Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...20 BD jeunesse de 2021 pour faire des heureux pendant les fêtes…
Nous ne sommes pas sortis des vagues pandémiques, mais Noël demeure ce moment magique pendant lequel on peut partager son goût pour le 9e art avec les jeunes lecteurs de nos entourages. Pour vous donner quelques idées de cadeaux, nous vous proposons 20 albums jeunesse. Pour faire simple, nous dressons un rappel de 10 livres que nous avons particulièrement apprécié, auxquels nous ajoutons 10 titres dont nous n’avons pas pu vous parler faute de place dans notre rubrique hebdomadaire.
Commençons cette ultime chronique de l’année par un top 10 des titres déjà traités dans la rubrique jeunesse de notre site. Sélection à la subjectivité assumée que nous vous proposons derechef :
1)     « N.É.O. T1 : La Chute du soleil de fer » par Djet et Maxe L’Hermenier, d’après Michel Bussi.
Michel Bussi est l’un des romanciers français les plus lu. « N.É.O. », son premier roman pour la jeunesse est une dystopie young adult qui a été très vite adaptée en bande dessinée par le duo Maxe L’Hermenier/Djet.
Lire « N.É.O. », c’est découvrir un Paris postapocalyptique uniquement peuplé de bandes de gamins. Cette dystopie nous présente dans un Paris reconquis par la végétation depuis 12 ans, l’affrontement larvé entre deux groupes de gamins que tout semble opposé.
Beaucoup de surprises et de rebondissements dans cette version urbaine et futuriste de « Sa majesté des mouches ». Deux tomes parus en 2021.
2)     « La Princesse guerrière : un conte inspiré du folklore russe »
En 2020, nous découvrions le travail d’Alexander Utkin, le talentueux auteur russe de l’album « Le Roi des oiseaux ». Ce magnifique titre fait honneur au palmarès du Prix jeunesse de l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée). « La Princesse guerrière » prolonge l’univers singulier du Moscovite qui s’inspire des contes du monde slave pour construire des récits longs où ses couleurs chatoyantes illuminent des fables parfois cruelles.
Le travail d’Alexander Utkin est remarquable. Il construit un récit au long cours en entremêlant différents contes du folklore russe autour de la figure mythique de Baba Yaga. Cette vieille sorcière a un comportement équivoque ; elle peut être une adversaire redoutable, mais aussi une donatrice sincère, une meurtrière sans remords et une protectrice qui n’attend rien en retour. L’univers ainsi créé est une d’une grande profondeur, pittoresque, onirique mais aussi parfois inquiétant et d’une grande noirceur.
3)     « La Brigade des souvenirs T1 : La lettre de Toinette »
Après « La Boîte à musique » ou « Dans les yeux de Lya », Carbone scénarise une nouvelle série jeunesse à succès : « La Brigade des souvenirs ». Avec le talent qu’on lui connait, elle réussit le tour de force de rendre crédible les recherches d’adolescents turbulents sur les secrets oubliés de familles qui ne sont pas les leurs. Une nouvelle série intrigante, didactique, et avec ce qu’il faut de suspens pour intéresser jeunes, et moins jeunes, lecteurs. On retrouve dans cette nouvelle série tout autant son talent pour créer des univers réalistes contemporains avec de jeunes héroïnes jamais parfaites, doutant toujours d’elles-mêmes, mais déterminées, que son penchant pour une pédagogie ludique et bienveillante. À la fin de chaque album un dossier de huit pages, abondamment illustré, traite de thèmes abordés dans la partie fictionnelle.
Celui du tome 1 aborde la place des femmes pendant la Grande Guerre, de Marie Curie et Nicole Mangin, première médecin chirurgien sur le front aux marraines de guerre, et aux ouvrières en usine : les munitionnettes. Le dossier du deuxième volume concerne les enfants de la Creuse : ces petits Réunionnais placés de force dans les campagnes dépeuplées de métropole pour lutter contre la désertification de ces territoires. Plus de 2 000 enfants ont été ainsi déportés jusqu’en 1984 !
