Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Noël Gloesner : modestie et discrétion… (première partie)
De tous les auteurs présentés dans cette rubrique, Noël Gloesner est sans nul doute le plus grand : un don inné pour le dessin, une réussite immédiate et pourtant, mis à part pour quelques initiés, il demeure un inconnu. Son tort, ne pas avoir travaillé pour l’un des quatre grands hebdomadaires qui ont régné après-guerre sur la presse BD : Spirou, Tintin,Vaillant et Pilote. Après avoir découvert son œuvre immense, comment ne pas crier à l’injustice ? Que ce modeste retour sur une carrière exemplaire lui permette d’être, un court instant, exposé à la lumière.
« Gloesner, un nom qui devrait figurer à mon avis parmi les premiers, sinon le premier, des dessinateurs de bandes dessinées. Trop modeste, habitant en province, Gloesner ne sut jamais exploiter à son profit ses dons exceptionnels. Ce fut mon meilleur dessinateur, celui qui interpréta le mieux mes scénarios… Gloesner me rappelle, sous certains aspects physiques Morris. Il est d’un calme un peu triste, et souvent dans les nuages… Gloesner est marié à une charmante compagne et père de plusieurs enfants auxquels il se consacre uniquement. C’est un pessimiste plus qu’un optimiste et, comme tous les grands dessinateurs, son amitié n’a aucune faille. Je m’honore, après avoir été son patron-scénariste, d’être parmi ses amis. Gloesner : un grand bonhomme de la bande dessinée qui l’ignore ou presque. Un grand talent mal connu et mal employé actuellement. » Ainsi s’exprimait Marijac (Jacques Dumas, 1908-1994) qui fut son employeur et scénariste pendant près de 30 ans, dans le n° 4 de Hop ! (septembre 1975).
Fleurus : 40 ans de fidélité
Noël Gloesner, qui signe aussi quelquefois Gloesener (le nom de son grand-père luxembourgeois) ou encore d’un élégant NG, est né à Chaumont, petite ville de Haute-Marne, alors que la guerre fait encore rage, le 19 décembre 1917.
Habité par une passion immodérée pour le dessin dès son enfance, il découvre les bandes dessinées balbutiantes de l’hebdomadaire Pierrot d’avant-guerre, puis dans le Benjamin animé par Jean Nohain.
Ses courtes études terminées, il est employé comme vendeur des billets au guichet d’une petite gare de sa région natale. Aussitôt après avoir effectué son service militaire, il est réintégré dans l’armée, une fois la guerre déclarée.
Prisonnier, il est envoyé en Allemagne où il passe deux ans, et sera renvoyé en France pour raisons médicales.
Tout en travaillant au cadastre de Verdun, puis aux Ponts et chaussées où il reste par prudence jusqu’en 1947, il suit les cours par correspondance de la célèbre école ABC où on lui promet une belle carrière.
Fripounet et Marisette : l’hebdomadaire des jeunes ruraux
Après un premier voyage infructueux à Paris, Noël Gloesner parvient à placer ses premiers dessins en 1945 dans Jeunes Forces rurales : un modeste journal publié par la JAC (Jeunesse agricole catholique). Il y réalise des illustrations, dont celles du roman « Jean le Basque » de Joseph Peyré.
Ce mouvement participant à la création de Fripounet et Marisette, il est choisi parmi d’autres candidats pour illustrer « Les Indégonflables de Chantovent ». Rose Dardennes (pseudonyme de Hélène Millet), jeune membre de la rédaction (mais aussi scénariste), en écrit les histoires truculentes.
Après la publication de quatre numéros de Messages aux Cœurs vaillants, c’est Fripounet et Marisette, journal destiné aux jeunes ruraux, qui voit le jour le 6 janvier 1946. « Les Indégonflables de Chantovent » démarrent sous la bannière des éditions de Fleurus dans le n° 13 du 1er juillet 1946.
Une bande de gosses de la campagne participe activement à la vie du patronage de Chantovent : paisible petit village campagnard. De kermesses en camps de vacances, plusieurs générations d’enfants se succèdent sous le regard bienveillant de monsieur le curé.
