Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Les tout-petits, aussi, ont droit à de bonnes bandes dessinées…
Nous leur en avons sélectionné cinq, toutes excellentes : à lire seul ou en famille. Il y en a pour tous les goûts : une princesse, une fille pirate, un garçon québécois aventurier qui lutte contre des créatures monstrueuses, un petit poilu recueilli par une dame minuscule et un jeune garçon addictif aux jeux vidéo.
Commençons par une histoire de princesse et pas n’importe laquelle : la solitaire et vindicative princesse Libellule. Apparue dans le monde des princesses de la bande dessinée en février 2011, cette jolie rouquine aux taches de rousseur semées sur ses joues est une vraie princesse.
Elle vit dans un donjon, porte une couronne et passe ses journées à attendre le prince charmant.
Cela fait trois tomes, qu’elle l’attend en vain, entourée de ses fidèles amis : Moineau, sa conscience souvent sentencieuse, un miroir magique souvent agaçant d’honnêteté, une volée d’oiseaux gloutons qui ne pensent qu’à manger, un vieux dragon sur le retour et un ours, le placide et serviable Plumeau.
Dans ce troisième et dernier volume de la série, Libellule décide de se prendre en main, car non seulement elle passe sa jeunesse dans l’attente du prince qui saura charmer son cœur, mais en plus elle accueille désormais en son castel un prince pas si charmant, amoureux éperdu et inconsolable d’une autre princesse.
Elle comprend qu’elle est le jouet de Destin et Amour : deux dieux farceurs.
Ce n’est pas la venue de 130 chevaliers finalement plus intéressés à affronter son dragon que de lui faire la cour qui va la détourner de son chemin.
Le grand amour n’attend pas, il se cherche, il faut le débusquer quitte à sortir des sentiers battus et rebattus des contes de notre enfance.
On sourit du début à la fin de ce récit très enlevé. Alexandre Arlène excelle dans la création de personnages secondaires cocasses — des oiseaux gloutons à l’ours trop serviable — et dans des dialogues amusés et percutants. Vif et coloré, le dessin de Stéphanie Bellat est au diapason d’un scénario inventif qui se joue des stéréotypes des contes et légendes médiévaux. Les différents niveaux de lecture amuseront autant les jeunes lecteurs que les grands intrigués par la vie d’une princesse qui sait à bon escient se délester d’une « charge mentale » bien inutile !
Fille du gouverneur d’une île des Caraïbes, l’effrontée Elizabeth s’ennuie dans son palais. Alors elle fait des bêtises, beaucoup de bêtises, comme de voler les cartes au trésor dans le bureau de son bourru de père.
Consignée dans sa chambre jusqu’à nouvel ordre, la petite chipie n’a cure des ordres paternels. Elle s’enfuit en tressant une corde avec les draps de son lit, saute sur les toits de la cité tropicale pour retrouver sa cabane secrète au bout d’un ponton isolé.
Et là , Elizabeth se métamorphose en Lily Crochette : la navigatrice intrépide et son colibri de compagnie en Monsieur Mouche. Ils sont prêts à en découdre avec les plus infâmes pirates !
Viggo Barbelongue, le plus infâme des pirates de ces mers chaudes, connaît le travestissement de Lily. Il kidnappe donc la bondissante jeune fille pour faire chanter son père. Mais il sous-estime la puissance de l’imagination de la survitaminée Lily : la durée de vie de son navire s’en trouve singulièrement réduite !
Quand deux excellents auteurs pour la jeunesse se rencontrent, que croyez-vous qu’il advienne ? Une épatante bande dessinée destinée aux lecteurs dès leur 5 ans bien entendu ! Joris Chamblain, scénariste d’« Enola & les animaux extraordinaires », des « Carnets de Cerise » ou de « Sorcières sorcières » a écrit ce récit endiablé pour les pinceaux d’Olivier Supiot : « Pieter et le Lokken » ou « Le Cheval qui ne voulait pas être une œuvre d’art », tout récemment. Pas de temps morts, mais des courses poursuites, des explosions et des rebondissements au menu des 32 pages de cette histoire à l’humour ravageur, finement référencé à « Peter Pan » : le roman de l’Écossais J. M. Barrie. Lily Crochette et le colibri Monsieur Mouche sont les pendants renouvelés du capitaine Crochet et de son fidèle second.
