Désormais privé de son regretté scénariste et ami Hubert, le dessinateur Zanzim nous revient en auteur complet, quatre ans après le succès public et critique de leur « Peau d’homme » (1), avec un roman graphique aussi drôle que tendre et profondément humaniste. Il nous narre l’histoire tragico-comique de Stanislas : un petit – 1,57 m — vendeur de chaussures introverti, complexé et fétichiste, rejeté par tous. D’autant plus qu’il n’est également pas très grand dans sa tête, car il se comporte, la plupart du temps, de façon carrément maladive par rapport aux femmes (surtout si elles sont de grandes élégantes !) et que son gabarit va encore diminuer après avoir fait le vœu de devenir « un grand homme », au point de n’être pas plus grand qu’un insecte… : mais, au fait, que signifie être un grand homme ?
Lire la suite...Passion bande dessinée : hommage à François Corteggiani ! (première partie)
Le décès brutal de François Corteggiani le 21 septembre dernier — le jour anniversaire de ses 69 ans — a secoué le monde de la bande dessinée (1). Passionné depuis toujours par le média, ce fort en gueule au cœur de midinette — et 115 kilos pour 1,94 mètre ! — s’est illustré dans tous les domaines, avec toujours la même ambition : divertir sans ennuyer ses lecteurs. Avec sa disparition, la bande dessinée classique perd l’un de ses plus solides défenseurs. Retour sur une carrière éclectique exemplaire, qui s’étend sur un demi-siècle.
Fils d’un père corse et d’une mère d’origine espagnole, François Corteggiani voit le jour à Nice, le 21 septembre 1953.
Ce sont les grands classiques de la bande dessinée franco-belge (« Gil Jourdan », « Oumpah-Pah », « Spirou et Fantasio », « Rock Derby »…), mais aussi les Italiens « Pepito », « Coco Bill » ou « Zagor », sans oublier l’Américain « Donald », qui lui donnent envie d’écrire des histoires.
Ses premiers dessins humoristiques réalisés avec un ami sont publiés dans le journal niçois L’Espoir hebdo.
Quelques travaux publicitaires plus tard, il gagne Paris en 1973, non sans avoir collaboré au fanzine franco-suisse Krukuk animé par Éric Pichon et Georges Gasco.
Il y publie deux histoires (n° 3) qu’il signe du pseudonyme Giani : « Diplodocus and co », dans un style humoristique avec J. Stierlé au scénario, et « Surboum aux Bananas » : polar en 16 pages au trait plus réaliste, inspiré par le « Gil Jourdan » de Maurice Tillieux. Cette collaboration est couronnée par un voyage en 1971 au Salon international des bandes dessinées, à Lucques en Toscane : alors La Mecque de la reconnaissance naissante de la bande dessinée. Voyage effectué en compagnie de Georges Gasco et d’un jeune Grenoblois passionné de BD : un certain Jacques Glénat-Guttin.
Arrivée à la capitale !
François Corteggiani débarque à Paris en 1973. Il réalise des produits audiovisuels pour la publicité, pour payer le loyer de la chambre de bonne où il réside.
Sa première bande dessinée est publiée dans l’éphémère revue Chanson, grâce à un tuyau donné par sa sœur qui travaille pour l’Annuaire du spectacle.
Une petite annonce découverte dans le journal Pinocchio (12 numéros publiés par la S.E.P.P., de juillet 1974 à juin 1975) lui apprend qu’un éditeur lyonnais — la S.E.P.P. précisément — recherche des dessinateurs et des scénaristes.
Aussitôt embauché, il rejoint une équipe composée d’auteurs anciens (Robert Bressy, André Gaudelette, Pierre Frisano, Antonio Parras, Daniel Massard…) (2) et de débutants prometteurs (Michel Motti, François Dimberton, Michel Dufranne, Bob Mau, Claude Gohérel, Christian Gine…).
L’ambition fort louable de l’éditeur, qui ne manque pas de flair, était de remplacer par des créations une partie du matériel étranger proposé jusqu’alors par les formats de poche de sa société créée en 1970. Corteggiani imagine plusieurs personnages sous sa propre signature ou en utilisant divers pseudonymes (Dan Lecarton [sic], Albert Daniel, Amalgam, Corté…) tant sa production est importante et variée.