Ce quotidien bon enfant se poursuit pratiquement chaque semaine dans les pages de Fripounet et Marisette, jusqu’au n° 52 du 28 décembre 1961, totalisant 771 pages.
Cette longue série permettra à Noël Gloesner d’apprendre son métier au fil des pages à la présentation parfois bousculée, mêlant textes explicatifs et bulles. Heureux lecteurs qui au cours de ces semaines ont eu le privilège, sans le savoir, de voir évoluer un futur grand de la BD. Excellant dans l’art de dessiner des enfants aux visages malicieux, il y campe une formidable galerie de gosses dont son œuvre sera riche.
Chassés en 1961 par une rédaction qui souhaitait moderniser le journal (il y en aura de pires !), « Les Indégouflables de Chantovent » reviennent en 1975 pour vivre de nouvelles aventures.
C’est un Gloesner au meilleur de son art qui renoue avec les personnages de ses débuts.
Bien que toujours active chez Fleurus au sein de la rédaction de J2 magazine, Rose Dardennes est remplacée au scénario par Gérard Pivot.
À la lecture d’un vieux numéro de Fripounet de 1951, des enfants du bourg de Chantovent découvrent que les jeunes héros de l’époque sont devenus des adultes qu’ils côtoient au quotidien.
De là à refaire un club, il n’y a qu’un pas que les enfants franchissent.
Proposé sous forme d’une véritable bande dessinée, ce retour se poursuit seulement pendant deux années : jusqu’au n° 51 du 22 décembre 1976. Les pages de cette longue histoire pleine de charme, précieux témoignages d’une époque révolue, n’ont jamais été réunies sous forme d’album.
La bande dessinée n’est qu’un aspect du talent de Noël Gloesner.
C’est aussi un excellent illustrateur, aussi à l’aise dans l’humour que dans le réalisme.
Dès 1946, ses illustrations (destinées à des romans, des nouvelles, des animations et bien entendu des couvertures) sont nombreuses dans Fripounet et Marisette.
Il en réalise, sans interruption, jusqu’en 1972.
Notons parmi les romans : « L’Inconnu du pailler » de J. A. Bertury en 1947, « Le Chalet des hurluberlus » de Madoute en 1947/1948, « Atoll 72 » de René Duverne en 1953, « La Caverne aux perles » de Barbusul en 1960…
On lui doit aussi quelques récits illustrés : « Le Caillou de la faille du diable » en 1961, « Makua Kamiano, l’apôtre des lépreux » en 1964, « Le Bon Pape Jean » avec Rose Dardennes en 1964…
Il propose seulement deux courtes histoires à suivre en BD : « Rendez-vous à Singolo » avec Jacques Ferlus en 1969 et « La Première Marche vers l’Ouest » avec Georges Fronval en 1970.
Entre 1968 et 1983, il est aussi le dessinateur d’une cinquantaine de récits complets authentiques aux scénarios signés Guy Hempay, Monique Amiel, Jacques Josselin, Roses Dardennes…
Citons, par exemple, « Pierre de Coubertin » (n° 41 de 1968), « Fernandel » (n° 7 de 1972), « Teresa de Calcutta » (n° 48 de 1976), « Bombard » (n° 21 de 1977), « Martin Luther King » (n° 48 de 1982)…
Après la disparition des « Indégonflables de Chantovent », il crée une nouvelle série mettant en scène une bande de gosses : « Les Lionceaux », dont les scénarios sont signés François Drall (François Rouillard).
Après deux récits à suivre : « Les Lionceaux mènent l’enquête » à partir du n° 51 de 1969 et « La Valise mystérieuse » l’année suivante, il en propose 28 récits complets jusqu’au n° 52 de 1975.
À Bréville-la-Rivière, les jeunes Luc, Léo, Juliette, Martine, Brigitte… forment le club des Lionceaux et passent leurs loisirs entre résolution de mystères et bonnes actions : encore une série où son trait chaleureux fait merveille auprès des jeunes lecteurs.
Changement de registre avec l’arrivée des « Frères Barryson » dans le n° 45 du 5 novembre 1980. Après « Pat Cadwell » dans Formule 1, Noël Gloesner aborde une nouvelle fois le western en compagnie de son scénariste et ami Guy Hempay (Jean-Marie Pélaprat, 1927-1995).
