Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...« Pat’Apouf détective » à Angoulême !
Dans le cadre du prochain festival d’Angoulême, il ne faudra pas rater l’exposition sur Gervy (1908-1998), auteur notamment de la bande dessinée « Pat’Apouf détective », publiée dans Le Pèlerin de 1938 à 1973, puis poursuivie jusqu’en 1990 par d’autres dessinateurs.
Cette exposition, sise à l’église Saint-Martial, se décomposera en 15 panneaux, chacun sur un thème particulier. Gage de qualité, elle a été préparé par l’érudit Dominique Petitfaux (LE spécialiste d’Hugo Pratt en France) qui est déjà le responsable des préfaces à la réédition des enquêtes de « Pat’Apouf détective » aux éditions du Triomphe. L’inauguration aura lieu le jeudi 26 janvier à 16 h 30 à l’église Saint-Martial et, ensuite, l’exposition sera itinérante.
Gilles RATIER
Pour plus de renseignements sur Gervy, voir la biographie ci-dessous qui a été rédigée par Dominique Petitfaux, ainsi que « Le Coin du patrimoine » que nous avions consacré à « Pat’Apouf détective » !
Yves Desdemaines-Hugon naît à Blaye (Gironde) le 12 mai 1908 dans un milieu familial très bourgeois (son père est avocat au barreau de Périgueux et deviendra bâtonnier de l’Ordre). Après des études au lycée de Périgueux, il se destine à une carrière de dessinateur. C’est le 17 juillet 1926, dans l’hebdomadaire Le Combat périgourdin, qu’il est publié pour la première fois (il s’agit d’une publicité pour une pharmacie). Délaissant l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, il « monte » à Paris, où il vit pauvrement dans une chambre du Quartier Latin, jusqu’au moment où le journal Ric et Rac, qui se lançait et cherchait des collaborateurs, fait fréquemment appel à lui pour des dessins d’humour. Après avoir signé sous différents pseudonymes, il adopte en 1930 celui de « Gervy », anagramme des premières lettres de son prénom et de celui de sa fiancée, Germaine Desroches, qu’il épouse en 1931 à Paris, à la Mairie du Ve arrondissement, et qui sera aussi sa coloriste.
Il fait preuve dans les années 1930 d’un grand éclectisme (dessins d’humour, couvertures de livres, histoires en images, bandes dessinées à bulles). De 1932 à 1940, il collabore de façon sporadique à quatre publications des éditions du Petit Écho de la Mode (futures éditions de Montsouris), « Rustica », « Guignol », « Lisette » et « Pierrot ». En Belgique, il publie en 1936 aux éditions Gordinne, à Liège, son premier album de bande dessinée, Le Trésor de l’île aux mouettes, et l’année suivante il rejoint le groupe de presse catholique belge Averbode, pour lequel il réalisera pendant plus de quarante ans de nombreuses bandes dessinées, publiées dans l’hebdomadaire Petits Belges (qui deviendra Tremplin en 1960) et dans sa version néerlandaise, Zonneland.
À la même époque, il commence à travailler pour la Maison de la Bonne Presse, à Paris, avec la bande dessinée Paulo, qui paraît dans Bayard de 1936 à 1940, puis avec Pat’Apouf détective, dont la première planche paraît dans Le Pèlerin du 6 mars 1938.
En juin 1940, la Bonne Presse se replie à Limoges. Gervy poursuit Pat’Apouf dans Le Foyer, substitut du Pèlerin pendant l’Occupation, et travaille aussi pour les journaux pour enfants du groupe, Jean et Paul et Marie-France (des titres qui remplacent respectivement Bayard et Bernadette). Gervy quitte son pavillon de Bry-sur-Marne et s’installe en 1941 à Razac-sur-l’Isle, près de Périgueux, où il vivra désormais, sauf pendant les mois d’été, qu’il passera dans sa maison au bord du lac de Lacanau, acquise en 1936. En 1951, dans Pat’Apouf au village, il s’amusera à faire aller le détective de Razac-sur-l’Isle à Lacanau.
À la Libération, de 1944 à 1946, Gervy travaille aussi pour un éditeur de Périgueux, Pierre Fanlac, puis il limite ses collaborations aux éditions Averbode et à la Bonne Presse. Jusqu’à la fin de sa carrière, il restera fidèle à ces deux groupes de presse catholique. Pour la Bonne Presse (qui devient Bayard-Presse en 1969) il dessine sans interruption et jusqu’en 1973 Pat’Apouf dans Le Pèlerin. Épuisé, il arrête la semaine de ses soixante-cinq ans. La série est alors confiée à Jean Ache, puis, à la mort de celui-ci, à Michel Conversin, qui la fera vivre de 1986 à 1988, avant qu’elle ne soit confiée au dessinateur Jean-Philippe Ballofet (encrage de Pascal Pille), sur un scénario de Gulcis (pseudonyme de Guy Vidal, directeur littéraire des éditions Dargaud). Un changement dans la direction du Pèlerin sera fatal à Pat’Apouf, qui s’acheva définitivement dans le numéro daté du 27 juillet 1990.