Notons par exemple le duo de détectives Pastis et Patchouli, les Vagabonds de la Voie lactée, Prince Braillant, l’agent secret Rol Mops et ses époustouflantes aventures, le Cap’tain Dynamite ou la série « La Grosse Pagaille » avec François Dimberton. On lui doit aussi des scénarios plus réalistes, dont « Le Grand Condor » pour Robert Bressy, signé Cobra, « Jacques Daniel » pour Jean Joly, signé Wolang…
Présent dans les magazines Super Rex, Super Casse-cou, Super Fantastik, Super Services secrets ou Défi, Corteggiani réalise plus de 1 000 pages au cours des 18 mois qu’a duré cette aventure éditoriale, laquelle s’est terminée par la faillite de la S.E.P.P. à la fin de l’année 1977. Cette production intense — et peu payée — aura permis au jeune débutant de roder son trait, d’apprendre son métier.
En 1976, il effectue un bref passage à  Spirou où il livre deux courtes histoires de « Mucheroum » dans les n° 1968 et 1980. Il évoque la raison de ce séjour éclair à Gilles Ratier dans Hop ! : « Il y a à Charleroi un individu blet qui a décidé que j’étais nul… Je trouve complètement vain d’envoyer des scénarios et de s’entendre répondre des aberrations avant même que l’enveloppe soit ouverte. »
Auteur multicarte à  Pif gadgetÂ
Lors de son passage à la S.E.P.P., François Corteggiani avait rencontré Michel Motti, devenu dès 1973 l’auteur phare des aventures de Pif le chien et le responsable de l’atelier Pif.
Pif gadget cherchant des collaborateurs, Corteggiani commence par réaliser la page annonce du futur gadget dans le n° 1577, en août 1975.
Rejoint par François Dimberton, il entre dans l’équipe des dessinateurs de l’atelier Pif, entourant Michel Motti : Louis Cance, Yannick Hodbert, Jacques Tabary, Roger Mas…
Un premier épisode dessiné à quatre mains par Motti et Corteggiani paraît dans le n° 1608 (mars 1976).
De nombreux récits suivront avec Motti et Dimberton jusqu’au n° 1799.
Il se consacre ensuite uniquement au scénario, écrivant pour Louis Cance, Giorgio Cavazzano, Carmen Levi, le studio espagnol Récréo, Clod (Claudio Onesti), Curd Ridel, Roberto Totaro, Sandro Zemolin, Rachid Nawa, Patrice Croci, Massimo Bonfatti…
Il poursuit sa collaboration jusqu’à la disparition du journal, en 1993. On lui doit aussi les scénarios de longues aventures de Pif, destinés aux magazines hors-séries et plus particulièrement à  Pif parade comique de 1975 à 1992. Notons que, sous l’impulsion de leurs nouveaux auteurs, Pif et Hercule seront rejoints par de nouveaux comparses : le professeur Belpomme, Krapulax, le commissaire Maigrelet…
Pour l’anecdote, signalons « La Guerre de la neige » : épisode publié en 1980 dans le hors-série Pif et ses amis, signé Motti et Corteggiani, qui réunissait tous les personnages de l’univers de Pif. Une trentaine d’albums seulement, dédiés au personnage de Pif, ont été édités par Vaillant, Hachette, les éditions du Kangourou, Messidor, Pif éditions, Rouge et or, Soleil junior, Frédérique…
 C’est bien peu en regard des milliers de pages écrites par François Corteggiani et ses confrères. Il est aussi le scénariste d’épisodes complet du chat Hercule, dans le mensuel Hercule dès les années 1980, dessinées par Clod, Cloro, Yannick…
Profitant de sa présence dans le journal, il franchit rapidement les limites de l’atelier Pif pour proposer d’autres projets plus personnels.
De 1977 à 1989, il écrit des récits complets sur des thèmes variés pour ses dessinateurs attitrés Pierre Tranchand et Philippe Bercovici, plus rarement pour Dominique Hé, Arnould…
Les gars de la « Marine »
Après le décès de Jean Cézard en 1977, la rédaction de Pif gadget souhaite remplacer la série « Surplouf » par une autre histoire de pirates.
François Corteggiani imagine alors le personnage de Marine, campé par son ami Pierre Tranchand : les deux auteurs s’étant rencontrés lors d’une visite du dessinateur à l’atelier Pif.
