Le rôle de Jean-Michel Charlier dans les premiers numéros de Pilote

L’histoire est connue : après avoir tenté de constituer une sorte de syndicat des auteurs de bandes dessinées en 1956, René Goscinny, Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier sont mis à l’index à la Word Press (appellation désormais effective de la World’s Publicity Press, depuis 1955) et, donc, aux éditions Dupuis ; ils créent alors une structure scindée en deux agences (ÉdiFrance pour la publicité et ÉdiPresse pour le rédactionnel ou la fourniture des journaux) et sont contactés, en 1959, pour créer le journal Pilote. Dès le premier numéro de ce nouvel hebdomadaire, Jean-Michel Charlier scénarise trois séries qui deviendront plus célèbres les unes que les autres : les aventures des pilotes Tanguy et Laverdure (1), du pirate Barbe-Rouge et du randonneur Jacques Le Gall. En revanche, ce qui est moins connu, c’est qu’il va écrire, de façon complètement anonyme, des histoires complètes instructives en deux pages avec le texte sous les images, concocter divers textes instructifs et, ensuite, superviser les diverses rubriques rédactionnelles : les reportages, les jeux et le fameux « Pilotorama ».

Le « Pilotorama » publié dans le n° 1 de Pilote, le 29 octobre 1959.

Évidemment, tout cela est raconté avec force de détails dans mon monumental ouvrage sur le scénariste de « Buck Danny » et de « Blueberry » paru au Castor astral, à la fin de l’année dernière (2). Cependant, dans « Jean-Michel Charlier vous raconte… », je n’ai pas pu donner, par manque de place, un listing complet des récits non signés que le célèbre scénariste avait pu concocter alors : ce que nous sommes en mesure de faire aujourd’hui, de façon pratiquement exhaustive.

Extrait d'un tapuscrit destiné à la rubrique illustrée La Selve et publiée dans les quatre premiers numéros de Pilote.

            En effet, Philippe Charlier (ayant droit des œuvres de son père), en cherchant autre chose dans la cave de sa mère où sont entreposées les archives de Jean-Michel, avait retrouvé une chemise sur laquelle était marqué « Frais », contenant quelques courriers sans grand intérêt. Pourtant, dans cette même farde, le fils du grand scénariste a également découvert des textes didactiques (tapés à la machine à écrire) destinés à une instructive rubrique illustrée par un certain La Selve et publiée dans les quatre premiers numéros de l’hebdomadaire, ainsi que des tapuscrits de scénarios intitulés « Histoires complètes » (également prévus pour Pilote), précédés d’une liste avec un argumentaire de dix lignes chacun — correspondant, en partie, à des scénarios entièrement découpés —, à laquelle sont rajoutées diverses propositions destinées à renouveler les sujets de ces récits authentiques.

La rubrique illustrée par La Selve dans les quatre premiers numéros de Pilote.

            Scrupuleusement, votre serviteur s’est alors empressé de noter tous les titres : le premier étant l’un des plus connus puisqu’il s’agit de « L’Évasion du « Jean Bart » » publié dans les n° 0 (de septembre 1959) et n° 1 (du 29 octobre 1959) de Pilote.

« L’Évasion du "Jean Bart" » dans la maquette du n° 0 de Pilote.

Dessinée par Robert Gigi, il s’agit de l’histoire vraie racontant l’évasion du cuirassé « Jean Bart » de la cale de Saint-Nazaire en juin 1940 que le scénariste avait déjà adaptée pour l’une des « Belles histoires de l’Oncle Paul » dessinée par Eddy Paape (série de récits complets didactiques de quatre pages, dont Charlier assuma les premiers scénarios dans Spirou) sous le titre « L’Odyssée du « Jean–Bart » », au n° 688 du 21 juin 1951 (voir Les premières « Belles Histoires de l’Oncle Paul »…).

            En regardant tout ça de plus près, et en comparant notamment avec les listings du site bdoublies.com, j’ai finalement trouvé la correspondance avec des récits complets de deux pages parus dans Pilote (les premières années), dans la lignée de « L’Évasion du « Jean Bart » », c’est-à-dire avec le texte sous les images.

