Sur les traces de Tintin, Frédéric Bihel part « À la recherche de l’homme sauvage »…

Avec ce roman graphique de haute volée, Frédéric Bihel mène, parallèlement, une investigation symbolique sur lui-même, rendant également hommage aux auteurs qui ont forgé sa personnalité d’artiste : dont Jules Verne, Rudyard Kipling et surtout Hergé. Son héros, Augustin Berthin, est passionné, depuis sa plus tendre enfance, par l’archéologie et la grande aventure : mais c’est avant tout un chercheur d’absolu. Il est en effet hanté, depuis qu’il est tout petit, par la vision d’une ombre aux allures simiesques, et il essaie continuellement de comprendre ce qu’il voit : c’est donc tout naturellement qu’il va se consacrer à la recherche, au sein d’un laboratoire de paléontologie parisien.

Devenu un émérite archéologue, il étudie avec enthousiasme ces fossiles qui ne sont pas, pour lui, que des bouts d’os changés en pierre.

C’est ainsi qu’il commence à dépoussiérer les contours du mystère : cette silhouette furtive pourrait bien être celle d’un homme de Neandertal qui aurait survécu dans notre monde et qui respirerait le même air que nous !

Bien entendu, personne ne le croit !

Que ce soit sa copine Judith ou le professeur Roch, le directeur du labo de paléontologie du Muséum d’histoire naturelle de Paris qui l’a pris sous son aile : « un scientifique, ça ne va pas chercher le yéti ! ».

Or, ayant découvert tout jeune l’album « Tintin au Tibet » et étant tombé récemment sur un article d’une revue spécialisée qui finit de le convaincre, Augustin va se rendre en Asie : car il désire, avant tout, combler le manque obsessionnel que représente cette énigme.  

Pendant son périple à la rencontre des populations locales, il fait la connaissance d’un ex-aviateur nommé André Capitaine, aux confins des montagnes du Nord-Pakistan. Ce fumeur de pipe et buveur invétéré va alors le suivre partout, sans jamais remettre en question ses motivations : un peu comme le fait un autre célèbre capitaine, un ancien marin celui-là, qui accompagne par amitié l’un des héros de l’enfance d’Augustin, jusqu’au bout du monde… 

Poursuivant la piste des premiers hommes ayant foulé notre sol, cette quête hypnotique — où Augustin, comme beaucoup d’explorateurs avant lui, va perdre de vue ce qui est vraiment important —, risque, malheureusement, d’être sans fin, inaccessible…

Rappelons qu’il y a beaucoup d’éléments autobiographiques dans ce très beau récit qui a dû représenter une forme de thérapie pour Frédéric Bihel, lequel se révèle, ici, un remarquable auteur complet : son précédent album (« Tant que nous sommes vivants »), pourtant réalisé seul, n’étant que l’adaptation d’un roman. Là, pour la première fois, après des années de collaboration avec différents scénaristes (1), il a pu écrire lui-même le synopsis de base, puis un scénario dialogué : ceci évidemment en plus de ses dessins, au style toujours original, et de la couleur, où il utilise de sensibles teintes sépia.

Gilles RATIER 

(1)  Sur Frédéric Bihel, voir aussi sur BDzoom.com : « Milady ou le mystère des mousquetaires » : le masque et l’épée…« Africa Dreams T4 : Un procès colonial » par Frédéric Bihel Jean-François Charles et Maryse et Charles« L’Or T1 : Issaïas ou le colibri » par Frédéric Bihel et Stéphane Piatzszek« Tout sauf l’amour » par Frédéric Bihel, Makyo et ToldacPlus de lectures du 29 septembre 2008

« À la recherche de l’homme sauvage » par Frédéric Bihel 

Éditions Delcourt (24,95 €) — EAN : 978-2-313-03911-2

Parution 1er mars 2023

Galerie

Une réponse à Sur les traces de Tintin, Frédéric Bihel part « À la recherche de l’homme sauvage »…

  1. bruno dit :

    Lu aujourd’hui cet album m’a conquis. Situé dans des régions que j’ai pas mal fréquentées en Himalaya, les décors sont très réussis. Les personnages cousins lointains de ceux d’Hergé nous emmènent en toute confiance. Et un Petit Prince descendu des hauteurs apporte une touche de féérie. Yéti, Migou, (Bigfoot aux USA) est un être qui fascine. Timide, il ne se laisse pas facilement approcher, je le confirme :) Aller au bout de ses rêves est une belle invitation, je ne regrette pas d’avoir ouvert cet album où je suis encore, captivé par son charme et sa poésie.

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