C’est pour les éditions d‘Averbode que Gervy dessina ses dernières planches. Le 22 décembre 1978 se terminait dans Tremplin une ultime aventure de Ritou, une série née en 1958 et dans laquelle Gervy reprenait, dans une version simplifiée, des scénarios d’épisodes de Pat’Apouf parus parfois vingt ans plus tôt dans Le Pèlerin.
Dans l’histoire de la bande dessinée, Gervy restera bien sûr essentiellement comme le créateur de Pat’Apouf détective. La série, qui a pour héros un détective jovial à la quarantaine rondouillarde, aidé, à partir de 1956, d’un jeune garçon, Jacky, est parfois étonnamment adulte dans le ton, en particulier dans les épisodes des années 1946-1956 (période actuellement en cours de réédition au Triomphe) : les morts y sont nombreuses et violentes, la vision du monde est sans illusions, les préoccupations religieuses et métaphysiques fréquentes. En cette époque où la bande dessinée était étroitement surveillée, Pat’Apouf échappa cependant aux censeurs ; il est vrai qu’il avait le soutien du Père Roger Guichardan, rédacteur en chef du Pèlerin de 1935 à 1973, ainsi que du pape Jean XXIII, qui disait avoir appris le français dans cet hebdomadaire, et qui sur proposition du cardinal Feltin fit en 1959 Gervy chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.
Gervy a survécu aux Pat’Apouf de ses successeurs : il est décédé à Périgueux le 16 février 1998. Il a été le parfait représentant de ces dessinateurs qui, malgré un lectorat énorme (on estimait que Le Pèlerin avait chaque semaine plus de deux millions de lecteurs), ont mené une vie discrète, sans jamais gagner beaucoup d’argent, et n’imaginaient pas que la bande dessinée puisse un jour être considérée autrement que comme un divertissement sans importance.
De 1979 à 1997, j’ai rencontré Gervy à diverses reprises, soit à Razac-sur-l’Isle, soit à Carreyre, près de Lacanau. Gervy m’a toujours frappé par son intelligence, son humour, sa gentillesse, son détachement des biens matériels, sa modestie extrême (son absence d’ambition sociale l’empêcha de faire une carrière à la Hergé). Agnostique, imperméable aux idéologies, il considérait le monde et les hommes avec un « scepticisme souriant » qui est sans doute la meilleure voie pour accéder à la sagesse.
Dominique PETITFAUX
Cette exposition n’aurait pas pu voir le jour sans l’aide matérielle et les encouragements de Francis Groux, sans le dévouement de l’équipe de l’église Saint-Martial d’Angoulême et sans la bienveillance de Daniel et Marie-Henriette Philipront, ayants droit de Gervy. Mes remerciements vont aussi à Jean-Louis Normand, qui a mis à ma disposition ses photos de Gervy, à Bayard-Presse, aux éditions du Triomphe, et aux quatre dessinateurs successifs de Pat’Apouf, qui ont tous – de Gervy en 1979 à Ballofet en 2011 – bien voulu répondre à mes questions.
Bonjour Monsieur PETITFAUX.
Du dessinateur Gervy, dont vous êtes assurément le spécialiste, je recherche personnellement les histoires de KLIK LE PETIT LUTIN. Je possède un recueil de « Bernadette » avec Les Tribulations de Canou et j’ai î récupérer les scans de la première histoire sur internet.
Mais je recherche toujours les aventures de Klik le petit lutin parues dans « Petits Belges » du 6-3-49 au 30-4-50 / du 22-4¬56 au 28-10-56 / du 4-11-56 au 16-6-57.
Si vous – ou un autre collectionneur – pouviez me faire le plaisir de me procurer ces scans, ce serait vraiment un superbe cadeau que vous me feriez !!! A moins que les Editions du Triomphe ne décident d’éditer les 5 histoires de Klik en parallèle de celles de Pat’Apouf ?
Merci pour ce que vous faites pour faire revivre cet excellent auteur qu’était Gervy !
J’ai lu toute l’oeuvre de Gervy – en prenant des notes ! – mais je ne possède pas – ne serait-ce que pour des questions de place – tous les journaux pour lesquels Gervy a travaillé. Je ne possède en fait que tout ce qui concerne Pat’Apouf, et je ne peux donc pas vous aider. Bonne chance dans vos recherches, « Klik le lutin » est en effet une très bonne série enfantine (bibliographie dans « Le Collectionneur de bandes dessinées », n°86), mais très oubliée. Les éditions du Triomphe ont l’intention de se limiter à Pat’Apouf (11 albums parus, correspondant à l’intégrale de la période 1946-1956, généralement considérée comme la meilleure).