N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article, puisque nous l’alimenterons, jour après jour, avec tout que nous envoient nos amis dessinateurs, scénaristes, coloristes, libraires, organisateurs de festivals et éditeurs pour vous souhaiter de joyeuses fêtes : et ceci jusqu’à la fin du mois de janvier 2024 !
Lire la suite...Jacques Souriau : seulement 20 ans de bande dessinée !
Jacques Souriau fait partie de ces dessinateurs qui ont tardivement opté pour le 9e art. Au cours des années 1930, il a en effet déjà dépassé les 50 ans, lorsqu’il prend la décision de ralentir son travail d’illustrateur, afin de consacrer de plus en plus de temps à la bande dessinée. Suivront 20 années prolifiques, au cours desquelles son trait réaliste et identifiable au premier regard enchantera les jeunes lecteurs des nombreux illustrés qui ont vu le jour au cours des premières années d’après-guerre.
Né à Vendôme (en Loir-et-Cher) le 3 octobre 1886, Jacques Adolphe Souriau est le fils du philosophe Paul Souriau —spécialisé dans l’esthétisme —, le frère d’Étienne Souriau de l’Institut et de Michel Souriau (recteur d’Académie).
Il effectue des études de droit à la faculté de Nancy : ville où son père est doyen de la faculté des lettres. Parallèlement, il suit des cours de dessins et de peinture aux Beaux-arts.
Marié en 1914 à l’écrivaine Véronica Dell, il participe à la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il est décoré de la Légion d’honneur et de la croix de guerre.
Remarié en 1937 à la journaliste roumaine Silvia Bratenberg (qui signe ses œuvres Silvia), il est mobilisé en 1939 en qualité d’officier. Prisonnier, il ne revient en France qu’en 1942.
De l’illustration à la bande dessinée
Jacques Souriau commence son métier d’illustrateur à 20 ans aux éditions Masson, où il illustre des ouvrages pour l’étude des langues étrangères, dont l’anglais avec la « Méthode Weil » publiée en 1912.
Il signe ses premiers travaux de son seul prénom : Jacques.
C’est à partir de 1918 qu’il multiplie ses collaborations avec les éditions Masson, Delagrave, Armand Colin, Hachette, Nelson, Hatier, etc.
Pour la collection Les Chefs-d’œuvre littéraires de Delagrave, il illustre « Ivanhoé » de Walter Scott, « La Tulipe noire » d’Alexandre Dumas, « La Flèche noire » de Robert Louis Stevenson, « Le Cousin Pons » d’Honoré de Balzac ou « Une étude en rouge » d’Arthur Conan Doyle (tous repris après-guerre dans la collection Bibliothèque Juventa du même éditeur).
On lui doit aussi des ouvrages scolaires : « Neue Methode zur Erlernung der fremden Sprachen » et « English Lessons for Beginners » en 1918 chez Delagrave, « Youth’s Enchantmen » en 1928 pour The Stratford Company ou « Master Minds and Masterpieces » en 1936 chez Armand Colin.
Il illustre aussi « Val-Huron » de Pierre Blanchon en 1933, « Les Aventures de Criquet, chien » de Pierre Alciette, en 1936, « La Forêt sereine » de Léonce Bourliaguet en 1937, « Héllier, fils des bois » de Marie Le Franc en 1937, « Contes et Nouvelles de Savoie » d’Henry Bordeaux en 1938…
Il poursuit cette activité d’illustrateur après-guerre : « Les Enfants de la hutte aux bois » d’Andrée Hugon et « L’Énigme du trèfle » de Nanine Grüner en 1945, « Le Roman d’un enfant » de Pierre Loti en 1948 pour la Bibliothèque verte chez Hachette, « Récitations et lectures enfantines » d’Eugène Bauer et E. de Saint-Étienne chez Masson en 1950…
Parallèlement à ces travaux d’illustrateur, il propose quelques dessins d’humour dans Le Bonnet rouge en 1914, Les Hommes du jour en 1919, La Vie parisienne en 1920, Fantasio de 1920 à 1924 ou Le Rire en 1924 et 1933, et expose ses dessins aux salons des Humoristes.
