Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Les origines de Buck Danny : un héros est né !
« J’ai hâte de revoir maman, car une mission importante m’attend dès l’expiration de mon congé… La guerre n’est pas finie » fait dire Jean-Michel Charlier au jeune Buck Danny à son ami Fletcher en juin 1942, au terme de la bataille de Midway, en conclusion du second album de la série : « Les Mystères de Midway ». Il reviendra démobilisé en 1945 en compagnie de ses amis Tumbler et Sonny Tuckson. Le scénariste Yann, expert en reprises des vieux classiques, explore astucieusement ce vide de trois années envoyant le héros « punir tous les vilains » comme le dit sa mère. Un must pour nostalgiques, mais pas seulement…
Fin juin 1942. En permission, le capitaine Buck Danny apprend le décès récent de son père Walter, alors qu’il retrouve sa mère et son jeune frère surnommé Microbe. Peu après, pilote détaché de l’Army Air Force, il rejoint la Navy sur le porte-avions USS Enterprise au large de l’archipel des Salomon. Au cours d’une mission, son avion est abattu par l’ennemi. Recueilli, complètement épuisé, par un sous-marin nippon, il parvient à s’enfuir à bord d’un hydravion. Plus que jamais, le jeune pilote mérite sa réputation de casse-cou. Au fil de l’intrigue, au cours de flash-back, Buck évoque sa jeunesse misérable au temps de la Dépression. Le jeune homme rêve de devenir pilote, mais son père garagiste, prudent, l’oblige à suivre des études d’ingénieur…
Utilisant avec habileté les quelques indices laissés par Jean-Michel Charlier, Yann imagine les jeunes années du futur héros : avant son arrivée comme ingénieur à Pearl-Harbour, jusqu’à sa rencontre avec Sonny Tuckson et Tumbler. Ce premier diptyque, passionnant, promet un bel avenir à ce prequel riche en anecdotes. Les dialogues respectent la narration imagée de la série originelle, jusqu’aux fameux « face de lune », « bloody bastard » et autres « gros suppositoires jaunes » qui ponctuaient les dialogues de Charlier. Petit regret, les textes moins verbeux de Yann donnent une impression de trop vite lu à l’ouvrage.
Dessinateur, à partir de 2010, des cinq albums de la série « Les Enragés » avec Buendia et de deux épisodes de « Black Birds » aux éditions Zéphyr, le dessinateur italien Giuseppe de Luca est un spécialiste de la bande dessinée d’aviation. Très justement, il opte pour un graphisme, parfaitement maîtrisé, proche de celui de Victor Hubinon à ses débuts : ce qui ne peut que ravir les nostalgiques, sans dérouter ceux qui découvrent le personnage.
Une introduction évoquant la genèse de la série aurait cependant été la bienvenue, particulièrement pour les nouveaux venus qui, avec la collection originelle et la série « Classic », auront du mal à s’y retrouver.
Quand on pense aux longues attentes entre deux albums, imposées jadis aux lecteurs, on ne peut que se réjouir de l’impressionnante activité éditoriale d’Alexandre Paringaux : d’autant plus que ses choix sont souvent judicieux.
Henri FILIPPINI
« Buck Danny origines T1 : Le Pilote à l’aile brisée T1 » par Giuseppe de Luca et Yann
Éditions Dupuis (14,95 €) — EAN : 979 1 0347 6455 6
Parution 28 janvier 2022
…c’est l’occasion de commenter le beau livre sur la carrière de Victor Hubinon qui vient de sortir…(enfin )
Cet ouvrage a déjà été annoncé sur BDzoom.com : voir http://bdzoom.com/174041/interviews/retour-en-force-du-patrimoine-chez-dupuis%E2%80%89/.
Et comme nous ne parlons sur ce site que des ouvrages qui nous plaisent et que nous évitons de faire des doublons vu l’immensité de la production actuelle, déduisez-en ce que vous voulez…
Bien cordialement
La rédaction
Je ne comprends pas pourquoi vous parlez d’un « vide de trois années ».
Il n’y a pas de vide après Midway, puisque Buck est, son congé écourté, expédié en Chine via l’Australie.
Le retrouver sur un porte-avion est donc pour le moins bizarre.
Ça semble être décidément un principe de ces Buck Danny en arrière (principe éventuellement intéressant… si le résultat n’était pas ce qu’il est) de piétiner la chronologie de la vraie série en se plaçant non dans les trous qu’elle laisse (il y en a…) mais délibérément à côté.