Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : deuxième partie
Deuxième partie d’un long article de Michel Denni sur le magazine L’Épatant publié, à l’origine (sans les illustrations), dans la revue spécialisée Le Collectionneur de bandes dessinées, du n° 101 daté du printemps 2004 au n° 104 daté du printemps 2005. On y parle de Louis Forton, André Galland, Georges Bigot, Lucien de Beauvais, P. Silva, Tybalt… Des dessinateurs bien oubliés aujourd’hui… Pour consulter la première partie, cliquez ici : L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : première partie.
Lucien Valfrance, Duronflar et Carafon chien d’ivrogne
Entre-temps, de nouveaux auteurs (André Galland, Georges Bigot, Lucien de Beauvais, Rad, P. Silva…) font leur entrée dans L’Épatant qui dans son n° 152 du 2 février 1911 propose, encarté, le premier numéro du Cri-Cri à 5 centimes : troisième journal destiné à la jeunesse des Offenstadt qui, décidément, ont le vent en poupe.
André Galland (1886-1965) nous l’avons déjà évoqué dans notre étude sur Fillette et son nom est apparu de nombreuses fois dans le Le Collectionneur de bandes dessinées. (9) Lorsqu’il débute à vingt-quatre ans dans L’Épatant en novembre 1910 avec une bande dramatique et maritime (« Lucien Valfrance, le vengeur du “Va-de-l’avant” »), il s’est déjà fait connaître en réalisant des croquis de presse dès 1905 pour Mon dimanche, Le Journal pour tous… et en collaborant à l’Almanach Hachette (1907). Il va surtout se spécialiser dans la fiction réaliste exotique (« Les Négriers des rivières du sud » en 1912-1913, « Les Pirates ou l’Écumeur de l’océan » en 1915) ou dans l’aventure policière : « Le Mystère de la Tour Eiffel » (1918), « Le Chevalier Satan » (1918-1920) et « L’Ombre » (1919) ou son graphisme sombre et tourmenté fait merveille.
Mais il ne dédaigne pas pour autant le genre humoristique sous le pseudonyme d’Agé avec « Le Martyre d’Achille Costaud » (1920).
Autre nouvel auteur, Georges Bigot (1860-1927) est un artiste complet à la fois dessinateur humoriste et satiriste, peintre, illustrateur, lithographe et journaliste. Installé un temps au Japon en 1882, il y fonde un hebdomadaire satirique (Tobal), avant de couvrir la guerre russo-japonaise en 1904 pour L’Illustration. Il collabore au Chat noir (1890), au Rire (1899-1917), au Journal des voyages (1904)… et signe en 1911, dans L’Épatant, « La Vie d’un joueur ou les apaches du grand monde » : une bande policière de quatre strips reléguée en page 12 qui ne permet pas, malheureusement, de mettre en valeur tout son talent.
Parmi les autres nouveaux, Lubin de Beauvais, illustrateur, dessinateur humoriste et peintre aquarelliste, s’est déjà fait connaître entre autres dans Le Panurge (1882), La Vie drôle (1894), Le Rire (1895), L’Exposition coloniale (1900), L’Assiette au beurre (1904), Le Pêle-Mêle (1906), La Vie en culotte rouge (1906), Fillette avec « La Fiancée du chevalier » (1910). Il donne en 1911, pour L’Épatant, deux bandes dramatiques : « Le Pari du milliardaire », dans un style très art nouveau sur scénario de José Moselli, et en 1914 « Le Prince rouge », sombre histoire de chauffeurs sous la Révolution.
Nouveau venu lui aussi : Rad qui réalise « Duronflar veut se marier ! » en 1912. Il se nomme en réalité Maurice Radiguet (1866-1941) et n’est autre que le père du célèbre écrivain Raymond Radiguet (1903-1923) décédé prématurément après avoir écrit « Le Diable au corps » (10).
Dessinateur de presse et croquiste d’audience, Maurice Radiguet a débuté comme illustrateur humoriste dans La Journée (1885), puis collaboré à L’Éclipse (1886), La Caricature (1887), Le Rire (1895), Le Charivari (1900), Rabelais (1902), L’Assiette au beurre (1904). Auteur de planches pour l’Imagerie Quentin, il a surtout privilégié la quantité sur la qualité et même signé un album de bandes dessinées : « John Cricky veut gagner sa vie » chez Gordinne, en 1937, qui ne s’est guère perpétué dans la mémoire des collectionneurs.