Les frères Ludwig et Gene Barryson parcourent le grand Ouest américain afin de venir en aide aux plus faibles.
Si le premier est un brillant avocat, son frère est un éternel révolté.
La série compte 14 épisodes complets publiés jusqu’au n° 34 (25/08/82) de Fripounet.
Clap de fin de sa collaboration avec cet hebdomadaire avec l’adaptation du « Roman de Renard » : dans un premier temps avec Guy Hempay, puis avec Monique Amiel.
Une nouvelle fois, le dessinateur aborde avec aisance la bande dessinée animalière au fil des 13 récits complets de sept pages que compte cette série commencée dans le n° 45 (10/11/1982), et qui se conclue dans le n° 32 (08/08/1984).
Ce « Roman de Renard » marque la fin d’une belle aventure éditoriale avec Fripounet et Marisette, laquelle a débuté en 1946.
Cœurs vaillants pour les jeunes garçons
C’est tout juste un an après la reparution de l’hebdomadaire créé en 1929 que Noël Gloesner publie sa première illustration dans le n° 18 du mai 1947.
Il lui faut peu de temps pour s’imposer au sein d’une équipe où vieux dessinateurs et jeunes recrues collaborent harmonieusement.
Il rejoint trois membres de la rédaction, regroupés sous la signature commune Jacques Conoan (Jacques Romon, Colette et André), pour créer un héros moderne : « Yann le vaillant ».
Yann Calonnec est un jeune Breton, fervent catholique et ancien Cœur vaillant, ayant combattu pendant la guerre pour la France. Héros d’aventures mouvementées liées à l’actualité du moment, ce grand frère pour les lecteurs parcourt le monde.
Débutées avec « Au pays du Bouddha vivant » dans le n° 44 (31/10/1948), ses aventures se poursuivent jusqu’à « Opération Ternium » qui prend fin dans le n° 2 (08/01/1956). Les histoires sont le plus souvent proposées en premières pages de CÅ“urs vaillants.Â
Huit longs épisodes au cours desquels le dessinateur régale ses lecteurs de son trait dynamique. L’hebdomadaire change de format et c’est, sans regret, qu’il abandonne son héros dont il confie avoir fait le tour.
Malgré son succès, la série n’est pas proposée sous forme d’album, sinon modestement en Belgique chez Edi-Pat, après parution dans le journal Pat. En France, il faut attendre 1999 pour découvrir le premier album publié aux éditions du Triomphe qui rééditent les huit épisodes jusqu’en 2008.
Gloesner doit patienter jusqu’en 1965 pour animer à nouveau les aventures d’un héros récurrent dans les pages de Cœurs vaillants, qui est entretemps devenu J2 jeunes : Pat Cadwell.
Pat est un cow-boy généreux qui parcourt l’Ouest américain en compagnie du journaliste anglais Wallace Haddington qui, dans ses reportages, fait découvrir la lointaine Amérique à ses lecteurs européens.
L’occasion pour Guy Hempay d’évoquer l’histoire de l’Ouest, au fil de récits documentés et riches en action. Noël Gloesner reprend le personnage dans le n° 16 (22/04/1965), après deux épisodes peu convaincants dessinés par Francis (Francis Bertrand) plus à l’aise dans l’humour que dans le réalisme. (1)
 À sa disparition au n° 9 (27/02/1980), la série compte 44 récits complets en cinq pages et dix histoires à suivre. Noël Gloesner prend un réel plaisir à mettre en scène ce héros qu’il quitte à regret, après un énième changement de rédaction.
Malgré leurs qualités, les aventures de « Pat Cadwell » sont toujours inédites en album.
En 1970, il aborde un genre où il excelle et qu’il avait jusqu’à présent surtout dédié à l’illustration : l’humour. « Jean Renault » débute dans le n° 2 (08/10/1970) de Formule 1, successeur de J2 jeunes. Grognard de première classe dans l’armée de Napoléon, le brave Jean Renault suit l’empereur sur les champs de bataille, faisant preuve d’une incroyable maladresse.
