Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
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Le scénariste brésilien Wander Antunes, qui est très apprécié et respecté en Amérique Latine mais peu connu dans nos contrées, nous avait déjà étonné avec deux albums réalisés avec le dessinateur Walther Taborda aux éditions Paquet ; lesquels se situaient déjà dans l’Amérique d’autrefois : « Big Bill est mort » en 2005 et « Un paradis distant » en 2006.
Et il renforce nos premières bonnes impressions avec ce nouveau récit âpre et passionnant, enluminé par le trait sombre et les couleurs crépusculaires, presque surréelles, de l’Espagnol Jaime Martin : encore un auteur, plus que prometteur, que nous avions aussi déjà remarqué grâce à son précédent album chez le même éditeur : « Ce que le vent apporte » (voir bdzoom.com/article2981).
Avec ce superbe « road movie » réalisé pour la collection « Aire libre », nous nous retrouvons au fin fond du sud des États-Unis en crise, en 1929. Un héros à la Steinbeck, devenu un « sans-abri » par la vente forcée de son terrain, trace les routes poussiéreuses de ce pays gangrené par la misère, la violence sociale, l’injustice et le racisme. C’est alors que notre « traîne-savates » rencontre un gamin déraciné, fasciné par les récits de Jack London, qui veut devenir marin et qui s’accroche quelque temps à lui. Même s’ils ne vont, pourtant, que se croiser, l’enfant va finir par entraîner cet adulte, qui fuit un passé que l’on devine douloureux, dans son improbable quête.
En effet, ce misanthrope muré dans le silence et la solitude va très vite se laisser émerveiller par ces si jolies histoires pleines de rêves et d’espoirs que lui raconte le jeune garçon. Une fois seul, devenu plus humaniste, il va tenter d’assister ses semblables, du mieux qu’il peut : tel cet homme mourant qu’il emmène à l’hôpital et dont la seule volonté est de revoir son fils une dernière fois. Or, ce dernier n’est autre que le garçon romantique qui lui a tenu compagnie quelques jours auparavant : il décide alors de tout faire pour essayer de le retrouver…
Gilles RATIER
? Toute la poussière du chemin ? par Jaime Martin et Wander Antunes
Éditions Dupuis (15,50 Euros)