Une sélection de belles couvertures, pour le début de 2020…

2020, très officiellement qualifiée d’« Année de la BD », s’annonce déjà avec son lot de nouveautés et de premiers plats inédits, vecteurs d’espérances et d’attentes insoutenables. Clés de la stratégie éditoriale, plusieurs somptueuses couvertures nous incitent à surveiller avec un peu plus d’intérêt la parution de certains albums : voici donc, comme à chaque semestre, une sélection (parfaitement subjective) de beaux visuels à venir au sein de la production franco-belge. Classé chronologiquement, cet avant-goût met à l’honneur une dizaine de titres que nous évoquerons naturellement plus en détails au cours des semaines à venir… Très bonnes fêtes de fin d’année à tous nos lecteurs !

Joseph Falzon est le dessinateur de l'affiche "2020 - Année de la BD".

Débutons ce tour d’horizon coutumier au sein des éditions Rue de Sèvres avec le visuel de « Couleurs de l’incendie » (parution le 02 janvier ; dossier plus complet sur BDzoom.com dès le lundi 06), dessiné en 162 planches par Christian De Metter d’après le roman éponyme de Pierre Lemaître. La suite d’« Au-revoir là-haut » (également adapté en album en 2015) débute en 1927, alors que le Tout-Paris (dont le président Gaston Doumergue) assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, devenue l’unique héritière d’un immense empire financier, doit reprendre la banque familiale au pied levé alors qu’elle ne possède aucune compétence en la matière ! Saura-t-elle échapper aux griffes de conseillers peu scrupuleux, dans un contexte affairiste très volatil et un monde plongeant vers les totalitarismes ?

Des flammes fatales ? (Rue de Sèvres 2020)

Aux éditions Glénat, remarquons le visuel saisissant de « Muertos » (à paraître le 08 janvier), concocté par Pierre Place. Au XIXe siècle, après avoir fui une hacienda attaquée par des monstres aux pulsions meurtrières, une poignée de survivants tente de survivre en dépit des différences sociales (bourgeois, bonnes, contremaîtres, etc.). Ce véritable « Walking Dead » mexicain, riche de 152 pages, rend un hommage rythmé aux westerns et à l’œuvre horrifique et engagée de George Romero.

Le Jour des Morts ? (couverture et planches 11 - 12 - Glénat 2020)

Un nouvel album de Manu Larcenet est toujours un événement. Ce sera donc le cas le 10 janvier chez Dargaud avec « Thérapie de groupe T1 : L’Étoile qui danse », drôlissime introspection de 56 pages sur un auteur de bande dessinée en mal d’inspiration. Entre humour et désarroi, l’histoire des arts et des lettres se conjugue à l’impasse de la souffrance créative avec une autodérision poignante.

Un auteur au plus bas... (couverture et pages 11 - 12 ; Dargaud 2020)

Le 15 janvier paraîtra chez Glénat le premier opus de la série « Le Mur », réalisé par Mario Alberti à partir d’un projet d’Antoine Charreyron, réalisateur et créateur d’univers pour le jeu vidéo et le cinéma (« Babylon A.D. » de Mathieu Kassovitz en 2008). Dans un monde futuriste et post-apocalyptique, le réparateur Solal tente de trouver les meilleurs moyens pour protéger sa sœur Eva, gravement malade. La seule solution pour cet autre « Mad Max » serait de pouvoir accéder au « Mur », cette gigantesque enceinte ultra protégée au-delà de laquelle vivent les nantis…

Face à un mur de cruauté (Glénat 2020)

C’est à la même date qu’est prévu chez Delcourt « Colt & Pepper T1 : Pandemonium à Paragusa », nouvelle série réalisée par Darko Macan et Igor Cordey, les auteurs de l’excellent « Marshall Bass », dont le cinquième opus (« L’Ange de Lombard Street ») est paru depuis la fin novembre 2019. Point de western ici, mais plutôt – comme le suggère le visuel de couverture – une récit de cape et d’épée heroic-fantasy : dans l’Amérique du XVIIe siècle, où se côtoient étranges créatures venues de réalités alternatives, magie et intrigues politiques, le capitaine de la garde Salomon Culpepper (ou « Pepper » pour les intimes), cherche à sauver son neveu Colt qui s’est mis dans une situation inextricable avec le duc de Paragusa.

Histoire et piques (couverture et planches introductrices - Delcourt 2020)

Le 15 janvier sera également la date de parution d’« Aldobrando » chez Casterman, un one-shot de 208 pages signé par Gipi et Luigi Critone. Dans ce récit médiéval et picaresque, le fils d’Aldobrando est confié à un mage afin qu’il puisse avoir la chance de découvrir le vaste monde à sa majorité. Seulement, et sans attendre l’expérience ou le poids des années, nul n’est jamais à l’abri d’un accident de potion… ni des griffes assassines ayant entraîné le trépas de l’héritier du Roi des Deux fontaines.