Serveuse dans une taverne et fille d’un pirate appelé le Caïman, Marine prend la mer en compagnie de Tafia, Tabasco, Gaël et du chien Pepito. Ventriloque, elle use de cet atout pour vaincre ses ennemis.
Hommage au « Pepito » de son ami Luciano Bottaro, « Marine fille de pirate » commence sous forme de récits complets, majoritairement en cinq pages, dans le n° 1782 (août 1979) de Pif gadget.
Elle quitte l’hebdomadaire au n° 1938 (août 1982), pour rejoindre en 1984 Le Journal de Mickey — on le verra plus loin — puis Hello Bédé en 1992, où ses aventures s’achèvent deux ans plus tard.
Cinq albums sont publiés aux éditions Hachette de 1984 à 2007, quatre autres aux éditions du Lombard de 1988 à 1992.
Ces neuf ouvrages ont été réédités de 2002 à 2006 par les éditions Clair de Lune qui proposent aussi cinq albums dans la collection Les Mini-Aventures de Marine, de 2003 à 2006, pour réunir les histoires courtes.
« Marine fille de pirate » est l’une des meilleures créations du duo d’auteurs, laquelle — à leur grand désespoir — ne parvint pas à conquérir un large lectorat, malgré ces diverses tentatives : « C’est la première histoire que j’ai faite avec Pierre : c’est un peu notre fille à tous les deux, on ne sait jamais qui est la mère dans l’histoire. Enfin bon, on s’est bien marré ! » (3)
Dans Pif gadget toujours
Mais lorsque en 1982, Jean Ollivier, alors rédacteur en chef de Pif gadget, décide d’arrêter « Marine », il leur propose de lancer une autre série.
Présentée sous forme de gags ou de récits complets, la série « Smith et Wesson » démarre dans le n° 1943 (septembre 1982) et se poursuit jusqu’au n° 2379 (février 1991), totalisant 371 gags et 34 histoires complètes.
Réalisée d’un trait moins fouillé que « Marine », cette parodie de western a pour héros le gros Wesson au visage lunaire et le taciturne Smith. Toujours à la recherche d’une bonne combine pour faire fortune sans se fatiguer, les deux hommes multiplient les échecs. Trois albums aux couvertures signées Claude Marin sont édités par Hachette en 1987 et 1988, deux autres par Soleil productions en 1995. La plupart des pages sont reprises dans le mensuel Hercule, à partir de 1986. (3)
Dans le n° 2035 de Pif gadget (en juillet 1984), François Corteggiani s’associe à Philippe Bercovici, avec qui il avait publié quelques courtes histoires dès le n° 1967 : « Que la farce soit avec vous », « La Bourse ou la vie », « Le Roy Arthur »…
Proposé sous forme de gags en une ou deux planches, « Grand Panic Circus » [ou plus simplement « Panic Circus » dans certains numéros]  met en scène les nombreux protagonistes du monde du cirque.
Au total, 65 gags sont publiés jusqu’au n° 2327 (février 1990), suivis par des reprises jusqu’au n° 2465.
Ces pages et des inédits seront repris en 1991 en deux albums aux éditions Dupuis sous le titre « Le Grand Panic Circus », par l’intermédiaire de l’agence Strip Art Features.
C’est avec son ami Giorgio Cavazzano, déjà dessinateur de nombreux épisodes de « Pif », que Corteggiani crée « Timothée Titan ». Le héros est un jeune rouquin qui, grâce à son ami le magicien Hokus Pokus, peut passer à travers l’écran d’un téléviseur, afin de gagner la galaxie des trois mondes. Deux longs épisodes sont publiés par Pif gadget : « L’Avaleur d’étoiles » qui débute dans le n° 2292 (juin 1989) et « La Planète noire » qui prend fin dans le n° 2402 (juillet 1991). Abandonnée par la rédaction de Pif gadget, la série se poursuivra en Italie dans l’hebdomadaire Il Giornalino.