J’ai alors demandé au Centre Belge de la Bande Dessinée des scans de ces épisodes que le dévoué et toujours efficace Gregory Shaw (qu’il soit chaleureusement remercié au passage) m’a aussitôt fournis.

C’est ainsi que j’ai pu constater qu’il s’agissait effectivement de sept histoires correspondant exactement aux tapuscrits contenus dans la chemise, des scénarios entièrement découpés par le scénariste :

— « La Guerre de Troie » (publié dans Pilote n° 2 du 5 novembre 1959), dessins de Gal ;

— « La Prise du Kent » (publié dans Pilote n° 3 du 12 novembre 1959), dessins de Gal ;

— « Opération Jéricho » (publié dans Pilote n° 4 du 19 novembre 1959), dessins de Robert Gigi ;

— « Le Roi de l’évasion » (publié dans Pilote n° 6 du 3 décembre 1959), dessins de Gal ;

— « Pierre L’ermite » (publié dans Pilote n° 79 du 27 avril 1961), dessins de Claude Pascal ;

— « Noël sous la mer » (publié dans Pilote n° 164 du 13 décembre 1962), dessins de Claude Pascal. Par ailleurs, c’est l’un des rares récits (et même le seul), en ce domaine, à être signé par Jean-Michel Charlier dans Pilote : fait qui confirme, si besoin en était, la paternité du scénariste et futur corédacteur en chef sur ces textes éducatifs. Cette dernière histoire authentique, qui fait exceptionnellement trois pages, a également connu, précédemment, une autre version au sein des « Belles histoires de l’Oncle Paul » dessinée par Eddy Paape, sous le même titre, au n° 816 de Spirou daté du 3 décembre 1953. 

Un autre de ces récits dont nous avons retrouvé le tapuscrit certainement entièrement découpé par Charlier dans cette chemise, c’est « La Première Traversée aérienne de la Manche » (publié dans le n° 7 du 10 décembre 1959), avec des dessins de Georges Langlais, le vrai nom de Gal. Or, cette bande dessinée avec le texte sous l’image est curieusement créditée à Jean Desmur pour le texte (???).

Page 1 du tapuscrit pour « La Première Traversée aérienne de la Manche ».

J’ai alors demandé à Philippe Charlier de m’envoyer les scans du scénario découpé pour pouvoir comparer et, j’ai bien vérifié, les textes sont les mêmes (à un mot près), et ce Demur n’aurait signé que cette histoire dans Pilote. Alors, j’ai demandé des éclaircissements à son fils qui m’a répondu avec les arguments suivants : « Le nom Jean Desmur ne me dit rien du tout. Je n’ai jamais entendu ou vu mon père utiliser ce pseudonyme. Je pense qu’il faut donc faire attention.

Le fait que le papier et la machine à écrire soient les mêmes n’est pas forcément une preuve que le texte est de mon père. Le texte peut avoir été tapé dans les bureaux d’ÉdiFrance.

À cette époque, comme les machines à écrire coûtaient un certain prix et n’étaient donc pas si nombreuses dans une structure peu argentée, plusieurs personnes utilisaient la même machine et le même papier. 

Charlier caricaturé par Uderzo dans le n° 213 de Pilote.

Uderzo et Charlier continuant à faire des blagues, dans le n° 38 de Pilote.

Maintenant, l’équipe de l’époque, n’arrêtant pas de se faire des blagues, n’est-ce pas une blague de potache ou un clin d’œil dont la signification s’est perdue avec le temps ? »

Par ailleurs, dans la liste des scénarios à prévoir pour cette rubrique contenue dans la même farde, il existe des sujets seulement listés avec un court argumentaire que j’ai pu authentifier :

— « Le Vol de l’aigle » (publié dans Pilote n° 5 du 26 novembre 1959), illustrations composées de tableaux et de gravures d’époque ;

— « Richard cœur de lion » (dans Pilote n° 19 du 3 mars 1960), dessins non signés ;

— « Fernand Cortez » (dans Pilote n° 45 du 1er septembre 1960), dessins de Claude Pascal.

