« Blake et Mortimer T28 : Le Dernier Espadon » : l’océan fantastique des parutions jacobsiennes !

Apparus dans le journal Tintin le 26 septembre 1946, Blake et Mortimer célèbrent leurs 75 ans de carrière au service du Royaume-Uni. Pour l’occasion, Dargaud a vu les choses en grand : une nouvelle suite au mythique « Secret de l’Espadon », concoctée par un Jean Van Hamme bousculant malicieusement les codes, mais aussi des rééditions vintage, de multiples produits dérivés et une exposition dédiée à Bruxelles ! Ce sans compter les variantes éditoriales aux couvertures alternatives et d’autres ouvrages luxueusement réalisés… Tour de piste de cet univers so british qui n’en finit plus de faire décoller notre imaginaire.

75 ans, ça se fête ! (logo officiel Dargaud et Blake & Mortimer 2021).

Trois couvertures devenues des classiques de l'aventure (Dargaud et Blake & Mortimer 1984-2021).

Marqué par la Seconde Guerre mondiale, l’expansionnisme japonais, les innovations technologiques et les terrifiants bombardements atomiques de 1945, Edgar P. Jacobs lance dès 1946 ses héros dans l’anticipation d’un troisième conflit mondial. Outre la myriade de rebondissements vécus par Francis Blake (capitaine de l’Intelligence Service) et par Philip Mortimer (physicien nucléaire), c’est bien le déploiement graphique et science-fictionnel de l’Espadon qui allait le plus fortement marquer des générations de lecteurs. Donnant son titre à cette odyssée guerrière introductrice, laquelle sera publiée en deux albums par Le Lombard (1950 et 1953), rééditée en intégrale (1964), puis reformulée en trois tomes aux éditions Blake et Mortimer (1984 à 1986), l’Espadon est un avion à réaction submersible, supersonique et radiocommandé, capable d’emmener des missiles atomiques. Partie d’une base résistante secrète camouflée au Makran, près du détroit d’Ormuz, une escadrille d’Espadons permettait in fine de terrasser Basam-Damdu, empereur asiatique mégalomane établi au Tibet. En 2018, le scénariste Yves Sente franchit le pas en proposant le diptyque « La Vallée des immortels », première suite au « Secret de l’Espadon » efficacement dessinée à quatre mains par le duo néerlandais Teun Berserik-Peter Van Dongen. Après « Le Cri du Moloch » (second épisode donné, cette fois-ci, à la suite de « La Marque jaune » par Jean Dufaux, Christian Cailleaux et Étienne Schréder ; novembre 2020), Jean Van Hamme relève donc le défi d’inscrire une autre suite à l’aventure introductrice. Un album qui vient inévitablement s’inscrire dans la chronologie interne de la saga, de plus en plus resserrée au rythme des publications annuelles.

Une chronologie sans cesse revisitée.

Jacobs, un maître de la composition et des couleurs (Dargaud et Blake & Mortimer 2021).

Âgé de 7 ans et demi en 1946, Van Hamme avait découvert « Le Secret de l’Espadon » dans Tintin, au rythme de la parution feuilletonesque hebdomadaire, achevée le 8 septembre 1949. Entre 1992 et septembre 1996, suite au rachat par Dargaud des éditions Blake et Mortimer et du studio Jacobs, la notoriété et le talent de l’auteur l’amenèrent à concevoir le très réussi « L’Affaire Francis Blake » (T13). Ce premier album de la reprise post-Jacobs, magnifié par le dessin exemplaire de Ted Benoît et résultant de trois années de labeurs, est transformé en un triomphe éditorial avec 615 000 exemplaires vendus. Van Hamme récidive avec « L’Étrange Rendez-vous » (T15 ; dessin par Ted Benoît) en 2001, puis le diptyque « La Malédiction des trente deniers » (T19 et T20 ; dessin par René Sterne, Chantal de Spiegeleer et Antoine Aubin) en 2009-2010. Désireux de jouer avec les codes et de pousser les curseurs, Van Hamme cède à l’aimable défi de son épouse Huguette : concevoir un nouvel album où il pourrait en définitive régler quelques comptes avec Jacobs. À savoir : Mortimer est perpétuellement présenté comme « le génial et célèbre inventeur de l’Espadon », mais un savant – à la morale irréprochable… – accepterait-il aussi aisément le statut de « célèbre créateur de la bombe H » ? Autres temps, autres sujets de préoccupations : si la série baigne dans l’atmosphère old school des années 1950, la trame scénaristique doit aussi parler aux lecteurs du XXIe siècle, dont ces habitués de la série, en droit de s’interroger dorénavant sur quelques points demeurés obscurs. Que sont ainsi devenus les mythiques Espadons après le conflit mondial de 1946 ? Comment fonctionnent au juste ces appareils révolutionnaires ? Mortimer lui-même n’est-il pas hanté par les terribles souvenirs de l’apocalypse nucléaire infligé à ses adversaires ? Reprenant (à l’instar de Jacobs) un arrière-plan géopolitique bien réel, Van Hamme répond plus ou moins directement à ces questions en installant son scénario dans le contexte de la scission de l’Inde et du Pakistan en 1947. Devenus souverains, ces états veulent se débarrasser de la base souterraine britannique de Makran, dans laquelle sommeillent cinq Espadons. La base britannique de Scaw-Fell, reconstruite, est prête à les accueillir, mais cette opération militaire donne des idées à certains… Dont le machiavélique Olrik !