Un monde merveilleux ? (couverture et pages 5 -6 ; Casterman 2020)

Changeons encore d’univers avec « Django Main de feu », nouvel album du duo hispanique Ricard Efa et Salva Rubio (voir notre chronique précédente concernant « Monet, nomade de la lumière » en 2017). Annoncé le 24 janvier chez Dupuis (collection Aire libre) en deux versions (88 pages et édition spéciale de 777 exemplaires n°/signés avec couverture alternative), ce titre retracera le cheminement technique et musical de Django Reinhardt (1910–1953), l’inventeur français du jazz manouche, guitariste légendaire gravement blessé en 1928 dans l’incendie de sa roulotte. Notons que l’album sera préfacé par Thomas Dutronc et contiendra un dossier documentaire de 16 pages.

La balade de Django (couvertures classique et spéciale, pages 7 - 8 ; Dupuis 2020)

Revenons chez Dargaud avec le 4e tome de « Shi », prévu chez Dargaud le 24 février : dans « Victoria », Zidrou et Homs narrent comment, rattrapées par la police, Kay et Kita parviennent à s’enfuir in extremis en s’alliant à un gang de gamins des rues. Toujours désireux de se venger de l’Empire britannique et de la Reine Victoria, ils souhaitent profiter de ce tournant historique que constitue le désir d’indépendance des colonies américaines…

Dans les griffes... (couverture et planches introductrices ; Dargaud 2020)

C’est le 14 février que paraîtra chez Dupuis « Aro Satoe ¼ » le cahier inaugural (32 pages couleurs) du nouvel album de « Théodore Poussin », la série maritime culte initiée par Frank Le Gall en 1987. Comme on le découvrira dans les vingt premières planches de ce 14e épisode, l’équipage de l’Amok est emprisonné à Singapour et risque la peine de mort ; lui-même accusé de piraterie par les Anglais, Théodore s’est réfugié sur l’île de la belle Aro Satoe est ressasse ses idées noires en contemplant l’horizon…

(Dupuis 2020)

Le 31 janvier sera la date de parution chez Dargaud de « L’Été à Kingdom Fields », one-shot contemplatif de 102 pages réalisé par le Britannique Jon McNaught, récipiendaire du Prix révélation lors du Festival d’Angoulême en 2012 avec « Automne » (publié par Dargaud seulement en 2016). Dans ce nouvel album, l’auteur décrit le départ d’une famille pour un séjour dans un camp de bungalows sur les côtes de la Grande-Bretagne. L’occasion de mettre des mots et des images sur le rythme de la nature, le temps qui s’écoule, l’adolescence, l’ennui et la beauté des vacances d’été. Cet ordinaire qui ne l’est pas tant que cela…

Oiseaux de mer (couverture et planches introductrices ; Dargaud 2020)

Annoncé pour le 6 mars prochain dans la collection 1000 feuilles des éditions Glénat, avec une impressionnante pagination de 472 pages ( !), « La Bombe » est déjà un événement éditorial en soi. Réalisé par Alcante, Laurent-Frédéric Bollée et Denis Rodier, l’ouvrage ambitionne de narrer l’histoire terrifiante de la bombe atomique, alors que sera commémoré en 2020 le 75e tragique anniversaire du bombardement d’Hiroshima (6 août 1945). L’occasion de redécouvrir, des mines d’uranium du Katanga jusqu’au site secret du Nouveau-Mexique, de Roosevelt à Fermi ou Einstein, les lieux ou les acteurs qui ont conduit à cette explosion historique. L’occasion aussi de mettre en lumière des acteurs méconnus tels Leó Szilàrd : participant au projet Manhattan, ce scientifique d’origine hongroise remua d’abord ciel et terre pour que les USA développent la bombe… puis fit l’impossible pour qu’ils n’utilisent jamais la puissance atomique. Souhaitons – afin de pouvoir sereinement lire ces nouveautés – que ce soit encore le cas en 2020 !

Le hic de l'atome (Glénat 2020)

Philippe TOMBLAINE

« Couleurs de l’incendie » par Christian De Metter d’après Pierre Lemaître
Éditions Rue de Sèvres (24,00 €) – ISBN : 978-2-369-81500-6

« Muertos » par Pierre Place
Éditions Glénat (25,50 €) – ISBN : 978-2344025789

« Thérapie de groupe T1 : L’Étoile qui danse » par Manu Larcenet
Éditions Dargaud (14,99 €) – ISBN : 978-2205084047

« Le Mur T1 : Homo homini lupus » par Antoine Charreyron et Mario Alberti
Éditions Glénat (15,50 €) – ISBN : 978-2344033630

« Colt & Pepper T1 : Pandemonium à Paragusa » par Darko Macan et Igor Cordey
Éditions Delcourt (14,95 €) – ISBN : 978-2413015574

« Aldobrando » par Gipi et Luigi Critone
Éditions Casterman (23,00 €) – ISBN : 978-2203166677

« Django Main de feu » par Salva Rubio et Ricard Efa
Éditions Dupuis (17,50 €) – ISBN : 979-1034731244

« Shi T4 : Victoria » par Zidrou et Homs
Éditions Dargaud (14,00 €) – ISBN : 978-2505080961

« Cahier Théodore Poussin : Aro Satoe 1/4 » par Frank Le Gall
Éditions Dupuis (13,00 €) – ISBN : 979-1034747603

« L’Été à Kingdom Fields » par Jon McNaught
Éditions Dargaud (18,00 €) – ISBN : 978-2205082081

« La Bombe » par Alcante, Laurent-Frédéric Bollée et Denis Rodier
Éditions Glénat (39,00 €) – ISBN : 978-2-344-02063-0

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