Baru, président !!!

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême oblige, voici un « Coin du patrimoine » légèrement opportuniste consacré à Hervé Barulea, dit Baru ! En effet, non seulement ce talentueux dessinateur et scénariste est le président de la trente-huitième édition, mais il est aussi, certainement, l’auteur le plus primé de cette manifestation charentaise : meilleur espoir en 1985 pour son premier album (le tome 1 de « Quéquette Blues ») et un doublé du meilleur album pour « Le Chemin de l’Amérique », en 1991, et pour « L’Autoroute du soleil », en 1996…


Extrait du Spirou n°3798 spécial Angoulême du 26 janvier 2011.

Des prix amplement mérités qui jalonnent et couronnent une carrière irréprochable : « je ne sais pas si on peut parler de carrière ! Les prix à Angoulême m’ont quand même aidé sur deux plans : l’un strictement professionnel dans la mesure où cela a donné confiance à mes éditeurs, l’autre sur le plan personnel puisque cela m’a rassuré sur l’option que j’avais prise de mettre en avant des personnages comme vous et moi, et cela m’a encouragé à persévérer dans cette voie ! »

Première page en couleurs de « Vive la classe ! ».

Il faut dire aussi qu’à l’approche du festival, les éditeurs multiplient les rééditions et remises en valeurs de ses œuvres constitutives de sa manière d’appréhender le monde (voir : http://bdzoom.com/spip.php?article4581) ; à l’instar de Futuropolis qui ressort le mythique « Vive la classe ! » : album publié, en mars 1987, par les premiers responsables de cette maison d’édition et qui, de façon incompréhensible vu la qualité de ces pages qui n’ont absolument pas vieillies, n’avait jamais été rémis à l’honneur depuis. En revanche, l’auteur a revu et corrigé les pages d’introduction (supprimant ou rajoutant quelques dessins) de cet album qui nous fait revivre, à travers ses truculents souvenirs, le passage obligé pour tout jeune garçon de dix-huit ans de cette époque : le Conseil de Révision pour le service militaire…

Pour notre part, c’est l’occasion de ressortir une interview réalisée en janvier 2002 et uniquement publiée dans le quotidien régional L’Écho du Centre (en juillet et août de la même année) ; mais aussi de faire le tour complet de la carrière de ce brillant autodidacte(1) qui, grâce à son trait nerveux et son ton novateur, sensible et engagé à la fois, s’est forgé, petit à petit, une place de choix au firmament du 9e art : un destin d’ailleurs plutôt curieux pour un ancien prof de gym qui a grandi au sein d’une famille biculturelle (sa mère est française d’origine bretonne, son père italien) et ouvrière (son père était ajusteur dans une usine), dont il est l’aîné de trois garçons, et qui s’est mis au dessin en découvrant les pages de Jean-Marc Reiser dans Hara-Kiri et Charlie Hebdo: « oui, c’est de sa faute si je fais de la bande dessinée aujourd’hui ! En voyant qu’avec la facilité apparente de son dessin il arrivait à parler du monde d’une manière pertinente, riche et juste à mes yeux, j’ai eu envie de faire pareil. Pourtant, je ne savais pas dessiner. J’avais juste envie de ramener ma fraise et cela me semblait un moyen assez aisé pour parvenir à mes fins. Deux jours après, j’avais compris que ce n’était pas si simple que cela en avait l’air. Je me suis quand même accroché et j’ai insisté jusqu’à ce que je sois à peu près satisfait pour oser rendre mon travail public. »

Alors qu’il est né le 29 juillet 1947 à Thil, en Meurthe et Moselle (département où il vit encore aujourd’hui), ce n’est qu’en 1975 qu’Hervé commence à dessiner. Ses premières histoires seront publiées, à partir de 1975, dans un périodique fondé avec des amis, à Nancy : Le Téméraire ; mais aussi dans d’autres fanzines lorrains sévissant au début des années quatre-vingt comme La Parenthèse ou Marengo. Puis, de lui-même, sans avoir la moindre commande d’éditeur, il s’attelle aux cent quarante-six pages en couleurs (réalisées par son ami et complice de toujours Daniel Ledran) de « Quéquette Blues ». Si Casterman, Futuropolis et Le Square se montrent intéressés, ce sera finalement Dargaud qui va les publier dans Pilote, en trois parties (d’avril 1983 à juin 1986) et donc en trois albums, en 1984 et 1986 ; ils seront réunis dans une intégrale en un seul volume intitulé « Roulez jeunesse ! » chez Albin Michel (en 1991), puis sous son titre d’origine chez Casterman (en 2005, et aussi en 2010 avec des croquis inédits supplémentaires).

