Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Tout le charme de la narration de Jean-C. Denis dans une anthologie inédite de courts récits…
Les éditions Futuropolis viennent de sortir un beau recueil d’une centaine de pages compilant 17 histoires courtes à l’ambiance estivale — pour la première fois proposées en album, voire complètement inédite pour l’une d’entre elles — que Jean-C. Denis a réalisé pour différents supports, entre 1988 et 2003. De paginations diverses, elles ont été commandées pour des numéros édités pendant les vacances d’été (dans L’Écho des savanes, Pilote & Charlie, L’Express, Popo Color… en France, et même au Japon dans Morning et Navi…), ou encore publiées dans des collectifs.
Ce sont d’ailleurs ces dernières (qui sont aussi, pour la plupart, les plus denses) qui sont souvent les plus marquantes ; à l’instar d’« Un grand projet » proposé dans la collection Histoires graphiques des éditions Autrement en 1995 sur le passage à l’an 2000 ou de « Coupés du monde » édité dans « Le Jour où… » chez Futuropolis (à l’initiative de France info) : où l’auteur raconte comment il s’est retrouvé dans un trou perdu, afin de pouvoir répéter avec son groupe de musique (dont faisait également partie son collègue Charles Berberian) sans déranger les voisins, et que le monde extérieur s’est cependant rappelé à eux avec, au loin, les clameurs d’un pays qui venait de remporter la Coupe du monde de foot en 1998.
Dépaysements et changements de décor sont ainsi continuellement au programme de cet ouvrage léger et folâtre à la fois, dont le fil conducteur balnéaire affectionné par le créateur de « Quelques mois à L’Amélie » ou de « Tous à Matha » permet, une fois de plus, de nous convaincre du talent narratif (entre humour, poésie et délicatesse) de celui qui reçut les mérités Grand Boum à Blois en 2007 et Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2012.
En lisant (ou relisant) ces savoureuses chroniques — qui savent aussi être quelquefois grinçantes et caustiques —, on replonge avec nostalgie dans l’ambiance d’avant Internet, des réseaux sociaux, et de la COVID : de l’Ancien Monde, donc. Finalement, ce nouveau livre d’un auteur discret, et même bien trop rare aujourd’hui, en devient tout à fait cohérent grâce à ses différents thèmes récurrents, alors que les récits ne sont absolument pas présentés dans l’ordre chronologique.
Apprécions alors comme il se doit, en fin d’album, les notes de cet auteur au style et aux couleurs (entièrement refaites pour l’occasion) si caractéristiques et personnels qui, sur quatre pages, nous explique, avec force de détails et d’humour, le contexte professionnel de chacune des histoires : ses difficultés techniques ou ses démêlés avec certains éditeurs.
(1) Voir « Luc Leroi T8 : Plutôt plus tard » par Jean-C. Denis, « Zone blanche » par Jean-C. Denis, Jean-Claude Denis, Grand Prix de la ville d’Angoulême 2012, Tous à Matha : première partie, Plus de lecture spécial Jean Claude Denis…
« Reliefs de l’Ancien Monde » par Jean-C. Denis
Éditions Futuropolis (20 €) — EAN : 978-2-7548-3084-3
J.C. Denis est un géant du 9ème art.
Un géant discret, mais un géant.
Un scénariste hors-paire et original, loin des modes. Rarissime.
Un dessinateur qui sait faire simple, beau et efficace. Pas si courant.
Un coloriste chaleureux, artistique mais toujours au service du récit. Top.
Un géant, je vous dit.