« Stella » : la fin d’un roman… le début d’une histoire, mais surtout une très belle BD de Cyril Bonin sur la création, l’identité, et la place de l’auteur…

Taylor Davis, écrivain new-yorkais, est en train de terminer son nouveau livre : le récit d’un couple situé dans les années cinquante et dont l’héroïne, déçue par son conjoint et qui s’interroge sur sa vie, se prénomme Stella. Or, cette dernière va littéralement entrer en communication avec lui par claviers interposés et finir par apparaître, chez lui, au moment même où il écrit le mot fin… Mais comment un personnage de fiction pourrait-il vivre au sein du monde réel, qui plus est dans une époque qui n’est pas la sienne ?

Si Taylor a eu du succès par le passé, sa carrière était jusqu’à lors en berne : ses romans se vendant de moins en moins. Pourtant, quand son nouvel ouvrage, celui qui met en scène cette femme de 1950, est publié quelques semaines plus tard, il rencontre un grand engouement populaire : les lecteurs et les médias étant fasciné par la présence de ce personnage sorti d’un livre dans la réalité. Alors que Stella a emménagé, pour le moment, dans l’appartement de l’écrivain, voilà que les services de l’État s’interrogent sur cette dame qui arrive de nulle part et qui est sans identité connue… L’administration est en marche, mais le créateur de Stella est, quant à lui, tombé amoureux de sa voisine Debbie, laquelle a écrit, de son côté, un roman qui le subjugue.

            Comme dans ses autres récents albums (1), Cyril Bonin nous entraîne dans un imprévisible récit doux-amer et un brin nostalgique, revisitant cette fois-ci le mythe de Pygmalion : un sculpteur qui devint fou de l’une de ses statues. Une fois de plus, il flirte avec le surnaturel, renouant ainsi avec une certaine tradition de la littérature existentialiste dans laquelle l’irruption d’un élément fantastique vient toucher les protagonistes au plus profond de l’âme humaine. Sa maîtrise des dialogues et de la narration, dans son ensemble, étant toujours impeccable, cet étonnant destin d’une femme et parcours initiatique, sur fond d’intrigue scientifique, nous fait poser nombre de questions ; notamment sur le métier d’écrivain, mais aussi sur notre propre identité !

D’autre part, la tranquillité de l’action et l’atmosphère contemplative, voire intimiste, qui en découle, nous permettent d’apprécier au mieux l’élégant dessin très travaillé, mais à l’encrage léger et aéré, de Cyril Bonin ; ainsi que ses jolies couleurs, toutes proposées dans des tons sépia apaisants : un attachant cheminement artistique, en tout point exemplaire.

Gilles RATIER

(1) Sur Cyril Bonin, voir aussi, parmi nos récents articles : « Presque maintenant » par Cyril Bonin« La Délicatesse » par Cyril Bonin [d’après David Foenkinos]« Fog : intégrale » T1 par Cyril Bonin et Roger Seiter,« The Time Before » par Cyril Bonin« Amorostasia T2 : Pour toujours… » par Cyril Bonin« Amorostasia » par Cyril Bonin« L’Homme qui n’existait pas » par Cyril Bonin« La Belle Image » par Cyril BoninChambre obscure T.1

« Stella » par Cyril Bonin 

Éditions Vents d’Ouest (18 €) — ISBN : 978-2-7493-0898-2

Galerie

Une réponse à « Stella » : la fin d’un roman… le début d’une histoire, mais surtout une très belle BD de Cyril Bonin sur la création, l’identité, et la place de l’auteur…

  1. PATYDOC dit :

    Une bien belle réussite ; à ranger à côté des DVD « La rose pourpre du Caire  » et « Le magnifique » !

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