Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...ZOOM SUR LES MEILLEURES VENTES DE BD ET DE MANGAS
Le tome 46 de la série manga » Naruto » (toujours tirée à 250 000 exemplaires par les éditions Kana) prend la 2ème place détenue précédemment par le dernier » Passagers du vent « , lequel est relayé en 3ème position dans le « Top 20 » des meilleures ventes de livres (tout genres confondus).
Et les 2 autres bandes dessinées présentes dans ce classement général sont aussi des mangas : le tome 52 de » One Piece » (tirée à 85 000 exemplaires par les éditions Glénat) débarque à la 7ème place et le volume 19 de » Fairy Tail » (tirée à 70 000 exemplaires par les éditions Pika) recule en 19ème position. Toujours du côté de la BD asiatique, on notera aussi les bonnes performances de » The Legend of Zelda » (le tome 4 de cette série prolongeant l’univers poétique et mystérieux du célèbre jeu vidéo éponyme a été tiré à 30 000 exemplaires par les éditions Soleil), du manga réalisé par des auteurs français » Dofus » (le volume 12 a été tiré à 60 000 exemplaires par les éditions Ankama), de » Soul Eater » (le tome 7 a été ajusté à 55 000 exemplaires par les éditions Kurokawa), de » Ãœbel Blatt » (le volume 10 a été tiré à 20 000 exemplaires par les éditions Ki-oon), de » Jackals » (le tome 7 a été tiré à 30 000 exemplaires par les éditions Ki-oon) et de » Saint Seiya : la légende d’Hades » (le volume 7 a été tiré à 40 000 exemplaires par les éditions Kurokawa) : voir notre tableau en fin d’article…
Le marché du manga semble donc redémarrer sur les chapeaux de roue, alors que l’année qui vient de s’écouler n’a guère été très dynamique, économiquement parlant, pour ce vecteur habituellement majeur de la croissance du secteur. C’est du moins ce que nous dévoile le dernier numéro de la revue professionnelle Livres Hebdo consacré, en grande partie, à notre média favori : selon Ipsos, en nombre d’exemplaires, les ventes de mangas auraient accusé un recul de 2,9% en 2009 et ne pèseraient plus que 24,6% du chiffre d’affaires de la BD (contre 26% en 2008). On notera toutefois les progressions de Glénat Mangas (24,9% des ventes en nombre d’exemplaires en 2009), de Pika (13,3%), de Kurokawa (7,8%), de Ki-oon (3,4%), d’Asuka (2,2%) et d’Ankama (2,2%), au détriment de Kana (25,2%) et, dans une moindre mesure, de Delcourt (10,5% dont 6% pour les titres gérés par Akata et 4,5% pour sa filiale Tonkam) : les autres éditeurs importants spécialisés dans ce domaine étant plus ou moins stables, que ça soit Panini (4,9%) ou Soleil (2,1%) ; ce qui veut dire que tous les autres éditeurs qui publient des bandes dessinées d’origine asiatique ne représentent que 3,5% de ce marché très fermé !
On attend donc avec impatience les données annuelles Livres Hebdo/I + C, qui seront publiées début février, mais on sait déjà que le marché de la bande dessinée en général (mangas compris) a légèrement progressé en 2009 : déjà de +1% sur les trois premiers trimestres. Cependant, pour la première fois depuis plusieurs années, cette croissance se situe en dessous de l’ensemble du marché du livre qui, lui, affiche fièrement un +1,5% : Média-Participations (qui représente désormais 30,5% des ventes en nombre d’exemplaires en 2009 avec 9% pour Kana, 8,2% pour Dargaud, 8% pour Dupuis, 3,8% pour Le Lombard et 1,5% pour leurs autres filiales), Glénat (14,9% dont 1,9% pour Vents d’Ouest), Delcourt (9,9%) et Soleil (6,8%) enregistrant, par rapport à 2008, un léger effritement de leurs parts de marché au profit des représentants BD du groupe Flammarion (8,2% dont 5;5% pour Casterman, 1,7% pour Jungle et 1% pour Fluide Glacial/AUDIE) et du groupe Hachette (8,2%, surtout grâce à « Astérix » puisqu’Albert-René représente 2,4% à lui tout seul).
