Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Suites en stock : aventures, Vikings voyageurs et rêveries stellaires dans les séries jeunesse…
Le droit de suite existe sur BDzoom.com ! Nous avons de la suite dans nos chroniques pour vous rendre compte des développements de séries de qualité. Ainsi, Bjorn le Morphir, les Astromômes, les membres de « La Famille fantastique » et le héros possesseur de la craie des étoiles poursuivent leurs aventures au gré d’épisodes qui méritent grandement le détour. Nous vous en rendons compte ici, maintenant, et tout de suite !
Il y a presque un an, nous conseillions la lecture du premier volume des « Astromômes » aux enfants de tous âges intéressés par l’astronomie, ainsi qu’aux adultes curieux de percer les mystères infinis de l’espace. Nous réitérons ce conseil pour le tome 2 d’une série qui mêle intelligemment humour et vulgarisation scientifique.
Âgés d’une dizaine d’années, Quentin et son ami Rodrigue sont deux hyperactifs qui préfèrent s’amuser plutôt qu’écouter patiemment les cours. Lisa, la sœur de Rodrigue est d’un autre calibre, studieuse, elle pousse loin sa passion pour l’astronomie. Pour se rapprocher d’elle, Quentin se doit de partager ses passions : d’où son intérêt soudain pour l’astronomie.
Les deux néophytes essayent, souvent vainement, de combler leurs lacunes dans ce domaine. Dans le même temps, Quentin parfait sa connaissance des étoiles et des mouvements des astres en discutant avec son oncle Gabriel.
Le scénariste Jérôme Derache s’est parfaitement documenté sur ce vaste sujet. De quoi alimenter le côté didactique de chaque planche de l’album, planche rythmée par un humour bon enfant qu’entretient le trait rond, expressif et énergique de Cédric Ghorbani.
Toujours réalisée en partenariat avec le magazine Science & Vie découvertes, la série rend vivant, et accessible à tous, toutes les données techniques abordées : de la formation des étoiles filantes aux différentiels de gravité selon les planètes et de l’hypothèse selon laquelle l’univers serait fini, mais pas borné (sic !), à la comparaison entre l’amour et la matière noire des galaxies (re-sic).
Un peu moins didactique et humoristique que « Les Astromômes », « La Craie des étoiles » est un excellent diptyque d’aventures fantastiques. Nous avions laissé le jeune Max troublé par sa découverte d’une craie magique dans les affaires remisées dans un grenier familial par un ancêtre explorateur.
Ce petit blond, bien sage, peut parcourir le monde avec cette craie qui lui ouvre des portes sur tous les continents. Lors de ces voyages, il peut converser avec les animaux qui le sortent souvent d’un mauvais pas.
Son périple inattendu se prolonge : de quoi découvrir moult peuples et moult espèces d’animaux du monde entier. Il s’est engagé dans la poursuite mouvementée d’un mystérieux personnage avec une jeune fille qui conserve toujours une longueur d’avance sur lui dans leur quête commune.
L’occasion de visiter la savane du Kenya en Afrique, puis les montagnes enneigées du Kazakhstan, les eaux turquoise de la mer Égée ou la terre la plus isolée de la planète, la mystérieuse île de Pâques.
Cette agréable série d’aventures humanistes s’adresse à de jeunes lecteurs, autour de la dizaine d’années. Sa lecture est l’occasion de découvrir des paysages remarquables et des animaux qui se déplacent dans leur territoire. Qu’ils soient girafe, renard ou dauphin, ces animaux parlent et délivrent des informations sur leurs habitudes de vie. Cette partie didactique de la bande dessinée, toujours précise et bien amenée, a été initiée par un partenariat entre le ZooParc de Beauval et l’éditeur.
Le trait élégant, proche de la ligne claire, et la mise en scène dynamique de Raphaël Drommelschlager insufflent poésie et rigueur à ce diptyque à la fois sensible et pédagogique. De quoi attiser la curiosité, d’un vaste lectorat, de jeunes lecteurs aux adultes sensibilisés aux thématiques environnementales.
