Coq hardi : vie et mort d’un journal (première partie)

Le 20 novembre 1944 est une date que n’oublieront jamais les jeunes enfants de l’époque habitant la zone sud de la France, car c’est celle de la parution du premier numéro de Coq hardi : un périodique sous-titré « Chante tous les dix jours pour la jeunesse de France ». L’histoire de Coq hardi est avant tout celle d’un homme passionné par la bande dessinée, Jacques Dumas, plus connu sous le pseudonyme de Marijac : Jac pour son prénom, Mari pour celui de sa femme Marie. Né le 7 novembre 1908 à Paris, au sein d’une modeste famille originaire du Massif Central, cet ancien ouvrier ajusteur chez Renault — autodidacte, car n’ayant jamais suivi le moindre cours de dessin (encore moins de scénariste) — allait passionner toute une génération de lecteurs n’ayant connu que les privations de l’Occupation allemande. C’est l’histoire de ce journal à nul autre pareil que nous allons vous conter.

Comme dans ma rubrique sur Pif le chien (voir Pif le chien : histoire d’une tragédie éditoriale) où je n’ambitionnais pas de raconter la vie d’Arnal (peut-être un jour), dans la présente évocation, c’est Coq hardi qui est le sujet, pas Marijac (ça viendra un jour prochain), ni ses dessinateurs

Marijac.

Du Corbeau déchaîné à Coq hardi

Mobilisé en 1939 à l’État-Major du 2e bataillon du 11e R. D. P., Marijac, dessinateur à Pierrot et à Cœurs vaillants, est invité par ses supérieurs pour mettre au point un de ces journaux de régiments qui font la joie des soldats au front.

C’est ainsi que le jeune appelé sans grade crée La Vie est belle ! sous-titré « Défendons-là ! ». Cette feuille, imprimée à ses débuts sur pâte à polycopier, tirée à 80 exemplaires, atteindra le tirage fabuleux de 1 500 grâce à une machine à polycopier Gestetner offerte par une généreuse marraine de guerre.

Si les troufions de base paient un prix dérisoire pour l’acquérir, les officiers, souvent issus de riches familles, se montrent beaucoup plus généreux. Le jeune Marijac peut ainsi envoyer de copieux mandats à son épouse.

Le succès de cette petite revue donne l’idée au général Blanchard, patron de la 1re division motorisée, de créer lui aussi un journal. Ce sera Le Cheval mécanique qui ne connaîtra, hélas, qu’un seul numéro, en avril 1940. Les nazis mettent un terme à l’aventure en confisquant la précieuse polycopieuse, alors que notre dessinateur, envoyé au front en Belgique, puis sur la Loire, se retrouve dans un camp de prisonniers à Surgères, près de Saintes. Il parviendra à jouer les filles de l’air quelques semaines plus tard.

Démobilisé, il retrouve son épouse réfugiée avec leur fille en Auvergne, à Saint-Germain-Lembron, où son ami Hergé, ayant fui l’invasion de la Belgique par les Allemands, avait séjourné pendant quelques semaines quand il était encore prisonnier.

Le jeune créateur reprend sa collaboration avec Cœurs vaillants et Siroco dont les rédactions se sont repliées à Clermont-Ferrand.

La création, par le gouvernement de Vichy, du travail obligatoire pour les jeunes Français en Allemagne incite de nombreux conscrits à prendre le maquis. Le capitaine Charles, chef de l’un des maquis auvergnats, demande à Marijac de créer un petit journal pour remonter le moral de ses hommes échaudés par la bataille du Mont Mouchet, lequel est au plus bas. C’est ainsi qu’en 1944, naît dans la clandestinité Le Corbeau déchaîné, modeste journal illustré du maquis arverne, avec pour seule adresse « rédaction dans la nature ». C’est dans les pages des 6 numéros de ce « fanzine résistant » entièrement écrit, illustré et lettré par Marijac, que naissent l’Avocat, Pinceau et la Torpille, les célèbres mousquetaires du maquis.