Le dernier » Astérix » est d’ailleurs la 4ème meilleure vente de livre de l’année (juste derrière les 3 tomes du roman vampirique » Twilight » de Stephenie Meyer) ! Les 2 autres bandes dessinées à intégrer ce « Top 50 » annuel, tous genres de livres confondus, sont, évidemment, le nouveau » Blake et Mortimer » (en 13ème position) et » Happy Sex » de Zep (à la 41ème place) : 3 albums d’ailleurs toujours présents dans le « Top 15 BD » (hors manga) !
Revenons donc à ce classement hebdomadaire qui, à l’exception du retour des tomes 1 et 2 de » Lou ! » (relayés par le succès du dernier volume, lequel a été bien aidé par la diffusion du dessin animé adapté de cette BD), accueille une seule nouveauté, en 7ème position : le tome 29 de « Jérémiah » (tiré à 30 000 exemplaires par les éditions Dupuis) où le héros de cette série post-apocalyptique, créée en 1979, retrouve son amour d’autrefois et doit se tirer, sans encombre, des pièges d’une ville minière. Une confirmation de plus, comme si c’était nécessaire, de la reconnaissance publique et critique du grand talent d’Hermann, récemment récompensé par le Prix Diagonale de Louvain-la-Neuve (voir : http://bdzoom.com/spip.php?article4013). On relèvera aussi la progression de » Boule et Bill » et du » Donjon de Naheulbeuk « , le retour de » Jack Palmer « , la résistance de » Lanfeust « , de » Cixi de Troy » et de » XIII Mystery « , mais aussi les départs (certainement définitifs) de » Kaamelott « , du cycle » Legacy » de « Star Wars » et de » Marlysa « .
Gilles RATIER, avec un peu de Laurent TURPIN
PS : Encore merci à Sergio Salma (le scénariste), à Libon (le dessinateur) et aux éditions Dupuis pour nous autoriser à en reprendre, chaque semaine, quelques extraits pertinents du strip « Animal lecteur » publié en avant-première dans le beau journal Spirou, ceci afin d’illustrer notre rubrique !
« TOP 15 BD »:
DU 11 AU 17 JANVIER 2010
(Copyright Ipsos/Livres Hebdo)
CLASSEMENT |
SERIES |
TITRES |
AUTEURS |
EDITEURS |
|
1er |
2e sem. |
Les Passagers du vent T.7 |
La Petite fille Bois-Caïman T.2 |
François Bourgeon |
12 BIS |
2ème |
9e sem. |
Blake et Mortimer T.19 |
La Malédiction des trente deniers |
René Sterne, Chantal de Spiegeleer, Jean Van Hamme |
BLAKE ET MORTIMER |
3ème |
8e sem. |
Lou ! T.5 |
Laser ninja |
Julien Neel |
GLENAT |
4ème |
13e sem. |
Astérix T.34 |
L’Anniversaire d’Astérix et Obélix |
Albert Uderzo,  René Goscinny |
ALBERT RENE |
5ème |
14e sem. |
Les Passagers du vent T.6 |
La Petite fille Bois-Caïman T.1 |
François Bourgeon |
12 BIS |
6ème |
14e sem. |
Happy Sex |
Zep |
DELCOURT |
|
7ème |
nouveau |
Jeremiah T.29 |
Le Petit chat e st mort |