4)     « Le Château des étoiles T6 : L’Exposition interplanétaire de 1875 »
« L’Exposition interplanétaire de 1875 » est le sixième et dernier volume de la série : « Le Château des étoiles ». Nous retrouvons une dernière fois nos héros dans un univers uchronique : un XIXe siècle qui aurait découvert le moyen de voyager jusqu’à Mars et Vénus, à partir du mystérieux éther. Heureusement, la série parallèle « Les Chimères de Vénus » d’Alain Ayrolles et Jung se poursuivra encore sur au moins deux volumes. « Le Château des étoiles » a su retrouver le goût et la force créatrice des grands feuilletons du XIXe. Concept original, cette uchronie esthétique est devenue, au fil de ces six volumes, un incontournable de la bande dessinée jeunesse.
5)     « La Brigade des cauchemars T5 : Léonard »
Auteur de thrillers à succès tels « La Chambre des morts » ou « Deuils de miel », Franck Thilliez a écrit avec « La Brigade des cauchemars » son premier scénario original de bande dessinée. Depuis 2017, à raison d’un album par an, la série a rencontré un lectorat de plus en plus nombreux ; plus de 100 000 exemplaires vendus, succès renforcé par la reconnaissance critique : Prix des collèges au FIBD d’Angoulême en 2019, nomination pour le grand prix des lecteurs du Journal de Mickey la même année.
La série se compose de cinq albums, cinq aventures complètes qui surprennent car les secrets des uns et des autres sont révélés peu à peu. Chaque volume étoffe ainsi l’intrigue principale autour de la disparition d’Alice, la femme du professeur Angus. Tout commence avec l’invention extraordinaire du couple Angus : une machine qui permet de guérir de cauchemars récurrents.
Nous avons déjà détaillé toutes les qualités du récit de Franck Thilliez ; notamment une construction sans faille sur les cinq albums de la série. L’intrigue principale se dénoue lentement et dans le même temps nous sont révélés les failles, les doutes, la psychologie complexe de personnages tous attachants, tous profondément humains. Ce thriller angoissant est mis en images dans un style souple et expressif par Yomgui Dumont.
6)     « Goldorak »
Eté 1978, il y a 43 ans, il y a une éternité, le grand public en France découvre les dessins animés japonais avec la diffusion de « Goldorak » dans l’émission Récré A2. Énorme succès pour cet anime qui devient vite culte et qui est à l’origine de la vague manga qui submergera quelques années plus tard notre pays. La génération Goldorak devenue adulte n’a pas oublié. En sont issus cinq auteurs reconnus et passionnés qui se sont associés pour la réalisation d’un album remarqué et remarquable au titre simple et cinglant : « Goldorak ».
Il faut lire cette histoire complète comme l’épilogue de la série. Elle est compréhensible, même pour ceux qui n’ont pas vu cet anime des seventies. Ce n’est pas un hommage distancié, mais un véritable hommage au premier degré d’auteurs français, tous nostalgiques de la série, au travail du mangaka. Dans un style graphique éblouissant, aux ambiances sombres travaillées et aux séquences d’action spectaculaires, les auteurs donnent profondeur et maturité aux personnages un peu lisses de la série d’origine. Tous ont vieilli et s’interrogent maintenant sur leurs actions.
Traversé de thématiques contemporaines, notamment sur les migrations et l’accueil des migrants, profondément humaniste, le magnifique album qu’est ce surprenant « Goldorak » est la récompense de quatre ans de travail acharné d’auteurs complets : des amoureux de la série qui ont su sublimer leurs souvenirs dans cette histoire inédite qui n’appelle pas de suite, du moins à court terme. Vous y trouverez le parfum des épisodes mythiques d’il y a près de 50 ans dans un récit intense, moderne, libre, complexe et émouvant. Bref une totale réussite.
