Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...Retour réussi pour le démon des Caraïbes !
Cornes de bouc ! Barbe-Rouge est de retour ! Même si on le retrouve, seize ans après sa dernière aventure dessinée (1), en bien fâcheuse posture : sur la potence, suspendu au bout d’une corde et en train de mourir étouffé… Renouant avec l’esprit de Jean-Michel Charlier — dont il s’est imposé, à maintes reprises, comme un digne successeur —, Jean-Charles Kraehn insuffle toutefois un ton un peu différent : plus moderne, tout en restant respectueux des conventions, en dépoussiérant notamment les dialogues. Même constatation pour le dessin puissant du jeune Italien Stefano Carloni, lequel évolue, avec brio, entre le classicisme de Victor Hubinon et son propre univers.
Passé la stupéfiante page d’introduction, l’habile narrateur nous fait remonter deux mois en arrière de cette année 1738, pour que nous comprenions comment le célèbre flibustier, qui est devenu entretemps corsaire du roi installé à Cap-Français à Saint-Domingue, en est arrivé là.Alors qu’il a bien du mal à se plier à cette nouvelle situation plutôt frustrante pour celui qui fit, jadis, régner la terreur sur les sept mers, Barbe-Rouge se voit confier, par le gouverneur des Antilles, une mission qui va vite se transformer en traquenard : venir à bout d’un pirate français nommé Le Spectre qui rançonne tous les navires pénétrant dans la baie de la colonie anglaise de Pamticoe Sound.L’éditeur ayant conseillé de faire repartir le mythe sans tenir compte de ses dernières aventures, le créateur de « Bout d’Homme » ou de « Gil St-André » (et premier dessinateur des « Aigles décapitées », avant qu’il en reprenne, un temps, la destinée scénaristique) a choisi d’insérer cette résurrection juste après le cycle aztèque : le dernier entièrement écrit par Charlier ! Soit quatre albums entamés graphiquement par Jijé et son fils Lorg, mais majoritairement dessinés par Christian Gaty, de « L’Île des vaisseaux perdus » en 1979 (prépublication dans Super As) à « La Cité de la mort » en 1987 (en album chez Novedi). (2)
Bien évidemment, tous les fidèles compagnons de l’écumeur des mers à la barbe flamboyante — créé par Charlier et Hubinon pour le premier n° de Pilote, en 1959 (3) — se retrouvent dans ce diptyque : que ce soit son fils Éric-le-Rouge, le géant noir Baba ou le savant unijambiste Triple-Patte.Mais que le lecteur connaisse ou non les protagonistes de cette histoire de flibuste à l’énorme potentiel, il sera obligatoirement conquis par la narration efficace du scénariste de « Tramp » : le dessinateur Stefano Carloni (aperçu furtivement chez Paquet avec « Sinclair » en 2014, chez Soleil Quadrants avec « Les Savants » en 2016, chez Glénat avec un « Clemenceau » en 2017, puis chez Dargaud sur le deuxième tome du « Nouveau Monde » en 2018) restant, toutefois, la grande révélation de cette reprise emblématique, grâce à sa mise en scène dynamique et son rendu extrêmement vivant des personnages.Il semble donc qu’avec de tels repreneurs à la barre, le navire soit bien remis à flot… D’ailleurs, nous attendons vivement la suite, intitulée « Les Chiens de mer », qui est déjà programmée pour le début de l’année prochaine !
(1) En effet, la précédente péripétie du démon des Caraïbes (« Le Secret d’Elisa Davis » T2), habilement narrée par Christian Perrissin et enjolivée par les dessins de Marc Bourgne dans un album Dargaud, date de juin 2004 : une version audacieuse où notre pirate, flanqué d’une ravageuse compagne, était transporté en Amérique du Sud, avec ses compagnons d’infortune. Depuis, malgré une reprise avortée concoctée par Fabien Nury (où Olivier TaDuc, Frédéric Toublanc, puis Philippe Aymond avaient été contactés pour la partie graphique), notre héros semblait être tombé dans l’oubli, si l’on excepte ses parodiques apparitions dans la série « Astérix » où son vaisseau est systématiquement coulé lorsqu’il croise la route des irréductibles Gaulois.
(2) Ces épisodes sont compilés aujourd’hui dans les tomes 8 et 9 de l’intégrale en 13 volumes proposée chez Dargaud depuis septembre 2013.
(3) Voir : Hommage aux héros immortels de Jean-Michel Charlier et Sur la vague des vieux pirates et autres flibustiers de la bande dessinée….
« Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge T1 : Pendu haut & court » par Stefano Carloni et Jean-Charles Kraehn
Éditions Dargaud (15 €) — EAN : 978-2205 — 08198-5
Diantre et palsambleu! Si l’album entier est à l’image de ces images, avec notamment un combat magnifiquement dessiné, nous tenons là un grand bouquin probablement. Vous qui l’avez lu Monsieur Ratier, confirmez vous cela?
Bonjour !
Il me semblait pourtant que ma chronique était limpide, mais on dirait que non !
Si je me suis mal fait comprendre avec mon texte, sachez que, par ailleurs, sur BDzoom.com, nous ne parlons que des ouvrages qui nous ont séduits. Car nous ne voyons pas l’intérêt de parler de ce qui nous plaît pas !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Sage attitude qui vous honore, et ne vous inquiétez pas vos textes et vos idées sont clairs, je voulais juste une confirmation avant d’aller dépenser 15 ou 16 euros dans un album…
Bien à vous,