Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...De quelques ouvrages indispensables sur le 9e art !
Même si nous sommes conscients qu’en cette période de multiplication de l’offre livresque, l’amateur préfèrera casser sa tirelire pour acquérir les derniers Bilal et Tardi ou la version Yannienne de « Spirou et Fantasio » plutôt que de prendre connaissance des dessous envoûtants du 9ème art, nous allons quand même essayer de vous éclairer sur les nombreux essais sur la bande dessinée qui sont venus récemment fleurir les rayons déjà bien garnis de nos librairies et qui risquent, par ce fait, de passer inaperçus.
Après avoir resalué quelques remarquables livres parus en début d’année (1) (et dont nous avons déjà parlé) et vous éviter de dépenser votre argent pour des revues inutiles sur le sujet (2), nous allons surtout mettre l’accent sur des ouvrages historiques que tout véritable amateur (le lecteur des articles mis en ligne sur bdzoom.com, par exemple) se doit de posséder dans sa bibliothèque !
Commençons par celui qui couvre la période la plus ancienne : « Les Prémices de la bande dessinée : ou le siècle d’avant Tintin », catalogue de l’exposition organisée à la Bibliotheca Wittockiana de Bruxelles, du 5 juin au 10 octobre 2009 (dans le cadre de « Brussels 2009 BD Comic Strip »), et dont le commissaire est Jean Auquier (directeur du Centre Belge de la Bande Dessinée). Ce dernier, à force de magnifiques reproductions et de quelques textes courts mais significatifs, nous démontre comment la bande dessinée va progressivement voir le jour, grâce au développement des techniques d’impression et de reproduction, mais aussi grâce à l’augmentation radicale de la diffusion des journaux et de l’édition populaire. Si l’importance de l’œuvre de créateurs comme Töpffer, Cham, Busch, Christophe, Caran d’Ache, Outcault, McCay, Rabier, Cohl, Pinchon, Forton ou Saint-Ogan n’est plus à démontrer (quoique…), on reste surtout ébahi devant la maestria de ces inconnus qui illustraient les images d’Épinal, les romans-feuilletons ou les aventures en images publiés dans les quotidiens de cette époque héroïque !
Remontons tranquillement le temps en s’attardant sur un concept peu étudié jusqu’alors en bandes dessinées et qui, pourtant, fait manifestement bien partie de l’histoire du 9e art : « Le Roman graphique : des origines aux années 1950 », de David A. Beronä (aux éditions de La Martinière), fait le point sur cette forme d’art sans paroles, histoires originales et réalistes qui étaient la plupart du temps en noir et blanc pour rappeler les techniques de la gravure sur bois ou sur plaque de plomb et de la linogravure. Même si le genre ne rencontra jamais une large audience, leurs auteurs (de Frans Maserel à Southern Cross, en passant par Lynd Ward, Otto Nückel, William Gropper, Milt Gross ou Giacomo Patri) méritaient bien d’être mis à l’honneur dans ce beau livre très illustré, ne serait-ce que pour l’influence qu’ils ont eue sur bon nombre de dessinateurs et théoriciens, tels Will Eisner ou Scott McCloud.
Si certains pensent que le roman graphique n’est pas vraiment de la bande dessinée, il est évident que ces derniers vont trouver qu’un livre comme « La Seconde Guerre mondiale en caricatures » de Mark Bryant (aux éditions Hugo & Cie) n’a pas sa place dans cet article : et pourtant ! Si ce n’est pas de la BD, c’est tout de même du beau dessin ! D’autant plus que ces coups de crayons ravageurs des années 1939 à 1945 ont souvent, et c’est très net dès le premier regard, inspiré les auteurs de bandes dessinées qui ont traité de cette période : de Calvo à Spiegelman. C’est donc plus de 350 dessins assez extraordinaires que l’auteur, un historien britannique, est allé nous dénicher, aussi bien chez les Alliés que du côté des forces de l’Axe (dans la presse, sur les affiches et jusque dans les camps de prisonniers) : une démarche et un livre exemplaire !
Revenons donc au vif du sujet (même si on ne s’en était pas trop éloigné) : Inauguré de façon « Royal » par Ségolène, le nouveau Musée de la bande dessinée d’Angoulême publie pour l’occasion, chez Skira/Flammarion, un épais catalogue de 450 pages qui est appelé à devenir l’ouvrage de référence sur notre média favori, son histoire et son esthétique. Rédigé principalement par Thierry Groensteen, spécialiste reconnu du domaine que l’on ne présente plus, « La Bande dessinée, son histoire et ses maîtres » bénéficie d’une riche iconographie (plus de 400 images) provenant directement des collections du Musée. Extrêmement bien documenté, comme la plupart des livres écrits par Groensteen (lequel, paradoxalement, est souvent bien plus convaincant en tant qu’historien objectif, comme c’est le cas ici, qu’en tant que théoricien partisan), l’ouvrage retrace en détail les histoires parallèles du 9ème art franco-belge et américain, dresse un panorama complet des grands courants esthétiques, et s’aventure même à expliquer clairement les étapes successives de la réalisation d’une bande dessinée : un très beau livre d’art et du très bon boulot de passionné !
