Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Deux blaireaux dans le vent !
Il y a quelques temps, nous avions rencontré Marc Cuadrado, qui était revenu avec nous sur la genèse de son couple de « blaireaux » : Parker et Badger.
« Après l’échec de Norma, aux éditions Casterman, j’ai décidé de bâtir une nouvelle série familiale, à destination d’un très large public », nous confiait alors Marc Cuadrado. L’auteur, qui réside alors au Canada – il a vécu à Montréal de 1995 à 1999 –, où il collabore à de nombreuses publications, s’inspire d’un ensemble de strips qu’il développe dans Vélo Mag, mettant en scène un coursier à vélo (ces derniers ne sont pas motorisés en Amérique du nord) : « Il emmenait déjà son chien, derrière lui, dans ses déplacements, se souvient Cuadrado. En travaillant un peu plus ces personnages, j’ai commencé à construire Parker & Badger ».
Un blaireau de compagnie
A cette différence près que Badger n’est pas un chien ! « Ma belle sÅ“ur qui vit en Angleterre possède un chien de troupeau qu’elle a appelé Badger, explique Cuadrado. J’ai repris ce nom sans savoir qu’il signifiait Blaireau en français », indique-t-il. Quand il l’apprend, l’auteur adopte cette idée originale : « Elle me permettait de sortir du schéma classique tout en jouant sur le running gag de l’identité cachée de blaireau de Badger, précise-t-il. » Parker, de son coté, n’est plus coursier. C’est un héros sans emploi, sorte de Gaston Lagaffe des temps moderne, qui développe une allergie aigue au travail mais n’épargne pas ses efforts quand il s’agit de trouver des astuces pour ne pas payer son loyer ou échapper aux diverses tâches quotidiennes : « il ne se pose pas de question, c’est un ado attardé qui se laisse vivre et compte sur son blaireau pour le gérer. Sans Badger, Parker serait en danger. Réciproquement, le blaireau, de petite taille, est obligé d’être assisté ». Car au delà de l’aspect comique des catastrophes qu’engendre systématiquement ce nouveau couple de papier, Cuadrado attache une importance particulière à enrichir en permanence la relation entre ses deux anti-héros, conférant à sa série un esprit anglo-saxon peu exploité en bande dessinée francophone. « Ce n’est sûrement pas un hasard si ma série préférée est Calvin & Hobbes, de Watterson, nous révèle-t-il. Mais je laisse venir les choses, je ne souhaite pas tenir de discours à ce sujet. Je revendique le coté « gros nez » de Parker & Badger. Ma seule ambition est de faire rire les gens, même si il est vrai que j’essaye d’aller au delà du gag, de donner de l’épaisseur à mon couple de personnages. »
Les blaireaux à la télé
Dès les débuts de Parker & Badger dans Spirou, les retours positifs des lecteurs se sont multipliés. Très vite, la série est publiée dans Le journal de Mickey et y obtient le premier prix des lecteurs. Télé 7 jours la propose également depuis plus de deux ans et demi : « elle bénéficie d’une très forte visibilité, confirme Cuadrado ». Qui ne fera que s’amplifier en 2005, quand 52 programmes courts animés d’une minute, reprenant les gags de la série, investissent les entre programmes de la chaîne Canal J. Pas si blaireaux que ça, finalement !
Laurent Turpin
A lire : Parker & Badger 6 : Jobs-Trotters aux USA –Cuadrado – Editions Dupuis – sortie le 3 septembre 2008 – 9,20 €