            Après, il reste des scénarios entièrement découpés que je n’ai pas pu identifier (certainement dus à des changements de titres) :

— « L’Aigle solitaire », en fait il s’agit de l’histoire de Charles Lindberg (rien à voir avec l’épisode mettant plus tard en scène Blueberry) ; d’ailleurs, il est bien précisé « Histoire complète Pilote «  ;

— « Ney, celui auquel l’histoire a rendu justice… » où il y a marqué au-dessus « Histoire de la semaine » (ce qui n’est pas le cas pour les autres) et dont le tapuscrit propose plus de pages comparativement aux autres contenus dans la chemise ;

— « Ils ont vécu une grande aventure : Baden-Powell » ;

— « Le Prince et le sot », un titre qui avait déjà été utilisé à quelque chose près (il s’agissait exactement de « Le Prince et les sots ») sur un conte publié dans Spirou en 1951, puis dans Pistolin en 1956 : mais la trame est-elle la même ? Par ailleurs, il existe un récit complet authentique paru dans le n° 72 de Pilote daté du 9 mars 1961 (texte non signé et illustrations composées de gravures d’époque) dont le titre est « Le Prince impérial ». Il y a-t-il un rapport avec « Le Prince et le sot » ? Pas sûr du tout, me préviendra par la suite l’ami Patrick Gaumer. Cependant, « Le Prince impérial » reprend lui aussi le titre d’un récit authentique dessiné par Gérald Forton (voir Gérald Forton) paru dans Bonnes Soirées, au n° 1760 du 30 octobre 1955, mais est-ce vraiment du Charlier ?

« Le Prince et les sots » dans Spirou, en 1951.

            Enfin, dans la liste contenant des courts argumentaires de scénarios à prévoir pour cette rubrique, il y a des propositions que je n’ai pas retrouvées sur bdoubliees.com : « La Prise de la Bastille », « Le Mystère de la « Marie-Céleste » », « Guillaume le Conquérant », « L’Ange de la Cordillère », « La Mort d’Amundsen » et « La Fin du Titanic ». À noter quand même que la plupart de ces propositions reprennent des thèmes que Charlier avait déjà utilisés pour certaines bandes dessinées authentiques publiées dans Spirou (« Les Belles histoires de l’Oncle Paul »), dans Bonnes Soirées (« L’Histoire vivante », voir aussi Des scénarios inconnus de Jean-Michel Charlier dans Bonnes Soirées !), dans Pistolin (« Les Grands Noms de l’histoire de France » et « Les Grandes Civilisations ») ou dans Jeannot (« Ils ont vécu une grande aventure ») : un recyclage très usité – Maurice Tillieux ou Greg, par exemple, faisaient de même — à une époque où il fallait produire énormément pour pouvoir gagner sa vie. (3)

Première page du tapuscrit pour « Le Roi de l’évasion » dont Eddy Paape donna une autre version dans l'une des « Belles histoires de l’Oncle Paul », au n° 736 de Spirou daté du 22 mai 1952.

« Le Roi de l’évasion » dans Spirou, illustré par Eddy Paape, repris dans le 2ème album des « Histoires vraies de l’Oncle Paul » chez Dupuis : « Comment naquit la Marseillaise », en 1953.

            Fort de mes constatations, mais pour en savoir quand même un peu plus, je me suis ensuite rapproché de deux de mes amis spécialistes de l’œuvre de Jean-Michel Charlier : Patrick Gaumer (l’auteur du « Dictionnaire mondial de la BD Larousse » ou des dossiers de l’intégrale « Buck Danny » chez Dupuis) et Jean-Yves Brouard (journaliste maritime et aéronautique, mais aussi scénariste et éditeur, notamment de la série d’aviation « Missions Kimono » dont le quinzième tome, toujours illustré par Francis Nicole, vient juste de sortir).

            Grand bien m’en a pris, car ils ont pu m’éclairer sur certains points.

