Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...
Peyo sublimé…
En adoptant le même principe que pour les précédents très beaux ouvrages consacrés à Maurice Tillieux, Tibet et Will, ou encore à André Juillard, Cosey et Laurent Vicomte (1) , cette sublime biographie en images met en avant le dessin de cet étonnant narrateur graphique qu’était Peyo, dont on redécouvre ainsi, au fil des pages, l’immense talent artistique.
Fac-similés de planches originales mythiques, dessins moins connus, voire inédits, calques ou carnets, tous ces documents fournis par José Grandmont, le directeur artistique et archiviste d’IMPS (la société qui gère les droits des « Schtroumpfs »), bénéficient d’une qualité d’impression exceptionnelle, ordinairement réservée à l’édition d’art : les textes accompagnants ce sublime travail de composition réalisé par le graphiste Vincent Odin consistant en des extraits pertinents d’interviews accordées par Peyo (dont on a souvent négligé ou oublié le talent de dessinateur), tout au long de sa carrière.
Quel plaisir de découvrir, sous un jour nouveau, le dessin rond et totalement maîtrisé de ce roi de la lisibilité qu’était Pierre Culliford (1928-1992), plus connu sous son pseudonyme de Peyo !
Les pages d’actions consacrées à « Johan et Pirlouit » sont, à notre avis, les plus remarquables — mais les extraits de « Benoît Brisefer » ou de « Poussy » sont aussi très démonstratifs — et ne peuvent que nous faire regretter que Peyo n’ait plus eu le temps, trop absorbé par ses multiples séries (et notamment par « Les Schtroumpfs »), de se consacrer pleinement à cette excellente série moyenâgeuse : l’artiste ayant décidé, par ailleurs, de se transformer un véritable homme d’affaires.
            Notons qu’il existe aussi une édition limitée de ce magnifique complément à la réédition récente du livre d’Hugues Dayez sur le créateur des « Schtroumpfs »(2). 
Elle est éditée sous étui à  250 exemplaires numérotés, lesquels réunissent, sous emboîtage, les quatre chapitres de cet opus sous la forme de carnets séparés imprimés sur papier Munken ; ainsi qu’un cinquième carnet reprenant, en fac-similé, les 42 pages originales du mini-récit « Les Schtroumpfs noirs », ou encore quelques suppléments comme des posters et des mini-récits parus dans Spirou et Risque-Tout (prix 200 €).
Gilles RATIER
(1) Voir « Mirages » de Will : monumental !, De quelques imposantes biographies et autres études patrimoniales sur la BD…, Tillieux sur toutes les cimaises…ou L’envers des planches de Laurent Vicomte.
(2) Voir Peyo l’enchanteur : deux ouvrages incontournables…, mais aussi nos « Coins du patrimoine » « Les Schtroumpfs » de Peyo et « Johan et Pirlouit ».
« Peyo : une vie à schtroumpfer » par Vincent Odin
Éditions Daniel Maghen (59 €) — ISBN 978-235674-058-8
Extraordinaire lisibilté des planches de Peyo. Rien d’inutile dans ses planches. Un conteur hors pair et un des plus grands dessinateurs.
J’avais rencontré une dernière fois, Peyo et son épouse, pratiquement un an avant sa mort. Il n’espérait qu’une chose, faire revivre Johan dans de nouvelles aventures. Et surtout Pirlouit, ajouta son épouse. Mais il était déjà très diminué, affaibli. « La source des dieux » reste pour moi un album remarquable pour donner à nos enfants et petits-enfants l’idée d’un chemin, un message.