Après les heures difficiles de la Libération, les rares périodiques encore publiés disparaissent. Ce sera le cas, provisoirement pour Cœurs vaillants. Sans travail, avec seulement 1 500 francs en poche, Marijac, encouragé par son expérience auprès du maquis, décide de publier son propre journal. En ces temps difficiles, le papier est rare et en obtenir tient du parcours du combattant. Avec l’aide du commandant Ligier, patron du M. L. N. (Mouvement de libération national) qui connaît Le Corbeau déchaîné, l’auteur de cette feuille clandestine obtient l’autorisation de publier le premier numéro de son magazine : Coq hardi lequel, dans un premier temps, ne paraîtra qu’en zone sud. Imprimé par les presses du journal L’Avenir, le premier numéro tiré à 25 000 exemplaires est un énorme succès. L’histoire de Coq hardi peut commencer.

Coq hardi et sa tribu

C’est donc le 20 novembre 1944 que Coq hardi, dont la rédaction des éditions M. L. N. est située 21 rue Blatin à Clermont-Ferrand, fait son apparition avec une parution annoncée tous les dix jours.

Quatre pages, deux en couleurs et deux centrales en noir et blanc, sont pratiquement toutes remplies par les travaux de Marijac, véritable homme-orchestre de ce tour de force. À la Une, « Les 3 Mousquetaires du maquis » qui peuvent désormais chasser le « fridolin » en toute liberté. En dernière page, « Tonnerre sur le Pacifique », série d’aventure elle aussi dessinée par Marijac (qui utilise le pseudonyme de Dum’s) où l’on voit l’aviation américaine combattre les Japonais. En pages centrales, « Au service de la France » (un récit vécu par un F. F. I. d’Auvergne dissimulant bien sûr Marijac), un portrait du général De Gaulle et un double strip, « Lyne et Zoum », une fillette et son chien que Marijac allait réutiliser dans le magazine Wrill des éditions Gordinne, en 1945 et 1946.

Après ce premier numéro cent pour cent Marijac, quelques nouveaux collaborateurs font leur entrée : le dessinateur Flip (de son vrai nom Jean-Philippe Chaumont) avec « Flipette » aux n° 2, 4 et 7, Alain Saint-Ogan et ses « P’tites Histoires » à partir du n° 3, l’illustrateur Georges Bourdin, le romancier Paul Bérato alias Yves Dermèze ou Paul Mystère (entre autres pseudonymes)…

Dès le n° 5 du 5 janvier 1945, on remarque aussi « Poncho Libertas », un western écrit par Marijac pour le grand dessinateur Étienne Le Rallic qui fut, avant-guerre, le mentor du jeune patron de Coq hardi (1).

Avec une parution de plus en plus chaotique, le journal tient le coup jusqu’à son numéro 10 non daté, mais publié au mois de mars 1945, avec des ventes dépassant les 75 000 exemplaires, uniquement en zone sud.

« Poncho Libertas » de Marijac et Étienne Le Rallic.

Avec la libération totale de la France, les autorisations régionales sont supprimées et Coq hardi va connaître une interruption d’une année avant de reparaître, cette fois-ci, à Paris. Pendant cette période de vaches maigres, Marijac publie, pour survivre, des petits recueils reprenant d’anciens épisodes de ses séries « Jim Boum » (créée dans Cœurs vaillants, au n° 24 du 14 juin 1931) ou « François Veyrac » (créée dans Pierrot, au n° 18 du 30 avril 1939) : Magazine Coq hardi (voir Hop ! n° 62 du 1er trimestre 1994). Par ailleurs, Marijac propose des aventures inédites des 3 Mousquetaires du maquis dans une collection éponyme de 6 fascicules de 8 pages, dont 4 en couleurs, publiés à Clermont-Ferrand et dont les ventes atteindront les 125 000 exemplaires, alors que, sous l’impulsion de Paul Bérato, une Collection Coq hardi de romans illustrés voit le jour en format de poche. Après un épisode rocambolesque, c’est grâce à l’intervention de Dominique Ponchardier, créateur du célèbre « Gorille » et membre éminent de la Résistance, que Coq hardi obtient l’autorisation de reparaître, tandis que les 3 collections précitées continuent avec un certain succès.