La série compte 25 épisodes complets en cinq pages écrits par Jean-Marie Nadaud (1946-2006) aux titres savoureux : « Le Vol du tambour », « Week-end polonais », « Le Coup de Trafalgar », « Le Cirque de Moscou »… Le dernier épisode est publié dans le numéro 11 (13/03/1974).
Le brave grognard cède la place à deux joyeux drilles qui, eux, évoluent quelques années plus tôt : au temps de la Révolution française. Mik et Mak sont deux jumeaux sans-culottes qui participent aux évènements qui secouent Paris.
Michel Claude, par ailleurs dessinateur humoristique, écrit les scénarios délirants des 32 épisodes que compte cette suite de récits complets en cinq pages publiés du n° 6 (05/02/1975) au n° 3 (16/01/1980) de Formule 1 : lequel s’apprête à fusionner avec Djin, sous le titre Triolo. Pour ces deux dernières séries, Noël Gloesner prouve qu’il est aussi à l’aise dans l’humour que dans le réalisme.
Tout en animant ces personnages Noël Gloesner est très présent dans l’hebdomadaire où, jusqu’en 1968, il illustre, dans tous les styles, des rubriques, des éditos…
Et surtout de nombreuses nouvelles signées par les auteurs maison que sont Rose Dardennes, F. Lorrain, Jean-Paul Benoit, Noël Carré, Jean-Marie Pélaprat, Marboeuf, Claire Godet…
Il illustre aussi quelques romans : « La Révolte de Bethléem » d’André Delor en 1954-1955, « La Timbale de cuivre » de Jean Vignon en 1956, « Amérique An 1000 » de G. Travelier (pseudonyme de Georges Bayard) en 1958, « Abraham fils de Terah » de Jean-Marie Pélaprat en 1958…
Il dessine aussi quelques histoires à suivre sans héros récurrents : « Les Chercheurs d’or de l’Inini » de Pierre Croidys en 1953,
« Le Lépreux d’Ascalon » de Jean D’Izieu en 1953, « La Plus Grande Aventure de tous les temps » de Pierre Thivollier en 1956, « Rendez-vous à Rome » en 1963.
On lui doit aussi une dizaine de récits complets, peu de choses en comparaison de ses autres confrères.
Âmes vaillantes pour les filles
Dans un premier temps, Noël Gloesner se spécialise dans la réalisation d’illustrations de nouvelles, mais aussi de rubriques diverses, à partir du n° 16 du 20 avril 1947 de cet hebdomadaire des éditions Fleurus destiné jeune au public féminin.
Lancé en 1937 et reparu à la Libération en septembre 1946, Âmes vaillantes lui commande de nombreux dessins jusqu’en 1973, dans son successeur J2 magazine.
Pour ce travail, il se sent plus libre comme il le confie à Louis Cance : « Pour l’illustration, c’est en particulier à Fleurus, avant que la BD n’ait tout envahi, que j’ai illustré pas mal de contes ou de nouvelles. Cela me plaisait beaucoup, car ce genre de travail permet une plus grande liberté d’interprétation et on peut y donner libre cours à sa fantaisie. Il s’agit, là , aussi bien d’extraire graphiquement la quintessence du texte que d’y affirmer — beaucoup plus que dans la BD — la personnalité du dessinateur qui choisit son genre, sa technique, en fonction de ce qu’il veut exprimer. »
Ces travaux lui permettent de proposer des images superbes et variées, peuplées de fillettes proches des jeunes lectrices. Rose Dardennes, Isabelle Gendron, Bonaventure, May d’Alençon, Claire Godet, Guy Hempay, Louis Saurel… signent ces textes parfois un peu trop édifiants.
Il anime la rubrique « Suzie », tout aussi moralisante, de 1948 à 1956.
