Une trilogie chez Glénat pour faire le tour de De Gaulle !

Débutée en mars 2014 avec « Philippe le Bel », la collection Glénat Ils ont fait l’Histoire ne pouvait à l’évidence faire l’impasse sur le plus impressionnant des chefs d’état de notre Cinquième République. Trois tomes, il n’en fallait pas moins pour narrer le parcours de De Gaulle, de ses débuts à l’école militaire de Saint-Cyr en 1908 jusqu’à sa confrontation aux mutations sociales françaises de Mai 1968 et sa disparition en novembre 1970. Très documentée, cette trilogie permet de comprendre l’homme, le militaire, le résistant, le politique et le mythe, dans une année 2020 qui commémore par ailleurs les 50 ans de la mort de l’illustre général. Un tour de force pour le scénariste Mathieu Gabella (appuyé par l’historienne Frédérique Neau-Dufour), comme pour les dessinateurs Michael Malatini et Christophe Regnault : ce dernier étant notamment en charge de la création des couvertures…

De Gaulle sur le pont... (extrait du tome 3 - planches 1 et 2 - Glénat 2020).

En novembre 2020, la collection Ils ont fait l’Histoire atteint, avec ce troisième opus gaullien, son 35e titre. Si nous avions déjà évoqué ici quelques personnages célèbres tels « Jaurès » (2014), « Lénine » (2017), « Robespierre » (2017) ou « Churchill » (2018), précisons que – à l’exception notable de « Churchill » – seuls deux des plus illustres souverains français avaient jusqu’ici fait l’objet de biographies déployées sur plusieurs tomes (« Louis XIV » et « Napoléon », entre 2014 et 2016). Né à Lille en 1890 et mort le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises (Haute Marne), Charles de Gaulle ne pouvait décemment guère être réduit à un simple one shot !

Une fascination pour l'Histoire et la France (tome 1, planche 2 - Glénat 2020).

Résumons : élevé dans le culte de la grandeur nationale, Charles souhaite très vite embrasser une carrière d’officier. Sorti diplômé de Saint-Cyr en 1912, il est blessé deux fois au combat (août 1914 et mars 1915), nommé capitaine en 1915 et capturé par l’ennemi après avoir été de nouveau blessé à Verdun en 1916. Libéré lors de l’Armistice, il est salué pour son courage en recevant la croix de guerre et la croix de chevalier de la légion d’honneur. Affecté en 1931 (grâce au soutien du maréchal Pétain…) au Secrétariat général de la Défense nationale de Paris, De Gaulle y développe ses sens littéraires et militaires, insistant en particulier sur la nécessité de l’unité du commandement et de la nation, la primauté devant revenir au politique plutôt qu’au militaire. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, il est l’un des seuls à repousser momentanément l’adversaire, lors d’une contre-attaque de chars menée dans les environs de Laon (Aisne). Dépité par la chute du gouvernement de Paul Reynaud, De Gaulle se réfugie à Londres et lance le 18 juin 1940 sur les ondes de la BBC son célèbre appel aux officiers et soldats français. Devenu de fait le chef de la France Libre, puis le dirigeant du Comité français de libération nationale (1943), De Gaulle revient sur le sol hexagonal le 14 juin 1944. Nommé président du Gouvernement provisoire de la République française (juin 1944 à janvier 1946), puis président du Conseil des ministres français (1958-1959), De Gaulle est finalement le grand artisan de la Cinquième République en 1958, dont il occupera la magistrature suprême du 8 janvier 1959 au 28 avril 1969. S’il assure la stature internationale de la France (dotée de l’arme atomique) face à Khrouchtchev (1960), Kennedy (1961), Mao Zedong (1964), la politique gaullienne n’est ni sans heurts (la perte de l’Indochine en 1954, la guerre d’Algérie jusqu’en 1962, l’attentat du Petit-Clamart fomenté par l’OAS la même l’année) ni sans revers (la mise à l’écart du pouvoir en 1955, les grèves et oppositions de 1968). Ce qui n’enlève à l’évidence rien ni à son immense prestige (son nom sera donné à d’innombrables lieux civils et bâtiment militaire : ses « Mémoires de guerre » intègrent la Bibliothèque de La Pléiade en 2000) ni à son Å“uvre, du renforcement de l’Europe de l’Ouest au programme spatial français en passant par la Constitution de 1958 et son action résistante, aussi décisive que symbolique.

Le temps de la Résistance (tome 2 - Glénat 2020).

