Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...Marc-René Novi : une carrière contrariée… (première partie)
S’il est un dessinateur qui pouvait espérer égaler la carrière d’un Paul Gillon, c’est bien Marc-René Novi. Il demeure pourtant méconnu, ses collaborations prometteuses ayant, hélas !, été contrariées par les aléas de l’édition, mais aussi de la vie.
Coup de projecteur (en deux parties), oh combien mérité !, sur cet oublié de l’histoire de la bande dessinée franco-belge.
Fils d’un architecte niçois, Marc-René Novi est né à Nice, le 24 avril 1913 : une enfance aisée au sein d’une famille bourgeoise, un oncle chanoine, des études sérieuses avant de suivre les cours des Arts décoratifs de Nice. À la mairie de sa ville natale, il décroche son premier emploi, plus précisément au service chargé de la gestion des listes électorales.
Grand admirateur des maîtres américains Milton Caniff et Alex Raymond, ce jeune homme qui pratique le violon ne désespère pas de pouvoir un jour suivre leurs traces…
Si je m’en tiens à la fiche réalisée par ses soins à ma demande, à l’occasion de mon projet avorté de dictionnaire pour l’hebdomadaire Noir et Blanc en 1971 (hé oui, déjà !), il aurait débuté à la SPE (Société parisienne d’édition).
Dans l’excellent dossier proposé par Louis Cance pour la revue Hop ! (n° 99 de septembre 2003) (1), il confesse avoir fait ses premiers pas anonymement dans le monde de la bande dessinée, en 1945, aux éditions EMP (Éditions populaires monégasques) de Nice.
Sous le pseudonyme de London, commun à d’autres dessinateurs, il aurait travaillé sur divers fascicules crédités Polsis pour le scénario, comme Jim au maquis (avec « Les Aventures héroïques de Jim au maquis ») ou ceux de la collection Roman d’aventure filmé qui deviendra Mon Roman filmé en 1947. Il participe ainsi aux séries « Ouragan l’as des casse-cou », « Jack Forgas le chasseur de gang », « Loulou Frebois le champion des champions », « Jean Boulard reporter d’aventures »…
En 1948, son éditeur s’installe à Paris en créant les Éditions populaires modernes, avec le même sigle EPM.
Le jeune débutant, lui aussi du voyage, travaille sur les fascicules de huit pages, Pirates et Conquistadores et 2° Bureau contre Gestapo, signées Gadgem et publiées en 1950.
On lui doit aussi deux numéros des Aventures sentimentales de Lulu : aventures sexy portant la mention « Interdit aux moins de 16 ans » et publiées en mars 1950.
Il profite de son temps libre pour démarcher les nombreuses rédactions de la capitale et véritablement commencer sa carrière de dessinateur.
Ces débuts discrets et sans prétention lui auront permis d’affirmer son trait, d’apprendre l’art de la couverture choc qui attire le regard des lecteurs.
En ce temps-là, les jeunes dessinateurs, nombreux à tenter leur chance en cette fin de conflit, voient fleurir les journaux destinés à la jeunesse.
De retour dans la capitale, les frères Offenstadt, fondateurs de la SPE (Société parisienne d’édition), relancent leurs magazines empêchés de paraître par l’Occupant.
Aux côtés de René Pellos, Mat, Pierre Lacroix, Jean Frisano, Loÿs Pétillot, Christian Gaty ou Robert Gigi, Marc-René Novi participe au retour de L’Épatant qui ressort dans une formule mensuelle, en juillet 1948, sous le titre Le Journal des Pieds nickelés.
Il y publie, avec régularité, de courtes histoires complètes à partir du n° 11 de mai 1949 (« Seul contre une tribu de sauvages »).
Présentés soit avec les textes placés sous les dessins, soit sous forme de bandes dessinées, ces récits aux scénarios signés M. Artigues, Julliame Ossip, A. Hémard… se prolongent jusqu’au n° 34, le dernier de la formule mensuelle du journal en avril 1951.
Une brève version hebdomadaire lui succède jusqu’en novembre 1951 pendant 32 semaines. Le temps pour Novi de proposer deux récits à suivre écrits par M. Artigues, « Le Mystère des faisans bleus »
et « L’Île de la mort étrange » ; pour plus de détails, voir L’Épatant d’après-guerre (1re série).
La publication avortée du Journal des Pieds nickelés n’affecte pas Novi qui collabore depuis 1949 à Fillette. L’autre hebdomadaire de la SPE de retour dans les kiosques, republié depuis le mois de mai 1946.
Après un bref passage dans le n° 129 (« Sur une île déserte » de Juliane Ossip), il est chargé d’illustrer « Les Sept Aventuriers » : un roman à suivre de Serge Ouvaroff qui parait du n° 160 (11 août 1949) au n° 171.
Son talent pour dessiner des couvertures attrayantes lui permet d’en occuper six, tout au long de cette parution.
Retour dans Fillette dès le n° 181 (05 janvier 1950) avec la mise en images d’un récit de Gabrielle Legendre : « Yvette Le Mesnil, hôtesse de l’air ».
Novi bénéficie une fois encore de nombreuses couvertures, tout au long de la parution de ce récit qui prend fin dans le n° 202.