La dernière série du scénariste destinée à  Pif gadget, « Noël et Marie », se situe dans le registre réaliste et est écrite avec la collaboration du vétéran Jean Ollivier. Ce long récit de 261 pages, proposé à l’occasion du bicentenaire de la prise de la Bastille, est mis en image en un an par Jean-Yves Mitton : un exploit pour ce surdoué du dessin, venu des formats de poche des éditions Lug. (4) Publiée du n° 2257 (octobre 1988) au n° 2303 (août 1989), cette histoire raconte l’épopée du jeune Noël et de sa sœur Marie, plongés dans la tourmente de la Révolution française. L’ensemble des pages est réuni en trois albums par Messidor/La Farandole en 1989.
Dans le n° 1787 (octobre 1979), c’est en auteur complet qu’il anime une remarquable série animalière : « Les Aventures de Pastis ».
Petit Égyptien de l’Antiquité vivant à Thésée, Pastis est un chat facétieux et malin qui, en compagnie du chien Ptimek, déjoue les conspirations.
« Pastis est un nom qui me paraissait assez sympathique. J’ai toujours cherché des noms un peu courts et celui-là m’a toujours plu, d’autant plus que je suis du Sud et que je n’ai jamais dédaigné la liqueur en question », dit-il à Gilles Ratier, dans le n° 58 de Hop ! publié au 2e trimestre 1993.
Pastis est le héros de 14 récits complets de cinq pages publiés jusqu’au n° 1889 (septembre 1981), réédités pour certains dans le mensuel Hercule, à partir de 1986.
La fraîcheur du dessin, proche des fumetti italiens que l’auteur affectionne, fait regretter la trop courte carrière de ce personnage.
Les aventures de Pastis ne sortiront en album qu’en 2021, compilées par l’auteur lui-même sous le label Comics Factory.
Les riches années 1980–1990
Tout en collaborant régulièrement à  Pif gadget, François Corteggiani apparaît dans de nombreux journaux pour la jeunesse au cours de ces deux décennies où la presse est encore très présente.
François Corteggiani et Pierre Tranchand proposent aussi leurs premiers travaux communs chez Fleurus presse, à partir de 1979. Pour l’hebdomadaire Djin, ils imaginent « Chafouin et Baluchon » : série mettant en scène un duo de félins débrouillards que tout oppose. Un premier récit complet est publié dans le n° 51 (19/12/1979), suivi de gags en une page du n° 2 de 1980 au n° 31 de 1981 : soit un total de 89 pages qui seront réunies dans deux albums par les éditions Glénat en 1982 et 1983. Certains gags paraissent simultanément dans Super As, en 1980.
C’est dans Djin qu’est publié le premier épisode de l’incontestable chef-d’œuvre des deux auteurs : « Bastos et Zakousky », du n° 22 (02/07/1980) au n° 37, édité en album par Glénat en 1981.
Cet eastern aux dessins semi-réalistes fouillés, peuplé de personnages savoureux, se déroule au début du XXe siècle dans la steppe sibérienne. (5)
Triolo, bimensuel réunissant les périodiques Djin et Formule 1, publie le cinquième et dernier volume de cette série, du n° 68 au n° 79 en 1984.
Triolo propose aussi l’unique épisode des prometteuses aventures de « Léontine et Bombardon », du n° 16 au n° 24 en 1982, repris dans Pif gadget en 1988.
Ce récit de 42 planches, intitulé « La Créature des ténèbres », est édité à compte d’auteur, sous une couverture de Claude Marin, par François Corteggiani sous son propre label, Comics Factory, et offert à ses amis à l’occasion des vœux de 1993.
Les éditions Mosquito le reprendront dans un album cartonné, en 2011.
Il participe aussi au magazine Zack qui est édité en Allemagne, mais qui se déploiera en de multiples versions européennes (dont la version francophone sera l’hebdomadaire Super As). (6)Â
Après avoir écrit quelques gags de « Cro-Magnon » pour Guy Bara, il reprend « Silas Finn » pour Giorgio Cavazzano : western semi-humoristique créé par le scénariste Tiziano Sclavi en 1979.
Huit récits complets de sept pages sont traduits en 1980 dans les n° 56, 60, 62, 64, 66, 75, 80 et 83 de Super As.
Silas est un intrépide journaliste qui parcourt l’Ouest américain au temps de sa conquête : une histoire documentée, solide et prometteuse qui ne survivra pas à la disparition de l’entreprise.
Un album, édité par le microéditeur Le Taupinambour, réunit ces pages en 2011.