Planches 1 et 2 pour « Le Dernier Espadon » (Blake & Mortimer 2021).

Des héros plus torturées qu'à l'accoutumée... (planche 9 - Dargaud et Blake & Mortimer 2021).

Mélangeant complot de l’IRA contre l’Angleterre, ex-nazis revanchards, engins atomiques susceptibles de tomber entre de mauvaises mains, traits d’humour, seconds rôles connus et personnages inédits (dont l’émancipée Miss Morrisson, secrétaire de Blake ne mâchant pas ses mots), le scénario de Van Hamme fourmille de situations clins d’œil et d’habiles retournements de situation. Entre gimmicks inhérents à la saga et réelles innovations, « Le Dernier Espadon » illustre surtout la délectation des auteurs à jouer avec leurs personnages vedettes, rendus ici plus humains que jamais. Pour la partie graphique, les dessinateurs se sont de nouveau partager le travail avec une méticulosité qui laisse pantois : bien malin qui détectera par exemples les planches de Teun Berserik (pages 3 à 5, 8-9, 12-13 ou 23-25) de celles de son complice (pages 6-7, 10-11, 14 à 22, 26 à 28, etc.). Travaillant au plus près du style initial de Jacobs, au format 30 x 40 cm, avec un encrage plus épais, les bédéastes se seront également partagés la réalisation des diverses couvertures. La version classique, présentant un Espadon émergeant de la Tamise à proximité du Tower Bridge londonien (visuel qui n’est pas sans rappeler les jaillissements ou surgissements similaires, en couvertures des T1, T3, T7 et T11 de la série) est dessinée par Teun Berserik. Celles de la version bibliophile (Mortimer grimpant dans la carlingue d’un Espadon ; hors-textes), du coffret Canal BD (Mortimer dans la base souterraine ; album classique et carnet de croquis ; 4 320 exemplaires) et du tirage Fnac (course poursuite dans le désert ; tirage limité et cahier graphique de 8 pages) par Peter Van Dongen, auteur également coloriste de l’ensemble de l’album.

Recherches pour la couverture et versions alternatives.

Version bibliophile (crayonné).

Version Canal BD (encrage)

Recherche crayonnée pour la couverture de la version Fnac.

Version Fnac.

Conjointement à cette parution très attendue, le 19 novembre verra aussi ressurgir en librairie « Le Secret de l’Espadon », sous la forme de deux tomes reprenant les pages initialement parues dans Tintin. Rappelons que les 18 premières planches avaient été amplement remaniées par Jacobs avant leur parution en album. Reprenant les couleurs et textes d’origines, ces deux volumes sont tirés chacun à 6 000 exemplaires et agrémentés d’un dossier de documents inédits, piloté par Daniel Couvreur.

Un Espadon de retour aux sources ! (Dargaud et Blake & Mortimer 2021).

