Un mois ordinaire chez Sergio Bonelli Editore (deuxième partie)

Henri Filippini poursuit son étonnant inventaire de la production Bonelli dans les kiosques italiens (où l’on peut souvent trouver non seulement la nouveauté du mois, mais aussi d’anciens fascicules), pendant le mois d’avril 2014 : d’innombrables magazines aux couvertures chatoyantes portant le logo Bonelli, à savoir un fier cavalier dont la monture bondit vers le ciel. Pour se procurer ses petits joyaux des fumettis, voir le site de l’éditeur : http://www.sergiobonelli.it.

Nathan Never n° 275 (mensuel, 100 pages, 2,90 €). Dans un futur pas vraiment joyeux, Nathan Never est le meilleur élément de l’agence Alfa dirigée par Edward Reiser. Ses membres combattent le crime, sur terre comme dans l’espace. Trois scénaristes sardes imaginent l’Univers Alfa : Michele Medda, Antonio Serra et Bepi Vigna. Après un premier épisode publié en 1991 et dessiné par Claudio Castellini, une solide équipe se crée pour assurer la parution du magazine, mais aussi ses nombreux dérivés. « Il Potere e la spada » écrit par Alberto Ostini pour Elena Pianta, sous une couverture de Sergio Giardo, est la suite d’une longue aventure où l’agent spécial Alfa affronte le mystérieux et tentaculaire clan des Dayma.

Plusieurs publications sont consacrées aux divers membres de l’agence Alpha. Avec ses 176 pages, l’Almanacco della Fantascienza, sous des couvertures de Roberto De Angelis, propose depuis 1993 un récit complet de 100 pages et des articles sur le monde de la science-fiction. Le n° 21 a été publié en juillet 2013.

« Nathan Never » vu par Elena Pianta dans le n° 275.

C’est en 1995 qu’a été publié le premier numéro de Nathan Never Gigante, annuel de grand format offrant une aventure complète de 224 pages, sous une couverture de Max Bertolini. Le n° 16, publié en mars dernier et qui prend le titre de Le Grandi storie di Nathan Never, publie « I Giorni della maschera », un superbe récit signé Rigamonti et dessiné par Corrado Roi. Agence Alpha, publié tous les quatre mois depuis 1997, présente un long récit inédit de 288 pages sous couvertures de Roberto de Angelis. Le n° 30 a été publié en février dernier.

En 2002, a été proposé Asteroïde Argo, premier numéro ayant pour héros une nouvelle équipe d’Alfa découvrant de nouveaux mondes, de nouvelles formes de vie. Désormais annuel, sous couverture de Max Bertolini, ce magazine de 160 pages vient de publier son n° 6.

C’est encore Bertolini qui illustre les couvertures d’Universo Alfa, semestriel lancé en 2007, consacré à diverses structures d’Alfa : « Dipartiment 51 », « Squadra fantasme »… Le n° 14 a été publié en mars dernier.

« Nathan Never » par Corrado Roi dans le n° 16 de Nathan Never Gigante.

La GrandeRistampa Nathan Never est destinée à ceux qui souhaitent découvrir les anciens épisodes.

Ce bimestriel de 292 pages présente, chronologiquement, la réédition de 3 histoires. Lancée en 2001, cette collection vient de publier son numéro 26.

Pour être complets, signalons la publication de 1995 à 2005 de Legs Weaver, mensuel consacré à la première femme ayant travaillé au sein de l’agence Alfa.

Lancé par le même trio de scénaristes, ce personnage bénéficiait d’un dessin largement inspiré par les mangas.

Faute de séduire suffisamment de lecteurs, le titre est arrêté après 119 numéros.