C’est donc en avril 1946 que le journal revient dans toute la France, bimensuel puis très vite hebdomadaire, avec un tirage de 100 000 exemplaires qui dépassera rapidement, ensuite, les 150 000. C’est à cette époque que Marijac a l’idée géniale de créer la tribu des Coqs hardis : tribu, dont il est le sachem sans plume et qui comptera jusqu’à 12 000 jeunes membres se réunissant tous les ans. Parmi eux, Belette grimaçante alias Georges Wolinski et Bison impétueux alias Jacques Chirac. Loyauté-franchise-courage est la devise de cette tribu dont les anciens membres conservent, encore aujourd’hui, un souvenir ému. Notons que la rédaction de Coq hardi s’est installée au 10 rue des Pyramides, non loin de l’Opéra Garnier, dans l’immeuble qu’occupait le M. L. N. à Paris.

Tout en terminant « Tonnerre sur le Pacifique » ou écrivant et dessinant quelques nouveaux exploits au trait réaliste de son cher « Jim Boum » (certains épisodes sont uniquement des rééditions de Cœurs vaillants), rayon humour, Marijac poursuit ses « 3 Mousquetaires du maquis » pratiquement sans interruption, jusqu’en 1950,tout en proposant un inédit d’« Onésime Pellicule chasseur d’images » en 1949

Planche originale d’« Onésime Pellicule chasseur d’images ».

et des reprises de « Patos enfant de la brousse » en 1950 ou de « Jules Barigoule détective amateur » en 1952 (2).

Strip original de « Jules Barigoule détective amateur ».

Une première équipe de choc

La pagination du journal atteignant les 8 pages hebdomadaires, il est urgent de faire appel à de nouveaux collaborateurs. Endossant le costume de rédacteur en chef, Marijac dose avec intelligence auteurs anciens et nouveaux, leur écrivant des scénarios sur mesure où dominent loyauté, franchise et courage, les trois maîtres mots de la devise des Coqs hardis. Si les historiens retiennent volontiers les noms de René Goscinny et Jean-Michel Charlier parmi les grands scénaristes de l’âge d’or, plus rares sont ceux qui citent celui de Marijac. Pourtant, malgré ses fonctions d’éditeur, rédacteur, concepteur ou dessinateur, il se révèle un excellent scénariste, assurant jusqu’à 5 histoires de front, dans les domaines les plus variés.

Parmi les anciens, Étienne Le Rallic (1891-1968) poursuit les aventures de « Poncho Libertas » dans Coq hardi, jusqu’en décembre 1948, avant de proposer, de 1948 à 1951, « Capitaine Flamberge » une histoire de Marijac dont l’action se situe à l’époque de Louis XIII, suivie du « Fantôme à l’églantine » de 1951 à 1952 (au scénario signé Jacques François, encore un pseudonyme de Marijac) avec pour cadre la Terreur, et enfin la série des « Évasions célèbres » où il se contente d’illustrer des textes proéminents de Louis Saurel, à partir de 1952.

Le Rallic poursuit sa collaboration à Coq hardi en illustrant d’autres récits didactiques de Saurel, jusqu’en novembre 1954, pour les séries « Les Chercheurs d’aventures » ou « Les Mystères de l’histoire ».

On le retrouvera, entre autres, dans Mireille, avec « Moustique, mousquetaire du roi » écrit par Marijac, en 1956.

Il publiera ses derniers travaux, toujours sur scénarios de Marijac, dans Nano et Nanette (« Yuki chien de traîneau » en 1961, « Les Enfants de la tourmente » en 1963 et « Aliboron du Far-West » en 1964).

Marijac recrute également Auguste Liquois (1902-1969) qu’il avait rencontré à Pierrot, pour illustrer, à partir de mai 1946 et jusqu’en juillet 1947, la première partie du célèbre récit d’anticipation « Guerre à la Terre ». Ce syndicaliste, qui travaillait donc aux éditions de Montsouris, mais aussi pour L’Épatant ou Junior et ensuite pour les éditions mondiales de Cino del Duca (« Salvator » dans Tarzan ou la collection Satanax), participe à la fondation du syndicat des dessinateurs de journaux (S. D. J.) où il anime la section des journaux pour enfants et lutte contre l’intrusion dans bandes étrangères. Pendant la guerre, il participe au tristement célèbre Le Téméraire et au tout aussi contestable Mérinos avec une bande prenant pour cible le maquis : « Zoubinette ». Cela ne l’empêchera pas de participer aux débuts de Vaillant avec « Fifi gars du maquis » — il avait alors sa carte au parti communiste français – avant d’être renvoyé lorsque la rédaction eut connaissance de ce fait : Passer de la collaboration au communisme, créer un syndicat, il fallait un sacré opportunisme pour tromper tout le monde ! Il continuera toutefois son action syndicale en créant, avec Marijac, l’agence SDDF. Cependant, un différend avec le scénariste sur les droits de « Guerre à la Terre » mettra fin à sa collaboration à Coq hardi.