Le même duo publie « Capitan Rogers », à partir de 1981, dans l’hebdomadaire italien Il Giornalino. Cette série imaginée par Giorgio Pezzin, et ayant pour cadre les États-Unis pendant la guerre d’indépendance, est poursuivie à partir de 1985 par notre scénariste. Deux albums seulement sont traduits par les éditions du Lombard en 1987 et 1988. Quelques épisodes sont repris en noir et blanc dans le mensuel Gomme chez Glénat.
François Corteggiani aborde le fantastique pour le mensuel Mikado des éditions Milan en écrivant deux épisodes des « Chroniques du pays Markal », dessinés par Jean-Pierre Danard assisté par François Pierre. La série commence dans le n° 20 (juin 1985) et prend fin dans le n° 46 (août 1987). Deux albums sont édités par Milan en 1986 et 1987.
Toujours aux éditions Milan, il propose « L’Horus de Nékhen » : une histoire se déroulant dans l’Antiquité, dessinée par Georges Ramaïoli et publiée directement en deux albums en 1989 et 1990.
En 1985, Corteggiani est l’auteur complet de l’unique aventure animalière de Minimatou (« La Nuit du potiron ») dans la collection B.D. Poucet/Toboggan de cet éditeur toulousain : une charmante histoire destinée aux plus jeunes lecteurs.
Il revient en août 1998 chez Milan, dans les pages du premier numéro du mensuel Julie, où il coécrit avec Caroline Leboucq « Les Bonheurs d’Agathe » : série pour les filles dessinée par Claire Le Grand.
Elle évoque la vie au quotidien d’une gamine inventive et joyeuse, en deux, puis une page mensuelle.
Deux albums sont édités par Milan en 2002 et 2003. Agathe poursuit sa route sans sa contribution, à partir de 2004.
Toujours pour Milan, il publie « Raimond le cathare », en 2004 : un album mis en images par Michel Suro.
Corteggiani propose aussi deux courtes séries avec Philippe Bercovici au dessin dans le mensuel Je bouquine édité par Bayard presse. D’abord « Barnabé, envoyé spécial » — récits complets ayant pour héros un journaliste farfelu, du n° 24 (février 1986) au n° 36 (février 1987) —,
 suivi par le « Big Bang Orchestra » : des gags délirants en une page, dans le cadre d’un orchestre improbable, présents dans les n° 51 (mai 1988) à 66.
Ajoutons l’adaptation partielle en 15 pages de « Regain » de Jean Giono, dessiné par Marc Malès dans le n° 83 (janvier 1991).
De Pif à Mickey
Après Pif gadget, c’est au tour du Journal de Mickey de lui faire les yeux doux, lorsque Jean-Luc Cochet — responsable du secteur BD — ouvre les pages à la création. François Corteggiani entre en 1983 dans l’hebdomadaire créé par Paul Winkler, avec l’écriture de trois épisodes complets de « Zorro » dessinés par Raffaele Carlo Marcello (7) dans les n° 1772 (10/06/1986), 1775 et 1782.
L’année suivante, il y poursuit les aventures de « Marine » — comme on l’a vu plus haut —, encouragé par Salvador Soldevilla : un nouveau venu à la rédaction du journal, qu’il a connu à  Pif gadget.
La jeune pirate ventriloque, toujours campée par Pierre Tranchand, apparaît sous forme de longues histoires, à partir du n° 1673 (22/07/1984).
Marine quitte les pages du Journal de Mickey au n° 1930 (16/06/1989), après avoir vécu sept épisodes de 46 pages, dont les cinq premiers sont édités en albums par Hachette, les deux autres aux éditions du Lombard.
Les deux derniers épisodes des aventures de Marine sont publiés en 1990 et 1991 par Hello Bédé : successeur de Tintin, au sein duquel Corteggiani a brièvement collaboré en 1983 avec Bara et en 1987 avec Pierre Guilmard.
Les deux albums sont eux aussi édités au Lombard, en 1990 et 1992 (le tout ayant été repris chez Clair de lune, à partir de 2002).
Toujours pour Pierre Tranchand, il écrit les gags de « L’École Abracadabra » à partir du n° 1802 (06/01/1987). Les facéties de ces joyeux apprentis magiciens sont réunies en une série de dix albums de 1991 à 2000 et deux compilations en 2011 éditées par Dargaud. Am, Stram, Gram, Pic et Pik et Colégram — les élèves de Monsieur Balthazar — achèvent leurs espiègleries après 556 gags dans le n° 2373 du Journal de Mickey (10/12/1997).