Maxi Nathan Never n° 10(annuel, 292 pages, 6,50 €). Superbe couverture signée Roberto De Angelis pour ce pavé annuel de 292 pages, lancé en 2004, qui publie 3 aventures inédites signées par des auteurs de premier plan : « Il Multiforma » par Bepi Vigna et Gino Vercelli, « Gioco é doppiogioco » par Mirko Punolia et Stefano Casini, « Rotta du collisione » par Davide Rigamanti et Mario Rossi.

« Nathan Never » par Gino Vercelli dans le n° 10 de Maxi Nathan Never.

Brendon n° 96 (bimestriel, 100 pages, 3,20 €). En 2020, un gigantesque astéroïde percute la Terre, plongeant la planète dans une nuit sans fin. Le soleil revenu, la population a régressé, ses habitants vivent comme au Moyen-Âge. L’Écossais Brendon, accompagné par la marionnette Christopher, parcourt ce monde en perdition affrontant brigands, mutants, seigneurs de guerres, mais aussi jolies filles.

Créé en 1998 par Claudio Chiaverotti qui signe tous les scénarios et Massimo Rotundo également auteur des couvertures, « Brendon » a été illustré par de nombreux auteurs dont Esteban Maroto. « L’Unicorno » raconte la rencontre du héros solitaire croisant la route d’un cheval fabuleux alors que Louise, fragile jeune femme solitaire plonge son couteau dans le cœur de ses victimes. Cet épisode dessiné par Ernesto Pugliese sera l’un des derniers, ce bimestriel devant s’arrêter avec son numéro 100.

Brendon possède, depuis juillet 2003, un Speciale annual de 176 pages dont le numéro 11 a été publié en 2013.

« Brendon » vu par Ernesto Pugliese dans le n° 96.

Julia n° 187 (mensuel, 132 pages, 3,40 €). C’est non loin de New York à Garden City que vit et travaille la brune Julia Kendall où elle exerce la profession de criminologue. Psychologue, psychiatre, d’une sensibilité extraordinaire qui lui permet de ressentir les pensées de ses interlocuteurs, elle affronte sans sourcilier les maniaques de tous poils. Célibataire, elle vit dans un quartier résidentiel en compagnie de sa domestique noire Emily Jones et de son chat Tony. Elle est assistée, dans ses enquêtes, par le privé Leo Baxter, le sergent Ben Irving et le lieutenant de police Alan Webb. Cet excellent polar, hélas peu connu en France, a été créé en 1998 par Giancarlo Berardi, avec le dessinateur Luca Vannini. Depuis, de nombreux graphistes campent la frêle silhouette de la jolie Julia, inspirée par l’actrice Audrey Hepburn. « Sbarre », le récit de ce numéro raconte l’affrontement de Julia avec le chef d’une organisation criminelle qui conduira la jeune femme derrière les barreaux d’une prison. Ce récit est écrit par Giancarlo Berardi et Maurizio Mantero, mis en images par Antonio Marinetti. Les couvertures sont signées Cristano Spadoni.

Au mensuel s’ajoutent, depuis 2005, l’Almanacco del Giallo (l’Almanach du crime) un magazine annuel de 176 pages proposant un épisode inédit de 100 pages et un rédactionnel centré sur l’univers du crime. C’est, pour le moment, le seul supplément dédié à Julia par l’éditeur italien.

« Julia » vu par Antonio Marinetti dans le n° 187.

Dampyr n° 169 (mensuel, 100 pages, 2,90 €) Fils d’un vampire et d’une humaine, Harlan Draka est le dernier dampyr de l’humanité. Solitaire, il parcourt l’Europe centrale en guerre où sévissent les vampires qu’il traque afin de les détruire pour préserver l’humanité. Ce héros évoluant dans un futur proche peu reluisant a été imaginé par Mauro Boselli et Maurizio Colombo, dessiné dans le premier fascicule publié en 2000 par Majo. Écrite par Francesco Testi et dessinée par Frabrizio Russo, « La Tomba del re Scorpione » voit débarquer Dampyr au cœur de la nécropole de Nekhen en Égypte, à la recherche du sarcophage d’un mort vivant dont le retour menace l’humanité. Toutes les couvertures sont réalisées par Enea Riboldi.