Extrait de la postface à l’édition 2010 de « Quéquette Blues ».

Les responsables de l’époque (à savoir Guy Vidal et Jean-Marc Thévenet) lui proposent d’abord de faire quand même quelques tours de chauffe avec des histoires courtes publiées, dans ce mensuel, à partir de juin 1982 ; récits qui seront ultérieurement réunies dans l’album « La Piscine de Micheville », en avril 1985(2) : « mes bandes dessinées avaient déjà un peu de bouteille. Cela ne venait pas de la maturité du dessin car je débutais mais, peut-être, de la nature des propos que je tenais. Un gamin de quinze ans ne pouvait pas faire une BD comme « Quéquette Blues », il fallait avoir trente ans et un peu de recul pour ça ! »

Page publiée dans le n°3654 de Spirou, du 23 avril 2008.

En effet, le côté autobiographique de cette surprenante chronique sociale acerbe à l’énergie rock, portrait d’une jeunesse pressée de vivre à travers les déboires d’un adolescent du Nord de la France) n’est pas aussi nombriliste que l’on pourrait le croire : Baru ayant voulu parler de la vie dans le monde ouvrier qui est le sien. Il en sera d’ailleurs toujours de même dans ses autres albums où il continuera de mettre en exergue son ancrage social et ses origines populaires, sans concession aux modes et toujours avec la même exigence : que ça soit chez Futuropolis (« La Communion du Mino » en 1985 et « Vive la classe ! » en 1987) ou pour les éditions Albin Michel et leur magazine L’Écho des Savanes ; « Cours, Camarade ! » y est pré-publié de juillet à décembre 1987 (l’album sortira en janvier 1988) et « Le Chemin de l’Amérique » (scénario écrit en collaboration avec Jean-Marc Thévenet) de décembre 1989 à mars 1990 (album en février 1990, puis chez Casterman, en 1998).

Après diverses collaborations pour le mensuel (À Suivre) des éditions Casterman qui rattrapent ainsi leur rendez-vous raté du début des années quatre-vingt (dont l’album collectif « Le Violon et l’archer », en novembre 1990, et un hommage à Hugo Pratt au n°213, en 1995(3)),

Deuxième planche des deux parues dans le n°213 d’(À Suivre), en 1995, en hommage à Pratt.

Baru fait partie des rares auteurs français qui acceptent de s’engager dans une collaboration directe avec l’éditeur japonais Kôdansha, dès l’orée des années quatre-vingt-dix. Il reprend les bases de « Cours, Camarade ! » et fait paraître, dans la revue Morning, une espèce de « road movie » à la française mêlant action, ironie et engagement politique pendant plus de quatre cent pages enthousiasmantes : « L’Autoroute du soleil », dès 1991.

L’album sortira pratiquement simultanément au Japon et en France (dans la collection « Manga » des éditions Casterman, sous la forme, inhabituelle pour l’époque, d’un unique volume à l’abondante pagination), en 1995(4) : « j’ai travaillé pour les Japonais comme pour mes autres éditeurs : la seule différence, c’était que j’avais de la place, de la distance… Je pense qu’ils ont un rapport à l’image, c’est-à-dire à la représentation codée du monde, qui est exactement le même que le nôtre. Ce qui diffère, c’est notre relation au temps : et puis, culturellement, ce n’est pas la même chose ! C’est pourquoi je considère que le succès des mangas en France est un malentendu. Les lecteurs français lisent les mangas à leur façon et n’y voient pas la même chose qu’un Japonais. Chacun réinventent les images qu’ils sont en train de voir, et c’est peut-être ça qui fait la force de la bande dessinée. Ceci dit, pour moi, « L’Autoroute du soleil » est à la fois le constat d’un échec (je n’ai pas réussi à communiquer avec les Japonais pour les raisons que je viens d’évoquer) et une expérience formidable qui m’a permis de trouver ma propre voie, mon propre rythme, ma propre syntaxe… J’ai développé tout cela jusqu’à un point que je ne pourrais sûrement plus atteindre aujourd’hui. »

Première page des trois publiées dans l’ultime n° d’(À Suivre), le n°239 de décembre 1997.

