BDZoom > BD de la semaine > « Adieu Kharkov » par Catel, Claire Bouilhac et Mylène Demongeot

« Adieu Kharkov » par Catel, Claire Bouilhac et Mylène Demongeot

31/08/2015
Par Gilles Ratier

Catel aime les biographies de femmes qui ont du corps ! Celles qui vous racontent, à travers la vie d’une forte personnalité, une véritable histoire tout au long de nombreuses pages ! Après avoir remarquablement mis en cases et en bulles celles de Kiki de Montparnasse, d’Olympe de Gouges ou de Benoîte Groult (la plupart du temps avec la complicité de son compagnon, l’éditeur José-Louis Bocquet), elle s’attaque aujourd’hui à Mylène Demongeot, une autre icône… d’un tout autre genre. Tout en évoquant, avec son amie dessinatrice Claire Bouilhac, les terribles tribulations de la mère de cette mythique actrice populaire des années 1950 et 1960. Et elle nous démontre une fois de plus, si besoin en était, que la femme n’est, en rien, un sexe faible !

Pour évoquer les passionnants destins, riches en rebondissements, de ces deux femmes libres, Catel s’est donc assuré les services de la cocréatrice de « Francis blaireau farceur » (avec Jake Raynal), pour illustrer le parcours particulièrement difficile de Klavdia Trubnikova. La mère de Mylène est née en Ukraine et a connu la Révolution russe, la misère, la faim, les assauts incessants de son père et l’abandon des siens : une jeunesse difficile qui lui a forgé le caractère et qui explique, en partie, son cynisme et son arrivisme.

Claire Bouilhac — qui, comme Catel, a été à la rencontre de la protagoniste des « Sorcières de Salem » ou des « Fantomas » avec Jean Marais et Louis de Funès (même si sa partie s’inspire largement des écrits de Mylène Demongeot dans « Les Lilas de Kharkov », publié chez Hachette en 1990), afin de mieux appréhender son sujet — utilise ici un graphisme léché et précis. Il n’est pas si éloigné que ça de celui de Catel qui, pour représenter les passages concernant l’actrice (dont la vie est beaucoup plus résumée que celle de sa génitrice), se fait un peu plus réaliste qu’à son habitude : les deux auteures jouant parfaitement avec les convergences et les complémentarités de leurs graphismes et de leurs narrations, d’autant plus que l’habile colorisation permet autant d’uniformiser que de différencier leurs deux styles.