7)     « Détective Rollmops »
En 2013, paraît « Détective Rollmops ». Huit ans plus tard, c’est une nouvelle édition augmentée de leur titre le plus populaire que les éditions The Hoochie Coochie mettent sur le marché, peu avant Noël. Une belle occasion de se rattraper pour tous ceux qui ont manqué la première version, car cette bande dessinée jeunesse allie un côté expérimental à des enquêtes policières qui font appel à des jeux de lectures oubapiennes.
Mais qu’est-il raconté dans ce grand album cartonné de 27 sur 36 cm ? Dans un monde imaginaire, le détective Rollmops est un étrange petit être vert à trois yeux : détail utile dans sa profession pour observer les moindres indices sur les lieux du crime. Régulièrement, un courriel vivant de la société Mail Express lui délivre un message avant de s’autodétruire. Il part alors enquêter sur la machine à oublier les cases, l’énigme du clair-obscur, un jeu du pas de l’oie ou un chantier à pliage. Les 11 enquêtes amusées, aux limites du non-sens, de ce détective foutraque sont inspirées par les recherches narratives et graphiques de l’Oubapo (Ouvroir de bande dessinée potentielle).
8)     « Bergères guerrières T4 : L’Abîme »
Il y a quatre ans, Amélie Fléchais et Jonathan Garnier donnaient naissance à l’univers celtique fantastique et médiéval de « Bergères guerrières ». La série est devenue un incontournable de la bande dessinée jeunesses contemporaine. Succès mérité pour une épopée originale, féministe, audacieuse et émouvante. Cette saga fascinante se clôt brillamment dans un dernier volume enlevé, complexe, mais toujours facilement compréhensible. Toutes les intrigues se dénouent, ce qui permet de comprendre les tenants et aboutissants d’un monde demeuré mystérieux jusqu’alors. Jonathan Garnier dénoue un à un les fils d’intrigues entremêlées en restant proche de personnages qui souffrent, qui doutent mais qui agissent.
L’émotion est donc toujours au rendez-vous jusqu’à l’ultime planche d’une épopée féministe intrigante et attachante. Le jury du festival d’Angoulême ne s’est pas trompé en sélectionnant l’album dans la compétition jeunesse 8-12 ans.
9)     « Le Grimoire d’Elfie T 2 : Le Dit des cigales »
La série « Le Grimoire d’Elfie » est une belle réussite de la bande dessinée jeunesse d’aujourd’hui. Nous la devons à des auteurs talentueux qui se sont associés pour bâtir un univers contemporain crédible mâtiné de merveilleux. Christophe Arleston, le créateur prolifique de séries comme « Lanfeust » ou « Ekhö » en a écrit le scénario avec la romancière Audrey Allwett qui s’était déjà essayé à l’écriture pour la bande dessinée avec « Princesse Sara ». Cette feel-good bande dessinée est portée par le graphisme pop tout en rondeurs, expressif et détaillé de Mini Ludvin,
Les thématiques traitées sont donc riches et variées du travail de deuil, à l’acceptation de la différence, du racisme ordinaire au besoin d’inclusion de tous, du côté ambivalent de la famille, à la fois protectrice et étouffante, et de l’amitié à entretenir aux secrets de la vie passée de ses parents. En cette période de fêtes de fin d’année, vous pouvez sans soucis offrir les albums de la série « Le Grimoire d’Elfie » à de jeunes et à de moins jeunes connaissances car on peut lire à tout âge des récits qui allient avec une grâce singulière modernité et nostalgie.
10) « Mickey et les mille Pat »
Le label Glénat/Disney s’enrichit d’un quinzième titre au charme vintage ! Si « Mickey et les mille Pat » respecte l’univers créé par Disney, les auteurs (Jean-Luc Cornette et Thierry Martin) y introduisent une bonne dose d’espièglerie et de rebondissements amusants. Mais comment devient-on un auteur de ce label ? Doit-on proposer un projet ou est-ce réservé à quelques auteurs qui se cooptent ? Peut-on renouveler l’univers codifié des héros de Disney ? Quelles sont les limites imposées à cet exercice de style ? Pour pouvoir intégrer cette prestigieuse entreprise, doit-on être un vieil amoureux transi de « La Belle au bois dormant » et de « Blanche-Neige » ?