Depuis octobre 2005 un Speciale Dampyr de 176 pages est publié annuellement, le dernier portant le n° 9. En juillet 2009, un Maxi Dampyrde 292 pages, lui aussi annuel, confirme le succès du personnage auprès des lecteurs. Le n° 5 a été publié en juillet 2013.

« Dampyr » vu par Frabrizio Russo, au n° 169.

« Dampyr » vu par Frabrizio Russo, au n° 169.

Saguaro n° 24 (mensuel, 100 pages, 2,90 €). Seulement 2 années d’existence pour ce héros lancé en 2012 qui renoue avec les grandes séries d’aventures classiques.

Imaginé par Bruno Enna avec le dessinateur Fabio Valdambrini, Thorn Kitchayan est un Indien Navajo qui revient chez les siens à Window Rock, après avoir combattu au Vietnam.

Baptisé Saguaro par son peuple, il va devoir affronter son passé, tout en luttant pour la préservation du territoire de ses ancêtres.

« Il Killer » raconte l’affrontement entre Saguaro et un mystérieux serial-killer dont l’acharnement lui rappelle son passé. Un épisode mouvementé écrit par Bruno Enna pour l’excellent Luigi Siniscalchi. Saguaro, dont les couvertures sont signées Davide Furno, ne possède pas encore de titres complémentaires.

« Saguaro » vu par Luigi Siniscalchi, au n° 24.

Le Storie n° 19 (mensuel, 116 pages, 3,50 €). Cette collection de récits indépendants, lancée par Mauro Marcheselli — directeur de la rédaction —, ambitionne de réunir les meilleurs auteurs du moment.

C’est en octobre 2012 que paraît le premier numéro de ce mensuel atypique où Giancarlo et Giampiero Casertano, Andrea Accordi, Carlo Ambrosini, Gigi Simeoni, Matteo Cremona, Bruno Brindisi… ont signés des récits dans les genres et les univers les plus divers.

« Scacco alla regina » (« Échec à la reine »), écrit par Giovanni Di Gregorio et dessiné par Alessia Fatore et Maurizio Di Vincenzo, a pour cadre l’exposition universelle de 1851 à Londres, où d’étranges crimes sont commis, tous en rapport avec le champion Fiehedrssen et son automate Adam. Les couvertures de ce mensuel au papier soigné sont signées par le vétéran Aldo Di Gennaro.

« Scacco alla regina » dessiné par Alessia Fatore et Maurizio Di Vincenzo.

Dragonero n° 11 (mensuel, 100 pages, 3,30 €).

C’est en mars 2013 que paraît le premier numéro de cette nouvelle série d’heroic-fantasy, genre encore inédit pour l’éditeur italien.

Imaginée par Luca Enoch et Stefano Vietti, cette saga — dont le premier épisode est dessiné par Giuseppe Matteoni (également titulaire de l’élégante couverture) — débute dans la cité portuaire de Baijadan au sud de l’Empire, non loin du Varliendar, la Terre des Dragons.

Ian Arcanill, accompagné par le fidèle Gmor, parcourt ce monde luxuriant peuplé de monstres, de seigneurs guerriers… mais aussi de jolies filles.

« La Regina degli Algenti » entraîne les 2 amis au-delà de la muraille qui divise l’Empire, à la recherche du mage Arentel. Cet épisode écrit par Luca Enoch est mis en images par Luca Malisan.

« Dragonero » vu par Luca Malisan, au n° 11.

