« Ometepe » par Javier De Isusi et Luciano Saracino

Dans le tome 2 des « Voyages de Juan Sans-Terre », intitulé « L’Île de jamais jamais », Javier De Isusi nous avait déjà emmenés à Ometepe. Vasco, son personnage, gagnait en effet le Nicaragua et arrivait à Granada où il rencontrait un apprenti-écrivain qui lui conseillait d’aller sur l’île d’Ometepe où Juan, qu’il recherche, se terrait peut-être… En postface, un certain Saracino racontait également Ometepe « Réalité parmi les fictions ». Nous y revoici donc, avec Luciano Saracino comme scénariste…

 Ometepe, la plus grande île lacustre au monde, est située sur le lac Cocibolda (également dénommé Grand Lac Nicaragua), au Nicaragua. Le sous-titre de ce nouvel album, « L’île aux deux volcans et aux mille histoires », évoque d’emblée ce qui en fait le charme : les contes inspirés de légendes indiennes ayant pour cadre ce décor si particulier évoquant deux seins, ce qui explique l’effroi qu’y cause l’enterrement d’une femme aux seins plats. La dimension féminine et sensuelle est d’ailleurs très présente dans plusieurs de ces histoires, qu’il s’agisse de l’Indienne nue apparue au bord de la plage mais qu’il ne faut pas approcher car « tu ne prendras rien, de ce qui t’est offert à Charco Verde » a dit un vieil homme ; qu’il s’agisse de cette autre qu’un fantôme narquois visite toutes les nuits pour dessiner des fleurs sur son ventre ; qu’il s’agisse enfin de l’histoire d’amour impossible entre deux jeunes de tribus ennemies ou bien encore de cette femme excitante rencontrée par le narrateur lors de la fête de Sinacapa…

 

On le disait déjà pour sa série « Voyages de Juan Sans-Terre »  (cf. chronique sur BD ZOOM), « De Isusi n’esthétise pas quand il dessine (son trait va à l’essentiel et c’est quelquefois un peu gauche), il sait aussi à d’autres moments, trouver le trait juste ». Dans ce nouvel opus, le trait tient encore plus du croquis un peu fébrile, le tout aquarellé en tons bleus et ocres, ou les deux à la fois. Cette économie de moyens étonne par son efficacité au service d’histoires légendaires d’une fraîcheur étonnante d’où émergent des individus improbables comme Chico Largo et des histoires qui « ont réussi à demeurer en vie »  comme l’écrit Saracino en préface. Bref, Avec « Ometepe », on aime, on rêve, on voyage, on se perd…

C’est l’occasion  d’associer à ces Indiennes énamourées les « Escales en femmes inconnues » que Joël Alessandra a réunies en un volume magnifique, préfacé par Dany. De la « Dolce Vita » à  Roma ou à Pékin aux aventures éthiopiennes ou indonésiennes,  ce ne sont qu’amours et femmes offertes, accouplements érotico-exotiques « à ne pas mettre en toutes les mains » (avec jeu de mots !) sur fond d’architectures et paysages crayonnés et aquarellés, très joliment comme il sait si bien le faire.

Alors, bons voyages !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).

http://bdzoom.com/author/didierqg/

« Ometepe » par Javier De Isusi et Luciano Saracino

Éditions Rackham (18 €) – ISBN : 978-2-8782-7162-1

« Escales en femmes inconnues » par Joël Alessandra

Éditions Pages 69 (15 ; 50 €) – ISBN : 9791091835022

Galerie

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