 Jean-Luc Cornette, le scénariste de « Mickey et les mille Pat » a bien voulu répondre à ces questions et à quelques autres. Ses réponses sont parues dans cette article.
À ces dix titres nous en ajoutons dix autres dont nous vous recommandons tout autant la lecture…
1)     « Mulosaurus » de Øyvind Torseter
Né en 1972, Øyvind Torseter est l’un des illustrateurs les plus en vu de Norvège. Il a participé à de nombreuses expositions et ses livres ont été primés de nombreuses fois en Europe. Depuis huit ans, les éditions La Joie de lire publient les aventures de Factomule : « Le Trou » « Tête de mule », « Mulysse »,« Factomule, grand thriller politique international » et en cette fin d’année « Mulosaurus ». On y retrouve son héros récurrent Tête de mule qui chercher un squelette de dinosaure géant pour attirer le chaland au Musée d’histoire naturelle.
L’auteur norvégien y fait preuve de toute ses qualités : inventivité de l’intrigue, sens du loufoque et parfois d’un non-sens amusant, pastiche de récits plus sérieux, mais aussi le charme vintage d’un dessin précis, sans afféteries mais avec beaucoup de détails, qui participe à l’humour très second degré de cette bande dessinée destinée à un vaste lectorat, jeune et adulte.
2)     « Le Codex de Théo »
Au collège Saint-Roch, Théo entame son année aux côtés de ses amis Lucie et Paul. Mais ce dernier devient le souffre-douleur du professeur de SVT, ainsi que des autres élèves. Et pour couronner le tout, le trio découvre qu’une mystérieuse confrérie Å“uvre à mal dans les sous-sols de l’école et soupçonne le père de Théo d’être impliqué.
Cette excellente bande dessinée aborde par une fiction, sur un ton souvent léger qui n’est jamais moralisateur, la thématique du harcèlement dans le milieu scolaire. La lecture en est fluide grâce au dessin dynamique de Gyom. De quoi traiter de sujets sérieux comme le mécanisme du harcèlement, ses conséquences sur la personne qui en est victime et bien sûr des conseils pour sortir de ce cercle vicieux. La coscénariste Mylène Lambert est juriste de formation, elle fournit des éléments de réflexion à son comparse Romain Pujol qui lui développe le côté humoristique du récit. Une intrigue finalement équilibrée entre fiction, suspense, humour et un sujet malheureusement toujours d’actualité : le harcèlement.
3)     « Un été à Tsurumaki »
Japon, 19 juillet, au dernier jour de l’école, un enfant qui a le pouvoir de parler aux plantes arrose une jacinthe d’eau dans la classe. Mais ce qui s’annonçait comme le début d’un été apaisé est bouleversé : un incident étrange se produit dans la ville de Tsurumaki et chamboule la vie de ses habitantes…
Le jeune et moins jeune lecteur s’immerge facilement dans un monde fantasmagorique et foisonnant dans lequel des enfants innocents mais débrouillards découvrent des personnages improbables et des paysages chimériques. Le dessin est rond et précis avec mille détails révélateurs. Ce manga à la fois doux et dynamique, surréaliste et amusant, nous en apprend beaucoup sur l’imaginaire et l’humour japonais.
Cet album a été sélectionné pour le prix jeunesse 8-12 ans du FIBD d’Angoulême 2022.
4)     « Lila T6 : Les Anglais débarquent ! »
Aborder les débuts de la puberté avec légèreté, humour et pédagogie, sans être ni graveleux ni niais, n’est pas chose aisée. C’est pourtant la gageure que tiennent Séverine de La Croix et Pauline Roland dans la série « Lila ». Elles modernisent et dynamisent l’approche en bande dessinée de l’entrée dans l’adolescence des jeunes filles, et c’est très bien.