On lui doit également les illustrations d’une vingtaine de romans : « Gwenola » d’Henriette Robitaillie en 1950, « La Petite Fille de Nouméa » de René Duverne en 1952, « L’Opération Zénobie » de André Mac Cormick en 1955, « Le Prince au lys » de L. N. Lavolle (pseudonyme d’Hélène Chaulet) en 1965, « Dany » de Jean-Paul Benoît en 1967, « La Piste des terres nouvelles » de Guy Hempay en 1973…Â
De 1957 à 1964, il propose des romans illustrés où le texte est accompagné de nombreux dessins muets : « L’Urganda yacht fantôme » de Georges Travelier à partir du n° 7 (17/02/1957), « Roselyne » d’Henriette Robitaillie en 1958, « S.O.S. Pikkolo » en 1959 et « Enquête à Hambourg » de Georges Travelier en 1960,
« Rose, Rosen et Monsieur X » de Henriette Robitaillie en 1961, « La Tulipe y fleurira » d’Isabelle Gendron en 1962,
« Le Drakkar fantôme » et « La Semaine des 4 jeudis » d’Henriette Robitaillie en 1963, enfin « Le Serment » d’Isabelle Gendron en 1964.
Seul « Enquête à Hambourg » bénéficie d’un album édité par Fleurus en 1961.
On lui doit aussi une dizaine de récits complets publiés de 1968 à 1974 dans J2 magazine : « Le Quatrième Berger », « Le Premier Noël de la France »…
C’est seulement en 1974 qu’il aborde la bande dessinée pour cet hebdomadaire avec la publication du « Lion de Carthame » de Jacques Josselin du n° 5 (30/01/1974) au n° 16, puis du « Rayon vert » scénarisé par Guy Hempay d’après Jules Verne en 1974 (15 pages reprises dans la monographie « Gloesner »réalisée par Jean-Paul Tibéri chez Taupinambour/Regards, en 2010).
Il poursuit les adaptations de romans dans Djin (successeur de J2 magazine) : « Le Roman de la momie » d’après Théophile Gautier adapté par Jacques Josselin (n° 19 à 24 de 1976),
« Sissi » (n° 50 de 1977 à 10 de 1978),
suivi par « Marie Antoinette » par Monique Amiel (n° 9 à 23 de 1979),
« Jane Eyre » adapté de Charlotte Brontë par Monique Amiel (n° 10 à 21 de 1980),
enfin « Mauprat » de George Sand adapté par Monique Amiel (n° 53 à 10 de 1981). Ces quatre derniers récits ont été réunis en albums par les éditions du Triomphe à partir de 2001. « Le Rayon vert » a été édité à petit tirage par Regards/Le Taupinambour en 2010.
En 1981, la fusion de Djin et de Formule 1 donne naissance au bimensuel Triolo. Noël Gloesner y poursuit ses adaptations de romans avec Monique Amiel : « Notre-Dame de Paris » d’après Victor Hugo du n° 8 (15/12/1981) au n° 16,
« Till l’espiègle » du n° 40 (16/04/1983) au n° 47,
enfin « La Petite Fadette » d’après George Sand du n° 60 (16/02/1984) au n° 67 (01/06/1984).
Toutes ces adaptations aux sujets et aux époques variés témoignent de l’immense talent de Noël Gloesner qui se fond sans problème dans l’œuvre.
Toujours chez Fleurus
En octobre 1956, Fleurus lance Perlin et Pinpin : hebdomadaire destiné aux plus jeunes lecteurs.
Les deux joyeux lutins, campés en 1940 par Maurice Cuvillier, quittent les pages d’Âmes vaillantes pour voler de leurs propres ailes dans leur journal.
Comme la plupart de ses confrères de la presse Fleurus, Noël Gloesner est invité à y collaborer.
Il réalise des couvertures, illustre des contes, des nouvelles, des animations religieuses…
Faute de temps, sa présence est discrète, mais toujours remarquable.
Actif au cours des années 1960, il propose ses derniers dessins en 1968.
L’arrivée d’une nouvelle rédaction souhaitant moderniser le journal, il est de moins en moins sollicité.
Son trait, comme celui de ses « vieux » confrères, étant considéré comme dépassé.
On le rencontre aussi dès le milieu des années 1950 dans divers journaux destinés à l’Afrique : Kisito, Guetali, Ibalita…
Il y propose des illustrations, des couvertures et quelques courtes bandes dessinées, jusqu’au début des années 1970.
