Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Léonard : 50 albums et toujours explosif !
Si on commémore les 500 ans de la mort de son illustre modèle, Léonard de Vinci, le « Léonard » de papier, toujours bon pied bon oeil, fête plus modestement la parution de son cinquantième album en 45 ans. Les cerveaux fusent, les coups pleuvent, les inventions à la fois géniales et loufoques se succèdent à un rythme infernal qui n’aurait pas effrayé le génie du Clos Lucé.
C’est en octobre 1975, dans le premier numéro de l’éphémère Achille Talon Magazine, publié par les éditions Dargaud, que paraissent les premiers gags d’un vieillard à la longue barbe blanche baptisé « Léonard ». Il est né de l’imagination de deux jeunes auteurs belges que Greg le rédacteur en chef connaît bien puisqu’ils ont travaillé au sein de son studio, qui a vu naître des talents de la pointure de Dany et d’Hermann. Six numéros plus tard, Léonard aurait pu disparaître avec le défunt journal si la rédactrice en chef du magazine néerlandais Pep n’avait pas été séduite par le personnage. Il devient rapidement la star de cet hebdomadaire puis de ses successeurs Eppo et Sjors en Sjimmie. En France, grâce à cet achat de droits, les éditions Dargaud peuvent poursuivre la production des pages et publier un premier album en 1977, d’autant plus que Pif Gadget à son tour conquis par l’inventeur compulsif en présente les aventures. Très vite Léonard devient aussi populaire dans l’hexagone qu’au pays des tulipes. Au rythme régulier d’au moins un album par an ses facéties se poursuivent chez Dargaud jusqu’en 1990 (18 albums), puis sous le label Appro jusqu’en 1998 (10 albums) et enfin aux éditions du Lombard qui proposent l’album numéro 50 en cette année anniversaire. Des albums dont le titre se doit de comporter le mot « génie ».
Inspiré par le grand Léonard de Vinci disparu le 2 mai 1519 en son domaine du Clos Lucé à Amboise, son modèle de papier est lui aussi un génie, imaginant sans relâche des inventions farfelues qui provoquent bien des dégâts. Il est entouré par Basile Landouye son brave disciple qui reçoit sans sourcilier plaies et bosses, victime des trouvailles de son maître et par Mathurine femme de ménage bien en chair et excellente cuisinière… et depuis peu par Mozzarella da Vinci, l’espiègle fille adoptive du génie. Sans oublier Raoul le chat au poil rouquin et trois petites souris blanches qui ajoutent une note plus ironique à un premier niveau de lecture volontairement simpliste.
« Léonard » est créé par le scénariste (mais aussi dessinateur à l’époque) Bob de Groot (1941) et par le dessinateur Turk (Robert Liégeois, né en 1947). Deux auteurs incontournables dans les pages de l’hebdomadaire Tintinoù ils animent depuis 1969 les gags de « Robin Dubois ». Le duo signe les 46 premiers albums jusqu’en 2016, année où Bob de Groot se retire, cédant la place à Zidrou. Benoît Drousie (1962), est instituteur avant de se lancer dans le scénario spécialisé dans les gags, « L‘Élève Ducobu », « Tamara », « Le Boss », « Les Crannibales »… Depuis quelques années, tout en poursuivant d’écrire dans le domaine de l’humour, il propose des séries réalistes plus courtes et plus intimistes remarquées par la critique. Autre spécialité, les reprises de séries classiques : « Le Flagada », « Ric Hochet », « Clifton », « Chlorophylle »… et « Léonard ». L’humour au premier abord facile de Bob de Groot n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et Zidrou commence seulement à en saisir les subtilités. Au fil des gags et des courtes histoires de ce nouvel ouvrage, Léonard invente la nitroglycérine, découvre le sponsoring, multiplie les catastrophes au grand dam du pauvre Basile.
Contrairement à nombre de dessinateurs vieillissants dont le trait perd de la vigueur, Turk conserve une pèche d’enfer, proposant des pages dynamiques et riches en décors. Ce qui explique le succès toujours au rendez-vous de cette série présente dans le top 20 des meilleures ventes. À noter que l’album de 62 pages, tiré à 40 000 exemplaires, consacre un cahier à Léonard de Vinci réalisé avec le concours de l’équipe du Clos Lucé, propriété de la famille Saint-Bris.
Surfant sur ce double anniversaire, plusieurs évènements accompagnent la sortie de cet album : si vous passez par l’Indre et Loire des séances de dédicaces vous attendent au château du Clos Lucé (le premier juin) et au château de Monthoiron (le 2 juin). La galerie Huberty & Beyne de Bruxelles propose une exposition vente des oeuvres de Turk jusqu’au 22 mai, enfin la Maison de la BD de Blois consacre une exposition à « Léonard », le notre, du 8 juin au 31 août.
Henri FILIPPINI
« Léonard T. 50 : Génie, vidi, vinci ! » par Turk et Zidrou
Éditions du Lombard (10,95 €) – ISBN : 978 2 803673025
Si Léonard est un génie, l’intelligence artificielle fait bouger Mona Lisa des siècles après : https://www.nbcnews.com/mach/science/watch-mona-lisa-come-life-startling-deepfake-videos-ncna1010871