Il y a 20 000 ans, un matin bien tranquille, il a suffi d’un signe à Pao…

Il y a 20 000 ans, Homo Sapiens s’est répandu sur toute la surface du globe. C’est déjà un artiste qui orne les parois des grottes de superbes fresques où l’on retrouve à côté de figurations animales d’étranges signes à la signification encore obscure. L’un d’eux, le signe aviforme ou du Placard se retrouve à l’identique dans plusieurs grottes françaises. C’est peut-être l’œuvre d’un seul artiste ! C’est en tout cas la version retenue dans « Le Signe de Pao » : une fiction prenante, une belle saga préhistorique fort bien documentée.

Il y a 20 000 ans, le climat est moins clément que le nôtre. Et pourtant en pleine glaciation, un homme parcourt de grandes distances entre les littoraux méditerranéen et atlantique. Chaudement vêtu, Wu est un jeune homme libre et ouvert d’esprit. Il a quitté son clan pour partager son savoir et échanger avec les autres groupes humains épars sur le territoire européen non couvert par les glaces. Il remonte la rivière Charente, quand il tombe sur deux sentinelles d’un clan agressif. Coincé au fond d’un défilé, il cache son sac empli de ses dernières trouvailles et fait front face à deux chasseurs violents. Il évite une sagaie, lance une pierre pour provoquer un éboulement, élimine ainsi ses assaillants mais se retrouve gravement blessé. Il rampe jusqu’à la rive pour être visible par d’autres hommes. Inconscient, la neige commence à le recouvrir quand un petit groupe l’aperçoit et le sauve d’une mort certaine.

« Le Signe de Pao » page 5.

Il est recueilli par un clan sympathique qui le soigne, bien au chaud sous une tente triangulaire. Il fait alors la connaissance de la cheffe : le belle Pao. Les deux jeunes adultes tombent vite amoureux l’un de l’autre. Wu est intrigué par le curieux tatouage qui orne le front de Pao pendant que celle-ci lui explique la délicate position de son peuple ; soumis à un clan rival, dominateur et cruel.

Wu se décide alors à aider le groupe de Pao, il sort de son sac de nombreuses inventions malicieuses qui améliorent le quotidien des Hommes du Solutréen et offrent à ceux qui les possèdent une supériorité incontestable sur les autres : l’aiguille à chas, l’hameçon et surtout le propulseur qui permet de projeter des sagaies avec plus de force et de précision.

L’affrontement entre les deux clans est inéluctable. Wu a donné l’avantage aux amis de Pao, mais il devra quitter ce qui deviendra beaucoup plus tard le plateau d’Angoulême et, en souvenir de Pao, dessinera sur les parois de plusieurs grottes, son tatouage, le signe de Pao que les préhistoriens appellent aujourd’hui, signe aviforme ou signe du Placard.

Cette bande dessinée est remarquable, car elle apporte de nombreuses connaissances sur le paléolithique, sans jamais être pesante, dans une alerte fiction, inventive et bien menée. Le récit se déroule lors du Solutréen, culture à l’apogée de la taille de pierre et des artistes qui décorent les parois des grottes.

Les aventures de Wu sont l’occasion de découvrir les sites, les arts pariétaux et les techniques développés durant cette époque de la préhistoire finissante. Des notes en fin d’ouvrage explicitent les termes employés et le contexte. Nous en apprenons alors beaucoup sur le signe de Pao qui a été trouvé dans un nombre limité de sites, souvent associé à un homme à tête d’oiseau transpercé de sagaies ou à un gros cheval.

Ce signe a circulé sur de très grandes distances mais les datations montrent qu’ils sont apparus sur une courte durée. Certains préhistoriens envisagent qu’ils soient l’œuvre d’un artiste unique, pourquoi pas le Wu de cet ouvrage.

L'avantage du propulseur !

Enseignant à Angoulême, Jean-François Chanson a commencé sa carrière de scénariste quand il travaillait au Maroc. Cela lui a fourni la matière a des articles coécrits avec Christophe Cassiau-Haurie sur notre site. Rentré à France, c’est naturellement qu’il choisit Angoulême comme lieu de résidence. Il fournit ici un travail solide ; une fiction tout à fait plausible, agréable à lire car les rebondissements sont inattendus, tout en intégrant au récit le résultat des plus récentes recherches sur le Solutréen. L’aspect didactique est fort bien amené, discret et toujours bien intégré à la narration. Le dessin semi-réaliste, précis, de l’Angoumoisine Juliette Vaast apporte fraicheur, émotion et dynamisme à une fiction qui a pour héros un fils des âges farouches plus réaliste que son lointain cousin Rahan.

L'Europe au temps du Solutréen.

« Le Signe de Pao » est une excellente bande dessinée préhistorique de fiction, intelligemment pédagogique, idéale pour une première approche de la préhistoire humaine pour des élèves dès le collège.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Le Signe de Pao » par Juliette Vaast et Jean-François Chanson

Éditions Eidola (15,00 €) – ISBN : 979-10-90093-40-9

L'art pariétal au Solutréen.

Galerie

4 réponses à Il y a 20 000 ans, un matin bien tranquille, il a suffi d’un signe à Pao…

  1. Fab dit :

    Je suis très content pour Jean François Chanson que j’ai connu lorsqu’il était prof à Rabat. Un garçon de qualité, passionné par la bd et qui a beaucoup fait pour les auteurs marocains.

  2. jf chanson dit :

    Bonjour Fab,
    Merci pour ces gentils mots.
    Si vous me connaissez, je vous connais aussi. Or, il y a plusieurs fab possible rencontrés au Maroc.
    Un collègue de Descartes ? Le créateur d’Horologiom ?

    • Fab dit :

      Bonjour Jean François. je suis le Fab qui vivait à Marrakech!

      • jf chanson dit :

        Je vois. J’espère que tu vas bien. Très bons souvenirs de l’expo au Cdi du lycée Descartes et de nos discussions. Si tu passes un jour par Angoulème, n’hésite pas à me faire signe. Sur FB, par exemple, Jf Chanson

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