Orfani n° 7 (mensuel, 100 pages couleurs, 4,50 €) Coup de tonnerre dans l’univers Bonelli, Orfanilancée en octobre 2013 est la première publication mensuelle proposée en couleurs par l’éditeur, jusqu’alors fidèle au noir et blanc. Imaginée par Franco Busatta, Emiliano Mammucari et Roberto Recchioni, cette saga fantastique aux images à l’ordinateur, entre manga et comics, se veut résolument novatrice. Après une attaque d’aliens, la moitié de la Terre est devenue un désert fumant. La doctoresse Juric et le général Nokamura mettent au point une véritable armée composée d’enfants conçus pour lutter contre les envahisseurs. Alternant le passé et le présent, les auteurs racontent l’étrange destin de Jonas, Ringo, Juno, Hector, Ray, Felix, Sam… : enfants sacrifiés originaires des 4 coins de la planète. Une solide équipe de dessinateurs assure la réalisation de cette série prometteuse : Emiliano Mammucari, Alessandro Bignamini, Gigi Cavenago, Luca Maresca… Ce n° 7 contient « Bugie e Pallottole », épisode écrit par Roberto Recchioni et illustré par Giorgio Santucci et Alessandro Bignamini. Les couvertures aux images-chocs sont de Massimo Carnevale.

« Orfani » vu par Giorgio Santucci et Alessandro Bignamini, dans le n° 7.

Lukas n° 2 : Dernier né de la « famille » SBE, Lukas est né de l’imagination de Michele Medda et du crayon de Michele Benevento.

Sorti de la tombe, sans nom et sans mémoire, Lukas est un mort vivant qui évolue dans un monde en perdition où il protège les humains contre les nombreux prédateurs.

Surfant sur le succès des zombies et autres morts vivants, cette mini série est annoncée en 24 fascicules dont les couvertures sont signés Michele Benevento.

Nous arrivons au terme de ce voyage transalpin en attendant d’avoir prochainement l’occasion d’évoquer, dans nos « Actualités », l’arrivée d’un nouveau magazine portant la marque de Sergio Bonelli Editore.

« Lukas » vu par Michele Benevento, au n° 2.

Depuis la quasi-disparition des pockets, les séries produites par SBE sont peu traduites dans notre langue. Seules les éditions Clair de Lune proposent les traductions de quelques personnages sous forme de gros volumes réunissant plusieurs fascicules : « Caravan », « Shangaï Devil », « Dragonero », « La Route de l’Ouest », « Dampyr » et surtout « Tex » (voir : editionsclaidelunefumetti.blogspot.com). À noter aussi les éditions Mosquito qui présentent « Magico Vento » (traduit par « Esprit du vent »), mais dont la dernière nouveauté remonte maintenant à plusieurs mois.

On peut aussi se procurer les ouvrages italiens directement chez Sergio Bonelli dont le catalogue propose des centaines de fascicules. Les prix sont hélas fortement dopés par les frais postaux (Via Buonarroti, 38, 20145 Milan, Italie, email : arretrati@sergiobonelli.it)

Henri FILIPPINI 

Relecture, notes et compléments, recherches iconographiques et mise en pages : Gilles Ratier

(1) Sur BDzoom.com, nous parlons souvent des séries de Sergio Bonelli Editore ou des dessinateurs qui ont travaillé pour cette maison d’édition italienne.

N’hésitez pas à consulter, par exemple, les liens suivants : « Tex », Dessinateurs de « Dylan Dog » : Stano, Trigo et tutti quanti…, Le scénariste de « Dylan Dog » : Tiziano Sclavi, « Martin Mystère », « Shanghai Devil » T1 par Massimo Rotundo, Alessandro Nespolino, Stefano Biglia, Roberto Diso, Darko Perović et Gianfranco Manfredi, « L’Histoire de l’Ouest » T1 et T2 par Gino D’Antonio, Renzo Calegari, Renato Polese…, Ivo Milazzo, Corrado Mastantuono, Aldo Capitanio, une étoile filante des fumetti…, Les premières BD érotiques de Milo Manara…, Roberto Raviola dit Magnus, Guido Buzzelli (2ème partie) ou Miguel Angel Repetto.

 

 

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