Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Tome 6 de l’intégrale « Valhardi » : un final signé René Follet !
Cette dernière intégrale des aventures de Jean Valhardi, le gentleman détective créé en 1941 dans Le Journal de Spirou, était attendue depuis longtemps. Rassurez-vous, cet ultime ouvrage est à la hauteur de notre impatience. Concocté par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, passés maîtres en la matière, cet opus est avant tout un vibrant hommage à un grand de la BD disparu le 14 mars dernier : René Follet.
Joseph Gillain (alias Jijé, 1914/1980), alors homme-orchestre de l’hebdomadaire Spirou, crée Jean Valhardi en 1941 à partir d’un scénario signé Jean Doisy.
L’aventureux Jijé parti avec femme et enfants (mais aussi André Franquin et Morris dans le coffre) pour un long périple aux États-Unis, le personnage poursuit ses enquêtes sous le crayon d’un autre dessinateur génial de l’hebdomadaire : Eddy Paape, lequel s’adjoint au scénario, par la suite, le brillantissime Jean-Michel Charlier.
Jijé, de retour en Belgique, reprend son héros en 1956, continuant ses aventures jusqu’en 1965 aidé par son fils Philippe (qui signe Philip) au scénario et Guy Mouminoux au dessin.
Il faudra attendre 15 longues années pour retrouver celui que l’on avait amicalement baptisé le premier des ADS (Amis de Spirou).
Dans leur imposant dossier de 60 pages, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault évoquent dans le détail cette reprise confiée par le rédacteur en chef Alain De Kuyssche à l’un des plus doués de nos créateurs : René Follet (1931/2020).
André-Paul Duchâteau, décédé lui aussi il y a peu, est le scénariste d’un récit complet de mise en bouche en huit pages (dans Spirou n° 2249 et 2250, en mai 1981) : « Le Dossier X ».
Il est suivi par une longue aventure en 44 pages : « Le Naufrageur aux yeux vides » (Spirou n° 2324 à 2335, d’octobre 1982 à janvier 1983).
L’histoire, fort classique, écrite par l’auteur de « Ric Hochet » évoque une arnaque au naufrage bidon sur laquelle enquête Valhardi qui, comme ses vieux lecteurs le savent, est détective pour une compagnie d’assurance.
Grand admirateur de Jijé qu’il a rencontré alors qu’il débutait et de « Jean Valhardi » qui a enchanté son adolescence, René Follet propose, en virtuose du pinceau, des pages dynamiques où évolue avec aisance le héros de ses jeunes années. Pour la seconde et dernière longue aventure initiée par Philippe Vandooren, nouveau rédacteur en chef de l’hebdomadaire, René Follet demande à son ami Jacques Stoquart (1931/2018) d’écrire un scénario qu’il aurait plaisir à dessiner. « Un gosse à abattre » permet à Valhardi de retrouver un nouveau Jacquot : Thomas, témoin involontaire du sabotage d’un barrage, traqué par de dangereux malfaiteurs. Un épisode campagnard comme il les aime et non citadin, comme c’était le cas pour le précédent. Publiée en quatre chapitres copieux dans Spirou en 1984 (n° 2420 à 2423), cette histoire marque la dernière apparition du héros dans les pages du journal.
Bien que n’offrant qu’une centaine de pages de bandes dessinées, cette intégrale, dont la maquette soignée est signée Philippe Ghielmetti et Léa Ellinckhuÿsen, se savoure avec délectation.
D’autant plus que la réédition des œuvres de René Follet a trop souvent été limitée aux initiatives de petites structures éditoriales. René Follet qui, tout au long de sa carrière de plus de 70 années, est passé de l’illustration à la bande dessinée sans jamais parvenir à choisir : ce dont ses admirateurs ne se sont jamais plaints, tant il excellait dans les deux disciplines. (1)
Signalons que cet ouvrage propose un projet de scénario écrit par Alain De Kuyssche, ainsi sue « Le Huitième Indice » : une nouvelle qu’il avait signé Miguel Ramis dans Spirou, en 1981. Bien entendu, le dossier est illustré de documents souvent inédits, photos, planches, illustrations, crayonnés, couvertures…
De quoi se régaler les yeux !
Un ouvrage de 192 pages qui clôt de belle manière une série de 6 dont on ne peut que vous recommander l’acquisition.
Henri FILIPPINI
(1) Sur René Follet, voir Décès d’un grand artiste : René Follet ! et Suite de l’hommage à René Follet !.
« L’Intégrale Valhardi T6 : 1981-1984 » par René Follet, André-Paul Duchâteau et Jacques Stoquart Â
Éditions Dupuis (35 €) – EAN : 979 1 0347 4775 7
 Â
A propos des intégrales Dupuis, savez vous ce qui se passe avec celles de Lucky Luke, pourquoi la sortie du tome 4 est-elle si longue?
Bonjour !
Il semblerait que l’affaire soit compliquée : d’ailleurs, nos amis Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault n’ont jamais été très disert sur le sujet.
Comme ils nous lisent régulièrement, peut-être pouvons-nous espérer qu’ils nous donnent quelques nouvelles (bonnes ou mauvaises) concernant la publication de ce quatrième tome, à défaut d’explications sur le pourquoi de cette longue attente.
Bien cordialement
Gilles Ratier
Oui, espérons. Merci pour vos réponses toujours promptes!
Le prochain volume est prévu pour le printemps prochain.
Si j’ai bien compris, il y a eu de vives négociations sur les droits d’auteur côté Goscinny.
Eh oui! On arrive aux albums scénarisés par le grand René… D’où certainement d’intenses bagar… je veux dire d’intenses discussions
Nous n’avons pas d’infos relatives à la sortie de l’intégrale 4 de Lucky Luke quant à nous, hélas.
en attendant ce tome 4 si attendu, lisez donc mes dossiers au sein de la version proposée par Hachette Collections : à chaque opus (2 par mois), un dossier inédit truffé d’infos et de chouettes visuels !