À partir du milieu des années 1930, Jacques Souriau s’intéresse aux illustrés pour la jeunesse, qui connaissent leur âge d’or sous l’impulsion des traductions des bandes dessinées venues de l’étranger, et plus particulièrement des États-Unis.
Il commence par travailler dans sa spécialité en illustrant plusieurs nouvelles et romans. C’est dans les pages de l’hebdomadaire Robinson qu’il publie ses premiers dessins aux côtés des bandes dessinées « Flash Gordon », « Mandrake », « Le Fantôme »…
Il y débute dans le n° 68 (15/08/1937), en illustrant une nouvelle intitulée « La Gorge de la panthère ».
Cette modeste contribution se poursuit jusqu’au n° 178 (24/09/1939).
On lui doit aussi les illustrations d’une dizaine de courts romans : « Les Dieux de la jungle », « Sinistre en mer », « Les Pionniers du Grand Nord »… Il est également l’auteur des illustrations de la rubrique « Le Club de l’aventure ».
Pour l’hebdomadaire Hop-là !, il illustre avec régularité les romans de « Tarzan » écrits par Edgar Rice Burroughs, du n° 1 (07/12/1937) au n° 132 (16/06/1940) : « Tarzan, seigneur de la jungle », « Le Retour de Tarzan », « Tarzan le terrible », « Tarzan seigneur de la jungle », « Tarzan sauve Hollywood »…
Mobilisé, il cède la place à l’illustratrice Marguerite Fiora. Les éditions Hachette reprendront une partie de ses dessins à l’occasion de leur publication sous forme de romans.
C’est encore dans ces deux hebdomadaires proposés par Paul Winkler que Jacques Souriau aborde la bande dessinée.
Depuis son premier numéro en 1937, Robinson présente les exploits de Jean Bolide : traduction de la série américaine « Tailspin Tommy », créée par Glenn Chaffin et Hal Forrest.
Comme cette bande dessinée manque de matériel original, une suite lui est confiée, commençant dans le n° 98 (13/03/1938) et se poursuivant sous son crayon jusqu’au n° 194, animée ensuite par un dessinateur anonyme.
À l’instar de la série américaine, il complète ses planches avec une rubrique illustrée dédiée à l’aviation, du n° 89 au n° 182.
En 1940, dans le n° 211 (12/05/1940), il commence « Au pays du prophète » : histoire d’aventure exotique qui s’interrompt au n° 218, le journal cessant de paraître pour cause de guerre. Pour Hop-là !, il commence une bande d’aventure maritime dans le n° 53 (11/12/1938) : « Le Justicier des mers ». Ce récit, qui lui aussi demeurera inachevé, se déroule en Australie sur les mers du Sud, à bord de l’Albatros. Il est proposé jusqu’au n° 98, deux pages finales complémentaires paraîtront toutefois dans les n° 110 et 122, réalisées par un dessinateur anonyme.
Tout en assurant une collaboration régulière avec les deux journaux de Paul Winkler, Jacques Souriau travaille également pour les éditions de Montsouris qui publient les sages hebdomadaires Lisette et Pierrot.
C’est toujours en livrant des illustrations qu’il fait ses premiers pas dans ces deux illustrés destinés à une jeunesse catholique et bourgeoise.
Il fait son entrée dans Lisette en illustrant « La Petite Maison grise » dans le n° 23 (04/06/1939).
Il est présent jusqu’à l’arrêt du journal en 1942 et on lui doit aussi les dessins de trois romans à suivre : « En quarantaine » de Maria de Crisenoy en 1939, « Ma petite sœur Noualik » d’Albert Paluel-Marmont et « Cécile et son violon » en 1941.
