« Dieu n’aime pas papa » par Davy Mourier et Camille Moog

« Dieu n’aime pas papa », voici un titre bien définitif, alors que nous avons appris que Dieu n’est qu’amour. Qu’a bien pu faire ce papa pour s’attirer les foudres divines ? C’est l’histoire que nous raconte Davy Mourier (scénario et dessin) et Camille Moog (dessin) dans un album étonnant qui, sous couvert d’innocence enfantine, interroge la complexité du monde adulte.

Tao, un petit garçon, vit seul avec sa maman : Élisabeth. Tao se rend bien compte que sa maman est triste depuis sa récente séparation avec son papa et qu’elle a du mal à les faire vivre. Nous découvrons très vite, à travers le quotidien de Tao, que ce qui aide Élizabeth face au tracas du quotidien, c’est sa foi. Mais sa lecture de la parole sainte est devenue un rempart systématique : une croyance dogmatique, sans nuance.

Dans cet univers tourné vers la religion, Tao, lorsqu’il s’ennuie, illustre régulièrement les histoires de l’« Ancien » et du « Nouveau Testament » dans ses cahiers. Il y interprète, de son regard d’enfant, le message d’amour, de partage, de pardon, agrémenté de quelques aventures super-héroïques. Mais Tao ne comprend pas pourquoi, contrairement à la préconisation de la religion chrétienne, sa mère ne pardonne pas, à son père, sa relation adultère… Avec un monsieur.

Cet ouvrage nous propose un travail d’illustration à quatre mains par Camille Moog et Davy Mourier. Le dessin léger de Camille Moog (qui signe là son premier album après une participation au premier tome d’« Axolot ») apporte une belle douceur à ce dur récit, en illustrant la quotidienneté de la vie de Tao et sa maman. En plus du scénario, Davy Mourier réalise les pages dessinées par Tao, nous entraînant dans la vision naïve des enfants.

Une réelle tension s’installe dans ce récit face à l’attitude défensive, autoprotectrice, d’Élisabeth face au coming out de son ancien compagnon. Mais jamais le récit ne la condamne et Davy nous montre aussi les moments de détresse que son petit garçon essaye d’atténuer comme il le peut. Et c’est Tao qui apportera la solution à cette épreuve en prenant une courageuse décision pour un petit bonhomme de huit ans.

De même, si l’interprétation de la religion, telle qu’elle est pratiquée par Élizabeth, peut-être vue de manière négative, une séquence, lors d’une séance de catéchisme, nous rappelle clairement que la religion chrétienne est tournée vers l’amour est le pardon.

À la manière de « L’Enfant cachée » ou de « Pourquoi j’ai tué Pierre », l’album de Camille Moog et Davy Mourrier  est un ouvrage important qui, espérons-le, prendra sa place parmi les titres au sujet difficile devenus incontournables.

Brigh BARBER

 « Dieu n’aime pas papa » par Davy Mourier et Camille Moog

Éditions Delcourt (16,50 €) – ISBN : 978-2-7560-6382-9

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