Toujours pour le mensuel (À Suivre), Baru réalise « Sur la route encore » qui est publié dans la revue, de juin 1995 à août 1996, puis en album en janvier 1997. Il continuera de collaborer avec les éditions Casterman avec « Bonne année » : soixante-dix planches publiées directement en album, en 1998. Pourtant, « Bonne année » est, au départ, un récit de vingt et une pages en noir et blanc publié dans le collectif « Avoir 20 ans en l’an 2000 » des éditions Autrement, en 1995. Baru va reprendre le titre et développer cet univers des banlieues pour l’album Casterman. Les deux récits seront réédités, sous les titres « Bonne année 2016 » (avec un changement de taille dans les trois premières pages puisque la tête du président arrivant au pouvoir ne ressemble plus à celle de Jean-Marie Le Pen) et « Bonne année 2047 », dans l’ouvrage « Noir », dans la collection « Écritures » des éditions Casterman, en 2009.

Page 2 de « Bonne année 2016 », avec à droite la version des éditions Autrement et à gauche la réédition dans l’album « Noir ».

Ils y seront accompagné par un autre récit réalisé, également, dans la foulée de « L’Autoroute du soleil » : « Ballade irlandaise », trente-huit planches commandées par les éditions Bayard pour un projet avorté de magazine et pour lequel, à la demande de l’éditeur, Baru avait adapté une nouvelle de Rodolphe (« Bad Song »). Ce récit était resté inédit jusqu’à ce que les éditions Coconino Press et Vertige Graphic le publient dans le n°1 de leur luxueuse revue internationale Black, en 2004 : « on me demandait souvent ce que j’aurais fais si j’avais dû reprendre « Quéquette blues »…, et cela a donné « Bonne année ». Il y a un parallèle évident entre les deux histoires : les mêmes situations, les mêmes types de personnages et de rapports entre eux… La différence, c’est l’état du racisme avéré de la société française qui est encore plus prononcé et revendiqué qu’à l’époque où j’ai dessiné « Quéquette blues ». Mais moi, je raconte seulement des histoires en liaison avec les problèmes qui agitent mon époque et j’en profite pour exposer ma propre opinion ».

Même s’il se défend de faire de l’autobiographie, Baru intègre quand même des éléments qui lui sont chers dans ses différents albums et particulièrement dans la tétralogie « Les Années Spoutnik » : une chronique sociale et politique de l’univers ouvrier dans la France provinciale de la fin des années cinquante publiée, de 1999 à 2003, aux éditions Casterman : « l’autobiographie est un registre où celui qui se raconte n’hésite pas à montrer son cul, abandonnant toute pudeur, essayant d’établir un contact entre celui qui regarde et celui qui se montre. Moi, je refuse ce rapport de voyeur vu. Il ne s’agit pas de parler exclusivement de moi, mais il s’agit de le faire afin que ceux qui veulent bien se reconnaître dans les propositions que je fais s’y retrouvent ! Ce qui m’intéresse, c’est de parler aux autres en leur tendant un miroir, tout en ayant l’air de parler de moi. Quand je travaille à la matière de mes récits, j’utilise toujours la métaphore du maçon : je construit un mur en utilisant des briques que je vais prendre à droite, à gauche, qui m’appartiennent ou que les autres m’apportent ; après, je les mets les unes sur les autres en bouchant les trous avec ma propre imagination. J’essaie d’être honnête et c’est pourquoi je préviens le lecteur en lui disant que ce n’est pas de l’autobiographie : cela en a l’air, mais ça n’en est pas ! C’est de la fiction, de l’invention, un mensonge qui essaie, quelque part, de toucher du doigt la vérité du monde… »

Extrait de la dernière planche des sept inédites publiées dans la plaquette « Les Années Spoutnik : Pousse-Café ».