Parmi les autres nouveaux arrivés, on ne sait rien, ou pas grand-chose, sur F. Lafon (dessinateur de cartes postales humoristiques ayant collaboré aussi au Pêle-Mêle [1909], à La Vie de garnison [1910], à L’Illustré national [1910-1911] ou à La Vie en culotte rouge [1912]), sur H. Mullet (illustrateur d’une évocation de l’affaire du courrier de Lyon du n° 196 au n° 237, en 1912), sur Pierre Rivaltar (auteur d’histoires en images ou de dessins humoristiques pour Le Rire, Le Sourire [1908-1910], Le Pêle-Mêle [1908-1912], Le Bon Vivant [1909], Les Belles Images [1910], La Vie de garnison [1910], etc.) ou sur Derdy (que l’on retrouve dans Le Régiment en 1915, puis dans La Vie de garnison en 1919).
Toutefois, on a un peu plus de renseignements sur la carrière de P. Siva, appelé aussi Georges Pavis (1886-1951).
Graphiste, il publie ses premiers dessins à l’âge de neuf ans au Tam Tam, en 1895. Peintre, il expose au Salon des indépendants. Humoriste, il collabore au Pêle-Mêle (1910), au Rire (1911), à Fantasio (1912), etc.
Plus tard, croquiste d’audience, il couvrira le procès Stavisky pour Paris-Soir (1933), et se spécialisera malheureusement dans le dessin d’actualité antisémite pendant l’Occupation dans Notre combat (1943) et Le Mérinos (1944).
Avec « Carafon chien d’ivrogne » dans L’Épatant, à partir de février 1913 (amusante couverture du n° 255), il réalise l’une des meilleures bandes couleurs comiques du journal.
Ceci grâce à son graphisme aussi déjanté que ses personnages, mais aussi aux scénarios prenants du talentueux Jo Valle.
La bande remportera un grand succès et aura d’ailleurs droit à une édition en album, en 1918, chez les Offenstadt.
Notons que Jo Valle (voir aussi notre article sur Fillette) est aussi présent avec « Le Hoquet d’Hector Boyaux » illustré par Albert Lanmour (entre le n° 180 de 1911 et le n° 217 de 1912) et avec « Les Mémoires d’un riflard » mis en images par A. Buget du n° 234 de 1912 au n° 302 de 1914.
Les Pieds nickelés, baïonnettes au canon
En ce début 1914, au n° 302, on retrouve les Pieds nickelés à Marseille après leur retour des Balkans.
Ils sont relégués en dernière page, alors que la bande de E. Nicolson, « Claudius et Tétonbec capitaines », garde toujours la double page centrale et que « Carafon chien d’ivrogne » de P. Siva fait rire les lecteurs à gorges déployées depuis près d’un an.
Parcourant la campagne en roulotte avec un cheval maquillé en zèbre, nos trois malfaiteurs vont continuer à vivre de larcins, traqués par l’inénarrable agent de la sûreté Zigouillot qui arrive toujours bon dernier comme dans les brigands d’Offenbach.
Le déclenchement de la guerre, le 3 août 1914, n’aura aucune incidence sur le déroulement de leurs aventures même si quatre mois s’écoulent entre la parution du n° 331 le 6 août et celle du n° 332, le 26 novembre.
Toutefois, dans ce dernier numéro, ils regagnent la double page centrale et un encart publicitaire en page 7 du n° 334 (10/12/1914) nous annonce que « ne connaissant que leur devoir de Français, les Pieds nickelés se sont engagés dans l’armée des combattants, sans attendre leur ordre de mobilisation, et que les Boches apprennent, à leurs dépens, ce que vaut un loustic parisien. » Et d’ajouter : « Patience, amis lecteurs, bientôt vous rirez et applaudirez à la lecture de leurs exploits. »
De fait, dans L’Épatant n° 340 du 20 janvier 1915, le drapeau tricolore s’affiche en pleine page en couleurs de la couverture, le reste du journal, y compris « Les Pieds nickelés » en double page centrale, étant en noir et blanc. Un encart en page 7 annonce qu’en raison des difficultés actuelles, les pages 8, 9 et 11 seront tirées en noir au lieu d’être en couleurs pendant toute la durée de la guerre. En fait, la page 16 l’est aussi et il ne reste plus que la première page en couleurs.
