Sélection pour le prix Asie de la Critique ACBD de 2020 !

Même si l’édition 2020 de Japan Expo n’a pas lieu, l’association des journalistes de bande dessinée compte néanmoins bien remettre son Prix Asie de la Critique ACBD à un manga ayant retenu leur attention durant l’année écoulée. Après « Les montagnes hallucinées » de Gou Tanabe chez Ki-oon en 2019, voici un petit tour d’horizon des nominés en attendant le résultat final.

Contrairement aux autres prix qui récompensent un titre sorti durant une année calendaire, le Prix Asie de la Critique ACBD a décidé de se caler sur l’événement majeur concernant l’Asie en France : Japan Expo. Une manifestation internationale qui, habituellement, se déroule chaque premier week-end de juillet. Sauf cette année 2020 où la pandémie mondiale a obligé, toutes les manifestations d’envergure, à annuler leur édition ou la reporter (dans peu de cas). Le public retrouvera donc Japan Expo en 2021, mais en attendant le Prix Asie de la Critique ACBD peut être décerné sans risque à une bande dessinée asiatique publiée en français entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2020.

C’est donc une sélection de cinq titres aussi variés dans leurs histoires, leur graphisme ou leur époque que le jury a décidé de mettre en avant cette année  : « Blue Giant » de Shinichi Ishizuka, chez Glénat, « Mauvaise herbe » de Keigo Shinzo chez Le Lézard noir, « Ma vie en prison » de Kim Hong-Mo chez Kana, « Sengo » de Sansuke Yamada chez Casterman et « La Vis » de Yoshiharu Tsuge chez Cornélius. Petite particularité, chaque éditeur s’est fendu d’une vidéo de présentation que vous pouvez visionner à la suite du résumé de chaque titre ci-dessous. Bonne lecture, bon visionnage.

Découvrez les 5 titres en compétition qui complètent ces 15 titres hors compétition chaudement recommandés par le comité de sélection (1) de l’ACBD :

« En proie au silence » d’Akane Torikai chez Akata, « Getter Robot » de Gô Nagai et Ken Ishikawa chez Isan Manga, « Gigant » d’Hiroya Oku chez Ki-oon, « Himizu » de Minoru Furuya chez Akata, « Hi Score Girl » de Rensuke Oshikiri chez Mana Books, « Intraitable » de Choi Kyu-Sok chez Rue de l’échiquier, « Kamuya Ride » de Masato Hisa chez Vega, « Les Liens du sang » de Shûzô Ôshimi chez Ki-oon, « Maladroit de naissance » de Yaro Abe chez Le Lézard noir, « Ma maman » de Li Kunwu chez Kana, « Origin » de Boichi chez Pika, « Peuple invisible » de Shohei Kusunoki chez Cornélius, « Un pont entre les étoiles » de Kyukkyupon chez Akata, « La Voie du tablier » de Kousuke Oono chez Kana et « Zenkamono » de Masahito Kagawa et Tohji Tsukishima chez Le Lézard noir

« Blue Giant » de Shinichi Ishizuka, chez Glénat

Dai Miyamoto est en terminale. Il fait partie de l’équipe de basket, travaille à mi-temps dans une station-service, et vit seul avec son père et sa petite sœur. Surtout, il s’est pris de passion pour le jazz depuis le collège. À tel point qu’il joue tous les jours sur les berges de la rivière, peu importe les conditions météo. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que la canicule soit au rendez-vous, il joue. Il veut être un géant du jazz et reste persuadé qu’il peut y arriver. Seulement, pour cela, il va devoir se confronter à la réalité : entre les explications aux amis, les premières représentations chaotiques et les rencontres diverses, la détermination de Dai va être mise à rude épreuve…

Le trait si précis de l’auteur de « Vertical »  s’attaque cette fois-ci à un défi de taille : la musique en général et le jazz en particulier. Et force est de reconnaître que le défi est relevé avec brio : les notes s’envolent littéralement des pages et l’on se met à vibrer pour les péripéties de Dai, prêt à tout pour briller au firmament du jazz. Pour tous les fans de musique comme pour les autres, « Blue Giant » vous ouvre les portes d’un Nouveau Monde en 10 volumes que composera la série.


