Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Dernier voyage pour Charles Jarry
Bien qu’ayant collaboré aux deux journaux phares de la bande dessinée franco-belge, Spirou et Tintin, Charles Jarry n’a pas réussi à pérenniser ses diverses créations. Malgré les galères, les déceptions, il a réussi à exercer la profession dont il rêvait, dessinateur. Il s’en est allé en toute discrétion le 5 septembre.
Né à Bruxelles le 5 décembre 1942, Charles Jarry débute des études techniques à l’Athénée Royal de Lacken avant de s’inscrire à l’Académie Royale de Bruxelles où il étudie le dessin afin de réaliser son rêve, devenir dessinateur de bande dessinée.
En 1966, il travaille comme metteur en pages aux éditions Marabout avant de publier l’année suivante son premier récit authentique dans les pages de Tintin, », « L’Homme qui pouvait exploser ». En 1969, inspirée par son épouse, il crée « Élodie d’Avray », héroïne réaliste au bref destin. A la même époque, il collabore aussi aux pages d’actualité de l’édition belge de l’hebdomadaire Pilote. Assistant du dessinateur Raymond Reding (« Vincent Larcher », « Section R »), il effectue un premier déplacement en Afrique financé par l’Unicef. Ce voyage marque le début de sa passion pour l’aventure écologique et la création de « Boy » dans Spirou en 1979. Deux ans plus tard, il campe le duo « Costa et Ian Harlan », histoire d’aventures exotiques qui prend ensuite le titre des « Baroudeurs sans frontières ».
Publiée par Spirou, la série passe en 1988 dans Tintin où elle change une nouvelle fois de titre, « Costa » le temps de trois épisodes. Faute de succès, Jarry publie à partir de 1991 les trois ultimes épisodes de la série sous le label Synopsis qu’il a créé. En 1995, il propose « Simon Arkhane » sous le pseudonyme Shannon. C’est dans les pages de Baroud magazine autoédité à partir de 1986 qu’il campe de sages pin up, premier pas vers un lectorat adulte, avant de livrer des récits érotiques au magazine Bédé Adult’ à partir de 1997 sous la signature Vinicius.
Notons, « Julie Brûlante », puis la création de Lady Roberta de Villiers héroïne de « Madame Roberta »… puis « Wanda la She-Mâle », « Le Chalet des délices », « Eros Tanga »… Ses histoires teintées d’humour et de sadomasochisme font preuve d’originalité au sein du journal. Il auto édite son dernier ouvrage en 2009 sous le label CH.J, « Requiem pour Malwin », sur un scénario de Lara Ferkovic.
Travaillant beaucoup d’après photos, aussi bien pour les décors que pour les personnages, Charles Jarry était un dessinateur réaliste méticuleux au trait parfois un peu trop raide.
Tout au long de ses histoires classiques, il a dénoncé les trafics d’enfants, du sang, d’ivoire ou encore les conditions de vie des paysans du tiers monde. Autant de sujets peut-être trop sérieux, qui n’ont pas réussi à captiver un large lectorat.
Athlète de haut niveau il avait été trois fois de suite champion de Belgique du 400 mètres plat.
Victime d’un AVC voici quelques années, il est décédé le 5 septembre des suites d’une longue maladie. Il avait 76 ans.
Henri FILIPPINI
Jarry – un fort caractère parait-il et grand voyageur,qui parlait de ses voyages le long du fleuve l’Amazone le sac sur le dos – a eu tort d’avoir raison beaucoup trop tôt avec sa série humanitaire bien documentée .
Aujourd’hui il serait pile dans les clous, avec un destin peut-être différent et une exposition médiatique plus importante.
Ouais, un voyageur qui finançait ses périples en faisant du placement de produit pas vraiment discret – un épisode des Baroudeur Sans Frontières met largement en avant l’agence Kuoni avec logo, éloge des services et tutti quanti. Pas certain que Dupuis ait apprécié
Du placement de produit,encore une fois il a eu le tort d’avoir raison beaucoup trop tôt. Avec dans son cas le bon goût de ne pas faire de fausses photos volées en string pour exister.
Si Dupuis n’a pas apprécié – à voir – il fallait financer ces voyages d’imprégnation documentaire dont le résultat était parfaitement palpable sur les planches de sa série humanitaire.
Il me semble que Jarry a aussi pas mal collaboré avec l’UNICEF,ce qui semble tout à fait légitime. Il a fait du bon boulot, côté éveil de consciences et sensibilisation.
Vous aimez vous écouter parler, je vous laisse avec vos pensées étourdissantes
Quiche,c’est un pseudo ou un état?
Ici Jarry explique pourquoi il fait du « placement de produit » : https://i.servimg.com/u/f33/13/63/66/39/interv11.jpg
Là Jarry montre un peu sa technique de création, et sa préoccupation,très en avance sur son temps, au sujet de la marche du monde et ses dessous, loin des clichés complaisants et superficiels : https://i.servimg.com/u/f63/13/63/66/39/interv17.jpg
https://i.servimg.com/u/f33/13/63/66/39/interv12.jpg
Jarry était un auteur curieux,dans un entre-deux,disons « flottant »,chose particulièrement visible dans son sens de la composition des cases ,assez pittoresque .
Un excellent sens du design (utilisation de logos etc…. personnages parfaitement définis,jusqu’à la conception et couleur des vêtements,belles couvertures qui se démarquent) du lettrage (gros travail à ce sujet ,souvent inventif,manuel ou « mécanique) une belle utilisation des références photos pour créer ses atmosphères typiques et crédibles…..mais,surtout….. dialogues saccadés,narration peu fluide,personnages de plus en plus schématiques,effets « virilisants »qui tombent à côté….. bref pas mal de maladresses derrière de belles intentions ,palpables ,une vision,mais mal encadrées éditorialement.
Mal encadrées face à un fort caractère.
J’ai le souvenir d’un entretien de Tibet qui racontait comment lors du passage de Jarry ,pourtant en grosse difficulté,au Lombard,ce dernier avait très mal pris les conseils bienveillants du scénariste expérimenté Duchâteau et du dessinateur Tibet qui cherchaient à le mettre sur de bon rails.
En dédicace, je l’appelais toujours « Doc Gynéco ». Ceux qui l’ont côtoyé savent…
Que voulez vous dire? Je l’ai rencontré une fois en festival BD, où il dédicaçait les invendus d’un album paru chez BD Adult.
Désolé du décès de Charles Jarry.
Une vision humaine. Des histoires solides et agréables. Si il n’a pas eu le succès qu’il méritait c’est peut-être parce que les gensne s’arrêtent qu’aux apparences. Il n’était pas le meilleur dessinateur mais c’était un vrai auteur. Je l’avais rencontré en dédicaces et c’était un homme simple et sympathique.