Le scénario de Séverine de la Croix est intelligent, délicat, toujours juste. Il part du journal intime de la pétillante Lila, procédé commun avec l’excellente série « Les Carnets de Cerise », pour introduire des séquences amusées de bandes dessinées sur la vie de Lila et de ses proches mais aussi des fiches didactiques dans un langage accessible pour les plus jeunes sur des sujets variés : « Une foufoune, c’est quoi en fait ? », « Les règles ? » ou « Hymen et virginité », car en jeune fille de son temps, Lila s’imagine dans l’espace dans 20 ans ! Avec une formation de psychologue et de sexologue, Séverine de La Croix sait dédramatiser le sujet délicat de la puberté et de l’arrivée des règles avec des mots simples et une grande justesse dans les termes choisis. Pauline Roland, sa complice de toujours, illustratrice de ses ouvrages pour la jeunesse, apporte son trait rond, expressif parfois jusqu’à la caricature, à cette bande dessinée qui sait rester drôle et légère tout en apportant des réponses sérieuses aux questions les plus intimes que se posent les jeunes filles quand elles quittent le monde de l’enfance pour celui encore mystérieux de l’adolescence qui mène à l’âge adulte.
5)     « Lucien et les mystérieux phénomènes T3 : Sorcière ! »
Le jeune Lucien part avec ses camarades en voyage scolaire dans un vieux château dans un cadre naturel magnifique. Les enfants des ateliers éducatifs sur la biodiversité et l’histoire du domaine et ses légendes. Mais l’ambiance devient électrique quand ils rencontrent la propriétaire qu’ils soupçonnent d’être la descendante d’une ligné de sorcières. Une enquête aux limites du surnaturel commence.
Le couple mayennais Delphine Le Lay/Alexis Horellou nous avait habitués à des récits contemporains documentaires ou à visée sociologique comme « Plogoff » ou « 100 Maisons, la cité des abeilles ». Ils écrivent cette série jeunesse sans rien renier de leurs idées et de leur volonté d’éveiller les consciences à la possibilité d’un autre monde, moins consumériste, moins destructeur de la planète, bref en remettant en cause le dogme du bonheur lié à une croissance sans limite dans un monde libéral.
Sans mièvrerie ni lourdeurs, les auteurs portent un message écologique engagé et cohérent. Pour eux, un autre monde est possible et il faut en convaincre prioritairement les enfants. Le récit fantastique construit par Delphine Le Lay amène le jeune lecteur, à la suite de Lucien, à dépasser certains stéréotypes de genre et à œuvrer pour l’égalité entre les sexes.
6)     « Alice et Simon se posent plein de questions »
À partir du quotidien d’une sœur de huit ans et de son grand frère de 13 ans, le lecteur est amené à se poser des questions sur différents thèmes philosophiques et la pensée de quelques philosophes. Les réflexions de leur chat Socrate jouent le rôle du guide pour les personnages et le lecteur.
Cette bande dessinée propose aux enfants et aux jeunes adolescents de philosopher en s’amusant. Les thèmes comme « Peut-on être heureux sans amis ? » ou « La nature est-elle intelligente ? » sont présentés de manière simple, mais pas simpliste, par la philosophe et praticienne Chiara Pastorini et la scénariste Véronique Grisseaux pour le dessin de Ohazar qui va à l’essentiel.
7)     « Zaza Bizar »
Elisa, huit ans, souffre de troubles du langage et de l’apprentissage ainsi que des railleries de ses camarades de classe qui la surnomment Zaza Bizar. Elle se réfugie dans l’écriture de son journal intime. En se créant un monde imaginaire elle apprend peu à peu à surmonter ses peurs et à dépasser ses révoltes pour s’accepter avec sa singularité.
Un très beau roman graphique qui défend avec force et poésie le droit à la différence. Avec ce journal intime illustré, Nadia Nakhlé trace à la première personne un récit d’apprentissage fort et juste. La dyslexie est évoquée avec douceur et empathie. L’autrice utilise plusieurs styles graphiques, du trait naïf au dessin symbolique, avec un lyrisme jamais démenti.
Une Å“uvre forte et marquante.
