Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Sans hésitation, tu peux toucher au « Grizzli » !
Nouvelle série policière à l’agréable parfum nostalgique des sixties à la française, « Le Grizzli » nous replonge, avec délectation, dans les films dialogués par Michel Audiard (« Les Tontons flingueurs »), les BD de Maurice Tillieux (« Gil Jourdan ») ou les romans d’Albert Simonin : notamment son célèbre « Touchez pas au grisbi ! ». Le scénariste Matz réutilise, à bon escient, le vocabulaire imagé de ces inoubliables voyous ou argousins à l’ancienne, nous remémorant avec habilité l’ambiance délicieusement rétro de la France des années 1960 que retranscrit parfaitement le trait semi-réaliste de Fred Simon : bref, voici un premier tome autoconclusif tout à fait réussi !
Si on l’appelle le Grizzli, c’est autant rapport à sa carrure d’ancien boxeur qu’à sa pilosité abondante ! Semblant mener une petite vie peinarde, Guy Roussel est un ex-truand qui s’est rangé des voitures : enfin, c’est histoire de dire, puisqu’il dirige désormais une concession Citroën !!! Bon, il continue bien à fréquenter encore ses vieux copains Toine et Jo : mais vu leur tumultueux passé commun, entre eux, c’est évidemment à la vie et à la mort !
Aussi, le jour où un certain affreux dit Bébert-la-Gambille, un vrai méchant fraîchement débarqué de prison, veut régler ses comptes avec son poteau Jo pour une sombre affaire d’argent, le Grizzli sort ses griffes. Pourtant, on l’avait prévenu : faut pas chercher des noises à ce mastard qui n’a pas moins de trois victoires par K.O. en trois combats par-devers lui…
Dans son instructive postface, le scénariste du « Tueur » (1) dévoile pour l’occasion l’origine de son pseudonyme Matz, tout en rendant un très bel hommage au Chateaubriand de l’argot (c’est ainsi que Léo Malet surnommait Albert Simonin), dont il s’est beaucoup inspiré pour les percutants dialogues de cette prometteuse nouvelle série. Et le lecteur se délectera en retrouvant cette langue où se mélange dureté, franchise ou humour désabusé, et qui traduit un esprit, une époque, voire une philosophie typiquement française : « Elle évoque un monde disparu, une manière de vivre qui n’a pas résisté à la modernité, aux chocs pétroliers, à l’évolution des mœurs, à l’influence américaine… »
Quoi qu’il en soit, on passe un excellent moment à la lecture de ses explosives 54 pages de bandes dessinées, lesquelles raviront les nostalgiques et les plus curieux d’entre vous…
Quant au dessinateur du « Poisson clown » ou de « Mermaid Project » (le Breton Fred Simon), il a réussi à mettre le Paname de ces années-là d’une façon aussi documentée que jubilatoire (ha !, ses reproductions de Panhard ou de DS !), son trait caricatural collant parfaitement à cet univers d’autrefois.
On attend donc avec impatience la deuxième aventure du Grizzli, que l’éditeur annonce déjà pour l’an prochain…
(1) Sur Matz, voir, par exemple, sur BDzoom.com : « Le Serpent et le coyote » : il était une fois un affranchi…, « Le Tueur » : la mort dans la peau, selon Matz et Jacamon…, Ces femmes qui combattent pour leur bien… ou pour le mal !, « Le Transperceneige » : double actualité !, « Le Tueur » : seconde saison !, Un terroriste s’efforce de détacher la France du Qatar dans « Compte à rebours » tome 3, Le droit contre la terreur : une guerre inégale et sans fin…, « Tango T2 : Sable rouge » par Philippe Xavier et Matz, « Compte à rebours T1 : Es-Shahid » par Giuseppe Liotti, Marc Trévidic et Matz, « Vies volées » par Mayalen Goust et Matz, « Tango T1 : Un océan de pierre » par Philippe Xavier et Matz…
« Le Grizzli T1 : Un drôle de chabanais » par Fred Simon et Matz
Éditions Dargaud (16 €) — EAN : 978-2-205-08971-4
Si on retrouve un quart des dialogues géniaux de Simonin dans les dialogues de cette nouvelle bande dessinée, c’est déjà gagné !