« Mauvaise herbe » de Keigo Shinzo chez Le Lézard noir

Au cours d’une descente de police dans une maison close miteuse maquillée en salon de massage, le lieutenant Yamada rencontre Shiori, une lycéenne fugueuse qui lui rappelle sa propre fille aujourd’hui décédée.

À peine raccompagnée chez elle par la police, Shiori disparaît de nouveau, fuyant les coups de sa mère abusive. Yamada part à sa recherche, mais la jeune fille désemparée trouve refuge chez un inconnu à la bienveillance plus qu’équivoque.

À travers ce drame abordant de nombreuses questions contemporaines, Keigo Shinzô explore la face sombre et sordide de la société japonaise contemporaine

« Ma vie en prison » de Kim Hong-Mo chez Kana

Corée du Sud, mai 1980. En pleine période d’instabilité politique, des manifestations d’étudiants et de syndicats réclament la fin de la corruption et la révélation des malversations de l’état. Le gouvernement militaire sud-coréen leur oppose une répression violente. À Gwangju, 6e plus grande ville de Corée du Sud, l’armée avec le soutien de la loi martiale perpètre un véritable massacre : 163 morts, 166 disparus et plus de 3 000 blessés.

17 ans plus tard, révolté quand il se rend compte de la gravité de ces faits et de l’impunité de leurs responsables, Yongmin, jeune dessinateur et étudiant à l’université de Hongik, délaisse ses études pour rejoindre les mouvements étudiants de protestation, réclamant justice. Lors d’une manifestation, il est arrêté par la police et incarcéré. Il rejoint alors une cellule où il va devoir se familiariser avec les gangsters, meurtriers et autres détenus de droit commun !! L’auteur nous offre une plongée dans l’histoire contemporaine de la Corée du Sud. Mais c’est surtout une saine piqûre de rappel : la liberté d’expression est un droit chèrement acquis et qui n’est jamais irrévocable !

« Sengo » de Sansuke Yamada chez Casterman

Les Pieds nickelés chez Tardi

1945, le Japon est vaincu. De retour au pays, deux soldats qui se sont connus sur le front, le bon vivant Kadomatsu et le désenchanté Toku, se retrouvent par hasard dans un Tokyo détruit et occupé par l’armée américaine.

Entre débine et combines, marché noir et prostitution, la question quotidienne de la survie est si cruciale qu’elle éclipserait le désespoir chevillé à ces âmes vaincues.

Malgré tout, au fil des nouvelles solidarités qui se nouent dans l’adversité, c’est bel et bien la vie qui regagne du terrain.

« La Vis » de Yoshiharu Tsuge chez Cornélius

Au début des années 1960, Yoshiharu Tsuge entame sa collaboration avec la mythique revue Garo, qui donne aux auteurs la possibilité d’expérimenter de nouvelles approches dans un contexte éditorial peu enclin à l’ouverture. Tsuge trouve dans cet endroit la possibilité de se révéler et développe des bandes dessinées d’un genre nouveau où autobiographie et fiction s’entremêlent pour faire surgir une forme d’authenticité inédite – cette approche avant-gardiste sera appelée watakushi manga, « la bande dessinée du moi » et inspirera toute une génération. Après « Les fleurs rouges », qui s’intéressait aux années charnières de la carrière de Tsuge, ce second volume prolonge cette exploration en permettant de découvrir un auteur en pleine mutation. En juin 1968, Garo consacre un numéro spécial à Yoshiharu Tsuge, dans lequel il publiera sa nouvelle la plus célèbre : « La Vis » (« Neji Shiki »). Cette histoire marque un tournant dans l’évolution du style de Tsuge, qui, pour la première fois, retranscrit l’un de ses rêves. L’utilisation de la bande dessinée en tant que médium de l’inconscient est jusqu’alors inédite. Dès sa parution, « La Vis » provoque de nombreuses réactions et suscite des interprétations diverses, tant de la part de lecteurs que de psychologues, écrivains, artistes ou poètes. Tsuge n’apportera pas d’explications à cette nouvelle, conservant ainsi le mystère autour de son œuvre.
Traduites pour la première fois en français, la publication de cette nouvelle et des six autres qui composent ce volume est un événement majeur. Ce deuxième tome de l’anthologie permet de percevoir toute la richesse d’un auteur incontournable.

