« Bastos et Zakousky » : une incontournable réédition en noir et blanc !

Il est des personnages qui ont marqué à vie toute une génération de lecteurs de bandes dessinées. C’est le cas de Bastos et Zakousky qui, malgré un destin court et bousculé, ont durablement titillé l’imagination des lecteurs. François Corteggiani et Pierre Tranchand (futur Pica) jusqu’alors considérés comme de dignes héritiers du style « gros nez » signent six albums cultes, méritant de figurer parmi les chefs-d’œuvre de la bande dessinée populaire de la fin du second millénaire.

Paris, janvier 1895. Bastien Larkos, Bastos pour ses amis, est un as de la cambriole qui arpente les toits parisiens. Il est chargé de convoyer pour une somme rondelette une mystérieuse valise jusqu’en Russie. Traqué par le colonel Kolbak, chef des services secrets du tsar Nicolas II, il fuit ses espions à bord du prototype d’une voiture de marque italienne en compagnie du professeur Nicolas Lakonik. Arrivés au village de Kobs les deux hommes croisent la route du trappeur samoyède Zakousky désormais leur compagnon d’aventure. La tête de Bastos mise à prix, le trio fait route vers l’Est où sévissent les rebelles dirigés par le mystérieux cosaque rouge…

François Corteggiani ne laisse pas le moindre répit à ses personnages au fil d’une épopée à la fois burlesque et haletante. La neige et le froid omniprésent dramatisent l’aventure sibérienne du monte-en-l’air parisien. On s’attache vite aux protagonistes de cette folle chevauchée où l’on croise des personnages aux caractères minutieusement concoctés. L’introduction de deux jolies femmes — la blonde Marina Vinderadov et la brune Irina Lakonik — ajoute une touche sensuelle à ce récit parfaitement huilé. Cette intégrale en noir et blanc permet d’en savourer toutes les subtilités, jusqu’à sa conclusion qui laisse le lecteur la gorge nouée.

Pierre Tranchand abandonne l’humour pur et dur pour adopter un trait plus réaliste, tout en conservant leur crédibilité par apport aux propos quelquefois fantaisistes de son scénariste. « Bastos et Zakouski » est le résultat de la complicité parfaite entre deux auteurs au diapason.

« Bastos et Zakousky » en couleurs.

La plupart des pages sont reproduites à partir des originaux retravaillés par Pierre Tranchand.

Le noir et blanc permet d’imaginer le travail d’orfèvre du dessinateur qui ne lésine pas sur les petits détails.

De quoi moins regretter l’absence des couleurs de Brigitte Findakli qui (pourtant, alors, à ses débuts) avait proposé un travail soigné.

Le duo formé par François Corteggiani (né à Nice en 1953) et Pierre Tranchand (né à Saint-Étienne en 1953) apparaît en 1979 dans Djin, avec les gags de « Chafouin et Baluchon ».

Inséparables, les deux compères signent « Smith et Wesson » dans Pif gadget, « L’École Abracadabra » et « Monster Motel » dans Le Journal de Mickey, sans oublier la charmante « Marine ».

Injustement boudé par le succès, le duo se sépare. Pierre Tranchand fera un tabac avec « Les Profs », série publiée chez Bamboo sous le pseudonyme Pica.

« Bastos et Zakouski » démarre en 1980 dans Djin (avec le premier épisode) et se poursuit aux éditions Glénat dans Circus, puis dans Gomme. Le sixième et dernier épisode est publié en 1986.

Six albums sont édités par Glénat, réunis en 1992 dans deux intégrales. La présente édition permet de savourer l’intégralité des 276 pages de cette grande aventure à la fois drôle et exotique qui, aujourd’hui, fait honneur au riche patrimoine de la bande dessinée.

Henri FILIPPINI

« Bastos et Zakouski, intégrale » par Pierre Tranchand et François Corteggiani

Éditions Glénat (29 €) — EAN : 978 2 3440 4677 7

Parution 9 février 2022    

 

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11 réponses à « Bastos et Zakousky » : une incontournable réédition en noir et blanc !

  1. Marcel dit :

    Contrairement à, par exemple, Dupuis ou au Lombard, Glénat ne se donne toujours pas la peine de proposer un dossier introductif sur les intégrales de ce genre de séries patrimoniales. Dommage.

  2. C dit :

    Vous dites: « La plupart des pages sont reproduites à partir des originaux retravaillés par Pierre Tranchand ».
    Retravaillés? Comment?

    • Bonjour

      Lorsqu’un ouvrage est réédité – et plus particulièrement en noir et blanc – le dessinateur corrige souvent les fautes, revient sur un trait défraichi, revient sur une erreur ou encore retravaille les pages dont les originaux ne sont plus disponibles. Des petites choses qui permettent de faire toujours mieux et qui demandent de la patience et du temps.
      Bien cordialement
      Henri Filippini

  3. Bonsoir,
    L’éditeur n’avait plus aucun film de la série
    Le tome 1 était en couleurs directes, un graphiste a enlevé par informatique les couleurs, mais le résultat était catastrophique.
    Aussi j’ai entrepris de ré-encrer en très grande partie ce tome-là (95 %), je n’ai gardé que quelques traits…
    Imprimé en niveau de gris ça ne me plaisait pas.
    Tout çet encrage a èté realisé sur tablette graphique, ne pouvant plus travailler sur papier depuis mon AVC qui m’a laissé une main gauche paralysée.
    Pour les autres tomes (excepté le tome 3 publié en noir et blanc dans la collection Trait pour Trait) je n’avais plus toutes les pages disponibles.
    On a aussi enlevé la couleur sur les pages manquantes, mais comme elles étaient sur “bleus” le résultat était meilleur…J’ai quand même retravaillé certains détails ou décors…
    Je n’ai pas trop retouché le dessin pour qu’il reste “d’époque” malgré les défauts et maladresses…
    J’ai résisté à l’envie de refaire plein de choses…
    La couverture est un dessin fait pour un ami en 2003…
    Ce travail m’a demandé quatre mois, si je n’avais pas été à la retraite et à l’abri des contingences matérielles grâce à mes droits d’auteur (Profs), je n’aurais pas fait tout ça, rémunéré que par l’avance de l’album.
    J’ai la chance de pouvoir faire ce qui me plait sans souci de gagner ma vie….
    Grand privilège dans ce métier devenu précaire pour beaucoup! Mais est-ce encore un métier?
    J’espère que le résultat est satisfaisant et comblera mes lecteurs…
    J’ai fait au mieux comme depuis mes débuts dans ce métier.
    Pierre Tranchand

  4. gitton dit :

    Est-il possible de connaitre le tirage ? merci

  5. 4000 exemplaires d’après l’éditeur…
    Pierre Tranchand

  6. Pissavy-Yvernault bertrand dit :

    Quelle magnifique série ! Elle figure dans les sommets de mon petit Panthéon personnel. Je m’aperçois aussi qu’avec le recul, elle est enfin reconnue comme un must du genre par ceux qui l’ont lue. J’espère que cette nouvelle édition suscitera des envies de reprises, d’autant que, d’après ce que j’ai cru comprendre, plusieurs scénarios étaient en projet au moment de son interruption.

    • Pas d’illusions il n’y aura pas de suite…
      En tous cas avec moi au dessin ..
      J’ai d’autres occupations…
      C’est du passé!
      Vu ce qui est mis en avant aujourd’hui dans la BD je ne crois que ça intéresse grand monde…
      Pierre Tranchand

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