Après Angoulême, retournons en Belgique, avec un autre catalogue d’exposition, celle qui s’est tenue aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBA) à Bruxelles, du 27 mars au 28 juin (toujours dans le cadre de « Brussels 2009 BD Comic Strip ».) : « Regards croisés de la bande dessinée belge » coproduction entre le Bureau des Grands Événements (BGE) et les MRBAB et dont les commissaires d’exposition étaient Jean-Marie Derscheid et Didier Pasamonik (aidé par Eric Verhoest pour la rédaction des textes). Très richement illustré, cet ouvrage cartonné de 230 pages propose une mini-rétrospective de l’œuvre de vingt auteurs censés représenter la diversité de la bande dessinée belge d’aujourd’hui : un choix éclectique (où se percutent les œuvres de personnalités aussi diverses que Raoul Cauvin, Didier Comès, Johan De Moor, Jean Dufaux, Philippe Geluck, Dominique Goblet, Hermann, Marvano, Midam, Frank Pé, Ptiluc, Herr Seele, François Schuiten, Benoît Sokal, Jean-Philippe Stassen, Philippe Tome, Jean Van Hamme, Thierry Van Hasselt, François Walthéry, Bernard Yslaire) qui met surtout en évidence les liens entre l’école belge et les grands courants de la bande dessinée mondiale. Mais le plus intéressant, dans ce beau livre d’images, c’est la longue introduction historique de 12 pages qui positionne la bande dessinée belge en principal rival des autres grandes nations productrices du média comme les États-Unis, le France, l’Italie ou le Japon : passionnant !
Bruxelles est donc devenu, cette année, la capitale du 9ème art ! Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, en Belgique, 2009 a été institutionnalisée « Année de la bande dessinée » par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et a suscité de nombreuses manifestations dans le cadre de « Brussels 2009 BD Comic Strip ». Profitez-en donc pour visiter cette belle ville fardée, en ce moment, de remarquables expositions (ne serait-ce qu’au Centre Belge de la Bande Dessinée ou au Musée Marc Sleen qui vient d’ouvrir, juste en face) en feuilletant l’excellent guide pratique qu’est « Bruxelles dans la BD » de Thibaut Vandorselaer, aux éditions Versant Sud. Aujourd’hui, sur le même principe, l’auteur s’est attaqué à une autre grande ville avec « Paris BD : la capitale redessinée » aux éditions du Signe (sises, quant à elles, en Alsace). Comme pour Bruxelles, le commentaire historique des parcours proposés est illustré par des cases de bandes dessinées qui permettent de comparer les bâtiments réels avec les styles souvent opposés de dessinateurs comme Benoît, Bilal, Blutch, Graton, Hergé, Jacobs, Juillard, Martin, Montellier, Munuera, Tibet, Uderzo…, et bien sûr Tardi, grand spécialiste du Paris d’autrefois, qui se taille, ici, la part du lion !
Anecdotique me rétorqueriez-vous ? Oui, peut-être ; mais pas plus que bien d’autres bouquins qui s’amusent à mettre en relation notre support de prédilection avec d’autres thèmes qui emportent l’adhésion du grand public et qui, par ce fait, ne sont pas complètement inutiles. Et, dans le genre, il y en a même qui sont carrément indispensables ! C’est le cas du superbe livre de Christian Marmonnier chez Ereme : « Comics vinyls : 50 ans de complicité entre la bande dessinée et la musique » ! Destiné principalement aux collectionneurs de pochettes de disques dessinées et aux amateurs de belles images réalisées par des auteurs de bande dessinée, ce bel ouvrage (qui se veut, lui aussi, de référence) est le fruit d’un travail de collation, d’un inventaire minutieux et d’un examen passionné des liens complices qui se sont tissés, depuis des années, entre la bande dessinée et l’industrie discographique. Non seulement les reproductions des pochettes inédites illustrées par les plus grands (Uderzo, Pratt, Giraud, Eisner, Crumb, Druillet, Bilal, Tardi, Margerin, Swarte, Crépax, Bourgeon…) méritent à elles seules le détour, mais les textes de présentations sont bien documentés et agrémentés de commentaires d’artistes fort bien choisis !
Et pour finir, dans l’« Annuaire professionnel de la bande dessinée et de l’illustration : édition 2009-20010 » (aux éditions Ad Tatum), vous trouverez toutes les coordonnées nécessaires pour contacter les professionnels de la bande dessinée ! Que ce soit pour des raisons aussi valables qu’organiser un festival ou une rencontre dans une librairie, présenter son projet de bande dessinée, faire réaliser une campagne de pub par un illustrateur, prévoir un évènement pour la promotion d’albums…, voici l’outil idéal ! Car l’ouvrage fait le tour des éditeurs, des producteurs de para-BD, des diffuseurs-distributeurs, des festivals et salons, de la presse spécialisée, des écoles et autres institutions de formation ou syndicales et des auteurs qui ont souhaité y apparaître : 260 pages bourrées d’infos !
Gilles RATIER
(1)
- « L’État de la bande dessinée: vive la crise ? » et « Écrire l’image » de Benoît Peeters aux Impressions Nouvelles : http://bdzoom.com/spip.php?article3701
- « Europe Japon : regards croisés en bandes dessinées » de Paul Herman chez Glénat : http://bdzoom.com/spip.php?article3813
- « Le Guide des 100 bandes dessinées incontournables » de Christophe Quillien chez Librio : http://bdzoom.com/spip.php?article3726
- « Période rouge : janvier 1942 – septembre 1973 » chez Vaillant Collector : http://bdzoom.com/spip.php?article3757
- « La bande dessinée dans l’Océan Indien » de Christophe Cassiau-Haurie chez Le Centre du monde : http://bdzoom.com/spip.php?article3871
(2) Un certain hors-série de Beaux Arts Magazine, par exemple : http://bdzoom.com/spip.php?article3914