Afin de s’immerger dans les coulisses de cette nouvelle aventure comme dans celles du récit fondateur (144 planches qui préfigurèrent la densité du roman graphique), les commissaires Daniel Couvreur et Eric Dubois vous proposent de visiter l’exposition anniversaire « Le Secret des Espadons ». Installée au Musée de la BD de Bruxelles jusqu’au 16 avril 2022, cette dernière s’illustre en planches, croquis, objets et accessoires, tout en donnant vie (grâce à la réalité augmentée sur smartphone) aux cases et à leurs personnages. L’occasion, aussi, de voir les planches et illustrations originales liées au nouvel album.

Storyboard pour la planche 58 du « Dernier Espadon ».

Crayonnés et planches pour « Le Dernier Espadon » (sources : Centaur Club).

Hors-série en kiosque, biographie, pin’s, tableau de collection, cartes à jouer, pièces (belges) et médailles commémoratives, album collector unique luxueusement préparé par Laurent Hennebelle (ouvrage comprenant une dédicace manuscrite de Jean Van Hamme, des dessins originaux de Teun Berserik et de Peter van Dongen, un tiré à part en digigraphie et un cahier graphique supplémentaire de 7 pages), rien ne manque pour célébrer les 75 ans de la série (voir l’article d’Henri Filippini). Last but not least (nous vous en reparlerons en décembre), à l’instar de « La Marque Jacobs » (Rodolphe et Louis Alloing, Delcourt 2012), une nouvelle biographie dessinée d’E.P. Jacobs sera cependant publiée… chez Glénat ! Baptisé « Le Rêveur d’apocalypses » par François Rivière et Philippe Wurm, le résident du Bois des pauvres (dont la maison fut tristement détruite après la propre disparition de l’auteur en 1987) s’y dévoilera au travers de nombreuses anecdotes et entretiens livrés de son vivant. Là encore, pas moins de trois éditions différentes seront proposées, dont une version luxe enrichie d’un dossier documentaire et critique très dense.

Tableau de collection réalisé par Akimoff Collections (59 exemplaires n°/signés), à partir des illustrations de la version bibliophile du « Dernier Espadon ».

Plongeant dans la fantasmagorie des univers de Jacobs, d’autres poursuivent aujourd’hui ses mémorables aventures : à commencer par Jean Van Hamme, bien décidé à livrer prochainement une suite au tout premier album du maître, « Le Rayon U ». Dessinées par Étienne Schréder et Christian Cailleaux, les 43 planches de « La Flèche ardente » (dont Van Hamme a dévoilé de nombreux détails dans le n° 29 de la revue Les Amis de Jacobs datée de juin 2021) devraient voir le jour fin 2022. À la même période, Jean-Luc Fromental, José-Louis Bocquet et Antoine Aubin livreront le prochain « T29 : Huit heures à Berlin ». Après avoir livré leur propre prequel au « Secret de l’Espadon » (« T23 : Le Bâton de Plutarque », paru en 2014), Yves Sente et André Juillard Å“uvrent sur le « T30 », aventure de Blake et Mortimer située dans les Cornouailles et encore non titrée, prévue en 2023, tandis que Floc’h, autre maître de la ligne claire, a lui-même avoué récemment avoir également accepté le défi de la réalisation d’un album. Un océan de productions en devenir, dont l’Espadon ne semble être que le poisson pilote !

Planche crayonnée par Antoine Aubin pour « Huit heures à Berlin ».

Philippe TOMBLAINE

« Blake et Mortimer T28 : Le Dernier Espadon » par Teun Berserik, Peter Van Dongen et Jean Van Hamme

Éditions Blake & Mortimer (15,95 €) – EAN : 978-2870972854
Édition bibliophile (24,99 €) – EAN : 978-2870973042
Édition coffret Canal BD (25,95 €) – EAN : 3701167182055
Édition Fnac (16,95 €) – EAN : 978-2870973059

Parution : 19 novembre 2021

Galerie

17 réponses à « Blake et Mortimer T28 : Le Dernier Espadon » : l’océan fantastique des parutions jacobsiennes !

  1. Philippe Wurm dit :

    Très bel article qui couvre la pléthore de sorties sur et autour de l’univers passionnant du Maître du Bois des Pauvres. A propos de ce lieu, je voudrai ajouter une précision, je ne crois pas que la maison de Jacobs a été détruite dans les années 2010. Les informations que j’ai recueillies évoquent plutôt les années 80. Et sur le site, la construction qui remplace la maison de Jacobs semble bien avoir été construite il y a une trentaine d’années.

