Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...BD de la semaine
« Ardalén – Vent de mémoires » par Miguelanxo Prado
Le vent est voyageur. Il n’y a pas plus voyageur que lui, surtout quand il vient de la mer, ce qui est le cas de l’Ardalén qui souffle parait-il sur les côtes de Galice. Certains disent qu’il vient d’Amérique. On le croit volontiers dans ce village perdu d’Espagne où vit le vieux Fidel dont la mémoire est défaillante, incertaine, bref infidèle… comme le vent !
Lire la suite...« Dent d’ours » T1 (« Max ») par Alain Henriet et Yann
Que voilà un début de série d’aventures brillant, mêlant avec justesse action, émotion et espionnage…
Aux origines était « Buck Danny », série d’aviation bien connue dont le prolifique et talentueux scénariste Yann voulait raconter la jeunesse du héros. Ayant particulièrement apprécié l’aspect technique de l’encrage très « années cinquante » – particulièrement sur les véhicules et les personnages – d’Alain Henriet sur «Damoclès », un excellent thriller écrit par Joël Callède chez Dupuis, il contacte ce dessinateur pour illustrer son projet d’histoire d’aviation.
« Le Démon du soir ou la ménopause héroïque » par Florence Cestac
Impératrice du « gros nez » en BD, Florence Cestac met une nouvelle fois en scène son anti-héroïne Noémie, comme à chaque décennie. En effet, après les constatations adultères de la quarantaine dans le « Démon de midi » et les interrogations philosophiques de la cinquantaine, sa presque sexagénaire un brin angoissée retrouve ici une énergie que l’on aurait pu croire inespérée, alors qu’on lui annonce un possible cancer du sein.
Lire la suite...« Les Temps mauvais » par Carlos Giménez
Après « Paracuellos », « Barrio » et « Les Professionnels, le dessinateur ibérique Carlos Giménez boucle, avec « Les Temps mauvais », ses chroniques sensibles de l’Espagne sous la dictature franquiste. Il en profite alors pour nous livrer, pendant deux cent vingt pages, un remarquable réquisitoire contre la guerre, parsemé de touches d’humour et d’émotion.
Lire la suite...« Canicule » par Baru [d’après Jean Vautrin]
Décidément, les adaptations de romans en bande dessinée proposées ces derniers temps sont assez remarquables. Après le « Millenium » vu par Homs et Runberg ou « L‘Étranger » version Ferrandez, cette mise en images musclée par Baru d’un des premiers polars de Jean Vautrin (alors qu’il signait de son vrai nom, Jean Herman, des scénarios de films) vaut également le détour !
Lire la suite...« L’Étranger » par Jacques Ferrandez [d'après Albert Camus]
Après s’être rôdé sur une nouvelle d’Albert Camus moins connue (« L’Hôte », chez le même éditeur), Jacques Ferrandez s’est attaqué au chef-d’œuvre de cet écrivain français, né en Algérie, qui fut aussi un journaliste militant engagé dans la Résistance et dans les combats moraux de l’après-guerre. Paru en 1942, traduit en quarante langues et adapté au cinéma par Luchino Visconti (avec Marcello Mastroianni dans le rôle de Meursault), « L’Étranger » est certainement le roman le plus populaire de cet humaniste spécialiste de son pays natal, qui s’insurgeait aussi bien contre les inégalités qui frappaient les musulmans d’Afrique du Nord que contre la caricature du pied-noir exploiteur…
Lire la suite...« L’Entrevue » par Manuele Fior
Auréolé par un Fauve d’or du meilleur album au festival d’Angoulême, en 2011, pour son touchant « Cinq mille kilomètres par seconde » aux éditions Atrabile, l’Italien Manuele Fior (qui vit désormais à Paris) arrive, une nouvelle fois, à nous convaincre avec un dessin simple, au fusain, et une narration très efficace, où tout est suggéré plutôt que montré. Ceci est d’autant moins facile avec le sujet abordé : une espèce de rencontre du troisième type désabusée qui se transforme en véritable histoire d’amour !
Lire la suite...« Les Pieds bandés » par Li Kunwu
Les éditions Kana viennent de publier « Les Pieds bandés », deuxième album traduit en français du dessinateur chinois, Li Kunwu. Nous avons pu le découvrir en France avec « Une vie chinoise », une autobiographie de 700 pages publiée en trois tomes en 2009 et 2010. Ce récit passionnant en noir et blanc, à travers l’histoire d’un enfant puis d’un homme, raconte aussi la grande Histoire, celle de la Chine devenue maoïste et qui, dans les décennies suivantes, passe progressivement à l’économie de marché, quand la carte de crédit supplante la carte du parti …
Lire la suite...« Millenium » T1 (« Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes » première partie) par José Homs et Sylvain Runberg
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le défi était osé : mettre en bande dessinée le célèbre polar implacable du romancier suédois Stieg Larsson revenait à se faire traiter, au minimum, d’opportuniste : vu le succès mondial obtenu par les trois parties de ce thriller (plus de cinquante millions d’exemplaires vendus du roman), qui a même fait l’objet d’une adaptation au cinéma, d’abord en Suède, puis aux États-Unis pour le premier volet, avec Daniel Craig dans le rôle de Blomkvist. Mais vous pouvez vous y plonger sans appréhension, cette adaptation est plus que réussie…
Lire la suite...« Last Man » par Mickaël Sanlaville, Balak et Bastien Vivès
Bastien Vivès est entré dans le cercle fermé des grands auteurs de BD avec « Polina » (Grand Prix de la Critique 2012 – ACBD) : un pavé de 200 pages en noir et blanc, au trait fin et dépouillé. Très éloigné de ce qui se faisait alors en franco-belge, il a su imposer son style novateur grâce à une maîtrise, exceptionnelle, du mouvement. Ses personnages construits très simplement explosent dans la page. Ils volent, virevoltent, se meuvent avec une élégance qui subjugue le lecteur. Dans « Last Man », ce n’est plus de la danse, mais du combat. Et là encore, la chorégraphie semble tirée à quatre épingles.
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