Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...René Hausman : décès d’un maître imagier…
C’est à Verviers, où il est né le 21 février 1936, que René Hausman est mort ce jeudi 28 avril. Il travaillait sur un nouvel album pour la collection Aire libredes éditions Dupuis, sur scénario de son épouse et de Robert Reuchamps. Homme aimable et chaleureux, apprécié par tous ses confrères, il était le père de trois enfants : Frédéric, Valentin et Hugues. Entre illustration et bande dessinée, René Hausman, amoureux des bois et de ses populations, animalières ou imaginaires, laisse une Å“uvre originale, riche, hors des sentiers battus, qui ne laisse jamais le lecteur indifférent.
Autodidacte, il se passionne très jeune pour le dessin et il prend la décision d’en faire son métier après avoir rencontré, en 1953, Raymond Macherot : l’immense créateur de « Chlorophylle et Minimum » qui habite lui aussi la région de Verviers.
Bien que travaillant pour Tintin, ce dernier le présente à Yvan Delporte, rédacteur en chef de Spirou, qui le prend sous son aile.
Alors qu’il est au service militaire, il publie ses premiers dessins (en 1956) dans Le Moustique et Les Bonnes Soirées : l’hebdomadaire de programmes radio/télé et le magazine familial des éditions Dupuis.
Il entre à Spirou en 1957 avec les aventures de Saki et Zunie : fantaisie préhistorique qui n’obtient pas un succès délirant. Il faut dire qu’à cette époque son trait d’une efficace simplicité est assez éloigné de celui des vedettes de l’hebdomadaire.
C’est en 1958, au détour d’un numéro spécial printemps de Spirou, que paraît sa première rubrique animalière. Plus de 500 seront proposées, en grande partie réunies dans les albums de la collection Terre entière des éditions Dupuis : « La Comédie animale », « Bestiaire insolite » et « Le Grand Bestiaire ».
À l’instar de son ami René Follet, Hausman n’est pas un grand adepte de la BD, publiant des beaux livres inédits, richement illustrés, pour la collection Terre entière : « Les Fables de La Fontaine », « Les Contes de Perrault », « Le Roman de Renart »…
Présent dans Le Trombone illustré de ses amis André Franquin et Yvan Delporte ou il anime les gags d’une Zunie plus adulte, on le retrouve aussi dans Fluide glacial, en 1976,où il illustre des fables gentiment érotiques imaginées par Delporte, Gotlib, Lucques… et Pierre Dubois (album « Allez coucher, sales bêtes ! », en 1991, chez Dupuis).
Pierre Dubois, chantre des Petits Peuples des forêts, qu’il retrouve dans Spirou, en 1984, avec « Le Grand Fabulaire du Petit Peuple » et surtout « Laïyna », l’année suivante.
Changement de scénariste avec l’arrivée de Yann qui lui écrit « Les Trois Cheveux blancs » (en 1993) et « Le Prince des écureuils » (en 1998) : deux albums publiés par la collection Aire libre des éditions Dupuis.
Toujours pour cette collection, il signe seul « Les Chasseurs de l’aube » en 2003 et « Le Camp volant » en 2008.
En 2004 et 2005, pour le petit label Au bord des continents, il illustre « La Grande Tambouille des fées », « La Grande Tambouille des sorcières » et « La Grande Tambouille des lutins », sur des textes de Michel Rodrigue.
En 2010, il rejoint la collection Signé des éditions du Lombard où il illustre « Le Chat qui courait sur les toits », sur scénario de Michel Rodrigue, suivi en 2014 par « Capitaine Trèfle »d’après Pierre Dubois.
Pour ce même éditeur, il rend un hommage vibrant à Raymond Macherot avec l’album « Chlorophylle et le monstre des Trois Sources » écrit par Jean-Luc Cornette, album publié en ce début d’année (voir Mickey, Chlorophylle, Corentin et les autres… : encore vivants !).
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce créateur inclassable, nous vous conseillons de lire « Mémoires d’un pinceau », somptueux ouvrage de 264 pages édité en 2012 au Lombard, réalisé avec la complicité de son épouse Nathalie Troquette (avec qui il avait créé, en 2008, les éditions Luzabelle) ; ou encore notre « Coin du patrimoine » (René Hausman) et les nombreux autres articles consacrés à cet insolite illustrateur sur notre site : L’Abécédaire de René Hausman…, Un portfolio musical par René Hausman, Le Chat qui courait sur les toits, La Grande Tambouille des sorcières…
Henri FILIPPINI
Très triste nouvelle… Je ne l’avais rencontré qu’une fois, et ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire… On vient de perdre un très grand poète de l’illustration et de la bande dessinée… Ce soir, nul doute que les animaux de la forêt vont se recueillir autour d’une veillée sous les étoiles pour rendre hommage à l’un de leurs meilleurs amis… Adieu, très cher René…
René, tu étais la gentillesse même. Gentil, partout, toujours. J’avais trouvé en toi tant de chaleur humaine. Merci, pour ça, et pour le reste, dans tes livres. J’ai toujours aimé te croiser, ou partager la table avec toi ! Ton p’tit fi..
Plus un illustrateur ou un peintre qu’un auteur de BD classique, il manquait parfois d’un peu de liant entre deux cases. Contrepartie: chaque case était à elle seule un petit tableau. Quel luxe incroyable de détails, et quelle passion pour la nature et ses animaux. Peut-être de l’écologie avant qu’elle ne devienne à la mode. Peu commerciale, son oeuvre mérite de passer à la postérité….
Un talent rare. La planche du Chlorophylle que vous publiez plus haut montre son immense talent, une planche sublime. J’enfonce une porte ouverte en disant qu’il était un des plus grands dessinateurs d’animaux doublé d’un sens esthétique qui fait que tout ce qu’il dessinait est beau.
Je pense qu’on peut parler d’un artiste de la BD.
Oui un véritable Artiste ! Une emprunte distincte entres toutes dans la bande dessinée !
René Hausman offrait des interprétations fortes de poésie !
Reconnaissable d’un seul coup d’œil, il a donné au 9èm Art peu d’ouvrage mais des Å“uvres d’une qualité exceptionnelle !
Je vous embrasse tendrement cher maître…
« Le Chat qui courrait sur les toits » : qui COURAIT
Merci pour votre lecture attentive : c’est corrigé !
Bien cordialement
La rédaction