noir et blanc, lequel sera publié par Les Humanoïdes associés, en 1980.
Unique aventure en six pages du Sire de Pincemaille signée Jacq (Lob) et Jean-Claude Poirier (futur dessinateur d’« Horace cheval de l’Ouest »).
Lob, encore, écrit les sept pages de « Chasseurs de mirages » pour son vieux compère Georges Pichard et « Peanuts » est traduit « Snoopy » sur une page et « Charlie Brown » sur l’autre.
Enfin, Francisco Hidalgo propose « SOS Boeing 605 » en quatre pages et l’on a toujours droit à un gag de « Pauvre Icare ».
Un n° 15, annoncé avec les arrivées de « Félix le chat », « Johnny Hazard », « Drake and Drake » ne verra jamais le jour.
S’il n’y a pas vraiment lieu d’être déçu de la disparition de cette formule bâtarde, on ne peut que regretter celle du Chouchou grand format : naufrage qui a laissé inachevé de pures merveilles.
Réunir autant de talents et autant de grands noms de la bande dessinée fut une belle performance de la part de ses deux responsables de la rédaction : Jean-Claude Forest et Rémo Forlani.
Le temps des illustrés était révolu, quelques années plus tard, en 1969, Charlie mensuel allait ouvrir les portes aux mensuels et à la bande dessinée dite adulte.
Henri FILIPPINI
Compléments bibliographiques, relecture et mise en pages : Gilles Ratier
Merci pour cet historique très détaillé de Chouchou. J’étais trop jeune pour l’avoir lu, mais des extraits de certaines bandes (Ténébrax, P’tit Gus et les Mystères, Les Naufragés du temps) étaient parus dans l’anthologie Planète « Les Chefs-d’œuvre de la bande dessinée ».
Une suggestion : le mystérieux « Ram », dessinateur de Eugène Clodomir et Cie, ne pourrait-il pas être Ramon Monzon, ce dessinateur espagnol qui, comme Forest et Poïvet, travaillait à cette époque pour Vaillant ?
Ah oui, bien vu, ça pourrait être Monzon !
Sinon, pour info, le personnage de Chouchou a un peu poursuivi son parcours en BD dans Pilote en 1965, pas très longtemps.
Merci Jean-Paul et Marcel pour ces précisions !
Ah oui, Monzon pour Ram, c’est en effet bien vu, mais les pages suivantes de ce récit n’apportent guère de l’eau à ton moulin, Jean-Paul… Il faudrait que je scanne d’autres pages pour que tu te rendes compte… Le problème c’est que, pour le moment, on ne peut pas mettre d’images dans le forum de BDzoom et les rajouter dans l’article, ça ferait trop lourdingue…
La bise et l’amitié
Gilles
Chouchou, RAM,
Je ne pense pas que cette page soit de Monzon. (Malgré le RAMon). Trop différente de son dessin habituel. Et confirmation par Tibéri. A noter que l’ABDL et Regards éditent 2 albums de Monzon par souscription, grand format A3, à l’italienne, dos toilé. Pour plus de renseignements, merci de m’envoyer un mail.
Hubert HOLLE
J’adore cette période de la bd . Super cet article!!
Alfredo Castillo? Je ne connais pas du tout. Ne serait-ce pas Arturo Del Castillo ?
Merci
Évidemment, c’est bien Arturo Del Castillo : erreur de frappe et étourderie à la fois ! C’est corrigé !
Merci pour votre relecture attentive !
Bien cordialement
La rédaction
Bonjour tout le monde…
Je pense que le mystérieux Ram est le dessinateur espagnol Serna RAMos (1927/2011) qui a travaillé pour la SPE en même temps que Forest, animant entre autres « Jim Champion » et « Ko Ka Oh ». Le trait semble proche et le pseudo possible.
Damned ! Nous avons laissé passé la faute sur Arturo Del Castillo, pourtant on s’y est mis à deux !
Merci à notre lecteur…
Henri Filippini
Article intéressant sur une revue bien oubliée, merci!
« Capitán Martín » est bien dessiné par Manuel Zataraín. Scénario de Juan Antonio De Laiglesia pour l’agence Ibergraf qui a diffusé cette série en Europe à partir de 1959. Rebaptisé « Capitaine Rix », on la trouve dans MAXI 1 aux éditions des Remparts en 1971.
Merci Marc-André pour toutes ces précisions, tu es un véritable puits de sciences !
La bise et l’amitié
Gilles
UN grand merci à Henri Filippini pour l’article trés détaillè sur Chouchou
que j’ai bien connu.
Je sais à présent pourquoi le grand format a disparu ….dommage car il comportait
tous les grands dessinateurs talentueux français .
Minichouchou était la sœur et pas le frère de chouchou?
Merci Jan, on corrige !
La réaction
Ping : Georges Pichard’s Distressing Damsels – Who's Out There?
Avec un certain retard, je viens de découvrir votre excellent article sur « Chouchou ». Je confirme que le mystérieux « Ram » qui signe « Eugène, Clodomir et cie » est bel et bien José Antonio Serna Ramos, et non Ramón Monzón. En fait, de retour en Espagne dans les années 70, il a recyclé le personnage barbu (Eugène) en le rebaptisant « Cucaracho »: http://www.recuerdas.es/tebeos/cucaracho-por-jose-antonio-serna-ramos-jiaser-en-color.php
Quant au récit « Coup de feu dans une ville morte », le scénariste Alcázar est sûrement Victor Mora, car il utilisa souvent le pseudonyme « Victor Alcázar » dans ses travaux pour le marché espagnol pendant les années 60 et 70.
Merci Alfons pour vos érudites précisions !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Ping : Marooned in Time With Paul Gillon – Who's Out There?