Il revient au n° 219 (07 décembre 1950) avec une autre histoire dont les textes eux aussi sont placés sous les images. Teintée de fantastique « La Mare aux biches » de Juliane Ossip prend fin dans le n° 229.
Une nouvelle histoire en image, « Correspondante de guerre » de Martial Cendres est publiée du n° 277 (08 novembre 1951) au n° 299.
Ces deux pages hebdomadaires ne l’empêchent pas de signer des illustrations pour des romans à suivre : « La Petite Fée des ondes » de A.P. Hot du n° 300 au n° 306, « Les Mystères de la vallée des rois » de P. Darcy du n° 321 (11 septembre 1952) au n° 334, enfin « Les Aventures d’une petit fille sage » de D. Hope qui est publié du n° 349 (26 mars 1953) au n° 362.
Il aborde aussi la bande dessinée dans le n° 367 (30 juillet 1953) avec l’adaptation du célèbre roman de Harriet Beecher-Stowe : « La Case de l’oncle Tom ».
Un travail superbe qui lui permet de démontrer son immense talent tout au long des 44 pages que compte ce classique. Elles seront réunies, en 1955, dans le douzième album de la collection Mondial Aventures ; voir aussi Fillette après-guerre, première série : 1946-1953 (1ère partie) et Fillette après-guerre, première série : 1946-1953 (2ème partie).
Au cours de cette période, puis de 1961 à 1964, il réalise des illustrations de nouvelles et des histoires complètes pour les numéros spéciaux trimestriels de Fillette. Le plus souvent à thème policier, la plupart de ces récits ont pour héros Marc : un jeune garçon qui aime jouer au détective.
Toujours pour la SPE, de 1966 à 1968, il proposera trois autres de ces récits complets dans 15 ans : le mensuel qui succèdera à Fillette, en 1965.
Après « La Case de l’oncle Tom », il adapte en 1954 deux autres œuvres romanesque pour Mondial Aventures : « Salammbô » d’après Gustave Flaubert et « La Merveilleuse Aventure de John Davys » d’après Alexandre Dumas (publié intégralement dans un numéro spécial de Joyeuse Lecture-Pschitt Aventures, en avril 1961.
On lui doit aussi la mise en images de « Ben Hur » de Lewis Wallace, dans I5 ans. Bien que publié en 1968, ce récit est probablement une histoire en 44 pages réalisée pour la défunte collection Mondial Aventures resté dans les tiroirs de l’éditeur.
Pour être complet en ce qui concerne sa collaboration avec la SPE, notons des illustrations dans L’Almanach Vermot (1950 à 1960), ainsi que d’autres réalisées pour l’éphémère Contre-Enquête.
En 1953, il est contacté par les éditions Cino Del Duca dont les journaux règnent sur la presse du cœur avec ses hebdomadaires Nous Deux, Boléro, Intimité…
Publié par la Société européenne d’éditions familiales, l’une des nombreuses filiales de Del Duca, La Vie en fleur est un hebdomadaire de 52 pages en noir et blanc.
Aux côtés des tricots, de la mode et des conseils pratiques, des romans richement illustrés et trois bandes dessinées à suivre complètent le sommaire.
Des pointures du neuvième art illustrent cette dizaine de pages de bandes dessinées : Raymond Poïvet, Rémy Bourlès, Lucien Nortier, Raoul Auger… et Novi. Entre 1953 et 1957, il réalise six longues histoires : « Les Portes de Temacine » d’après le roman de Madeleine Lepage (75 pages),
« Le Cygne de Kermor » de Saint-Ange (77 pages),
« La Dame des ténèbres » d’après Axelle du Rieux (40 pages),
« Le Manoir ensorcelé » (56 pages), « Mandrin » (24 pages) et « Infidèle Doris » d’après Annie Achard (30 pages).
Hélas, de plus en plus envahissant dans la presse féminine, les romans photos condamnent les bandes dessinées à une lente disparition. Recasé en 1959 et 1960 dans l’hebdomadaire de grand format Lui, également publié par Del Duca, Novi illustre la brève série « Roi et reine de cœur ». À partir de textes placés sous les images signés C.V. Dupuis, il dessine « Napoléon et Joséphine », suivi de « Charlotte et Maximilien ».
(À suivre)…
Relecture et mise en pages : Gilles RATIER
(1) Ce n° 99 de Hop ! reprend un curieux récit complet de quatre pages dessiné par Marc-René Novi, dans la lignée de ceux que l’on trouvait dans des revues comme Eerie ou Creepy, alors qu’il était publié dans une revue pour enfants : « La Dernière Encoche », un scénario de M. Artigues, publié dans le n° 32 du Journal des Pieds nickelés, en février 1951.
N’hésitez pas à consulter nos autres « Coins du patrimoine » consacrés aux auteurs oubliées de la bande dessinée française des années cinquante-soixante : Loÿs Pétillot : Bayard fut son royaume…, Jan-Loup : un dessinateur aussi mystérieux que talentueux…, Jacques Blondeau (première partie) : dessinateur au quotidien…, Jacques Blondeau (deuxième partie) : de la presse quotidienne aux revues pour la jeunesse…, D’Arabelle à Pat’Apouf : Jean Ache (première partie), D’Arabelle à Pat’Apouf : Jean Ache (deuxième partie), Érik le prolifique ! (première partie), Érik le prolifique ! (deuxième partie), etc.