            En minutieux encyclopédiste qu’il est, Patrick Gaumer s’est penché sur ses listings et m’a signalé qu’un récit authentique portant le titre de « Guillaume le Conquérant » est bien paru dans le n° 156 de Pilote daté du 18 octobre 1962 – mais qu’il est crédité Giraud pour le texte et Gal pour le dessin, qu’« Ils ont vécu une grande aventure : Baden-Powell » est paru dans le n° 116 de Pilote du 11 janvier 1962 sous le simple titre « Baden Powell » (texte non signé et dessins de Claude Pascal) et que j’avais oublié, dans le même registre, de signaler l’histoire de Mermoz intitulée « L’Archange », publiée dans le n° 115 de Pilotedaté du 4 janvier 1962 (texte non signé, avec des dessins de Claude Pascal) : histoire que nous avions bien authentifiée précédemment comme étant un scénario de Charlier et qui est, d’ailleurs, reproduite dans mon ouvrage « Jean-Michel Charlier vous raconte… ».

« L’Archange » dans le n° 115 de Pilote.

À noter qu’outre la biographie de Mermoz publiée dans Spirou à partir de 1955 et dessinée par Victor Hubinon (album Dupuis en 1956), il existe une autre version de  « L’Archange », également illustrée par Hubinon, publiée dans Bonnes Soirées (au n° 1684 du 16 mai 1954) et reprise dans le tome 4 de l’intégrale « Buck Danny » chez Dupuis, en 2011.

            Par ailleurs, Patrick pense que le scénariste a tout simplement utilisé certains de ces argumentaires pour les « Pilotorama », comme sur « R. M. S. Titanic » illustré par Henri Dimpre au n° 14 de Pilote daté du 28 janvier 1960 ou « La Prise de la Bastille » également illustrée par Henri Dimpre, au n° 38 de Pilote daté du 14 juillet 1960.

            Cette suggestion est corroborée par Jean-Yves Brouard qui est aussi persuadé que Charlier a dû écrire quelques textes pour des « Pilotorama » et que le célèbre scénariste devait prévoir des sujets qu’il réalisait, ensuite, pour telle ou telle rubrique. Le responsable du très documenté site www.jmcharlier.com qu’est Brouard me rappelle aussi que « comme on le sait, les finances de l’équipe d’ÉdiFrance, à l’époque du lancement de Pilote, fin 1959, n’avaient permis de préparer longtemps à l’avance que les premiers numéros (du n° 1 au n° 5) ; le financement des suivants n’était alors possible que grâce aux rentrées d’argent de la vente de ces premiers numéros (si Pilote avait été un échec, tout s’arrêtait…).

Comme Charlier, Uderzo et Goscinny faisaient tout dans le journal, à eux seuls, Charlier a dû écrire entièrement les scénarios des cinq premiers récits authentiques, ce qui était sa partie, dont « Le Vol de l’Aigle » qui n’est signalé qu’avec un court argumentaire dans la chemise retrouvée récemment. Charlier a presque obligatoirement écrit les récits authentiques des numéros suivants, à partir du n° 6, faute de rédacteur disponible à ce moment-là. Petit à petit sont venus certains collaborateurs pour le suppléer : Jean Escoffier, Georges Fronval, Jacques Destour, Giraud, etc. »

Jean-Yves nous informe également que ce dénommé Giraud, qui est crédité comme scénariste de nombreux récits authentiques publiés dans Pilote, n’a rien à voir avec Jean Giraud, le dessinateur de « Blueberry » !

            Par ailleurs, Brouard s’interroge lui aussi sur l’attribution de la responsabilité du scénario de l’histoire « La Première Traversée aérienne de la Manche » (publiée dans le n° 7 du 10 décembre 1959, avec des dessins de Gal) à un certain Jean Desmur. Serait-ce simplement une grosse coquille, où le nom de Jacques Destour – l’un des remplaçants de Charlier sur ces récits didactiques – aurait été mal orthographié ?

Page 2 du tapuscrit pour « La Première Traversée aérienne de la Manche ».