Peu de temps à attendre avant de connaître la suite mouvementée et colorée des aventures de Lily Crochette : le tome 2 est annoncé pour octobre de cette année.
Parlons maintenant de trois petits héros de séries que nous suivons attentivement sur BDzoom.com. Commençons par les plus anciens puisque Petit Poilu connaît déjà sa vingtième aventure. Comme tous les ouvrages de la collection, elle présente un découpage de la planche en 6 cases identiques (avec de temps à autre une grande case à la place de deux), le tout dans un dessin très schématique.
Les plus jeunes apprécient cet univers ludique et festif que la suite de péripéties rend très dynamique. Dans ce volume, Petit Poilu aborde de façon légère, mais argumentée, la question de la taille de la personne, un peu à la manière de Jonathan Swift dans « Les Voyages de Gulliver ». Une bonne occasion d’aborder le sujet parfois angoissant de sa taille et de celle des autres avec de jeunes enfants, à partir de cette comédie un peu désuète. En fin d’ouvrage, une page didactique explique le message à faire passer auprès des enfants à partir de l’histoire vécue par Petit Poilu.
Déjà le quatrième volume des aventures de Guiby : le tout petit garçon inventé par le bédéiste québécois Samar (Samuel Parent). Guiby est un petit garçon ordinaire qui avait peur la nuit quand des bruits inquiétants venaient du placard de sa chambre, jusqu’au moment où il s’est levé pour affronter ce qui le terrifiait.
À partir de l’instant où il ouvre la porte du placard et surprend un petit monstre poilu, finalement sympathique, Guiby découvre un monde parallèle peuplé de monstres peu ragoûtant, mais aussi de chats doués de raison et de parole prêts à l’aider.
Guilby T 4 page 41
Cette excellente série jeunesse, vraiment originale, avec un bestiaire qui se renouvelle à chaque épisode, permet d’aborder à partir d’un récit d’initiation fantastique la façon de se défaire de ses peurs enfantines. Le jeune lecteur peut facilement s’identifier à un Guiby qui surmonte l’adversité, accepte la différence et se forge de solides amitiés. Des thématiques propres à rassurer à un âge où les cauchemars peuvent être terrifiants.
Un huitième volume intéressant pour « Rocky & cie ». Dans ces bandes dessinées au petit format, le docteur en psychologie et spécialiste de la petite enfance Stephan Valentin a créé une bande de copains du primaire qui affronte des soucis des gamins de leurs âges.
De quoi aborder des sujets sensibles pour les enfants comme ici l’addiction aux jeux vidéo.
Ce court album se compose d’un récit de fiction qui met en avant des valeurs humaines comme la volonté, l’amitié, ou le partage, et d’une partie pédagogique illustrée en fin de volume qui reprend le thème abordé. Le psychologue propose solutions et conseils de manière simple et pratique. Les jeunes lecteurs prendront plaisir à lire une courte BD dessinée dans un style volontairement naïf et coloré par Jean-Claude Gibert et poursuivront leur apprentissage du bien-vivre ensemble avec les conseils avisés des trois pages du « Blog de Rocky ».
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Princesse Libellule T3 : Déteste les contes de fées » par Stéphanie Bellat et Alexandre Arlène
Éditions La Boîte à bulles (13,00 €) – ISBN : 978-2-84953-252-2
« Lily Crochette T1 : Le Fléau du bord de l’eau » par Olivier Supiot et Joris Chamblain
Éditions La Gouttière (10,70 €) – ISBN : ISBN : 979-10-92111-49-1
« Petit Poilu T20 : Madame Minuscule » par Pierre Bailly et Céline Fraipont
Éditions Dupuis (9,50 €) – ISBN : 978-2-8001-7038-1
« Guiby T4 : Les Repaires des inodores » par Samar
Éditions Kennes (12,90 €) – ISBN : 978-2-8758-0361-0
« Rocky & Cie T8 : Enzo adore les jeux vidéo » par Jean-Claude Gibert et Stephan Valentin
Éditions Pfefferkorn (5,90 €) – ISBN : 978-3-944160-23-8