Avant d’être réunis en une intégrale publiée en 2009 (toujours chez Casterman), les quatre volumes des « Années Spoutnik » ont fait l’objet d’un coffret les réunissant, en 2003, avec une plaquette de vingt pages proposant un « Post Criptum » (ou un « Pousse-Café ») de sept planches inédites et d’hommages réalisés par Jean-C. Denis, Jacques Ferrandez, Igort, André Juillard, Frank Margerin, Lorenzo Mattotti et José Muñoz (l’une de ses principales influences graphiques) : un must !

Hommage aux « Années Spoutnik » par José Muñoz.

Même si ses récits se passent souvent dans des zones urbaines, les souvenirs de Baru ne sont pas uniquement en béton. Le décor de ses histoires, c’est la vie, tout simplement ! Et il espère que les gens sauront aussi lire les images qu’il propose. Mais le lecteur lambda est-il formé à cela ? : « je pense qu’il y a des formations qui sont autodidactes : quand on lit de la bande dessinée de façon assidue, au bout d’un moment, on devrait finir par savoir décrypter une image et non pas se contenter de la survoler vaguement. Lire une image, cela veut dire s’arrêter dessus, puis voir ce qu’elle raconte. J’ai lu des propos de Jacques Tardi qui allaient un peu dans ce sens : il disait qu’il mettait toujours une bulle de texte dans une image pour obliger les gens à s’y arrêter. J’ose espérer, qu’aujourd’hui, il y a quand même des lecteurs qui prennent la BD dans sa spécificité, à savoir une alchimie très délicate entre le texte et l’image. Si on ne lit que le texte et que l’on va juste chercher les éléments de l’image qui renvoie à ce texte, cela ne peut qu’appauvrir la lecture et la rendre terne ! ».

Une page du collectif « Le Jour où… : 1987-2007 France Info 20 ans d’actualité » chez Futuropolis.

Développant une nouvelle collaboration, avec les éditions Dupuis, Baru propose un diptyque fracassant publié, en 2004 et en 2006, dans la belle collection « Aire libre » (et réédité en un seul volume en 2010) ; il s’agit de « L’Enragé » : le portrait tragique d’un boxeur originaire des banlieues en quête de succès et de transgression sociale !

« Dans ce récit, ce qui m’intéressait, ce n’était pas le sport en lui-même. Pour moi, la boxe c’est une voie royale pour des gens qui n’ont rien pour pouvoir sortir de leur condition : c’est une belle métaphore du déplacement social et c’est sur quoi je travaille depuis que je fais des bandes dessinées. J’essaie de traiter la question du passage d’un état à l’autre, du déplacement des individus dans la société… » ; voir aussi nos chroniques sur ces deux albums : http://bdzoom.com/3828/bd-de-la-semaine/plus-de-lectures-n60-du-6-decembre-2004/ et http://bdzoom.com/spip.php?article2862.

Baru avait déjà raconté la destinée d’un boxeur dans « Le Chemin de l’Amérique » (avec la collaboration de Jean-Marc Thévenet pour le scénario), en 1989. Il s’agissait d’un jeune Algérien coincé entre sa carrière et sa loyauté envers les siens, du sport et de l’amour sur fond de guerre d’Algérie : « Déjà, quand j’étais môme, la moitié de mes copains étaient algériens. Je suis issu du milieu ouvrier lorrain, sorte de « melting pot » de toute l’Europe et de l’Afrique du Nord. Quand j’ai eu entre dix et quinze ans, c’était la guerre d’Algérie : cela m’a bouleversé ! Lorsque j’ai effectué mon service militaire, j’ai demandé à le faire en Algérie. J’ai vu comment les Algériens ont pris cette guerre dans la gueule ; j’ai vu des assassinats, des exécutions, des règlements de comptes… Je suis moi aussi issu de l’immigration et si je mets des maghrébins dans mes bandes dessinées, c’est que je fais l’hypothèse que les problèmes qu’ils rencontrent aujourd’hui sont ceux qu’ont rencontré mes parents à leur arrivée en France. Désormais, les Italiens sont intégrés, ils sont devenus transparents, mais ils n’ont pas disparu. Pour pouvoir raconter son époque, c’est à dire mettre les choses en mouvement, il faut que les personnages soient aussi en mouvement, pas seulement physiquement, mais aussi dans le propos. Or, la seule chose qui fasse bouger un individu, c’est qu’il ne soit pas totalement installé. C’est le cas des immigrés et des jeunes ; et c’est pourquoi, pour mettre en scène mon époque, je fais appel à ces marginaux afin que mes histoires bougent vraiment… ».