« Monster Motel » prend la suite dans le n° 2379 du Journal de Mickey (21/01/1998), avec sa cohorte de monstres évoluant dans un motel minable perdu dans le désert de l’Arizona. Bien que lancée en fanfare, la série s’achève l’année suivante : un album est édité par Bamboo en 1999. Ce sera la dernière collaboration entre les deux auteurs. Pierre Tranchand, qui rêve d’un gros succès, est déçu par les résultats moyens des ventes de leurs albums. Il tente sa chance sous le pseudonyme Pica avec d’autres scénaristes. Le succès des « Profs » avec Erroc lui donnera raison.
Venu lui aussi de Pif gadget, « Timothée Titan » tente sa chance dans les pages du Journal de Mickey avec « Rendez-vous sur Proctor » : un unique épisode dessiné par Giorgio Cavazzano publié du n° 1807 (10/02/1987) au n° 1810.
Ces pages sont réunies dans un album édité par Hachette en 1987.
Abandonnée en France par Hachette, la série se poursuit dans l’hebdomadaire Il Giornalino en Italie.
Dans le registre réaliste, notre scénariste se lance dans le fantastique avec « L’Archer blanc » : série de dix histoires complètes de dix pages illustrées par Jean-Yves Mitton, dans le Journal de Mickey, en 1987.
Pilier des petits formats, Mitton s’adapte avec succès à  la presse classique. (4)Â
Dans un lointain futur, la population de la ville de Sherwood opprimée par le tyran Yargo est défendue par un mystérieux archer tout de blanc vêtu. Deux albums sont édités par Soleil Productions en 1998, réédités en six fascicules en 2016 ; une intégrale est publiée en 2014, puis en 2022, par le label lyonnais Original Watts.
Toujours dans l’hebdomadaire Disney, Corteggiani écrit une adaptation du « Crin-blanc » de René Guillot pour Michel Faure, proposée du n° 1867 (05/04/1988) au n° 1870. Ce très beau récit de 46 pages fait l’objet d’un album édité par Hachette en 1988.
Le duo récidive en adaptant « L’Île au trésor » de Robert Louis Stevenson en 1991, mais leur excellent travail n’est pas proposé aux lecteurs du Journal de Mickey qui, entretemps, a changé de rédacteur en chef.
Mickey, Donald, Picsou… et surtout Dingo
À cette production originale s’ajoute une collaboration régulière aux histoires mettant en scènes les héros et films Disney.
Dès son arrivée dans l’hebdomadaire en 1983, Corteggiani écrit des récits complets de Mickey, Donald, Picsou et Dingo.
Ils sont mis en images par une nouvelle équipe d’excellents dessinateurs recrutés par une rédaction ambitieuse : ses vieux amis Giorgio Cavazzano, Claude Marin (7), mais aussi Gen-Clo, Henri Dufranne, Massimo de Vita, Rachid Nawa, le studio espagnol Comicup…
Il participe à la création des « Bébés Disney » dont le premier gag est proposé dans le n° 1769 (21/05/1986).
Cette série 100 % 100 française est destinée au génial Claude Marin qui campe avec délectation les membres de la famille Disney alors petits. Après avoir lancé la série, François Corteggiani confie le « bébé » au duo Gégé et Bélom. La série disparaît avec le décès du dessinateur Claude Marin en 2001. Notons à ce propos l’existence d’un projet prometteur entre Corteggiani et Claude Marin (« Médiévalement vôtre »), refusé par la rédaction du Journal de Mickey.
On lui doit aussi les gags de « Génius » illustrés par le studio Comicup, lesquels ont pour héros le neveu de Dingo, à la fois cossard et de mauvaise foi.
Dingo est aussi le protagoniste de « Sport Goofy », où la légendaire maladresse du compagnon de Mickey fait merveille.
Enfin, jusqu’aux années 2010, François Corteggiani imagine des centaines de gags dont Dingo est le protagoniste. La plupart de ces pages sont dessinées par les membres espagnols de Comicup : Santiago Barreira, José Antonio Gonzalez, Paco Rodriguez…
Avec Giorgio Cavazzano, Corteggiani réalise quatre récits complets de la série disneyenne « Les Enquêtes de Basil ». Le détective privé et son ami le docteur Dawson sont les héros d’une parodie animalière inspirée de Conan Doyle, publiée en 1987 dans les n° 1804, 1806, 1813 et 1820 de l’hebdomadaire. Un album est édité par Hachette en 1988, réédité par Dargaud en 1993.
