« Entre terre et mer T1 : Le Jeune Saisonnier » par Erwan Le Saëc et Pascal Bresson

Les pêcheurs bretons étaient de grands voyageurs et des voyageurs courageux, mais il est vrai qu’ils n’allaient pas vers les bancs de Terre-Neuve pour le plaisir, mais pour leur subsistance et celle de leurs familles, ce qui n’enlève rien à leur courage. Paysan ou marin, avait-il le choix quand de père en fils on devenait l’un ou l’autre, ce qu’évoque « Entre terre et mer », la bande dessinée adaptée d’une série télévisée ?

« Entre terre et mer » (ou « Le Grand Banc ») fut en effet une série de six épisodes de 90 minutes, créée et réalisée par Hervé Baslé (diffusée à partir de décembre 1997 sur France 2). Synopsis de la série : « L’arrivée d’un homme sur la côte bretonne près de Saint-Malo provoque en lui l’émerveillement de voir ces marins dévoués, courageux et leurs femmes sur les berges à les attendre. Parmi elles se trouve une petite lavandière aux charmes de laquelle il n’est pas insensible, qui attend son bien-aimé parti en mer il y a des mois. Lorsque le bateau revient, son promis est mort. Il décide alors de s’engager auprès de ces hommes vaillants et prouver ainsi son amour à cette jeune fille ». Pascal Bresson, le scénariste et adaptateur, évoque en effet le sort de Pierre Abgrall, cet homme de l’intérieur des terres (les Monts d’Arrée) qui, après la mort de sa mère, décide de découvrir la mer, du côté de Saint-Malo, et ces fameux Terre-Neuvas qui s’en vont pêcher la morue si loin, si longtemps…

À terre, les femmes attendent maris ou promis, non sans quelquefois tomber amoureuse de quelqu’un d’autre. Il suffirait, par exemple, d’un nouvel arrivant comme ce Pierre qui devient saisonnier à la ferme, pour que la belle Marie succombe. Mais succombera-t-elle, pourra-t-elle tromper son mari quand on sait pourtant que là-bas, du côté de Saint-Pierre et Miquelon, d’accueillantes prostituées assurent le repos des guerriers-pêcheurs. Difficile pour certains de refuser un peu de plaisir charnel dans un monde qui meurtrit précisément les chairs des travailleurs de la mer, solides et rustiques, mais amaigris par le dur labeur. Le dessin de Le Saëc émacie ainsi les visages, rudoie les paysages, ce qui convient bien à l’univers désespérant des mers froides et celui souvent décevant des landes côtières, ces mondes que racontait Pierre Loti dès 1886 dans « Pêcheur d’Islande » et qu’évoquèrent également quelques très bons albums, notamment « Le Cœur en Islande », deux tomes de Makyo (chez Dupuis) sur la caste des Islandais, ces « bagnards de la mer ». Ou bien encore, à l’opposé, « Les Chasseurs d’écume » (de Fino et Dubois, voir chronique sur BDzoom.com).

En attendant la suite et fin qui paraîtra en juin prochain, on peut déguster un autre titre paru simultanément dans la collection Soleil Celtic : « Stonehenge ». Autre voyage dans le sud de l’Angleterre sur le site mythique, mais au Vème siècle. Tout commence bien avant lorsque des barbares, armes à la main, massacrent des druides tout à fait non-violents… L’histoire se répète donc !

Bon voyage tout de même !

 Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/

« Entre terre et mer T1 : Le Jeune Saisonnier » par Erwan Le Saëc et Pascal Bresson

Éditions Soleil (14, 50 €) – ISBN : 978-2-302-04228-5

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