8)     « Glouton T4 : La Plaie de la forêt »
La mère de Glouton, prédateur du grand nord canadien, s’installe sur son territoire, une cohabitation qui le désespère car elle surveille son comportement et le surprotège. Glouton risque de perdre sa réputation de dangereux prédateur et de subir les moqueries de ses proies !
Auteur de bandes dessinées parodiques à l’humour corrosif, B-Gnet, Florian Bovagnet dans le civil, se lance avec un talent certain dans la bande dessinée jeunesse avec cette série qui surprendra plus d’un jeune lecteur. Un humour absurde, parfois loufoque, porté par des dialogues percutants les étonnera puis les amusera forcément. Le dessin est simple, très lisible, les personnages se détachent sur des décors enneigés facilement simplifiés. Quelques dessins pleines planches rappellent régulièrement les qualités de précision et de dynamisme d’un auteur facétieux et excellent conteur. Découvert dans le magazine Wapiti, Glouton s’épanouit maintenant dans des albums de 60 pages.
De quoi toucher un vaste lectorat, alléché par ses aventures décalées à l’humour moderne, vif et percutant. La BD jeunesse se renouvelle sans cesse. L’humour de « Glouton » est audacieux, en équilibre, toujours grinçant mais jamais ni mièvre ni trash. Une réussite à saluer comme il se doit.
9)     « Bienvenue à Bizarville »
Dans une ville anglaise bien tranquille, l’inspectrice Jessie et Sid son fidèle adjoint doivent faire respecter un ordre troublé par des phénomènes paranormaux et le comportement étrange de certains habitants. Dans cinq courts récits ils doivent ainsi, par exemples, dormir une nuit dans la chambre hantée d’un vieux manoir, résoudre la disparition du gourou d’une secte de chenilles ou découvrir qui envoie des lettres anonymes à une vedette de la scène de Bizarville.
L’illustratrice londonienne Tor Freeman nous offre ici un condensé d’atmosphère britannique : humour absurde voire nonsensique, enquête à la Sherlock Holmes, traits d’esprit pince-sans-rire. Dans un découpage classique, son trait rond, mais dynamique plonge vite le lecteur au cœur d’un petit monde animalier bien attachant. À conseiller dès dix ans.
10) « Cabot- Caboche »
Jugé trop laid pour être adopté, un chien est abandonné dans une décharge. Gueule noire, une vieille chienne, lui conseille de trouver une maîtresse au plus vite, et surtout de bien la dresser. Le chien fort candide jette son dévolu sur Pomme, une fillette au fort caractère qui s’avère difficile à apprivoiser.
Grégory Panaccione adapte avec beaucoup de talent le roman de Daniel Pennac de 1982. Pas de temps mort dans cette fable drôle et émouvante qui évoque le célèbre dialogue du Petit Prince sur ce que signifie apprivoiser. Avec « Cabot-Caboche », l’auteur confirme son statut de spécialiste du récit canin acquis avec la parution en 2012 de « Toby mon ami ».
Nous terminons cette année 2021 par ce florilège de 20 bandes dessinées à destination des plus jeunes et nous vous donnons rendez-vous pour janvier 2022 pour une nouvelle année de belles découvertes dans un 9e art qui n’oublie pas de rester jeune.