En 2006, parallèlement à la publication de diverses histoires courtes (« Davos », une planche pour le collectif « L’Illustration universelle des droits de l’homme » aux éditions Glénat, « Tchao pantin », quatre planches dans l’hommage à « Coluche » chez Soleil, et « Carte blanche à Baru », quatre planches dans le n°2951 du Télérama du 2 août), le festival « bd BOUM » de Blois récompense Baru pour l’ensemble de son œuvre en lui attribuant le « Grand Boum 2006 » ; voir http://bdzoom.com/spip.php?article445.(5)

Première page des quatre publiées dans le n°2951 du Télérama du 2 août 2006.

L’année suivante, il réalise les trois pages de « Garnisons, 2000 ans après J.-C. » (ou « Abdelix et Kaderix s’ennuient… ») pour l’album collectif « Astérix et ses amis : hommage à Albert Uderzo » paru chez Albert-René et huit images pleine page pour le collectif « Le Jour où… : 1987-2007 France Info 20 ans d’actualité » chez Futuropolis. C’est aussi l’année où Baru revient chez Casterman avec « Le Sourd » (treize planches scénarisées par le romancier Jean-Bernard Pouy(6)), l’une des histoires de l’album collectif « Tooloose » qui compile également des récits sur l’agglomération toulousaine dus à Martin Veyron, Jean-Marc Rochette et Blutch ; puis, en 2008, avec une impressionnante adaptation d’un roman très noir de Pierre Pelot dans la nouvelle collection « Casterman/Rivages/Noir » : « Pauvres Zhéros » (voir http://bdzoom.com/spip.php?article3073) !
Deuxième page du récit « Le Sourd » publié dans le collectif « Tooloose », en 2007.

Enfin, en 2010, il passe chez Futuropolis pour y publier « Fais péter les basses Bruno ! » (voir http://bdzoom.com/spip.php?article4472). Cet album optimiste montre bien que Baru essaie toujours de mettre le plus d’humanité possible dans ses bandes dessinées ; c’est d’ailleurs ce qui en fait son charme, au-delà du propre engagement politique de l’auteur : « je prône des valeurs de solidarité, de tolérance et de respect de l’autre ; mais ce n’est pas un engagement au sens dur du terme. Si j’étais vraiment engagé, je militerais contre le Front National ! Je me contente de raconter des histoires qui parlent de notre époque or, dans notre époque, il y a la présence du Front National ! Il se trouve que je ne suis pas d’accord avec eux et je le manifeste dans mes albums. Les Le Pen disent ce qu’ils pensent et moi aussi : eux ils disent qu’ils n’aiment pas les étrangers, moi je dis que je n’aime pas ceux qui n’aiment pas les étrangers. Par ailleurs, c’est vrai que, comme je suis un auteur de bandes dessinées, ma voix est un peu plus forte que celle d’un militant de base. Pourtant, dans le fond, nos discours sont les mêmes et je trouve même celui du militant plus courageux car il ne bénéficie pas de l’écoute et de l’aura que je peux avoir en tant qu’auteur ! »(7)

Gilles RATIER

(1) Pour une bibliographie complète et très précise de Baru, jusqu’en 2000, nous ne pouvons que vous conseiller le n°36 de P.L.G. (hiver 2000-2001) réalisé par Philippe Morin et Dominique Poncet. Et pour en savoir plus sur cet auteur remarquable, vous pouvez aussi consulter, à bon escient, les revues suivantes : Pilote & Charlie n°2, Spot BD n°5, Rêve-en-Bulles n°12, Jade n°9, Jade (NS) n°4, Toute la BD 1992, L’Inédit n°12, Swof n°29, Bo Doï n°49, n°81 et n°87, Bandes Dessinée Magazine n°4, Patate douce n°6, La Lettre n°81, Bo Doï n°HS16, CaseMate n°4, n°29 et n°34, Télérama n°3185 et Papiers Nickelés n°27 ; ou encore les ouvrages « Jeux d’influences » aux éditions PLG (en 2001) et « Itinéraires dans l’univers de la bande dessinée » de Michel-Édouard Leclerc aux éditions Flammarion (en 2003).