Il est aussi présent dans Historiques, projet ambitieux de créer un mensuel dédié à l’Histoire, lancé par Fleurus en février 1980. Jacques Josselin, rédacteur en chef de Djin, est aux commandes. Hélas, faute de succès, la parution cesse au sixième numéro. Noël Gloesner livre deux récits complets humoristiques : « Du haut de la tour Eiffel » (scénario Jacques Rampal) dans le n° 0 en mai 1979 (alors titré Historix) et « De la Canebière à Marseille » (scénario Yves Chéraqui) dans le n° 1.
Au cours de ces longues années passées chez Fleurus, il participe aux almanachs alors à la mode : Au rythme des saisons (1947), Régates (1950) Rafales (1951), Peaux-Rouges (1953)…, au bulletin interne Monique, illustre une vingtaine de romans pour les collections Jean-François, Mission sans bornes, Âmes vaillantes…
Lorsque les journaux publiés par Fleurus battent de l’aile, il se tourne vers la réalisation d’ouvrages religieux qu’il dessine avec le même souci de qualité. On lui doit, pour la collection Vivants Témoins, « Paul de Tarse » scénario de Marie Jeanne Coloni en 1976, « Monsieur Vincent » scénario de Monique Amiel en 1978
et « Benoît, père des moines » scénario de Monique Amiel en 1981.
Il dessine, en 1986, « L’Abbé Pierre » (scénario Pierre Dhombre) pour la collection Les Grandes Heures des chrétiens
 et, enfin, pour la collection Les Grandes Heures de l’église, « Chrétiens en Lorraine » écrit par J. Bombardier en 1987 et « Chrétiens en Limousin » en 1988 écrit par Jean-Louis Vidalo. « Saint-Charles » (scénario de Charlotte Chaunu-Le Boutellier), réalisé en 1989 pour la collection Croyants de tous pays, marque son départ définitif des éditions de Fleurus… et du monde de la bande dessinée.
À suivre ici : Noël Gloesner : modestie et discrétion… (seconde partie)…
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER (qui avait déjà consacré un « Coin du patrimoine » à Noël Gloesner, mais beaucoup moins détaillé, il y a maintenant déjà plus de 13 ans : Noël Gloesner)
Merci à Gwenaël Jacquet pour son travail d’amélioration des scans de base.
(1)  Sur Francis, voir « Marc Lebut et son voisin » par Francis et Maurice Tillieux.
Merci pour ce nouvel article passionnant, on imagine aisément le temps que sa rédaction a pris !
Ce serait bien en effet, qu’un passionné publie un jour les westerns des revues Fleurus, Pat Cadwell, Les Frères Barysson, mais aussi Thomas Laventure et P’tit Jeff, Art Howell, James Followay,… Il y a aussi toutes les histoires courtes scénarisées par Georges Fronval.
De quoi s’occuper quelques années !
Merci pour cette découverte !
Bel Article.
Attention : le verbe être, au passé simple de l’indicatif (« fut »), ne prend toujours pas d’accent circonflexe… (« Ainsi s’exprimait Marijac […] qui fût son employeur et scénariste ».)
« Il poursuit les adaptations de romans dans Djin (successeur de J2 magazine) : « Le Roman de la momie » d’après Théophile Gauthier »
>> Théophile Gautier
(Je ne me lasse pas de relire cet article, et d’en contempler les sublimes illustrations ! Ce Noël Gloesner possédait une palette jijéenne… Bien amicalement.)
Merci pour votre Å“il de lynx Clothaire : on corrige tout de suite !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Merci pour cette belle rétrospective de cet auteur de BD bien oublié..
Bonjour
Où l’on voit que le merveilleux dessin de Gloesner a été affaibli par les couleurs criardes, tellement « mode » dans le courant de la décennie 1970. Ces couleurs pouvaient compléter d’autres graphismes, mais desservaient totalement celui de Gloesner.
Gloesner fait partie des grands de l’illustration et de la bande dessinée.
Un grand merci.
Etant né en 1962, je n’ai guère eu l’occasion de connaître, à l’époque, ses récits réalistes. J’ai surtout connu ses histoires complètes : « Les lionceaux » bien sûr, « Jean Renault » et un peu « Mik et Mak. »
Ayant récupéré de vieux « Formule 1″, j’ai ensuite découvert « Pat Cadwell » qui, effectivement, mériterait une publication en albums.