En 1997, il adapte le dessin animé « La Belle et le clochard », dessiné par Manuel Cortes ; l’année suivante, c’est au tour d’« Alice au pays des merveilles », dessiné par Andrea Nicolucci (certainement en duo avec Sara Storino).
Enfin, en 2000, c’est avec la seule Sara Storino qu’il réalise « Robin des Bois ».
Plusieurs versions de ces dessins animés ayant déjà été proposées à plusieurs reprises dans les pages du Journal de Mickey, ces trois récits ont directement été édités en albums par Dargaud.
Toujours chez Édi-Monde
François Corteggiani est présent dans d’autres journaux publiés par Édi-Monde. Pour le mensuel P’tit Loup, il imagine un duo enfantin de choc, Yann et Julie, dessiné par Philippe Bercovici. En quatre, puis deux pages, le frère qui sait tout et la sœur enquiquineuse débarquent dans le premier numéro du journal (mars 1989) pour le quitter dans le n° 135 (juin 2001). Deux albums sont édités par Bamboo en 2000.
Le même duo signe une brève série de gags en une ou deux pages : « La Planète Robotor », du n° 22 au n° 43.
Pour le mensuel Winnie, destiné aux plus jeunes, il propose « Praline et Pruneau » : une série à la fois tendre et émouvante dessinée par Claude Prothée. Praline et Pruneau sont deux joyeux bambins évoluant dans une famille où il fait bon vivre. François Corteggiani, qui dans un premier temps signe du pseudonyme François-Marie Pujol — le nom de sa mère —, écrit des histoires en deux ou trois pages.
Cette longue série, avec les textes placés sous les images, débute dans le n° 36 (septembre 1988) pour s’achever, avec des phylactères, dans le n° 206 (décembre 2002). Des albums sont édités avec succès par les éditions des Deux Coqs d’or.
Sa collaboration avec Édi-Monde — devenu Disney Hachette presse — cesse en 2010 : les rédactions successives réduisant de plus en plus la création pour des raisons économiques.
À suivre ici François Corteggiani : passion bande dessinée ! (seconde partie).
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER
Merci, pour leurs divers coups de main, à Philippe Tomblaine, Fred Fabre et Gwenaël Jacquet
Pour information, sachez que la page Facebook de François Corteggiani a été repris par certains de ses amis proches, lesquels l’alimentent quasiment quotidiennement, comme il le faisait d’ailleurs lui-même, avec de nombreux documents, souvent inédits, représentatifs de cet immense (dans tous les sens) bonhomme.
(1)    Voir Décès soudain de François Corteggiani : le monde des « petits mickeys » sous le choc !.
(2)    Voir Disparition du roi des strips : Robert Bressy !, André Gaudelette/André Joy : deux signatures pour un grand oublié (première partie)…. , André Gaudelette/André Joy : deux signatures pour un grand oublié (seconde partie)…, Hommage à Pierre Frisano……
(3)    Voir Du Tranchand d’avant Pica, mais en tirages très limités….
(4)    Voir L’Envers des planches de… Jean-Yves Mitton.
(5)    Voir « Bastos et Zakousky » : une incontournable réédition en noir et blanc !.
(6)    Voir Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : à l’origine était Zack !, Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : et Super As arriva ! et Le Grand Magazine de bande dessinée européenne : l’agonie de Super As !.
(7)   Sur Marcello, voir « Le Cavalier inconnu ».
(8)    Voir Claude Marin.
Quelle incroyable carrière ! Il a vraiment touché à tout, et c’est sûrement cela qui en fait un auteur méconnu du grand public (pas de réelle série-phare hormis la reprise de la jeunesse de Blueberry finalement).
Je ne savais pas qu’il était le scénariste de tous ces petits gags du Journal de Mickey que je lisais étant enfant, une bonne chose d’apprise
Merci pour le passionnant article en tout cas.
C’était aussi un authentique collectionneur, il m’a acheté des originaux sur ebay il y a bien longtemps.