Sa signature apparaît en tant qu’illustrateur de nouvelles dans le n° 31 de Pierrot (03/08/1941), mais aussi du roman « Les Crinières grises » signé par son père Paul Souriau, du n° 23 (05/06/1938) au n° 33.
Ce roman au thème original sera réédité dans Pierrot à deux reprises en 1950, puis en 1957.
Toujours dans Pierrot, il dessine la courte histoire d’aventures exotiques « Rémy Rémi broussard », du n° 50 (14/12/1941) au n° 8 de 1942, et les gags animaliers humoristiques de « Boulou et Tino », un ours et un renard facétieux, en 1941 et 1942.
Il illustre quelques romans pour la collection Printemps : « Royaume à vendre », « Six Inconnus sur un îlot »… en 1941 et 1942, et pour la collection Pierrot : « Défense de fumer », « L’Enfant de la Brière », « Perdus dans les glaces », « L’Ombre jaune », « L’Astre rouge »… de 1941 et 1946.
Mobilisé en 1939, prisonnier en Allemagne : il faudra attendre la Libération pour retrouver sa trace dans la presse pour les jeunes.
Priorité à la bande dessinée
Comme la plupart de ses confrères, Jacques Souriau réalise quelques fascicules de récits complets, feuilles bon marché au format à l’italienne de 8 à 16 pages, incontournables en ces années de reconstruction du pays où le papier est encore rare.
Pour les éditions Marcel Daubin, il crée en 1942 « Monique et Armand » dans le no 31 des Cahiers d’Ulysse. Ces deux journalistes fantasques sont les héros de « La Rivière étincelante » dont le scénario est signé J. J. Reaud. On les retrouve en 1944 dans Film jeunesse, dans le n° 19 de la collection Odyssée en avril 1945, puis dans sept fascicules de la collection Prouesse de 1945 à 1947. Pour ce même éditeur, il anime « Monsieur Placide », paisible célibataire collectionneur de timbres mêlé à de sombres aventures.
Pour la revue À travers le monde de la Société générale d’éditions, il signe trois histoires complètes en 1945 : « Le Maître du feu » (scénario de René Thévenin), « L’Explorateur du temps » et « Le Fleuve en flammes » écrits par son épouse Silvia.
Ces trois récits seront réédités dans le format de poche Sans Peur en 1955 et 1956.
Jacques Souriau reprend sa collaboration avec les revues des éditions de Montsouris qui, la guerre terminée, relancent,elles aussi, leurs publications.
Pour Lisette, dès 1946, il illustre une douzaine de nouvelles et surtout des romans :
« Les Murailles de Challemanges » d’Henri Darblin et « Suzy la révoltée » de Noël Tani (en 1946), « Une Étrange Aventure » de Silvia Souriau et « Nicole au pays des dollars » de Noël Tani (en 1947), « Le Secret » de Silvia Souriau (en 1948), « Le Roman de Marie-Colette » de Noël Tani (en 1949), « Cernés par les eaux » d’Élisabeth Morgan (en 1950), « On échangerait une petite fille » de Claude Sylvain (en 1951), « Les Missions de Mianne » de Germaine Verdat (en 1952), « La Maison de Fontenil » de J. Austruy et « Une Dure Épreuve » de Paul Cervières (en 1953).
Il propose une seule bande dessinée avec les textes placés sous les images : « La Gazelle apprivoisée » d’Albert Paluel-Marmont du n° 27 au n° 35 de 1952.
Il publie quelques illustrations dans l’Almanach de Lisette de 1942 et dans « Le Livre des vacances des amies de Lisette ».
Il livre quelques illustrations pour l’hebdomadaire Jean Bart (lancé en septembre 1946) qui rejoint Pierrot en 1947.
« La Main dans l’ombre », histoire en images dont les textes de Pierre Cluzel sont placés sous les dessins, est proposée du n° 15 (10/04/1949) au n° 28.