Ce ne serait pas impossible, d’autant plus que le dessin est crédité à Langlois (avec un o), alors qu’il s’agit de Georges Langlais (avec un a), illustrateur plus connu sous son pseudonyme de Gal… Pourtant, après une lecture attentive (Jean-Yves serait capable de reconnaître le style Charlier dans un scénario rien qu’à la façon qu’il avait de disposer les virgules), le scénariste de « Missions Kimono » doit reconnaître que ce texte, c’est bien du Charlier… : « J’en suis même sûr à 95 % ! Se pourrait-il que ce soit un texte écrit et tapé à la machine par Charlier, d’après des notes précises d’un certain Desmur qui serait donc crédité pour avoir fourni l’essentiel de l’information ? Ou de Destour, comme je le suppose, d’après une possible coquille qui aurait transformé son nom en Desmur ? Destour qui aurait fait là sa toute première collaboration à Pilote, cornaqué par Charlier ?

Ceci dit, pour reconnaître si c’est ou non Charlier qui a écrit ces récits anonymes, ce n’est pas si facile, car ces écrits sont relativement froids et neutres ; n’importe quel rédacteur peut écrire ça, sans avoir un style particulier : phrases courtes, des faits, rien que des faits, etc. Donc, ce n’est pas évident de retrouver du Charlier là-dedans…

Pages 3, 4 et 5 du tapuscrit pour « La Première Traversée aérienne de la Manche ».

Si c’était un roman, un reportage, ou des planches de bandes dessinées, je pourrais assez facilement voir si c’est bien écrit par Charlier, mais dans ces récits-là, c’est particulier… »

Finalement, ce dont on est sûr, c’est que Jean-Michel Charlier a écrit au moins les six premiers récits didactiques publiés dans les n° 1 à 6 de Pilote !

Et certainement aussi celui du n° 7 signé Jean Desmur (« La Première traversée de la Manche »). Car comment expliquer que le scénario détaillé se retrouve dans la chemise retrouvée par Philippe Charlier ?

Son père, certainement débordé par ses nombreuses activités — comme à son habitude —, a dû ensuite laisser la place puisque la rubrique est remplacée par un roman-photo dès le n° 8 de Pilote et qu’au n° 9, « Le Dernier Combat de Georges Guynemer » est signé, pour les textes, par l’historien Jean Escoffier – auteur d’un livre sur Guynemer en 1958 —, alors que les dessins sont toujours de Georges Langlais, alias Gal (4).

« Pilotorama » dessiné par Louis Murtin dans le n° 0 de Pilote.

Et à votre avis, ces récits authentiques ci-dessus, publiés dans les n° 10 du 31 décembre 1959 (dessins de Gal), 11 du 7 janvier 1960 (dessins de Claude Pascal), 14 du 28 janvier 1960 (dessins de Fred Funcken) et 25 du 14 avril 1960 (dessins de Claude Pascal) de Pilote, n’auraient-ils pas été écrits aussi par Jean-Michel Charlier ? En tout cas, les thèmes utilisés pourraient nous le faire croire…

            Quoi qu’il en soit, avec ces récentes découvertes, il semble bien que l’on ait éclairci le rôle primordial de Jean-Michel Charlier dans la préparation des premiers numéros de Pilote

Mais on n’a peut-être pas encore fait le tour de l’œuvre du scénariste de ces séries inoubliables que sont « Buck Danny », « La Patrouille des Castors », « Barbe-Rouge », « Tanguy et Laverdure » ou « Blueberry », car il ne faut pas oublier que le prolifique créateur était aussi journaliste, romancier, essayiste, réalisateur de documentaires ou de téléfilms extraordinaires, et qu’il ne faut pas exclure d’autres trouvailles de dernière minute de la part des ayants droit : de quoi alimenter encore pas mal de « Coins du patrimoine »…

Gilles RATIER 

(1) Puisqu’on parle de « Tanguy et Laverdure », sachez que les éditions Dargaud ont décidé de refaire une intégrale de cette série dessinée par Albert Uderzo (et ensuite par Jijé, Patrice Serres, Alexandre Coutelis ou Yvon Fernandez), sur le même principe que celle de « Barbe-Rouge » : c’est-à-dire avec les pages recolorées pour l’occasion. Plusieurs coloristes de renom ont été sollicités et c’est finalement Christian Lerolle qui l’a emporté, notamment grâce à l’essai réalisé sur la planche 27 du premier épisode dessiné par Uderzo : « L’École des ailes ». Toutefois, personne ne sait encore qui sera l’auteur des dossiers présentant la série…(2) Les prémices de Pilote sont aussi narrées en partie ici « Clairette » de Charlier et Uderzo, ainsi que sur l’excellent site http://leblogdujournalpilote.blogspot.fr.