    • Philippe Tomblaine dit :

      Merci Philippe pour votre commentaire. J’ai effectivement modifié la datation liée à la maison où Jacobs vécut entre juin 1955 et février 1987. La destruction doit dater j’imagine du début des années 1990.

      • Philippe Wurm dit :

        En fait je connais un voisin de la maison de Jacobs. A l’époque il habitait chez ses parents qui avaient une maison à 100 m de celle du père de Blake et Mortimer. Ce jeune homme a « visité » la maison vide. Il m’a formellement dit que la maison a été détruite quelques mois après le décès de l’auteur. C’est l’héritière d’une entreprise de biscuits Belge qui a racheté le grand terrain et y a mis une habitation de même genre mais plus grande et toute neuve.

        • Philippe Tomblaine dit :

          Des précisions très intéressantes. une grand merci, Philippe, pour cet apport documentaire et historique. A quand un Musée Jacobs honorant l’auteur à sa juste mesure ?

  2. Diddu dit :

    Pléthore de publications, auxquelles il convient de ne pas oublier la réédition de l’Aventure immobile de Didier CONVARD et André JUILLARD, initialement parue dans la collection Le dernier chapitre, ainsi que la Fiancée de Septimus, écrite par François RIVIERE et illustrée par Jean HARAMBAT, deux beaux ouvrages déjà parus.

    • Tomblaine dit :

      Nous n’avons pas oublié ces belles parutions. Henri Filippini les avait simplement déjà évoquées dans un précédent article, dont le lien est indiqué dans la présente chronique.
      Amicalement.

  3. Bonsoir
    Le site de Glénat et les librairies en ligne n’annoncent que deux versions du « Le Rêveur d’apocalypses », une « normale » en quadri et une « luxe » en noir avec un plus grand appareil de documents.
    Avez-vous des infos sur une troisième version ?
    Merci
    fred

  4. Raoul Scheins dit :

    Bonjour à tous,

    Mon avis sur le dernier espadon sera moins dur que pour les albums scénarisés par Sente. Le dessin est plus Blake et Mortimer que Julliard ou Cailleaux mais on est quand même à des années lumière de la perfection d’Aubin (mais lui ne « pond » pas un album dessiné en moins d’un an ceci expliquant cela). Le scénario de Van Hamme est habile quoique je suis toujours aussi réticent à l’utilisation de vilains nazis (c’est tellement tarte à la crème) alors que Jacobs avec son uchronie de l’empire jaune permettait d’imaginer des rescapés dudit empire qui auraient pu aussi vouloir se venger de la Grande-Bretagne avec un peu plus d’inattendu. Par contre, mettre plus de soixante pages pour terminer l’intrigue sur un énorme pétard mouillé (je n’en dis pas plus) est une énorme déception pour ma part… Au final je donne (en toute fatuité je sais) 6,5/10 à l’ensemble (c’était 3/10 pour moi pour le dyptique « la vallée des immortels » donc c’est mieux).

    Bonne découverte à tous…

  5. Fran6 dit :

    J’ai suivi la collection des B&M post Jacobs en pointillé. Si les différents dessinateurs font en général un travail estimable, les scénarios ne sont pas toujours au niveau, quand ils ne frisent pas le ridicule (Le testament de William S. d’Y. Sente par exemple-alors que son Bâton de Plutarque était plutôt réussi-)…
    C’est pourquoi j’étais assez dubitatif avec J. Van Hamme au scénario d’autant que L’affaire Francis Blake était loin d’être convaincant (qui pouvait croire à la trahison de Blake ?).
    Or l’histoire du Dernier Espadon est un petit bijou de fluidité et d’inventivité bien servi par le dessin sans esbrouffe de Berserik-Van Dogen. Je pense que l’habile contextualisation du récit dans la lignée du Secret de l’Espadon est un atout non négligeable.
    L’autre aspect intéressant est la modernisation du scénario avec des meurtres montrée de façon explicite et une scène de sexe suggérée mais bien réelle et qui s’insère logiquement dans l’histoire.
    En conclusion, bonne pioche !