Au n° 348 (18-03-1915), une publicité en page 15 annonce la parution de La Jeune France : un nouveau journal illustré pour la famille, publiant l’histoire de la guerre. Car, il ne s’agit plus désormais des combats dans les Balkans où l’on jouait aux cartes l’issue des batailles sur fond de non-violence et d’antimilitarisme, mais d’un conflit sanglant auquel notre trio participe baïonnette au canon, en uniforme du siècle précédent : képi et pantalon rouge.
Et même si leurs astuces et leur débrouillardise continuent à se manifester, ils se permettent tout de même, par exemple, cachés dans des troncs d’arbres, d’abattre des soldats allemands avec de vraies balles (n° 346). Sur leur passage, c’est l’hécatombe des « boches » avec des inventions farfelues pour désorganiser l’ennemi : énorme aspirateur pour nettoyer les tranchées, largage de boules puantes du haut d’un Zeppelin (n° 349), etc. En décembre 1915, ils vont jusqu’à tuer des civils en projetant les voyageurs d’un train autrichien du haut d’un viaduc. « Enfin seuls ! » soupire Ribouldingue à la fin de l’opération : « À présent, nous voici débarrassés de toute cette vermine » (n° 389).
Acceptant manifestement de participer au vent d’enthousiasme qui était censé porter les Français jusqu’à Berlin en quelques semaines, Forton a donc changé son fusil d’épaule. Et l’on peut se demander d’où provient ce revirement à cent quatre-vingts degrés chez cet esprit libertaire. Selon différentes sources, il aurait été menacé du tribunal militaire s’il continuait à tourner la guerre en dérision comme dans l’épisode des Balkans (11).
Il se serait alors engagé à faire de son trio des « héros patriotes », encouragé par là par ses propres éditeurs d’origines allemandes et victimes régulièrement de campagnes de presse diffamantes (12). Quoi qu’il en soit, il a été nommé brigadier fourrier le 23 décembre 1914, puis classé au service auxiliaire par la 5e commission spéciale de réforme de la Seine dans sa séance du 15 septembre pour gêne fonctionnelle du coup de pied droit et maintenu dans son corps, c’est-à-dire à Paris. Cela permettra aux planches des Pieds nickelés, à quelques exceptions près, de parvenir régulièrement au journal. Plus tard, Forton sera classé au service armé par la deuxième commission de réforme de la Seine le 27 janvier 1916, mais sans mutation particulière jusqu’au 3 mai 1918 (13).
Il se retrouvera donc tout à son aise pour participer au bourrage de crâne visant à rassurer l’opinion sur l’inéluctabilité de la victoire française en présentant le conflit comme une guerre de la civilisation contre la barbarie. Et ce sera tout bénéfice pour les éditeurs, L’Épatant bénéficiant pendant toute la durée du conflit de la confiance des autorités militaires quant à son contenu, hormis une admonestation en 1917 que nous analyserons plus loin. Ajoutons que selon le dossier « Statistiques » des magazines relatif à l’année 1918, L’Épatant était vendu mensuellement par quantités variant entre vingt et cent exemplaires par corps d’armée (14).
À noter, l’hommage rendu en juin 1915 par Forton aux troupes coloniales encensées dans la presse (notamment dans Le Miroir où des guerriers noirs posent parfois avec des chapelets d’oreilles coupées à l’ennemi). Les Pieds nickelés ont retrouvé Manounou devenue infirmière (n° 361). Elle leur présente son frère (donc le beau-frère de Ribouldingue), un tirailleur sénégalais prêt à tous les sacrifices qui les avertit : « Y a pas bon ! V’là li boches. Eux faire kapout à tous li blessés » (sic).
