Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...Pierdec : classique et réaliste… (première partie)
Pierre Decomble, alias Pierdec, a réalisé des milliers de pages pour ce que l’on appelait, alors avec une certaine condescendance, les illustrés… ou encore la presse des jeunes. Il a pourtant parcouru l’Histoire, foulé toutes les routes de la planète, croqué les grands de ce monde d’hier à aujourd’hui de son trait réaliste et classique reconnaissable au premier regard. Ce portrait entend rendre justice à ce créateur talentueux, boudé comme bien d’autres par certains historiens de la bande dessinée…
Pierre Decomble est né le 7 juin 1920 à Toulouse, où il décède le 3 juillet 2006.
Bien que souhaitant vivre de son crayon, ses parents lui font suivre des études de droit.
Son diplôme d’avocat en poche, il gagne Paris en 1946, non pas pour exercer cette profession, mais pour tenter d’y réaliser son rêve : devenir dessinateur.
Alors qu’il n’a jamais suivi de cours de dessin, ses copieux dossiers lui permettent d’obtenir quelques travaux. Il réalise des albums de coloriages, des cahiers de devoirs de vacances, et même une méthode de tricot.
Il aborde la bande dessinée en 1947, en livrant deux récits complets pour la Collection Vaillance des éditions Marcel Daubin : « Un trésor s’évade » (n° 24) et « Les Pirates sous-marins » (n° 28).
Après de très brèves collaborations aux hebdomadaires Jeudi matin, Pierrot, Lisette…, il entre à la Maison de la Bonne Presse en 1949.
Le rédacteur en chef de Bayard, le père André Sève (par ailleurs scénariste de « Thierry de Royaumont » pour Pierre Forget sous le pseudonyme de Jean Quimper) lui apprend les bases du métier.
Sa première courte bande dessinée à suivre, « Les Troubadours de St Damien », est réalisée à l’ancienne, avec les textes placés sous les images : elle commence dans le n° 152 du 31 octobre 1949.
Conseillés par leur brave grand-mère, des enfants préparent un spectacle dans le cadre champêtre de St Damien.
Quelques semaines plus tard, le jeune dessinateur occupe la première page de l’hebdomadaire avec une véritable bande dessinée : « Mission au Kiang-Si », qui débute dans le n° 199 (24/09/1950).
Ce récit de 33 pages, situé en Chine, a pour héros le père Wathe : un missionnaire qui aide les paysans à combattre un mandarin ennemi des chrétiens.
Avec « Pirouli visite le zoo », lancé dans le n° 206 (12/11/1950), Pierdec publie la première double page d’une série plus ou moins régulière, laquelle lui permet d’exprimer sa passion pour le dessin animalier. Les dernières pages paraissent en 1955 : année où la Maison de la Bonne presse les réunit dans un album.
On lui doit aussi l’adaptation d’un film américain : « Quand les vautours ne volent plus », publiée du n° 318 (04/01/1953) au 348, l’histoire mouvementée de la création d’une réserve en Afrique. Elle permet encore au dessinateur de mettre en scène les animaux sauvages qu’il affectionne.
Il dessine à l’ancienne, en 1954, « Un martyr de Corée » écrit par Claude Marin, puis sous forme de BD : « Les Prospecteurs du Xingu » (scénario de Tony Diaz), à partir du n° 465 (30/10/1956).
Il inaugure la nouvelle formule de Bayard avec une vie de Mozart (01/07/1956) qui se termine au n° 25.
C’est sa dernière participation à ce journal dans lequel il a régulièrement publié des illustrations de nouvelles et de romans : « L’Expédition du Kon-Tiki » de Thor Heyerdahl (n° 291 à 327) et « Anders dans les glaces » de Per Weage (n° 426 à 445).
De Bayard à Bernadette, il n’y a qu’une cloison qui sépare les deux rédactions.
Il faut peu de temps à Pierdec pour se faire embaucher par l’hebdomadaire destiné aux fillettes.
Il y illustre des nouvelles et des romans : « Corsica » de Jean Rosmer en 1950, « La Nuit sans lune » de Christiane Aimery en 1952… et bien plus tard « L’Enfant du fleuve » de L.N. Lavolle en 1963.
Il commence par réaliser une cinématique (doubles pages bicolores richement illustrées sans bulle) : « Le Monstre des abîmes » écrit par Henriette Robitaillie à partir du n° 161 (02/01/1950).