Achevons là le panégyrique, car la caricature (le « Mongénéral » du Canard enchaîné), la bande dessinée (« De Gaulle à la plage » par Jean-Yves Ferri), le cinéma (avec un récent « De Gaulle » incarné par Lambert Wilson en 2020) et la télévision (voir l’actuelle mini-série « De Gaulle, l’éclat et le secret », proposée sur France 2 et mettant en scène Samuel Labarthe) auront raconté ou déboulonné un homme qui fut autant un symbole de grandeur politique pour les uns que l’incarnation de l’oppression orgueilleuse pour les autres. Assez naturellement, la trilogie développée chez Glénat cherche à être au plus près de la réalité des faits, sans prendre un autre parti que celui du statut volontiers iconique du personnage. Le dessin à la fois fluide et fouillé de Michaël Malatini participe de cette entreprise pédagogique qui évite le ton scolaire trop convenu, y compris dans l’indispensable dossier documentaire final (lequel compte par ailleurs une partie explicative making of).

En couvertures, le storyboarder Christophe Regnault a directement illustré trois temps forts de la vie de De Gaulle : son action combattante dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, son « Appel » engagé du 18 juin 1940 et son non moins mémorable « Je vous ai compris ! », lancé à la foule des Algériens le 4 juin 1958. En haut de chacun de ces visuels, un bandeau illustré vient préciser un thème complémentaire, parfois placé en opposition de l’imagerie principale : le goût de l’écriture et les théories politico-militaires, la descente triomphale des Champs-Élysées (26 août 1944), les violentes manifestations de Mai 1968. Concernant la genèse de ces couvertures, Christophe Regnault (qui a également réalisé le story-board des albums) explique : « Les trois couvertures devaient revenir au dessinateur de la trilogie, Michaël Malatini, qui avait initialement réalisé trois roughs. »

Roughs de M. Malatini pour les couvertures des trois tomes.

C. Regnault : « Les directives venaient principalement de l’éditeur, en concertation avec l’historienne en lien avec le personnage (Frédérique Neau-Dufour) et le scénariste (Mathieu Gabella). L’éditeur a finalement choisi de me laisser réaliser les couvertures, dans la mesure où j’étais déjà un habitué de ce genre de commande. Outre la réalisation du tout premier volume de cette collection (« Philippe le Bel » ; scénario par Mathieu Gabella), j’ai effectivement déjà dessiné presque une centaine de visuels pour Le Monde/Glénat au profit de la réédition en kiosque de certains titres issus des collections Les Grands Classiques de la littérature en BD (48 volumes), Les Grands Personnages de l’Histoire en BD (46 volumes à ce jour), Les Grands Peintres (15 volumes) et Un pape dans l’Histoire (cinq tomes parus à ce jour). J’ai donc repris les roughs de Michael à ma sauce pour une nouvelle proposition soumise à l’éditeur chez Glénat et aux différents collaborateurs. Il y eu quelques modifications suite à de nouveaux échanges, pour être au plus juste factuellement (ce qui est toujours important pour ce genre d’ouvrage dit « historique »). Le tome 3 était un peu trop symbolique dans sa forme : je souhaitais mettre De Gaulle face au peuple français de façon directe et globale. Il fut finalement choisit de mettre l’accent sur la période Algérienne. »

Nouveaux roughs proposés par Christophe Regnault.

« Après avoir procédé à quelques ajustements puis aux couleurs des trois visuels parus, je précise ici que je travaille actuellement a la réalisation des nouvelles couvertures de ces trois tomes, qui auront bien évidemment leur place dans la collection Le Monde/Glénat Les Grands Personnages de l’Histoire en BD, proposée en réédition kiosque. Mais je ne peux hélas que vous montrer pour le moment le nouveau visuel du tome 1, la maquette n’étant pas définitive (quelques détails comme les noms des auteurs ou le placement des titres peuvent être un peu différents). » Un ensemble historique efficace et complet, que l’on prendra plaisir à découvrir ou redécouvrir en repensant aux ombres et lumières de l’héritage politique laissé par De Gaulle. Un héros historique français dont le « seul rival international » (avoué à Malraux en 1969) se nommait… Tintin !

Encrages et couleurs.

Nouvelle couverture du T1 proposée pour la réédition Le Monde/Glénat (2021).

(Maquette non finalisée)

Philippe TOMBLAINE

« De Gaulle T1 » par Michaël Malatini, Christophe Regnault, Mathieu Gabella et Frédérique Neau-Dufour
Éditions Glénat (14,50 €) – EAN : 978-2344032572

« De Gaulle T2 » par Michaël Malatini, Christophe Regnault, Mathieu Gabella et Frédérique Neau-Dufour
Éditions Glénat (14,50 €) – EAN : 978-2344032589

« De Gaulle T3 » par Michaël Malatini, Christophe Regnault, Mathieu Gabella et Frédérique Neau-Dufour
Éditions Glénat (14,50 €) – EAN : 978-2344032596

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