(3) Autre exemple de recyclage réalisé par Jean-Michel Charlier : le récit authentique en quatre pages intitulé « Le Plus aimé des pilotes : Saint-Exupéry » (qui a été publié dans le n° 52 du 20 octobre 1960 de Pilote) n’est autre que le remontage d’un des « Grands Noms de l’histoire de France » paru dans Pistolin au n° 17 d’octobre 1955 ; les dessins étant dus à Eddy Paape qui signait alors Jo Legay.

À noter que la version de Pistolin a aussi été reprise dans le n° 44 de Hop ! au troisième trimestre 1988.

« Le Plus aimé des pilotes : Saint-Exupéry » publié dans le n° 52 du 20 octobre 1960 de Pilote.

(4) Cependant, vu que la vie de Guynemer est un sujet qu’aurait pu traiter Charlier, Jean-Yves Brouard se demande si ce ne serait pas notre scénariste qui aurait écrit ce texte pour Pilote.

Mais en piochant tellement dans le livre d’Escoffier que c’est le nom de ce dernier qui figure dans l’article, sans doute pour des questions de droits.

Il n’hésite, par ailleurs, à avancer une autre explication : « Charlier aurait pu contacter Jean Escoffier et lui demander de rédiger le texte ; un texte que Charlier a dû peut-être découper et mettre en forme pour parution dans Pilote, sur deux pages d’illustrations commentées. »

« Le Dernier Combat de Georges Guynemer » dans Pilote n° 9.

Galerie

8 réponses à Le rôle de Jean-Michel Charlier dans les premiers numéros de Pilote

  1. Yann dit :

    Bonjour M Ratier,

    Je profite de ce coin du patrimoine pour vous posez quelques questions concernant JM Charlier.
    En juin est annoncé le tome 3 de l’intégrale Barbe Rouge, avez-vous participé aussi aux bonus comme pour les tomes 1 et 2 ? Savez-vous aussi si les couleurs seront systématiquement refaites ? Car ce n’était pas forcément le cas pour les intégrales 1 et 2, et lorsque les couleurs étaient refaites il y avait un texte précisant, en gros, que c’était exceptionnel à cause du matériel restant de l’époque. J’espère grandement qu’il y aura le moins possible de nouvelles couleurs, je préfère de très loin celles de l’époque. D’ailleurs, cette question vaut aussi pour la futur nouvelle intégrale de Tanguy et Laverdure, l’extrait de la planche 7 que vous montrez ne me réjouissant pas du tout … Je ne comprends vraiment pas pourquoi Dargaud n’a pas opté pour la même politique que l’intégrale Blueberry en cours : les couleurs les plus proches possibles du journal Pilote. Là, c’est formidable !…

    Enfin, dernière question, savez-vous s’il y a un espoir pour que la collection Charlier soit poursuivie par le Castor Astral ou même un autre éditeur ? Il reste tellement à (re)publier !

    • Gilles Ratier dit :