Dans un registre purement fantastique, un mot maintenant de « La Famille fantastique ». Nous vous avions signalé la parution du tome 1 dans cet article.
Le tome 2 commence par la description de la vie de cette famille ordinaire de retour dans un quotidien très ordinaire.
De quoi faire regretter à Charles, prof d’histoire-géographie dans le secondaire, Danielle son épouse, Sarah sa belle-fille et à son fils Léo leurs aventures mouvementées dans l’univers de Fantastica.
Mais l’épisode Fantastica a profondément transformé les rapports familiaux : l’adolescente Sarah sait qu’elle dispose maintenant de pouvoirs magiques, Charles a pris goût au combat et aux rallyes aventureux en terrains inconnus, quant à Danielle et Léo, ils dévoilent dans cet opus bien des talents cachés jusqu’à présent.
Sarah est kidnappée par une troupe de jeunes rebelles qui la ramène dans l’univers parallèle déroutant qu’elle a déjà visité. Le reste de la famille part à sa recherche aidée en cela par le père de Sarah qui garde par-devers lui quelques secrets surprenants, comme le fait qu’il dirige une organisation qui lutte contre les crimes écologiques. Les moyens dont il dispose ne seront pas de trop pour sortir Sarah des bas-fonds de Fantastica.
Toujours beaucoup de rythme et d’actions avec les pérégrinations dans des mondes parallèles d’une famille moderne, recomposée et aimante, des parents à la fille adolescente et au petit dernier débrouillard.
C’est vif, inventif, souvent étonnant et toujours surprenant. De la bonne BD jeunesse d’heroic-fantasy mise en images avec talent par Paul Drouin.
Terminons cet article par un des chouchous de notre rubrique ; le jeune et rebelle Bjorn le Morphir. Dans le sixième volume de ses aventures, le guerrier viking a quitté sa terre natale du Fizzland pour les steppes de l’Est.
Après une cruelle défaite, il cherche avec son frère des armées de secours pour retourner secourir les siens.
Les deux Scandinaves traversent des terres et des peuples hostiles et s’avancent de plus en plus profondément dans les grandes plaines du continent eurasiatique.
Pour survivre, ils s’engagent dans des hordes cruelles qui ne font aucun prisonnier.
Cette véritable saga épique est une réussite de la littérature et de la bande dessinée jeunesse, car elle allie réalisme des situations, drôlerie dans plusieurs passages, et personnages vivants ou parfois ambigus qui prennent une épaisseur psychologique au fil des albums. Les aventures fantastiques de Bjorn, avec dragons apprivoisés ou corbeau doué de raison, ont pour fil conducteur un récit initiatique complexe et virevoltant, dans lequel un jeune garçon indécis devient un héros invincible.
Thomas Lavachery a lui-même adapté ses romans pour le trait vif, moderne, expressif et dynamique de Thomas Gilbert. Le dessinateur excelle aussi bien dans la création de décors grandioses – des fjords scandinaves aux steppes délétères d’Asie – que dans la transcription fine de toute une gamme d’émotions chez ses personnes terriblement humaines.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« La Famille fantastique T2 : Les Orphelins de Targas » par Paul Drouin et Lylian
Éditions Glénat (14,95 €) – ISBN : 978-2-344-01518-6
« Bjorn le Morphir T6 : L’Armée des steppes » par Thomas Lavachery et Thomas Gilbert
Éditions Rue de Sèvres (14,00 €) – ISBN : 978-2-36981-445-0
« La Craie des étoiles » T2 par Raphaël Drommelschlager
Éditions Bamboo (10,90 €) – ISBN : 978-2-81893-615-3
« Les Astromômes T2 : L’Espace et le temps » par Cédric Ghorbani et Jérôme Derache
Éditions Vents d’Ouest (9,99 €) – ISBN : 978-2-7493-0805-0