Hermann |
DUPUIS |
8ème |
9e sem. |
Boule et Bill T.32 |
Mon meilleur ami |
Laurent Verron, Cric, Pierre Veys |
DARGAUD |
9ème |
10e sem. |
Lanfeust Odyssey T.1 |
L’Énigme Or-Azur |
Didier Tarquin, Christophe Arleston |
SOLEIL |
10ème |
9e sem. |
Le Donjon de Naheulbeuk T.6 |
2ème saison, partie 4 |
Marion Poinsot, Johnny Lang |
CLAIR DE LUNE |
11ème |
5e sem. |
Cixi de Troy T.1 |
Le Secret de Cixi T.1 |
Olivier Vatine, Christophe Arleston |
SOLEIL |
12ème |
10e sem. |
Jack Palmer T.14 |
Enquête au paradis |
René Pétillon |
DARGAUD |
13ème |
nouveau |
Lou ! T.1 |
Journal infime |
Julien Neel |
GLENAT |
14ème |
nouveau |
Lou ! T.2 |
Mortebouse |
Julien Neel |
GLENAT |
15ème |
12e sem. |
XIII Mystery T.2 |
Irina |
Philippe Berthet, Corbeyran |
DARGAUD |
« TOP 15 MANGAS » DE DÉCEMBRE 2009
(Copyright Ipsos/Livres Hebdo)
CLASSEMENT |
SERIES |
AUTEURS |
EDITEURS |
|||
1er |
2ème mois |
Naruto T.45 |
Masashi Kishimoto |
KANA |
||
2ème |
nouveau |
Naruto T.46 |
Masashi Kishimoto |
KANA |
||
3ème |
nouveau |
One Piece T.52 |
Eiichiro Oda |
GLENAT |
||
4ème |
3ème mois |
Naruto T.44 |
Masashi Kishimoto |
KANA |
||
5ème |
nouveau |
Fairy Tail T.10 |
Hiro Mashima |
PIKA |
||
6ème |
nouveau |
The Legend of Zelda T.4 |
Akira Himekawa |
SOLEIL MANGAS |
||
7ème |
2ème mois |
Fullmetal Alchemist T.22 |
Hiromu Arakawa |
KUROKAWA |
||
8ème |
2ème mois |
Fairy Tail T.9 |
Hiro Mashima |
PIKA |
||
9ème |
nouveau |
Dofus T.12 |
Ancestral Z, Tot |
ANKAMA |
||
10ème |
nouveau |
Soul Eater T.7 |
Atsushi Ohkubo |
KUROKAWA |
||
11ème |
nouveau |
Ãœbel Blatt T.10 |
Etorouji Shiono |
KI-OON |
||
12ème |
nouveau |
Naruto T.10 |
Masashi Kishimoto |
KANA |
||
13ème |
2ème mois |
One Piece Yellow |
Eiichiro Oda |
GLENAT |
||
14ème |
nouveau |
Jackals T.7 |
Byong-Jin Kim, Shinya Murata |
KI-OON |
||
15ème |
nouveau |
Saint Seiya : La légende d’Hadès T.8 |
Shiori Teshirogi, Masami Kurumada |
KUROKAWA |
||
Bonjour, je note : le dernier Jérémiah tiré à 30.000 exemplaires alors que le tome 26, un port dans l’ombre, avait été tiré à 44.000 exemplaires en 2005… Et que penser du dernier « Passagers du Vent », La Petite Fille Bois Caïman, dont le 1er tome a été fabriqué à 250.000 exemplaires et le 2ème tome à 20 % de moins, soit 200.000 … Pour plusieurs séries « classiques », les tirages baissent, et parfois de manière significative : exemples
TUNIQUES BLEUES 48 (200.000), 52 (170.000), 53 (167.000),
YOKO TSUNO 23 (212.000), 24 (150.000),
RIC HOCHET 75 (35.000), 76 (30.000),
SPIROU : le journal d’un ingénu (65.000), le groom vert-de-gris (60.000),
ALIX 22 (140.000), 27 & 28 (100.000),
LES SCHTROUMPFS 26 (150.000), 27 (120.000) …
Qu’en penser ?