(2) L’histoire de cinq planches constituant « La Piscine de Micheville » sera reprise dans le n°1 de l’éphémère hebdomadaire Echo ebdo et l’album entier chez Albin Michel, en 1993, avec deux histoires courtes supplémentaires (la planche de « La Banane » et les neuf de « Charly Gaul » pré-publiées dans L’Écho des Savanes, en 1985) : il en existe aussi un tiré à part Lobédé, avec couverture blanche et jaquette, publié par la M.J.C. de Longwy, la même année. En 2009, Les Rêveurs rééditeront cette version augmentée de six planches de commentaires de Baru.

Et ce dernier a également réalisé, lui-même, de nouvelles couleurs directes pour cette belle version. Hélas, il manque, dans cette édition également reprise dans un coffret regroupant aussi « Quéquettes Blues » et « Vive la classe ! » (avec, en prime, un documentaire de cinquante-deux minutes sur l’artiste signé par Jean-Luc Muller) sous l’appellation « Villerupt 1966 », la page de « La Banane » !

(3) Outre les huit planches pour « Le Violon et l’archer » dont il partage le sommaire avec François Boucq, Max Cabanes, Jacques Ferrandez, André Juillard et Jean-Louis Tripp (excusez du peu !), Baru participe, à la même époque, à plusieurs autres collectifs comme :
- « Robialopolis » plaquette publiée, en janvier 1987, par les éditions Futuropolis dirigées alors par Étienne Robial à l’occasion de l’exposition éponyme présentée lors du quatorzième Salon International de la Bande Dessinée d’Angoulême, avec une illustration en noir et blanc
- « Rock Cartoon : l’histoire du rock en BD » aux éditions Art moderne, en octobre 1990, avec deux planches sur Otis Reding sur un scénario et des textes de Philippe Koechlin
- « Dessous fripons » aux Humanoïdes associés, en novembre 1991 (réédition en 2010) avec cinq planches intitulées « Socrate »
- « Tant qu’on a la santé » aux éditions First et Médecins du monde, en 1991 (deux planches intitulées « Diplomate : menteur professionnel »

- « Johnny : les années soixante » chez Hors collection, en février 1992 (sept planches intitulées « La Nuit de l’Alhambra »)
- « La Revanche des régions », album conçu par Annie Baron-Carvais pour Glénat Concept, en juin 1992 (une planche intitulée « La Lorraine »)
- « MTV Award : Outbreaks of Violets », portfolio collectif (super classe !) réalisé pour une remise de trophées chez MTV, en 1995 (une planche intitulée « Un brave gars »)
- « Le Quartier Sainte Marguerite », collectif sur une rue de Liège (un n° par auteur) où était sise la librairie la Marque Jaune qui a aidé à publier cet ouvrage (avec la librairie Brüsel), en novembre 1997 (quatre planches en noir et blanc intitulées « 54 rue Sainte Marguerite »). Ce livre est en fait le n° 19 d’une revue ayant pour nom Je dirais même plus. Le nom de l’éditeur est donc : Je dirais même plus- Les Edition.
(- « Fous de foot » aux éditions Albin Michel, en 1998 : reprise, en album cartonné, d’un numéro hors série de L’Écho des Savanes spécial foot avec quatre planches intitulées « Dégage ! ».

(4) « L’Autoroute du soleil » sera réédité, en deux volumes, dans la collection « Écritures » des éditions Casterman, en 2002, et de nouveau en un seul tome en 2008, sous une nouvelle couverture.