Le roman « Les Crinières grises » de Paul Souriau est réédité à deux reprises avec de nouvelles illustrations du n° 38 au n° 48 en 1950, puis du n° 71 au n° 87 en 1957. On lui doit aussi « L’Aigle royal » dans Supplément à Pierrot en 1945.
Jacques Souriau effectue un bref passage à Tourcoing chez Artima, avec la mise en images de « L’Eau de feu » : un épisode des aventures de Tom Tempest, le western créé par les frères Giordan, publié du n° 10 au n° 12 de Red Canyon, de décembre 1954 à février 1955.
Quelques mois après la reprise du Jeune Patriote à son n° 31 sous le titre de Vaillant, Jacques Souriau fait son entrée dans Vaillant (« l’hebdomadaire le plus captivant ») avec l’illustration d’articles à partir du n° 50 (21/02/1946).
Il illustre le roman « Le Secret du souterrain » de Fred Brauner du n° 56 au n° 62.
Il réalise trois courtes bandes dessinées : « Combat dans l’ombre », écrit par Roger Lécureux du n° 65 au n° 68 (histoire reprise dans Supplément Vaillant en 1947), « Le Martyre du chevalier de la Barre » de Jean Ollivier dans les n° 69 et 70, « Le Fougueux Chevalier Du Guesclin » d’Annette Houzet du n° 78 au n° 82.
Il faut attendre 1950 pour retrouver notre dessinateur dans les pages de Vaillant, avec la création de la série « Jean et Jeannette », imaginée par Jean Ollivier et Roger Lécureux.
Frère et sœur, Jean et Jeannette sont séparés de leur maman en 1940 au cours de l’exode. Pour les deux enfants débute un long et pénible périple, qui les conduit dans le maquis, en Espagne, en Italie, dans une maison de correction. Enfin libres, ils vivent d’autres aventures plus exotiques en Afrique, aux Indes…
Le premier épisode de 86 pages est publié du n° 255 (02/04/1950) au n° 340. Cinq autres récits sont proposés jusqu’au n° 504 du 9 janvier 1955. Certains épisodes sont écrits par Jacques Kamb. (1)
Bien qu’apprécié par les lecteurs, Jacques Souriau abandonne ses personnages afin de se consacrer totalement à ses travaux pour Del Duca. Quelques années plus tard, « Jean et Jeannette » reviendront dans les pages de Vaillant du n° 741 (26/07/1959) au n° 877, sous le crayon plus moderne de René Deynis.
Toujours pour la presse communiste, il participe à l’hebdomadaire Vaillante dont les 58 numéros sont publiés de 1946 à 1948.
On lui doit des illustrations de nouvelles et celles pour le roman « Les Sœurs Ferning » de Jacques Clos.
Il dessine les courtes bandes dessinées « Geneviève la petite bergère » de Jacques Clos dans les n° 45 et 46, « Nicole » du n° 47 au n° 50 et enfin « Jeanne Hachette » dans les n° 51 et 52.
Pour Dimanche Fillettes, qui succède à Vaillante en 1949 et 1950, il illustre quelques bandes : « Louison la Marseillaise » de Robert Thierry du n° 11 (13/06/1949) au n° 25 et deux aventures de Martine par Silvia : « La Terre verte » du n° 19 au n° 34, enfin « Le Chant de la forêt » du n° 35 au n° 44 (30/01/1950), récit inachevé pour cause d’arrêt du journal.
Pour le poche 34 Caméra, il réalise une seule histoire de 16 pages dans le n° 39 (15/11/1950) : « Les Héritiers de l’Asso Circus ».