Notre trio abandonne alors la « baïonnette au canon » et l’uniforme (qu’ils auront porté seulement dix mois) pour le déguisement en s’infiltrant à l’intérieur des lignes ennemies. Les Allemands continuent à mourir, mais en s’entre-tuant grâce aux ruses des Pieds nickelés qui privilégient les actions de sabotage : navires coulés (n° 379, n° 411), trains précipités les uns contre les autres, etc. Le burlesque n’est pas pour autant oublié. Engagé chez Krupp, le trio remplace les explosifs par des bouteilles de vin avant d’incendier l’usine.
Devenu fournisseur de l’armée allemande, il introduit des purgatifs dans les rations des soldats (n° 396). Il intervient dans tous les corps d’armée : infanterie, artillerie, sous-marin, zeppelin, chemin de fer, etc., et va même jusqu’à organiser des grèves dans les usines et des manifestations contre la guerre à Berlin en août 1916 (n° 423) et juin 1917 (n° 465).
En octobre 1915, au n° 379, les Pieds nickelés enturbannés se retrouvent comme leur créateur sur le front des Dardanelles.
Ils se font passer pour de savants chimistes, aident à bombarder l’armée française avec des obus garnis de litrons de rouge, avant de s’emparer du magot du sultan. Puis ils partent à Vienne (n° 385) en train de luxe où ils sont reçus au Palais impérial de l’empereur François-Joseph.
Celui-ci, perché sur une chaise haute de bébé avec un hochet à la main, accepte avec enthousiasme le cadeau des Pieds nickelés : une armée de soldats de plomb et un cheval à bascule…
Le succès des « Pieds nickelés » s’affirme aussi par une publicité en page 13 du n° 370 du 19 août 1915 annonçant la parution du premier album de leurs aventures en un volume de 128 pages et plus de 300 illustrations pour 0, 60 fr.
Au n° 372, l’éditeur annonce aussi la seconde série d’aventures, au n° 376 la troisième et la quatrième série, enfin au n° 459 du 3 mai 1917 la cinquième série.
Essoufflement de la guerre et crise du moral des combattants
Forton ne semble pas imperméable à la crise du moral qui gagne peu à peu l’armée au cours du premier semestre 1917.
Ses caricatures outrancières des soldats allemands s’atténuent : les lunettes carrées et les faciès de brute font place à des représentations plus humanisées. Mais son patriotisme reste toujours vivace notamment lorsque le trio s’enthousiasme pour le passage d’une escadrille française en criant : « Vive la France ! » (n° 461).
De mai à juillet 1917, surfant sur le ras de bol qui commencent à s’emparer des belligérants, il lance ses héros à travers l’Allemagne, afin de soulever les populations aux cris de : « À bas la guerre ! » Le lecteur assiste même au déclenchement d’une révolution à Berlin sous les yeux du kaiser (n° 465 et 466). Une vérification faite par la censure, le 6 juillet 1917, a probablement mis fin à cet épisode qui aurait pu donner de mauvaises idées aux soldats français, lecteurs assidus de L’Épatant (15).
Cette intervention semble alors déclencher une sorte de découragement chez Forton qui, à partir de juillet 1917 et jusqu’à la fin du conflit en novembre 1918, donnera l’impression d’être lassé des aventures guerrières de ses trois héros. Il perd de son inventivité, reprend des gags et des scénarios de planches déjà utilisés en 1916 et se contente de revenir au bourrage de crâne le plus stéréotypé, renvoyant à une typologie raciste envers les Allemands qu’ils soient combattants ou civils. Il est vrai qu’affecté aux armées le 4 mai 1918, il est devenu le 5 mai interprète auprès de l’armée américaine. Le 16 août 1918, il est nommé maréchal des logis avant d’être démobilisé le 27 janvier 1919.
Au n° 473 du 9 août-1917, trois ans après la déclaration de guerre, le prix du numéro de L’Épatant a doublé, passant de 5 centimes à 10 centimes, mais en compensation les pages remontent à 12 au lieu de 8.
« Les Pieds nickelés » occupent toujours le feuillet central, mais en noir et blanc, comme le reste du journal d’ailleurs, hormis la première page illustrée le plus souvent par Forton et Tybalt.
À noter au n° 567 du 29 mai 1919, le retour aux deux pages en couleurs intérieures réservées cette fois aux « Nouveaux Exploits d’Isidore Flapi » de Marcel Arnac.
