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« Deux ans de vacances T1 » par Hamo, Frédéric Brrémaud et Philippe Chanoinat

06/02/2018
Par Philippe Tomblaine

Quatorze garçons, pensionnaires d’un collège de Nouvelle-Zélande, se retrouvent piégés sur une goélette dérivant dans le Pacifique. Après un naufrage sur une île en apparence déserte, rivalités et secrets ne tardent pas à apparaître au sein d’une communauté luttant pour sa survie… Imaginée par Jules Verne en 1888, cette robinsonnade n’a rien perdu de sa force : dans la lignée de séries comme « Seuls » et « Esteban », on savourera cette adaptation prévue en 3 tomes, tous étant à paraître durant la seule année 2018.

En pleine tempête... (planche 1 - Vents d'Ouest 2018)

Couverture et illustration inaugurale par Léon Benett (Verne et Hetzel, 1888)

Outre « L’Île mystérieuse » (1874 – 1875), et inspiré par Daniel Defoe autant que par Johann David Wyss (« Le Robinson suisse » en 1812), l’auteur des « Voyages extraordinaires » avait initié dès 1870 un cycle de robinsonnades devant lui permettre de développer un thème cher : celui des naufragés, miroirs d’une école du courage et de la connaissance en milieu hostile. Par malchance, Verne commence par proposer « L’Oncle Robinson », un récit qui sera refusé par son éditeur Hetzel et ne verra finalement le jour qu’en 1991 ! En 1882, Verne a plus de chance avec « L’École des Robinsons » ; s’ensuivront par conséquent « Deux ans de vacances » puis « Seconde Patrie », conçu en 1900 telle une suite au « Robinson suisse » initial. Si « Deux ans de vacances » n’est pas le plus connu des romans de Verne, il demeure parmi les plus touchants puisque mettant en scène une poignée de jeunes héros intrépides et réfléchis, à l’instar des « Enfants du capitaine Grant » (voir notre article consacré à la formidable adaptation réalisée par Alexis Nesme). Ce récit sera toutefois transposé sur le petit écran en 1974 par Gilles Grangier dans un feuilleton en 6 épisodes dialogués par Claude Dessailly (lequel débutait alors les célèbres « Brigades du Tigre »).

De jeunes pensionnaires (page 11 - Vents d'Ouest 2018)

Illustration de Léon Benett

En couverture, sous une typographie et un cartel dignes des pirates de « L’Île au trésor », un paysage maritime exotique se dévoile. Les détails sont tous évocateurs du drame en train de se jouer : la goélette échouée, les récifs escarpés, les fusils tenus en position de tir et les visages soucieux des jeunes protagonistes contrastent tant avec le titre (ironique) qu’avec le calme inquiétant de la scène. Nul ciel orageux ni réelle menace ne sont pourtant visibles dans le champ de vision, perçu en légère plongée, outre l’anxiété des premiers pas sur cette terra incognita. Par voie de conséquence, ce sont les nombreuses interrogations adressées aux lecteurs qui tissent la toile du mystère de l’intrigue et de ses futures péripéties : où se déroule la scène ? Qui sont les héros et quels sont leurs relations ou leurs éventuels caractères conflictuels ? L’endroit est-il réellement sûr et désert ? Des enfants peuvent-ils survivre seuls pendant deux ans ?

Carte de l’île Chairman

Inspiré par les illustrations originelles de Léon Benett, le dessinateur Hamo (voir nos chroniques consacrées à « Special Branch » et « La Malbête ») met ici en valeur un trio de tête composé du Français Briant, du Britannique Doniphan et du mousse noir Moko. Chez Verne, c’est l’île Hanovre, située au large du Chili, qui inspire – avec une géographie et une végétation modifiées – le gite aventureux et inattendu de nos naufragés, lesquels rebaptiseront cette île du nom de Chairman, en référence à la pension dont ils sont issus. Ce havre provisoire, on le devine, ne tardera ni à s’obscurcir ni à soumettre nos jeunes héros aux heurts du monde adulte. Une aventure à suivre dans le tome 2, à paraître en juin prochain (tome 3 en fin d’année).