Désormais, la bande dessinée érotique a son « Anthologie » !

Aujourd’hui, la BD de cul se veut « chic » et « choc » ! Pourtant, elle est bien entrée dans les mÅ“urs, lesquelles se sont pas mal libérées, depuis déjà quelques années… D’ailleurs, le genre se retrouve, sans complexe, au catalogue de la plupart des éditeurs, qu’ils soient spécialisés (Dynamite, Ange, Tabou et Rebecca Rils) ou non (Delcourt, Glénat, Dargaud, AUDIE/Fluide Glacial, 12 bis, Les Requins marteaux, Cornélius…) ! Preuve en est aussi la conséquente et élégante « Anthologie de la bande-dessinée érotique »publiée par Beaux Arts Éditions (oui, oui, ce sont bien les éditeurs de Beaux Arts Magazine), concoctée et présentée par Vincent Bernière : critique travaillant pour ce mensuel esthétisant depuis 1999, mais également journaliste à Technikart, scénariste de bandes dessinées chez Dupuis, romancier, et responsable éditorial chez Delcourt où il dirige deux collections ; l’une (Outsider) consacrée aux romans graphiques américains et l’autre dévolue, justement, à la bande dessinée érotique (Erotix) !

Après une introduction historique fort bien écrite (qui résume, malgré quelques petites erreurs de noms ou de dates, le mouvement, avec le soucis permanent de le ressourcer dans l’Art avec un grand A cher à Beaux Arts Magazine, en rappelant les principales vagues de ce sujet brûlant, des « Tijuana Bibles » américaines aux hentai japonais, en passant par les fumetti coquins traduits en France chez Elvifrance ; voir « Sam Bot » et les fascicules Elvifrance), le genre se dévoile agréablement – j’allais dire se dénude -, au fil des 370 pages de ce bel ouvrage : du rigolo au soft, en passant par le trash et le chic, suivant les humeurs et les divers chapitres proposés par l’érudit journaliste !

Là où un Henri Filippini, grand spécialiste de la bande dessinée de genre, aurait certainement été tenté d’être beaucoup plus exhaustif  (voir sa toujours très utile et maintes fois rééditée et augmentée « Encyclopédie de la bande dessinée érotique » chez La Musardine), le Bernière, lui, picore, répartit et propose, finalement, sa propre sélection de quarante extraits des meilleures Å“uvrettes du domaine : ses propres goûts nous permettant, toutefois, de retrouver les phantasmes des principaux grands auteurs du genre ; lesquels bénéficient, tous, d’une présentation bibliographique, certes sommaire mais efficace !

La première partie se définit comme « soft » et est, finalement, plutôt historique. D’ailleurs, on y retrouve les grands classiques du genre : « Gwendoline » de John Willie, « Little Annie Fanny » de Will Elder et Harvey Kurtzman, « Epoxy » de Paul Cuvelier et Jean Van Hamme, « Blanche Épiphanie » de Georges Pichard et Jacques Lob ou « Barbarella » de Jean-Claude Forest, dans un ordre pas forcément chronologique.

La partie suivante est assez « chic » et nous permet de relire Guido Crepax (« Emmanuelle »), G. Lévis (« Liz & Beth »), Milo Manara (« Le Déclic », mais pourquoi avoir choisi une version en couleurs ? Le noir et blanc est tellement mieux…), Martin Veyron (« L’Amour propre »), Paul Gillon (« La Survivante »), Philippe Bertrand (« Linda aime l’art »), Magnus (« Les 110 pilules »), Paolo Eleuteri Serpieri (« Druuna »), Alex Varenne (« Erma Jaguar »), Leone Frollo (« Mona Street »), Melinda Gebbie et Alan Moore (« Filles perdues »), Giovanna Casotto (« Giovanna ! Si ! ») ou Jordi Bernet et Carlos Trillo (« Bang Bang »).

Vient ensuite une partouze « trash » et internationale avec le Finlandais Kake, les Italiens Tanino Liberatore et Roberto Baldazzini, les Américains Howard Chaykin, Frank Thorne et Gilbert Hernandez, les Français Régis Loisel, Dominique Bertail et Sibylline, l’Allemand Matthias Schultheiss ou l’Anglais Erich von Götha.

Enfin, chez les « rigolos » et chez les « autobio », le Bernière n’évite évidemment pas, pour notre plus grand plaisir, les « Tijuana Bibles », le « Sam Bot » de Raoul Buzzelli et Pippo Franco, le « Ogenki Clinic » d’Haruka Inui, les « Phantasmes » de Jean-Marc Reiser, ainsi que dix pages de Robert Crumb. Mais il nous propose, aussi, quelques parodies et autres amusements jouissifs signés Wallace Wood, Jan Bucquoy, Massimo Mattioli, Dany, Arthur de Pins, Georges Wolinski, Joe Matt, Frédéric Boilet et, même, Aude Picault ou Aurélia Aurita : histoire de nous rappeler que, désormais, la BD de cul peut être aussi très féminine, kitch, décalée… ; bref, beaucoup plus cérébrale, pas seulement masturbatoire !

 Gilles RATIER

PS :  À noter que le samedi 15 septembre, l’auteur dédicacera son livre à la galerie Jean-Marc Thévenet (jour de l’inauguration de l’exposition « BD X » !

 

 

 

 

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3 réponses à Désormais, la bande dessinée érotique a son « Anthologie » !

  1. hannebicque dit :

    dans les Bd que nous lisions à l’armée il y avait SAM BOT et une autre BD dont je ne me souviens plus du nom et qui mettait en scène un robot hyper-membré mais bête et sauvage et sa maitresse qui l’utilisait pour elle et aussi pour des fins souvent méchantes
    quelqu’un peut il me rafraichir la mémoire ?

    merci d’avance

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