Jacques Souriau illustre en 1947 un roman de la collection Jeunesse héroïque : « La Chasse au caïman sorcier » de Thibault. Enfin, pour l’hebdomadaire féminin Femmes françaises, il adapte en bandes dessinées au cours des années 1950 quelques œuvres célèbres : « Le Piccinino » de George Sand, « Le Bossu » de Paul Féval…
Les éditions Mondiales de Cino Del Duca : 15 ans de fidélité
En 1942, lorsqu’il revient en France, Jacques Souriau se présente aux éditions Mondiales de Cino Del Duca qui, faute de publier des hebdomadaires trop coûteux à réaliser en cette période d’occupation allemande, proposent des récits complets de faible pagination. Il publie quelques fascicules pour la collection Aventuriers d’aujourd’hui : « Le Baron maudit » et « Les Merveilles du royaume de Siam » en 1943, « La Fille du soleil », « Prisonniers des Touaregs » et « Le Puits qui pleure » en 1944. On lui doit après-guerre deux récits destinés à la seconde série de cette collection : « Mystère dans le Nord » en 1949 et « La Cité perdue » en 1950, deux aventures de Jack le pionnier écrites par Silvia. Pour Les Belles Aventures, il dessine « L’Honneur de Ramuntcho » et « Le Cœur de l’enfant roi » en 1946.
Dès 1946, il rejoint l’équipe des dessinateurs de l’hebdomadaire de grand format Tarzan.
Dans le premier numéro (19/09/1946), Jacques Souriau commence « Fléchauvent reporter » : longue histoire de 53 pages au scénariste anonyme qui se termine dans le n° 53 (16/06/1947).
Garçon de bureau — âgé de 17 ans — au grand quotidien Paris nouvelles, Jacques Lancereau, surnommé Fléchauvent, rêve de devenir grand reporter. Ambitieux, il multiplie les enquêtes au cours desquelles il affronte la pègre internationale.
Le premier épisode de ce récit sera repris dans l’album « Les Misérables » de René Giffey, puis l’ensemble divisé en six fascicules destinés aux Aventures illustrées n° 16, 19, 20, 21, 32 et 33 en 1948. Un scénario quelque peu naïf, qui permet au dessinateur d’imposer son trait réaliste aux noirs et blancs soignés.
Dès la disparition de « Fléchauvent », commence dans le n° 54 (23/09/1947) « Le Retour de Robin des Bois », au scénariste anonyme. Un Robin proche du « Robin Hood » classique, entouré de ses amis frère Tuck et Petit-Jean, toujours prêts à secourir le petit peuple opprimé par de riches seigneurs.
Cette première série se poursuit jusqu’au n° 128 (06/03/1949), totalisant 71 pages. Il faut attendre le premier numéro de la nouvelle formule de Tarzan (28/03/1953) pour retrouver le justicier de Sherwood dans l’ultime série du journal qui disparaît avec son n° 30 (17/10/1953).
Victime de la censure, l’hebdomadaire est remplacé par Hurrah ! Un nouveau « Robin des Bois » revient dès le premier numéro du 24 octobre 1953. Le scénario, attribué à Renaud Fontenay, met en scène un Robin adolescent, fils du comte de Locksley qui, après avoir refusé son allégeance au baron de Kiolène, a été tué lors de l’assaut de son château.
La dernière page dessinée par Jacques Souriau — décédé le 30 avril 1957 — est publiée dans le n° 194 (06/07/1957). Il a dessiné 359 pages, au trait soigné et précis, malgré un format minimaliste qui ne permet pas toujours de mettre en valeur son travail.
Dès la semaine suivante, la série est reprise par Guy Mouminoux (2) qui, dans le genre moyenâgeux, a fait beaucoup mieux avec « Blason d’argent » quelques années plus tard. « Robin des Bois » est présent dans Hurrah ! jusqu’à son ultime fascicule (n° 293), avant d’être réuni avec L’Intrépide (29/05/1959).
L’ensemble de la série est remontée dans un format de poche, afin d’être publié par les séries de poche Crack puis Creek du n° 1 (juillet 1958) au n° 44 (février 1962), puis dans Old Bridger du n° 64 (février 1962) au n° 70 (septembre 1962).
