Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...« Le Prince de l’ennui » par Stéphane Heurteau
Entre 2001 et 2003, Stéphane Heurteau publiait « Itinérêve d’un gentilhomme d’Infortune » aux éditions Le Cycliste, une trilogie remarquable que les éditions du Long Bec viennent de rééditer en un seul et beau volume. Stéphane Heurteau a retravaillé abondamment les couleurs, revu, ajouté des planches et complété d’une bonne quarantaine de pages de dessins et croquis…
Autant dire qu’on n’a pas l’occasion de s’ennuyer avec ce prince qui, tel le sultan à Shéhérazade, demande à Étienne Hauterue, le héros, de le divertir de sa morosité congénitale avec une belle histoire. On est au XIXe siècle, Étienne quitte Roscoff et sa Gaëlle chérie pour un voyage à destination de la Cornouaille d’abord, puis de l’Écosse, avec cette question redoutable en tête : « Est-ce le voyage qui crée les aventuriers ou sont-ce les aventuriers qui par leurs voyages créent les aventures ? »
Les réponses viennent au fil de ce carnet de route, où le personnage multiplie les rencontres et, plutôt que des aventures, les mésaventures, parallèlement à une histoire de meurtres égrainée au fil des pérégrinations du héros. Très rêveries du promeneur solitaire et promeneur dans ses rêveries solitaires s’il en est, le héros se perd très souvent dans ses pensées alors qu’il remonte de village en village, de bourg en bourg pittoresques toujours. Nommant les lieux, les sites, Étienne le contemplatif ne rate rien des paysages qui l’entourent et des gens qu’il y rencontre ou qu’il suit quelques heures, quelques jours, c’est selon, quelquefois même, des gens devenus célèbres, Béatrix Potter, Sherlock Holmes, Peter Rabbit… sous l’œil goguenard d’escargots se promenant ici et là au fil des pages.
C’est quelque part le livre d’un randonneur auquel on nous invite, un randonneur qui dessine sur son carnet les décors qu’il découvre à pied, en calèche ou en train. Observant jusqu’à plus soif, il ne peut s’empêcher tel un Don Quichotte de teinter la réalité qui l’entoure de drames, de combats, s’entourant de monstres, de fantômes, de fées, de légendes et de menaces en tous genres. Des sortes de bouffées délirantes le poussent à des échappées légendaires et fantastiques, voire à imaginer des catastrophes, prouvant par là-même qu’il se sert des décors réels pour vivre des aventures très intérieures, entre enchantements et cauchemars. Comme il le dit, « tout prête à la rêverie et à l’inspiration » à tel point qu’il peut s’entourer de tombes qui se déplacent, de pierres monumentales qui s’envolent, des sarabandes minérales fantastiques.
Cet album est une sorte de réécriture puisque Stéphane Heurteau (dont le nom du personnage Étienne Hauterue est l’anagramme) a retravaillé les planches existantes, changer les ambiances, réécrit des dialogues, retravaillé l’intrigue et ajouté une séquence dans le château de Dracula – c’est lui le prince de l’ennui – dispatchée tout au long de l’album.
Parce que le récit est truffé de références, la lecture doit en être lente et gourmande, mais aussi parce que que Stéphane Heurteau est un aquarelliste hors-pair. Chaque case le prouve. Travaillant sur une couleur, tantôt le vert, le bleu, l’ocre ou le rouge, il sait en puiser, en épuiser, les teintes pour créer lumières et ombres, esquissant les reliefs, les contours, caricaturant les visages, désarticulant les architectures. De très nombreux croquis et dessins réalisés sur place complètent en fin d’ouvrage cette histoire, comprenant notamment les illustrations de couvertures réalisées lors de la première édition.
Rappelons enfin que Stéphane Heurteau a déjà derrière lui une œuvre conséquente et variée, ne serait-ce que « Hyde », « Sant-Fieg » ou les scénarios de la série « Fanch Caradec », albums chroniqués ici-même.
Alors, bons voyages !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
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« Le Prince de l’ennui » par Stéphane Heurteau
Éditions du Long Bec (27 €) – ISBN : 979-10-92499-82-7