  6. Denis G. dit :

    Bonjour à tous

    Après lu l’article et les divers commentaires, je trouve l’ensemble étonnamment indulgent.
    Le scénario est très faible et n’est pas du tout crédible. Tout le travail d’E.P. Jacobs était fondé sur cette crédibilité, même au prix parfois d’une certaine lourdeur explicative, mais les scénarios se tenaient.
    Je rejoins tout à fait Raoul Scheins sur les points qu’il évoque dans son commentaire, hormis sur la note finale que je fixerais nettement plus bas.
    On ne peut pas laisser dire que le dessin est parfait. Je ne citerai que les pages 38 et 39 par exemple qui sont horribles (la grande case 1 page 38 : le dessin de Razul recevant le coup de pied de Mortimer est absolument immonde. Quant à la tête du cheval…..). La page 61 est plus qu’un pétard mouillé, c’est tout simplement clownesque et indigne d’un Jean Van Hamme qui se respecte. Ou alors nous sommes passé à l’autodérision assumée…
    Quand on lit des articles sur la façon dont les scénarios seraient validés, examinés et décortiqués par l’éditeur, on reste pantois devant la chute de cet Union Jack et de l’histoire !….60 pages pour en arriver là !…
    Je doute fort que Jacobs aurait laissé passé une telle ineptie.
    Pour conclure, je dirai comme beaucoup, que le Dernier Pharaon est beaucoup plus respectueux de l’oeuvre que le Dernier Espadon.

    Bien à vous toutes et tous

  7. L’oeuvre de Jacobs n’est absolument pas respectée et c’est désolant d’assister à ce pillage. Des vautours dépeçant. Triste.

  8. Bonjour à toutes et à tous Quelques mots sur l’edîtion vintage du ( Le secret de l’espadon ) tome 1 ,pour m’indigner des phylactères parfois manuscrites,soit en caractères d’imprimerie.C’est vraiment dommage si les épisodes hebdos du journal Tintin sont parus ainsi ,ça gâche la première édition en version originale .Le tome 2 quant à lui est à tous les points de vue parfait,dans la retranscription du scénario,en caractères d’imprimerie unique. ment.Enfin quel bonheur de lire en version intégrale les toutes premières aventures des deux héros que sont Blake et Mortimer , entrés au panthéon du neuvième art,Merci aux éditions Blake & Mortimer,

    • Erik A. dit :

      Si on observe les planches parues chaque semaine dans les exemplaires de « Tintin » des années de la parution de « l’Espadon », on constatera que le lettrage est tantôt manuscrit tantôt en caractères d’imprimerie effectivement de différentes tailles désagréables à l’Å“il. On a ça aussi dans « Alix » et d’ailleurs pas mal d’autres séries de cette période, j’ignore les raisons « techniques » qui ont prévalu à cette façon de faire d’alors. Je n’ai pas ces versions d’albums « vintage » mais s’ils ont repris les pages dans le journal, j’imagine qu’ils ont en effet conservé le lettrage tel quel.

  9. Fred dit :

    Bonjour
    Il me semble que le choix, c’est-à-dire le parti pris éditorial de cette collection, est tout simplement de restituer pour le public (d’accord, un certain public…) les versions originales de Jacobs telles que prépubliées dans Tintin. Point barre.
    Si un acheteur décide d’y accoler le terme « vintage », avec sa définition propre de ce qui est vintage et surtout de ce que devrait être un produit vintage, il y a un gros risque de malentendu, et d’indignation malavisée.
    C’est un parti pris historique qui choisit de montrer un « Ã©tat » de ces planches, avant que Jacobs ne les reprenne en partie et que les technologies de prépresse et d’impression ne permettent de produire des modifications substantielles considérées par certains comme des améliorations, par d’autres comme de nouveaux états de l’art. Hergé étant le parangon de cette remise en permanence de l’ouvrage sur le métier.
    Donc, je partage la satisfaction que les éditions B&M nous offre ce plaisir… qui n’en est un que si l’on acquière le produit en connaissance de cause.

  10. Bonjour
    Certes, cher Fred, le quatrième de couverture plébiscite les oeuvres d’auteurs tel que Hergé, Martin, et bien entendu Jacobs : c’est pourquoi je m’attendais à plus de rigueur de la part d’un génie tel que Jacobs, mais je suppose que livrer une planche par semaine, malgré tout son talent, été un travail titanesque et qu’il n’avait pas le temps de s’occuper du lettrage, et déléguer la charge à quelques tâcherons assignés pour pouvoir respecter les délais d’impression et de parution.

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