Attardons-nous sur « Alain Météor », dont les 21 pages en couleurs sont présentées dans Tarzan du n° 249 (30/06/1951) au n° 268 (10/11/1951). Cette brève incursion du dessinateur dans la science-fiction est écrite par le spécialiste du genre, Maurice Limat. Ce récit hélas inachevé se déroule en 2027, alors que la Terre a été détruite par un cataclysme écologique provoqué par les Saturniens. Une réédition est proposée à faible tirage par les éditions Apex en 1997. Bien que novice dans ce genre, le dessinateur se tire honorablement de cet exercice offrant des pages de grand format en couleurs, soignées et détaillées.
Après Tarzan et Hurrah !, c’est dans L’Intrépide, autre fleuron des éditions Mondiales, que Jacques Souriau travaille avec une belle régularité. Présent dès la première série de l’hebdomadaire, il met en images « Tempête sur le Bengale » d’après le film de Sidney Salkow sorti en 1938. Adapté par Frank Murray, l’un des nombreux pseudonymes (avec George Fronval) de Jacques Garnier, ce récit de 19 pages est présent du n° 7 (19/01/1949) au n° 24. Ces pages sont reprises à la fin de l’album « Le Secret de Monte-Cristo », paru aux éditions Mondiales.
Le n° 120 (21/02/1952) de la seconde série de L’Intrépide propose la première page de « Handjar le justicier » : saga épique écrite par Yves Dermèze (l’un des nombreux pseudonymes de Paul Bérato).
Handjar le rajah devient corsaire après avoir été chassé de son royaume. Il sillonne la mer des Caraïbes, croisant la route de fameux forbans. Cette passionnante histoire de flibuste aux belles images exotiques compte 152 pages, publiées jusqu’au n° 273 (20/01/1955).
Elle est rééditée, après avoir été remontée pour le mensuel de format de poche Bambino, du n° 1 (décembre 1957) au n° 36 (décembre 1960).
Tout en travaillant sur ces personnages récurrents, Jacques Souriau publie quelques histoires courtes dans ces deux hebdomadaires. Pour Hurrah !, il dessine un récit complet en huit pages (« Au Pays des Koriaks ») dans le n° 133 (05/05/1956), puis trois adaptations de films : « Les Chevaliers de la Table ronde » (n° 179), « Guerre et paix » (n° 184) et « Un jeu risqué » (n° 188 du 25/05/1957) ; enfin, un récit de la série « Ici s’est passé » (n° 186).
Pour L’Intrépide, il propose « Ouragan blanc » : une histoire complète en six pages dans le n° 343.
Dessinateur aujourd’hui oublié et dont les travaux sont peu réédités au sein de la microédition, Jacques Souriau laisse une œuvre variée, réalisée au cours des 20 dernières années de sa vie, entièrement consacrées à la bande dessinée. Il nous a quittés à 71 ans, le 30 avril 1957, victime de problèmes cardiaques.
Avec le concours de Roger Jeanne et de Jean-Jacques Lalanne, Hop ! a rendu hommage à ce créateur discret dans ses n° 30 et 145 : voir Hop ! se souvient de Souriau.
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER
Merci à Philippe Tomblaine, Fred Fabre, Jean-Luc Muller et Gwenaël Jacquet pour leurs divers coups de main.
(1) Voir Kamb : du cartoon à la BD !.
(2) Voir Guy Mouminoux — Guy Sager — Dimitri : trois signatures pour un seul homme !.
Merci une fois de plus pour cet article puissamment détaillé.
Toutes ces planches, tout ce travail » discret », même s’il n’est pas le plus prolifique, me laisse pantois .
Jacques n’est mentionné ni dans la notice wikipedia du père, ni dans celle du frère, comme s’il n’avait jamais existé ; alors qu’il a quand même sa propre notice wikipedia…..