Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Du Louis Forton hors « Pieds nickelés » !
Personnage créé par Louis Forton, le créateur des fameux Pieds nickelés, Séraphin Laricot a été publié pour la première fois dans le journal Américan Illustré, dès le n° 1 daté du 29 juin 1907. Les éditions De Varly vont proposer, à partir du 28 août et à seulement cent exemplaires, la réédition d’une compilation de ces pages de gags en une planche, où le texte s’impose encore sous l’image…
En reprenant la maquette du premier album « Les Aventures de Séraphin Laricot » (on devrait plutôt dire les mésaventures de Séraphin Laricot !) paru également en 1907 à la Librairie mondiale (1), cette petite structure engagée pour la sauvegarde du patrimoine de la bande dessinée, dirigée par Georges Fernandes et Yves Michon, nous permet de savourer dix-neuf des pages mettant en scène un clochard solitaire et bucolique qui disparaît de cet hebdomadaire au n° 22 du 23 novembre 1907.
L’Américan Illustré publiait des bandes dessinées américanisées où les auteurs signaient, quelques fois, par le biais de pseudonymes dont la prononciation sonnait bien ricain pour les lecteurs français. Ce fut le cas pour Forton (2) qui se dissimulait sous les noms de Tom Hatt, Tommy Jackson ou encore W. Paddock, comme nous le rappelle François Membre dans la courte préface.
Ce dernier nous signale aussi que Séraphin Laricot est un éphémère brouillon de Ribouldingue, l’un des Pieds nickelés. On pourrait même aller jusqu’à dire que l’artiste crée ici le prototype des « Pieds nickelés », tellement il émane de Séraphin Laricot tous les traits de caractère propres aux trois comparses : voleur, tricheur, menteur, farceur…
           Bref, voici un chaînon manquant indispensable à tous les amateurs de l’histoire ou des curiosités de la bande dessinée francophone !
Gilles RATIER
(1) On trouvait aussi, la même année, cet album réuni avec « Thomas Picoock détective » de Harry Narth (qui dissimulait le dessinateur Raoul Thomen), toujours à la Librairie mondiale. Enfin, les mésaventures de Séraphin Laricot ont aussi été proposées, toujours à cent exemplaires seulement, en 2000, par le Club des Pieds nickelés, avec « Les Exploits d’Isidore Mac-Aron et d’Anatole Fricotard » que le même Louis Forton créa aussi dans Américan Illustré, à partir du n° 29 jusqu’au quarantième et dernier de mars 1908.
(2) Sur Louis Forton, voir aussi Les grands auteurs de la bande dessinée européenne, deuxième chapitre. Avant l’avènement des bulles : les récits pour les enfants…, L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : première partie et L’Épatant d’avant-guerre (première série 1908-1937) : deuxième partie.
« Les Aventures de Séraphin Laricot » par Louis Forton
Éditions De Varly (20 €) – ISBN : 9 782 375 040 331 (voir http://www.devarly.net)