Tybalt et Les Pieds nickelés
Lassé et occupé à d’autres tâches, le nouveau maréchal des logis et interprète franco-anglais Louis Forton semble avoir arrêté de dessiner « Les Pieds nickelés » au cours du second semestre 1918.
L’éditeur a alors été obligé de puiser dans un stock de 17 planches inédites réalisées en 1915. En effet, à partir du n° 539 du 14 novembre 1918 et jusqu’au n° 556 du 13 mars 1919, alors que le journal est revenu à 16 pages au n° 535 du 17 octobre, « Les Pieds nickelés » vont paraître sur une seule page.
Puis, les planches des n° 557 et 558 sortent, mais dessinées par Tybalt afin de permettre la publication d’un épisode de Forton qui a débuté dans L’Épatant au n° 339 du 14 janvier 1915 et s’est brutalement interrompu pour fait de guerre, les Pieds nickelés étant alors expédiés sur le front. (16)
En 1919, alors que l’action est censée se passer dans l’Allemagne vaincue, l’inspecteur Zigouillot, abandonné dans un coffre au n° 339 en 1915, réapparaît, mais germanisé en Zigouilhem.
Et, pour plus de vraisemblances, les planches de Forton sont retouchées par Tybalt pour substituer, par exemple, des gendarmes allemands aux gendarmes français avec un scénario des plus fantaisistes.
Ces modifications se poursuivront jusqu’au n° 575 du 24 juillet 1919, puis Forton reprendra la suite avec des péripéties sans guère plus d’intérêt.
Tybalt, spécialiste des planches en couleurs à thèmes, a débuté dans Jean qui rit en 1901, a collaboré à La Caricature (1902), à American Illustré (1907), La Vie de garnison (1910-1934), L’Intrépide (1911), etc.
C’est, avec Forton, l’un des piliers de la production humoristique des Offenstadt pour lesquels il a réalisé directement en album, en février 1914, « Les Aventures comiques et véridiques d’Amadhou Sanfeu, tirailleur sénégalais ».
Il fêtera la paix retrouvée avec « Les Aventures comiques de Panouille, Croguenoc et Dugomar » en 1919-20 et publiera dans L’Épatant, jusqu’en 1935, des bandes de qualité sur lesquelles nous reviendrons.
Les Pieds nickelés chassés par Caramel
Parallèlement aux « Pieds nickelés », d’autres bandes de moindre importance sont parues pendant la guerre.
Alors qu’André Galland dessine courageusement de véritables feuilletons réalistes aussi bien dans le drame maritime (« Les Compagnons de la mort », 1915-1916) que dans le policier (« Le Mystère de la Tour Eiffel », en 1918, suivi du « Chevalier Satan », 1918-1920) ou dans l’espionnage (« L’Agent Z 811 », 1919-1920), Alphonse Lévy (qui signe AL) réalise « Les Excentricités de Courbouillon » en 1915 et Janko, que nous avons déjà évoqué dans notre étude sur Fillette, publie deux bandes dramatiques et exotiques : « Guh-Gluce-Glip » en 1917 et les « Compagnons de la nuit » en 1920.
Entre-temps, Forton a commencé, en janvier 1920, « Les Cent vingt-six métiers de Caramel » sur scénario de Jo Valle en couleurs et double page centrale.
Il s’agit d’un personnage ressemblant fort à Séraphin Laricot (autre création marquante du créateur des « Pieds nickelés »), que l’on retrouve professeur de patin à roulettes, danseur espagnol, brocanteur, coiffeur, etc. dans des aventures plutôt drolatiques.
Quant aux Pieds nickelés, chassés de L’Épatant par Caramel, ils se sont éclipsés au n° 603 du 5 février 1920, bondissant en automobile du haut d’une falaise sur le navire Le Neptune en compagnie de Manounou.
Leur absence durera quinze mois jusqu’à leur retour au n° 669 du 26 mai 1921, retour que nous analyserons dans la suite de notre étude (prévue pour la rentrée 2017).