Raymond Cazanave (1893-1961), lui aussi présent dans les journaux d’avant-guerre comme Les Petits Bonshommes, Pierrot ou Lisette (on le retrouvera ensuite dans Frivolet, Vaillant, King Kong ou aux éditions Gordinne, puis dans L’Intrépide, Bravo ou chez Artima) y illustre d’abord, en 1946, un récit d’Yves Dermèze : « Chasse aux corsaires ».

Ses somptueux noirs et blancs sont surtout mis en valeur avec les aventures maritimes du « Capitaine fantôme » de 1946 à 1947.

Puis dans ses suites « Le Vampire des Caraïbes » (publié de novembre 1947 à juin 1948) et « Les Boucaniers » (publié de juin à septembre 1948).

Ces 3 passionnants récits de flibuste sont écrits par Marijac, lequel signait ici Jacques-François.

Planches originales du « Capitaine fantôme ».

Pour le registre comique, Daniel Laborne (1902-1990) reprend les aventures de son personnage Lariflette — conçu le 25 décembre 1939 dans l’édition réservée à la zone des armées du Petit Parisien — en 1946 et 1947 ; ceci avant qu’il ne devienne une star dans les pages des quotidiens Ouest France, La Liberté ou La Montagne où l’avait placé Marijac, via l’agence SDDF.

Marijac avait aussi remarqué le talent d’Érik (André Jolly, 1912-1974) dans Benjamin, Gavroche ou Les Grandes Aventures, avant que son passage au Téméraire ne lui valût d’être mis à l’index. Dans Coq hardi, il va animer, avec son trait nerveux, les aventures du savant Tribacil (du n° 10 du 2 mai 1946 au n° 203 du 9 février 1950), puis celles, moyenâgeuses, du  chevalier Tartol (entre 1950 et 1954), ainsi qu’une enquête de Papou, détective privé (de 1952 à 1953). En 1952, Coq hardi publiera aussi la suite inachevée de l’un de ses récits commencés dans Pierrot  en 1951 : « Professeur Canif contre docteur Krapotus ». Auteur très prolifique, Érik poursuivra surtout sa carrière aux éditions de Fleurus (avec « Pat Rac », « Finette »…), mais également dans O.K, Paris-Jeunes, Jeudi-Matin, Zorro, Lisette (« Nique et Prune »), Tintin, Jocko, IMA, L’Intrépide (« Zanzi »), Sylvie ou Record (« Mégalithe »)…

Sachant que Marijac recherche des dessinateurs humoristiques, Le Rallic incite Mat (Marcel Turlin, 1895-1982) à se présenter à Coq hardi. Omniprésent dans les journaux de la S. P. E. (Société parisienne d’édition) d’avant-guerre et d’après-guerre, notamment avec « César Napoléon Rascasse », « Laurel et Hardy », « Pitchounet », « Oscar le petit canard », « Bouclette » ou « Charlot » (voir Charlot a cent ans !), il est au sommaire du journal de Marijac avec « Baby Baluchon athlète complet », entre 1947 et 1952. Suite à l’arrêt du magazine Cricri, Coq hardi publie aussi la suite inachevée de son « Fanfan le petit ours » en 1950. Bien plus tard, en 1962, Mat retravaillera brièvement pour les publications de Marijac avec « Noémie » dans Frimousse et « Caro-Lyne » dans Frimousse magazine.

Edmond-François Calvo (1892-1958, voir Le réalisme chez Calvo) est un prodigieux dessinateur animalier reconnu pour son graphisme en avance sur son temps, ne serait-ce qu’avec « La Bête est morte » (1944-1945) ou, plus tard, « Moustache et Trottinette » (1952-1957).