Ces pages seront réunies, en 1951, dans l’album n° 45 de la collection Cinématic.
Entre 1952 et 1971, il dessine plusieurs histoires à suivre le plus souvent à thèmes historiques.
Citons, par exemple, « La Vie de Savorgnan de Brazza » à partir du n° 284 (11/05/1952), « Tombée du ciel » d’Albert Bonneau du n° 372 (17/01/1954) au n° 387, « La Découverte de la Terre » à partir du n° 474, « Mapéro des Grands Lacs » écrit par Geneviève de Corbie à partir du n° 141 de la seconde série (08/03/1959), « Delangle et La Pérouse » avec Henriette Robitaillie.
Enfin, il illustre trois évocations de vies d’hommes célèbres avec Geneviève de Corbie au scénario : « Marco Polo » du n° 195 (01/01/1960) au n° 224, « René Caillé » à partir du n° 237 et enfin « Roald Amundsen » du n° 60 au n° 71 de la troisième série.
Tout au long de ces années, il met en images une vingtaine de récits complets écrits par Henriette Robitaillie, André Chosalland, Isabelle Gendron… (« À la recherche de Livingstone », « Madeleine Harlouin », « La Vocation d’Hélène », « La Neuvaine d’Ibrahim »…). Pierdec quitte les pages de Bernadette, devenu Nade, lorsque le journal fusionne avec Lisette en novembre 1964.
Comme beaucoup de ses confrères de la Bonne Presse, Pierdec démarre une longue collaboration avec les éditions de Fleurus : catholiques, elles aussi, mais rivales.
Ses premiers dessins sont proposés dans Fripounet et Marisette, dès 1951.
Il illustre « Hurruguec le naufrageur » : un roman de R. D’Arnould publié du n° 1 au n° 24 de l’hebdomadaire.
Toujours dans le même domaine, il illustre « L’Ours » de Hélène Millet en 1955, « Le Blockhaus sur la colline » de McClau en 1956, « Le Secret de la dune bleue » de G. Travelier en 1959…
Il réalise régulièrement des couvertures jusqu’en 1966 et des illustrations jusqu’en 1962.
Ce qui ne l’empêche pas de livrer de nombreux récits complets, de 1956 à 1969, écrits par Rose Dardennes, Henriette Robitaillie, May d’Alençon, Guy Hempay, Claire Godet, Monique Amiel…
Pas loin d’une cinquantaine d’histoires d’une à trois planches.
Il aborde avec aisance tous les genres : « Traqués par les loups », « Lumières de Noël », « Le Lion de Brocéliande », « La Chasse au dahu », « Noël en Corée », « Rik Van Looy », « Lionel Terray », « Roger Bambuck »… et le dernier : « Albert Issartel », publié dans le n° 29 de 1969.
On lui doit aussi plusieurs récits à suivre dès 1952 (« Les Prisonniers du silence », « Émile Coupet, paysan de France »…),
et surtout entre 1965 et 1969. Il dessine sept histoires dans le genre western sans héros récurrents écrites par Georges Fronval, un spécialiste du genre : « La Mine de Sonora-Valley »,
« L’Étalon blanc », « Western Union », « Alerte au chemin de fer », « Les Aventuriers du Rio Grande », « Le Placier de la dernière chance »…
Il quitte Fripounet en 1969, son trait réaliste devenant trop classique en des temps où la modernité était plus de rigueur.
À suivre…
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts et mise en pages : Gilles RATIER
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Pour Gwenaël et Gilles, sachez mes petits camarades que j’ai connu brièvement Pierdec, étant ami avec son frère Gérard, vitrailliste rue du Canal à Limoges. Bon souvenir.
Monsieur Pierdec, était un homme délicieux et très attentionné aux autres.
Toujours élégant.
Ses nombreux carnets de croquis, qu’il conservait dans une grosse armoire, regorgeaient de dessins somptueux et savoureux, très vivants et éclatants.
Merci monsieur Filippini pour ce bien bel hommage. Vivement la suite…
Voici ce lien pour prolonger le plaisir :
http://pierdec.blogspot.com
le frère de Pierdec était prénommé André
Merci pour cette précision !
Bien cordialement
La rédaction
C’est vrai qu’il s’appelait André. Pourquoi l’avoir baptisé Gérard ? Mille pardons à mon voisin et ami.