(À suivre)
Michel DENNI
Mise en pages et mise à jour du texte : Gilles Ratier
Merci aux sites http://www.bd-nostalgie.org, https://www.lambiek.net et http://www.kaskapointe.fr où nous avons trouvé quelques couvertures ou illustrations de L’Épatantqui nous ont permis d’illustrer dignement certains passages de cet article. Sur cette période, voir aussi Les grands auteurs de la bande dessinée européenne, deuxième chapitre. Avant l’avènement des bulles : les récits pour les enfants.
(9) Voir « André Galland » in Le Collectionneur de bandes dessinées n° 19 (1979), n° 75 (1994), n° 83 (1997) et Michel Denni, « Fillette 1909-1942 », in Le Collectionneur de bandes dessinées n° 93 (printemps 2001) page 24. Sur André Galland, voir aussi François Ducos, « Aujourd’hui on expose : André Galland », in Rocambole n° 7 (1999) et nos article sur BDZoom.com: Fillette avant-guerre : 1909-1942 (première partie), Fillette avant-guerre : 1909-1942 (deuxième partie), Le Tarzan d’après-guerre (1ère et 2ème série) : deuxième partie, Le Hurrah ! d’après-guerre… (première partie), L’Intrépide, un hebdomadaire classique (première partie) et « Lili » toujours espiègle….
(10) Voir Marie-Christine Movilliat, « Raymond Radiguet ou la jeunesse contredite », éditions Bibliophane & Daniel Radford 2000, pages 67 à 69.
(11) Voir Emmanuel Poux, « Les Pieds nickelés à l’épreuve de la Première Guerre mondiale : mémoire de D.E.A. d’Histoire de la France au XXe siècle » publié par l’Institut d’études politiques de Paris, 1993, page 58.
(12) Voir Sylvie Prémisler, « Enquête sur des citoyens accablés de soupçons », in Le Collectionneur de bandes dessinées n° 35 pages 13 à 16 (nov.-déc. 1982).
(13) Voir « Forton et les Pieds nickelés s’en vont en guerre » par François Coupez, in Le Club des Pieds nickelés n° 14 (nov. 2003) pages 29 à 37.
(14) Voir Archives militaires (dossier SHAT carton 19 N 1438), cité par Emmanuel Poux, op. cit.
(15) Voir Carnet de censure (BDIC : F 270 Res SPE), cité par Emmanuel Poux, op. cit.
(16) voir l’étude pertinente de Georges Jouet : « Le Rôle du dessinateur Tybalt dans “Les Pieds nickelés” », in Le Collectionneur de bandes dessinéesn° 78 (automne 1995) pages 32 à 34.
À la mémoire de Jean Leclercq de Désiré
et de Marcel Lagneau du Chercheur de publications d’autrefois
Les oies de monsieur le maire ont paru dans quel n° de l’Epatant ?
Merci
Bonjour !
Étant en vacances (sans ma documentation), je ne pourrais vous répondre précisément qu’à mon retour début août !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Cett histoire en images est paru dans le n° 14 de L’Épatant, daté du jeudi 2 septembre 1909.
Bien cordialement
Gilles Ratier
Les oies de monsieur le maire ne figurent pas dans ce N°. Qu’est-ce que cela signifie ??? Le 02/09/1909 n’existe pas !!!
Désolé, c’était une faute de frappe, c’est le n° 74 daté du jeudi 2 septembre 1909 (et non le n° 14).
Bien cordialement
Gilles Ratier
n° introuvable , hélas ; qqn l’aurait-il localisé ?
Merci
Je ne trouve pas la suite de l’étude sur L’épatant!
Bonjour Henri et merci pour votre intérêt !
En ce qui concerne L’Épatant, voir sur BDzoom : L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : première partie, L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : deuxième partie, L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : troisième partie, L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : quatrième partie, L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : cinquième partie, L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : sixième partie, L’Épatant d’avant-guerre (deuxième série 1937-1939) : septième partie, L’Épatant d’avant-guerre (deuxième série 1937-1939) : huitième et dernière partie et L’Épatant d’après-guerre (1re série).
Normalement, en tapant Épatant dans le moteur de recherche, on peut aussi retrouver tous ces liens…
Sinon, pour info, notre ami Henri Filippini nous a concocté un « Coin du patrimoine » sur René Pellos qui sera bientôt ligne (enfin, j’espère !) et où on reparlera, évidemment, de l’Épatant…
Bien cordialement
Gilles RATIER