Dans Coq hardi, il reprend « Pat’folle capitaine corsaire » en 1948 : un autre personnage créé par Marijac pour Cœurs vaillants, de 1935 à 1936.

Puis, en 1950, à l’arrêt du journal Cricri où ce personnage animalier pour les plus petits avait été créé en 1948 (avec une nouvelle version de « Baptistou »), il termine l’épisode en cours de « Cri-Cri souris d’appartement », avant de poursuivre sa collaboration avec Marijac, dans Les Belles Images de Pierrot, avec « Coquin le chien du braconnier », à partir de 1952.

« Chevalier Printemps » dans Coq hardi.

Autre collaborateur anecdotique de Marijac, Jean – alias Jen — Trubert (1909-1983) travaillera surtout pour les périodiques et récits complets du groupe Offenstadt – future Société parisienne d’édition/S. P. E. (Le Petit Illustré, Junior, L’As…), mais aussi pour Mon Camarade, France-Soir, Femmes Françaises, Vaillant, Bravo !, Tintin, Francs Jeux, Pilote, Fripounet, Amis-Coop, etc. À Coq hardi, il présentera seulement, du n° 208 au n° 213 de 1950, 6 pages de son « Chevalier Printemps » qui sont la suite des aventures créées dans Baby journal/Cricri en 1948, avant de continuer cette saga médiévale dans Les Belles Images de Pierrot (de 1952 à 1955), puis de poursuivre sa collaboration avec Marijac dans Nano et Nanette (« L’Étroit mousquetaire » en 1963 et « Les Petits Révoltés du Bounty » en 1964).

« Chevalier Printemps » dans Bravo.

À ces créateurs ayant fait leurs preuves avant d’entrer dans les pages de Coq hardi, Marijac va adjoindre une solide équipe de jeunes dessinateurs qui, très vite, rivalisent de talent avec leurs aînés : à commencer par Claude Marin (1931-2001, voir Claude Marin) qui est, d’ailleurs, le seul dessinateur humoristique de la génération d’après-guerre à participer à Coq hardi. Il a tout juste 15 ans lorsque Marijac le fait débuter, en juillet 1946, avec les aventures de Bobichon, puis de Kid Tom Pom (en 1948).

Il succède graphiquement au rédacteur en chef-éditeur de Coq hardi sur « Bill de clown détective » en 1948 et 1949 (nouvelle version d’un personnage paru auparavant dans Francis) et sur « Costo chien policier » en 1950 (suite d’une série commencée dans Cricri et adaptation d’une bande publiée dans Pierrot), puis il campe « Le Père Noël », émouvant vagabond qui fera couler quelques larmes aux lecteurs de l’époque, entre 1950 et 1954.

« Bill de clown détective » version Claude Marin.

Claude Marin restera fidèle à Marijac, animant « Pin-Pin le lapereau » dans Cricri (de 1949 à 1950), « John d’Œuf » dans Magazine Coq hardi (en 1949), « Joé Jo » dans Ouest Magazine (en 1953), « Éva » et « Mireille » dans Mireille (de 1954 à 1956 et de 1956 à 1958), « Mic, Mac et Pouf » et la reprise de « Trilili » créé par Robert Moreau dans Pierrot (entre 1956 et 1957), « Fanfan » dans Nano et Nanette (de 1958 à 1966), « Mimi » dans Frimousse (en 1961), « Les 3 Mousquetaires du Far West » dans le petit format Coq hardi (en 1962 et 1963), « Jay Quedall » dans Mark Trail (en 1964), « Sophie et Poilapuce » ou une nouvelle version de « Baptistou » (1968-1969) dans Bout d’chou et surtout « Frimousse » pour le pocket éponyme, entre 1958 et 1967. Après un passage dans la publicité, Claude Marin revient à la bande dessinée avec « Frère Boudin » pour Greg (en 1977 et 1978) et surtout la mise en images de séries Disney, de 1980 à 1997, dont les « Bébés Disney ». Son dessin rond et truculent fera la joie de plusieurs générations de lecteurs.