Gwenaël JACQUET

(1) Sous la houlette d’Aurélien Pigeat (actuabd.com), les journalistes ayant participé à cette sélection sont : Frederico Anzalone (Atom, bodoi.info), Hélène Beney (Canal BD magazineZoo), Jérôme Briot (Zoo), Yaneck Chareyre (Zoo, Les Chroniques de l’invisible, Bayday tube), Jérôme Dieuset (Télé Z , Télé Z Jeux), Stéphane Dubreil (Guerres et histoire, casesdhistoire.com), Patrick Gaumer (« Dictionnaire mondial de la BD » [Larousse]), Laurent Gianati (bdgest.com), Stéphane Jarno (Télérama), Sébastien Langevin (Canal BD manga mag), Bernard Launois (auracan.com), Thierry Lemaire (Zoo, casesdhistoire.com), Laurent Mélikian (actuabd.com, Le Magazine des espaces culturels, Les Nouvelles d’Arménie), Florian Rubis (dBD, actuabd.com, animeland.com).

Galerie

5 réponses à Sélection pour le prix Asie de la Critique ACBD de 2020 !

  1. Thark dit :

    Bonjour Gwenaël (et l’équipe).
    Je suis emballé par cette sélection, tout ça semble réellement passionnant (qu’on soit amateurs de manga / manhwa ou non.
    Par contre, un détail à rectifier au passage (je viens de le faire remarquer aussi sur YT) : la vidéo consacrée à  » Mauvaise herbe  » de Keigo Shinzo est titrée par erreur avec celui de  » Ma vie en prison  » de Kim Hong-Mo.
    Au passage, puisque ça semble tout nouveau, j’espère voir BDzoom utiliser et enrichir régulièrement cette chaîne YouTube avec des contenus qui reflètent la qualité et les (bons) choix de votre site. Bon vent et bon feed-back complémentaire ! :)

    • Gwenaël Jacquet dit :

      J’étais précisément en train de changer le titre, j’ai fait un mauvais copié-collé.

      Merci pour ces encouragements.

  2. Thark dit :

    De rien… et merci d’avoir rendu à César ce qui est à Jules ;) !
    Je profite abusivement de l’occasion ^^ pour faire un ‘presque-hors-sujet-mais-pas-tout-à-fait’ en vous demandant si la chaîne YT a été créée exclusivement pour pouvoir mettre en ligne les vidéos autour du Prix Asie ACBD… ou bien – ce que j’espère – si l’on peut s’attendre à d’autres ‘posts’ ?… Des bonus audiovisuels qui viendraient compléter et étoffer différemment les contenus rédactionnels de « BDzoom » autour du patrimoine ou de l’actualité BD ? Par exemple avec des entretiens/rencontres, des chroniques, des analyses de planches… ou que sais-je ??…

    • Gwenaël Jacquet dit :

      Cette chaîne existait déjà, mais n’avait jamais servi. Elle est amenée à s’étoffer. Dans un premier temps, certains contenus existants vont y trouver place, comme les émissions  » Trait pour trait  » où est intervenu Laurent Turpin. Puis, en fonction de l’actualité, notre souhait est de voir d’autres projets s’ajouter au fil du temps.

  3. Thark dit :

    Merci… « Jacquet Gwenaël », alias Jijé ! ;) :)

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