      Bonsoir Yann.
      Soyons clairs et précis sur ma participation aux dossiers des intégrales « Barbe-Rouge ». C’est Jacques Pessis qui est chargé de composer les dossiers en intégrant les textes complémentaires qu’il m’a demandé sur des sujets particuliers qu’il m’a lui-même imposé : la passion de la marine et des bateaux chez Charlier, la révolution qu’a représenté Pilote, le sens et la construction du récit chez Charlier, les autres séries de pirates en BD, l’évolution du dessin d’Hubinon, etc… Ensuite, une fois qu’il a intégré mes textes (lesquels représentent quand même pratiquement la moitié des dossiers de chaque tome), je suis chargé de relire le tout pour qu’il n’y ait pas trop de grossières erreurs ; ce qui n’a pas empêché qu’il y en ait eu dans les 2 premiers tomes, vu que je n’ai jamais pu relire la maquette définitive du dossier suite à un regrettable oubli (on m’a promis que ce ne devrait pas être le cas pour le tome 3, mais pour le moment je n’ai toujours rien reçu concernant ce volume) ; pour plus d’explications, voir Sur la vague des vieux pirates et autres flibustiers de la bande dessinée…. Après, personne ne me demande mon avis quant au contenu de l’intégrale et certainement pas au niveau du recoloriage : et c’est normal, je ne suis pas payé pour ça, il y a des gens dont c’est le travail. Donc, je ne sais absolument pas ce qu’il en sera du tome 3. Même topo pour l’intégrale « Tanguy et Laverdure », la page que je montre m’a été fourni amicalement par Philippe Charlier, mais pas par Dargaud. Que les choses soient claires, je ne suis pas l’éditeur : simplement le journaliste et historien de la BD à qui on s’est adressé pour remplir quelques pages. Je ne sais donc rien des répartitions et des décisions internes au sein des éditions Dargaud à ce niveau-là…
      Chez Dupuis, pour l’intégrale des « Castors », c’est différent : il y a deux responsables des collections « patrimoine » avec qui je suis en contact permanent et à qui je propose textes et illustrations correspondantes (mais je ne touche absolument pas à la maquette, sauf pour relire les textes) : mais la politique éditoriale est différente, on ne peut pas comparer. Les collections « patrimoine » de chez Dupuis s’adressent en priorité à un public de nostalgiques et de collectionneurs exigeants (même s’il y a aussi des nouveaux lecteurs), alors que chez Dargaud on vise plutôt la relance de la série (nouvelles couleurs, etc…) : les dossiers accompagnant leurs intégrales ne sont d’ailleurs pas aussi fouillés, car ils veulent prioritairement toucher un très large public.
      Quant à la « Collection Charlier » de chez Sangam, il faut attendre que les héritiers de François Defaye prennent une décision : laquelle sera certainement la liquidation de la société, car il y a des dettes et je ne les vois pas reprendre le truc en charge, vu que ce n’est pas leur domaine de travail (ils n’étaient au courant de rien). Quant à une éventuelle reprise par une autre structure, il faudra attendre la liquidation pour que la chose soit possible. Actuellement, personne ne peut rien faire pour des raisons administratives, juridiques et pécuniaires. Désolé de ne pouvoir vous éclairer plus sur le sujet pour le moment…
      Bien amicalement (et merci encore de nous lire régulièrement)…
      Gilles Ratier

      • Yann dit :

        merci pour votre réponse si détaillée !
        Il va donc falloir être patient pour savoir si la collection Charlier reprendra un jour … Vu la tendance actuelle à la mise en valeur du patrimoine, je croise les doigts.
        Concernant les couleurs des intégrales Barbe Rouge ainsi que Tanguy et Laverdure, quelque part cela me rassure que vous ne soyez pas au courant car j’avais cru deviner dans votre article que ce serait systématiquement remis en couleur, alors que j’ai compris le contraire, pour Barbe Rouge en tout cas, du fait du commentaire sur les couleurs qui figure dans chaque intégrale. On verra bien …

  2. Pilotezero dit :

    Bonsoir
    je suis responsable du blog sur la préhistoire de Pilote et co -responsable de http://www.matinquelforum.fr/ forum traitant de Pilote de 1944 à 1974 oui ….1944 ce n’est pas un fake un numéro triple zéro a existé et fut produit fin 1944 avec déjà un Pilotorama .

    En fait… j’écris pour signaler que la photo avec l’enfant en Arlequin figurant sur cette page …tirée de mes pages personnelles que je partage volontier avec des sites aussi instructif que bdzoom est traitée avec une énorme erreur sur wikipédia qui affirme que cet enfant est Rodolphe fils du concepteur de Pilote dès 1944 François Clauteaux.
    Il n’en est rien ,j’ai un ancien courrier de F.Clauteaux qui affirme que cette icône fut acheté à une agence de pub et n’est pas du tout Rodolphe.

    • Gilles Ratier dit :

      Merci Pilotezero pour vos précisions. J’avais la photo avec l’enfant en Arlequin dans mes archives, mais je ne me souvenais plus d’où je l’a tenais : voilà un mystère éclairci. Merci encore d’accepter que je puisse partager mon emprunt sur BDzoom.com.
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

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