À suivre…

Henri FILIPPINI 

Relecture, notes et compléments, recherches iconographiques et mise en pages : Gilles Ratier

(1) À la demande de l’abbé Courtois — le responsable de cet hebdomadaire catholique —, Marijac, qui avait déjà travaillé pour diverses revues sportives ou satiriques (Les Jeunes, L’Auto, Auto magazine, Le Sel, Le Dimanche illustré…), a remplacé Étienne Le Rallic, victime d’une mauvaise chute de cheval, sur divers strips et illustrations publiés dans Cœurs vaillants, à partir de 1931. Si bien qu’à sa guérison, le prolifique dessinateur réaliste envisage un temps de faire de Marijac son nègre, alors que ce dernier pensait abandonner ce métier peu rentable. Finalement, Le Rallic va plutôt lui ouvrir les portes des maisons d’édition et lui permettre de travailler à Ouest-Éclair, Pierrot, Guignol, Jeunesse magazine, Le Bon Point, Francis, Le Journal de bébé, tout en poursuivant sa collaboration à Cœurs vaillants et à Siroco. Ensuite, en 1935, alors que Le Rallic reçoit une commande d’album de la part des éditions belge Gordinne, il sollicitera quand même l’aide de Marijac pour le scénario et le dessin de certains personnages pour réaliser le western humoristique animalier intitulé « Les Premières Aventures de Flic et Piaff ».

Flic et Piaff dessinés conjointement par Le Rallic et Marijac.

(2) « Onésime Pellicule chasseur d’images » est issu de Pierrot où il fut publié entre 1937 et 1938 (reprise dans Magazine Coq hardi, entre 1947 et 1948).

« Patos enfant de la brousse » provient du Journal de Bébé (en 1939).

Quant à « Jules Barigoule détective amateur », il a été créé dans Ouest-Éclair en 1934, avant d’être repris en album chez Gordinne en 1935 et 1937.

Ce personnage a vécu aussi quelques gags dans Cœurs vaillants (en 1936) et de nouvelles mésaventures publiées dans Wrill, entre 1945 et 1956. C’est cette version qui sera reprise dans la deuxième série de Coq hardi.

Planche originale de « Patos enfant de la brousse ».

Sources :

— Coq hardi : réédition au tirage limité à 1 000 exemplaires des 10 premiers numéros de Coq hardi (éditions de Châteaudun, 1981), 

— « Souvenirs de Marijac » par Marijac, collection b.documents (éditions Glénat, 1978),

— « Haga présente Coq hardi » par Jean-Paul Tiberi et H. F. Calmels (janvier 1976),

— Dossier Coq hardi par François Rahier dans Fumetto n° 89  (Anafi, 2014),

— Rétrospective Marijac dans Hop ! n°62, n° 90, n° 103, n° 105, n° 107, n° 109, n° 111, n° 113, n° 115, n° 117, n° 119, n° 121, n° 123, n° 125, n° 127, n° 129, n° 131, n° 133, n° 135, n° 137, n° 139 et n° 141.   

Une belle page de Calvo parue dans le n° 208 de Coq hardi (du 16 mars 1950) reprise dans le n° 115 de Hop !, en 2007.

Galerie

4 réponses à Coq hardi : vie et mort d’un journal (première partie)

  1. Fabuleux !
    Enfin l’histoire chronologique de Coq-hardi ! Très voisine de celle de Vaillant, mais côté MLN.
    Il n’y a eu que « Hop ! » pour proposer un travail sur Coq-hardi et Marijac.
    Les documents sont formidables, et on aimerait vraiment lire tout ça en version papier !
    J’ai eu l’occasion d’interviewer Kline longuement sur ses premières années d’auteur BD pour Marijac. On ne dira jamais assez le rôle joué par ce dernier dans les illustrés d’après-guerre en France.
    Bravo encore pour cet article et ses documents, et je suis impatient d’en découvrir la suite !
    J-Luc

  2. Bravo pour ce bel article, riche et généreux, cher Monsieur Filippini. Vous avez par le passé fait beaucoup pour perpétrer la mémoire de Coq Hardi, avec notamment les reprises en albums d’histoires de Lerallic, Cazanave, Poivet, etc.

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