ZOOM SUR LES MEILLEURES VENTES DE BD du 28 janvier 2008

La bande dessinée aurait bien besoin d’une dose de potion magique pour reprendre des forces ! La preuve avec l’arrivée directement en troisième place de « Comment Obélix est tombé dans la marmite ? »

En cette période dite de crise, c’est de plus en plus calme pour les ventes de livres (tous genres confondus) ! Et pour la bande dessinée, à quelques jours du Festival International d’Angoulême qui devrait quand même redonner un peu de peps au marché, c’est presque la bérézina… Seuls 2 mangas sont présents dans le ? Top 20 ? général : le tome 4 de  » Fairy Tail  » de Hiro Mashima (les éditions Pika ont tiré 70 000 exemplaires de ce nouveau « blockbuster »), à la 9ème place, et le 47ème volume de  » One Piece « , à la 11ème (voir notre « Zoom sur les meilleures ventes de mangas » : http://bdzoom.com/spip.php?article3720) ! Même  » Lucky Luke  » (la meilleure vente du domaine franco-belge) n’en fait plus partie, alors qu’il était encore 13ème la semaine dernière !

Ce net recul des ventes (que l’on espère momentané car c’est tous les ans la même chose en ce début du mois de janvier) explique la stagnation du ? Top 15 BD ? où seul un ouvrage qui n’est pas une bande dessinée (mais comme c’est d’ » Astérix  » qu’il s’agit, Ipsos et Livres Hebdo assimilent ce livre illustré au secteur) réussit à se glisser à la 3ème place ! Il s’agit de la réédition améliorée (nouvelle couverture et « re-packaging ») d’un conte de René Goscinny agrémenté d’aquarelles que Albert Uderzo a réalisé en mai 1965, à l’occasion d’un numéro spécial du journal Pilote, et qui fut repris une première fois en album en 1988 (voir l’article de Laurent Turpin : http://bdzoom.com/4148/actualites/comment-obelix-est-tombe-dans-la-marmite/ ). Cet ouvrage qui connaît donc une 2ème jeunesse (c’est le cas de le dire puisqu’on nous y raconte comment Obélix est tombé dans la marmite…, quand il était petit) a été tiré à 30 000 exemplaires par les éditions Albert-René (devenus depuis peu une filiale d’Hachette) et qu’une réimpression à 20 000 a déjà été nécessaire. Comme quoi c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes : surtout si, dedans, il y a de la potion magique !

A l’exception de cet album, qui renforce le fait que les marques et les personnages bien implantés contribuent à faire tourner l’économie de la bande dessinée (et que les lecteurs se réfugient de plus en plus sur les valeurs sûres), rien ne bouge :

- les « best-sellers » de la fin de l’année passée ( » Lucky Luke « ,  » Lanfeust « ,  » Largo Winch « ,  » Titeuf « ,  » Thorgal « ,  » Les Blagues de Toto « ,  » Les Simpson « ,  » Le Chat « ,  » Le Donjon de Naheulbeuk « ,  » Le Retour à la terre  » et  » Les Bidochon « ) sont toujours omniprésents (seule  » Sœur Marie-Thérèse des Batignolles  » sort du classement), même si leurs ventes s’essoufflent un peu : ce qui est un peu normal car certains sont déjà là depuis 21 semaines !

- et certaines niches éditoriales profitent de l’absence de nouvelles locomotives (les amateurs d’aviation continuent à se ruer sur  » Team Rafale « ) même si, sur le long terme, elles ont du mal à résister comme le prouve les reculs du 2ème recueil des  » Notes  » de Boulet et la disparition du comics d’horreur  » Walking Dead « .

Cependant, quand on voit que les 4 premières places du ? Top 20 ? des ventes de livres (tous genres confondus) sont squattées, presque dans son ordre de lecture, par  » Twilight  » ( » Fascination « ), la tétralogie à l’esthétique gothique de Stephenie Meyer dont le premier volet vient tout juste d’être adapté au cinéma, et que «  Largo Winch « , en 11ème semaine, profite toujours du succès de son passage sur le grand écran, on se dit que la bande dessinée ouvre la marche à tous les autres secteurs de l’édition : car elle témoigne d’une rare capacité d’adaptation aux nouveaux environnements technologiques ! C’est d’ailleurs le thème du brillant dossier de Fabrice Piault dans le dernier numéro de Livres Hebdo, lequel nous explique les stratégies « multisupports » des différents éditeurs et nous rassure sur la bonne santé du secteur puisque les ventes de bandes dessinées au détail évoluent encore, en valeur, entre 2007 et 2008, de + 3,5 % en euros courants. C’est donc le secteur de l’édition qui a le plus progressé en 2008, devant le livre pour la jeunesse. Pour mémoire, pendant la même période, l’ensemble du marché du livre français, toutes catégories de livres confondues, n’a progressé que de 1 % (source : Livres Hebdo/I+C). L’évaluation du marché de la bande dessinée en France en 2008 (hors vente en ligne) serait de 319 millions d’euros : ce qui représente 33,6 millions d’exemplaires vendus (Source : Ipsos). Comme ils disent dans Livres Hebdo : « Jusqu’ici, tout va (presque) bien… »

Et oui, alors que, sur le plan économique, notre média favori ne s’est jamais aussi bien porté, le malaise grandit chez tous les acteurs de ce milieu qui reste pourtant le plus envié de la culture ! Un très bon article de Virginie François ,dans le dernier numéro de Marianne, résume plutôt bien la situation : entre surproduction, industrialisation, mondialisation, adaptation et, peut-être, manque de créativité, la bande dessinée deviendrait-elle malade de son succès ?

Gilles RATIER, avec un peu de Laurent TURPIN

« TOP 15 BD »:
DU 12 AU 18 JANVIER 2009
(Copyright Ipsos/Livres Hebdo)

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