(5) Parmi les derniers travaux épars de Baru, outre la reprise de « Socrate » dans le hors-série n°4 de Bo Doï en 2002 (mensuel qui avait aussi pré-publié partiellement la deuxième partie de « L’Enragé », en 2007), il faut également mentionner deux pages d’hommage à son génie préféré dans « Reiser forever » paru chez Denoël Graphic en 2003, deux autres pages intitulées « Une balle dans l’pied que j’vais m’tirer, mais bon… » pour l’ouvrage de Thierry Bellefroid (« Les Éditeurs de bande dessinée ») chez Niffle en avril 2005, le récit de deux pages titrées « Saint Marcel » intégrant l’une de ses premières BD (« Monsieur Picot ») dans le n°348 de Fluide Glacial fêtant ses trente ans en mai 2005,

une page nostalgique pour le n°3654 de Spirou (du 23 avril 2008), hebdomadaire qui vient de publier « Alfred » (trois pages dans le n°3798 spécial Angoulême du 26 janvier 2011) et les quatre planches de « Soixante–huitard toujours » dans le Pilote spécial sur Mai 68, en avril 2008. Baru nous a aussi signalé « Le Cadeau » (deux pages pour un magazine interne de La Poste, certainement Messages, vers 199?), « L’Amerique et moi… » (une page pour The Courant, le supplément magazine d’un quotidien du Connecticut aux USA) et « Cher Michel Platini » (deux pages réalisées pour une exposition Sport & BD commandée par le magazine L’Équipe) dont nous n’avons, malheureusement, pas retrouvé les références précises…

(6) Baru a aussi illustré un roman de Jean-Bernard Pouy : « Comme jeu, des sentiers … » aux éditions Liber Niger, en 2000. Pour ce même label, il a également réalisé quelques dessins pour l’ouvrage « New York, 100ème rue Est » de Jean Vautrin, en 2004. Ce n’était pas les premières fois qu’il illustrait ce genre de nouvelles bien noires puisqu’il avait déjà tenté l’expérience avec succès, en 1984, pour « Squelette… » de Bill Pronzini publié dans la petite collection « Futuropolice » (chez Futuropolis, bien sûr) dirigée par François Guérif !

(7) Et quand on lui demande sur quoi il travaille en ce moment, Baru répond : « Pour l’instant, j’en finis avec Angoulême. Après, je ne ferai rien, pendant un certain temps… J’ai écrit un scénario (« Le Silence de Lounès ») pour un jeunot qui s’appelle Pierre Place (ndlr : il s’agit du prometteur auteur de « Au Rallye » paru aux éditions Warum, en 1989), à paraître chez Casterman. Ensuite, je ferai certainement un autre bouquin chez Casterman : peut-être une adaptation d’un roman de Jean Vautrin ou de Pierre Pelot… Puis, retour chez Futuropolis pour un truc plus ambitieux que j’ai dans mes tiroirs depuis un moment, mais que je n’ai pas encore développé. Ceci dit, c’est faire abstraction des sollicitations d’autres éditeurs avec qui j’ai déjà travaillé… ».

Galerie

2 réponses à Baru, président !!!

  1. Anonyme dit :

    La première édition de ce bouquin est, comme beaucoup de titres de l’ancien Futuropolis, toujours disponible. Il faut juste penser à le commander, si on le veut dans ses rayons… ;)

    • Bdzoom dit :

      Bonjour monsieur l’anonyme lecteur !

      On sent, dans vos propos, une certaine aigreur vis à vis des nouveaux dirigeants de Futuropolis, me trompais-je ?

      En tout cas, sachez que si l’album  » Vive la classe !  » est toujours disponible chez l’ancienne structure de cet éditeur, aucune publicité en a été faite depuis sa première parution qui remonte à bientôt vingt-cinq ans !!! Et, toujours pour votre gouverne, sachez aussi que même Baru, qui a pourtant relu ce texte avant sa mise en ligne, n’a absolument pas tiqué au fait que l’on dise, dans la première version de ce  » Coin du patrimoine « , qu’il n’avait pas été réédité depuis, et ceci de façon incompréhensible ! Nous avons donc rectifié en remplaçant « réédité » par « mis à l’honneur », en espérant que cela vous semble peut-être plus approprié !

      Bien cordialement

      Gilles Ratier

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