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Laurent LESSOUS (l@bd)
« N.É.O. T1 : La Chute du soleil de fer » par Djet et Maxe L’Hermenier, d’après Michel Bussi
Éditions Jungle (14,95 €) – EAN : 978-2-822-23259-3
« N.É.O. T2 : Un nouveau monde » par Djet et Maxe L’Hermenier, d’après Michel Bussi
Éditions Jungle (14,95 €) – EAN : 978-2-822-23377-4
« La Princesse guerrière : un conte inspiré du folklore russe » par Alexander Utkin
Éditions Gallimard (21,00 €) – EAN : 978-2-07-515948-7
« La Brigade des souvenirs T1 : La lettre de Toinette » par Marko, Carbone et Cee Cee Mia
Éditions Dupuis (12,50 €) – EAN : 979-1-0347-3611-9
« Le Château des étoiles T6 : L’Exposition interplanétaire de 1875 » par Alex Alice
Éditions Rue de Sèvres (14,50 €) – EAN : 978-2-81020-475-5
« La Brigade des cauchemars T5 : Léonard » par Yomgui Dumont et Franck Thilliez
Éditions Jungle (13,95 €) – EAN : 978-2-822-23265-4
« Goldorak » par Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Xavier Dorison
Éditions Kana (24,90 €) – EAN : 978-2-5050-7846-3
« Détective Rollmops » par Olivier Philipponeau et Renaud Farace
Éditions The Hoochie Coochie (17,00 €) – EAN : 978-2-916049-81-6
« Bergères guerrières T4 : L’Abîme » par Amélie Fléchais et Jonathan Garnier
Éditions Glénat (18,50 €) – EAN : 978-2-344-04217-5
« Le Grimoire d’Elfie T2 : Le Dit des cigales » par Mini Ludvin, Audrey Alwett et Christophe Arleston
Éditions Drakoo (15,90 €) – EAN : 978-2-3823-3005-0
« Mickey et les mille Pat » par Thierry Martin et Jean-Luc Cornette
Éditions Glénat/Disney (19,00 €) – EAN : 978-2-344-02961-9
« Mulosaurus » de Øyvind Torseter
Éditions La Joie de lire (24,90 €) – EAN : 978-2-8890-8565-1
« Le Codex de Théo » par Gyom, Mylène Lambert et Romain Pujol
Éditions Kennes (16,95 €) – EAN : 978-2-3807-5495-7
« Un été à Tsurumaki » par Shin’ya Komatsu
Éditions IMHO (14,00 €) – EAN : 978-2-36481-020-4
« Lila T6 : Les Anglais débarquent » par Pauline Roland et Séverine de la Croix
Éditions Delcourt (16,50 €) – EAN : 978-2-36481-022-8
« Lucien et les mystérieux phénomènes T3 : Sorcière ! » par Alexis Horellou et Delphine Le Lay
Éditions Casterman (16,00 €) – EAN : 978-2-203-221772
« Alice et Simon se posent plein de questions »
Éditions Jungle (14,95 €) – EAN : 978-2-8222-3379-8
« Zaza Bizar » par Nadia Nakhlé
Éditions Delcourt (19,00 €) – EAN : 978-2-4130-3961-7
« Glouton T4 : La Plaie de la forêt » par B-Gnet
Éditions Bayard/BD Kids (9,95 €) – EAN : 978-2-4080-3270-8
« Bienvenue à Bizarville » par Tor Freeman
Éditions Sarbacane (13,90 €) – EAN : 978-2-37731-801-8
« Cabot- Caboche » par Grégory Panaccione d’après Daniel Pennac
Éditions Delcourt (19,99 €) – EAN : 978-2-4130-4101-6
Je ne suis pas sûr que le »Goldorak » ait vraiment sa place dans cette liste de titres jeunesse… Disons que cet album très bien travaillé fera davantage plaisir aux plus grands, qui sauront l’apprécier à sa juste valeur…
Bonjour,
Le succès de «Goldorak » s’explique en grande partie par l’attachement des adultes, fans de la série de leur jeunesse mais il plait aussi à des lecteurs adolescents peu au fait de cet anime très seventies.
Bonnes fêtes de fin d’année,
L. Lessous
Merci Laurent ! Bonnes et belles fêtes à vous!
Merci et bonnes fêtes à vous ainsi qu’un joyeux Noël à tous.
Pour rebondir une dernière fois sur «Goldorak », le scénariste Denis Bajram reconnait, sur sa page facebook, que beaucoup d’enfants ont adoré l’album mais qu’il s’adressait en priorité : « aux enfants que nous étions en 1978. Ceci explique peut-être un peu cela.».
Encore une fois je vous souhaite un joyeux Noël et en ce jour dédié aux cadeaux pour les plus jeunes, pensez aux beaux ouvrages de bande dessinée pour la jeunesse
L. Lessous.