Bonjour Monsieur Dupeux
je ne peux vous répondre qu’en citant des extraits de mes récents rapports sur l’état de la bande dessinée ! Fin 2008, je disais déjà ceci : « On peut rétorquer que la plupart de ces chiffres de tirages sont revus à la baisse depuis quelques années, mais il faut savoir que réimprimer coûte beaucoup moins cher qu’autrefois et que les éditeurs, prudents, ajustent au mieux leurs frais. Ceci afin de ne pas trop subir les conséquences du taux des retours qui continuent d’augmenter vu l’inflation de la production ; surtout que l’impact est beaucoup plus lourd qu’en littérature générale, du fait de l’investissement initial plus élevé (couverture cartonnée, pages en couleurs…). »
Et fin 2009, j’en rajoutais une couche avec : « les éditeurs ajustent au mieux leurs frais, baissant les chiffres de tirages initiaux, quitte à réimprimer : les métiers de l’impression étant devenus particulièrement concurrentiels sur le plan international, cela coûte beaucoup moins cher qu’autrefois. Il en découle que le tirage moyen baisse donc une fois encore, l’écart n’en finissant pas de se creuser entre les « best-sellers » et le peloton des ventes moyennes ! »
Ceci dit, il y a, en effet, d’autres discours bien plus pessimistes, et certainement justifiés, de la part de nombreux oiseaux de mauvaise augure qui prédisent, depuis longtemps, la crise de la bande dessinée classique (quand ils n’affirment pas, désormais, que nous y sommes, dans la crise ! À force de le dire, cela finira bien par arriver : c’est sûr ! Et ces derniers seront bien entendu les premiers à déclarer : « Vous voyez ? Je vous l’avais bien dit !!! »
Gilles Ratier
Bonjour. Il est illusoire de vouloir maintenir des ventes quelles qu’elles soient alors que le contexte économique est mauvais (effondrement de secteurs entiers de la petite entreprise) et que les chômeurs se multiplient tous les jours. Vous avez de plus des changements dans la consommation qui déplacent les dépenses des familles. Exemple : Ce que vous dépensez en téléphonie ou en ordinateur aujourd’hui par rapport à dix ans en arrière se répercute sur votre consommation BD ou vacances, etc… C’est donc à chaque secteur d’inventer en permanence « le rappel de son troupeau ». Pour prendre des exemples qui nous touchent de près : les bouquinistes et la librairie ancienne ont TOUS été contraints de se convertir à internet dans les années passées pour pouvoir survivre. Cela s’est fait aussi au détriment de la fréquentation des boutiques, des marchés aux livres, des salons du livre ancien, etc.. C’est leur disparition pure et simple sur le long terme.
Et puis, il y a aussi une usure fulgurante des « produits » (quel mot pour ce qui d’autre part se présente comme oeuvre d’art). Tel qui vendait hier, mendie aujourd’hui. Telle série « éternelle » il y a dix, quinze ou vingt ans est morte aujourd’hui. Il faut savoir que la baisse des tirages est générale dans le domaine du livre. Car si on peut citer vingt séries avec des tirages de 30.000 à 650.000, il y en a 1000 avec des tirages à 1000. Qu’importe ! Le point zéro d’un livre, le nombre vendu où il est remboursé, est 487 exemplaires grâce à l’imprimerie numérique. L’éditeur peut encore faire encore du bénéfice malgré ce tirage bientôt symbolique. Chaque éditeur compense par le nombre d’albums édités chaque année, ce qui permet au final un bénéfice conséquent, MALGRE TOUT. Autre avantage, occuper les présentoirs au détriment des voisins possédant moins de titres. Rappelons encore une dernière donnée, essentielle, la vente d’un album BD en librairie est de 18 jours. Dans ce laps de temps, on peut vendre 20 exemplaires ou deux millions. Ceux à deux millions vont rejoindre « le fond »
les autres terminent au pilon. On peut dire que la loi Lang avec ses longs délais de maintien du prix éditeur ne sert plus à grand chose car la vente est effondrée bien avant. Mais sa suppression entraînerait vraisemblablement (avec les prix bradés un peu partout), une accélération de ce processus de « désintérêt » de la clientèle). Il n’existe pas d’appareil qui mesure la mise en condition du consommateur. Par contre cette mise en condition permanente si vite oubliée pour chaque marchandise montre bien que tous ces phénomènes de consommation s’effondreraient purement et simplement si pour quelque raison cette mise en condition ne pouvait plus avoir lieu via la publicité et les médias. C’est dire en même temps, le peu de qualité, le peu d’intérêt des albums vendus. Et sans vouloir être méchant, vous allez le lire jusqu’à quel âge Ric Hochet ? Ou Michel Vaillant ? Une petite fatigue à l’approche du 120ème album ? Allons le 200ème sera un « spécial » avec un gadget exceptionnel.
Ce phénomène d’usure et d’oubli n’est pas spécifique à l’édition. Le cinéma ou la chansonnette ont à peu près les mêmes cours délais. Essayez donc d’aller voir une nouveauté au cinéma un mois et demi après sa sortie. Vous m’indiquerez où le film passe encore !
Pour en revenir aux albums BD, où figurent donc les données de ces albums publicitaires vendus à tarif ridicule pour faire connaître ou relancer des séries ? On les trouve pourtant partout et ils finissent même par encombrer le paysage.